APPEL A TEXTES : 1500 - Armistice

- Bon, je propose qu’on va conclure une armistice.

Ca commençait de travers. Toujours fâché avec la grammaire, le vieux salopard.

- Un armistice. On dit un armistice, Bono.
- Tu me cherches ou quoi ?

L’est comme ça, Bono. Benvenuto Unzupaccio, Bono pour les intimes, enfin ce qu’il lui en reste. Rencard au Lapin Blanc, le bar-restaurant-salon de massage de Graziella la Sulfatée. En terrain neutre, quoi. White Rabbit cocktail maison, plat du jour gibelotte à la polenta ; les hôtesses-masseuses planquent des strings en fourrure de lagopède dans leur raie du cul. Si t’es allergique à la bestiole aux grandes oreilles, passe ton chemin ou appelle le SAMU.

- Bon, une trêve, si tu préfères. OK. T’arrêtes de pourrir la vie à mes filles et je lâche la grappe à tes revendeurs. Capisci ?

Il se renfrogne et rallume son barreau. De chaise : monsieur ne fume que des havanes de producteur de films pornos. Aussi gros que la bite de l’acteur vedette. Je sais de quoi je parle : j’en produis deux par semaine. A Naples, les actrices, t’as qu’à faire la sortie des écoles de quartier populaire pour en ramasser une brouettée par jour. C’est pour ça que j’aime pas que Bono leur fasse des misères. C’est fragile, à cet âge-là, ces petites bêtes. Et puis j’aime pas qu’on me fume dans le nez. Pour ça aussi que j’ai fait signe discrètos à Pipo, le videur de Graziella. Prêt à tout.

Le bras passé autour du cou, et que je te tire la tête en arrière. Crac, le coup du. Lapin, naturalmente. Arriverdeci, Bono…

GOBU

... je suis rectifié moi aussi.
Continuez l'exercice en moins de dix mots, et vous allez vraiment avoir ma peau !

Ubik.

Et voilà. De l'excellent Gobu. Clair, net, précis. Pas un mot en trop. Et l'humour en plus.

Ben ... Easter(Island) m'a enlevé les mots des doigts... comme si un clavier pour deux.

Du Gobu !

rien à dire

ah oui : ça m'plait !

Pas emballée. Pour tout dire, ça me laisse un peu le cou raide (le cou) et les zygomatiques en berne.
Je dois l'avoir coincé (le cou)

Enfin, ça me fait dire des conneries, c'est déjà pas si mal. Je me demande même si je ne devrais pas remercier Gobu.

Ah ! ce lapin ! On a bien tourné autour, avec gourmandise (et malice !), dans tout le texte avant de finalement "lâcher le morceau" à la fin. Et on s'est bien régalés. Bravo !

Roz-gingembre a écrit:Pas emballée. Pour tout dire, ça me laisse un peu le cou raide (le cou) et les zygomatiques en berne.
Je dois l'avoir coincé (le cou)

Enfin, ça me fait dire des conneries, c'est déjà pas si mal. Je me demande même si je ne devrais pas remercier Gobu.

Comme Roz-gingembre. Je trouve l'ensemble convenu.

Une remarque :
« Ça commençait de travers »

Y a pas a dire, ça colle le sourire !

Ce qu'il y a de bien avec les grands maître-queux, c'est qu'ils ne sont jamais pris au dépourvu, et vous troussent un petit en-cas tout à fait revigorant sans y toucher, en bavardant au coin du tour.
Quatre bricoles, deux belles truffes, une poignée de pignons, des gésiers de canard, un régal instantané. Avec notre Gobu, grand célébrateur des fastes gourmands et des vendanges bénies, j'ai toujours l'impression qu'il tire d'un sac inépuisable de jolies choses à chaque fois, pour les réagencer avec art. Les influences sont évidentes, vraisemblablement voulues et appuyées, et ça passe fichtrement bien, à mon goût tout au moins.

De l’art de croquer un scénar en deux coups de cuiller à pot !
Réjouissant.

Ha dis donc, voilà une fin claire et nette, comme je peux les aimer dans ce genre de situations. Je me demandais comment tu allais t'en sortir en 1500, vu la tournure prise dès le départ, tous ces détails et cette envie de raconter. Et puis, blam. Bien vu !

J'ai tout gobé gobu. Foutrement bon.

Basique et trapu.

Bien ferme sur ses appuis. J'aime.

up !