APPEL A TEXTES : 1500 - Le retour de DAN

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   Il s’était décidé. Enfin.
   Il s’était levé en repoussant sa chaise du pied. Elle était tombée soulevant de ferraille et de bois un nuage de poussière diaphane. Il n’avait prêté aucune attention à l’événement tandis qu’il grimpait dans l’autocar.
   Quand on est né dans le Nevada on ne prête attention qu’à l’essentiel. Il s’était installé à l’arrière et avait sorti l’essentiel de la poche de son jean usé, une fiasque de whisky à laquelle il avait bu. Derrière les vitres closes défilait un paysage égal. À chaque seconde, à chaque grincement d’essieu tout se figeait statique. Rien ne changeait jamais. Hormis l’amorce d’une courbe routière, et encore, de ça il n’était pas certain.
   Le sky des fauteuils défoncés n’était pas vert comme il s’y attendait. Il fut un peu déçu et s’efforça de penser à autre chose, autrement. Lorsqu’il serait là-bas, dans la cité des anges, lorsque ces bottes arpenteraient l’asphalte alors… Alors… Et soudain, il eut froid.
   La climatisation peut-être… La climatisation sûrement.
   Au premier arrêt il songea qu’il n’avait pas prévu d’affaires de rechange. Au premier arrêt, il but une bière. Puis il en reprit une autre pour observer, du comptoir, l’autocar disparaître dans cette infime trait d’horizon ou se mélangent le brûlant du bitume et le reste du ciel.
   Plus tard, lorsque la nuit estompera peu à peu le désert, il rentrera à pieds ou autrement.
   Quand on est né dans le Nevada, on sait se débrouiller de tout. De rien…
   Et demain, il redressera sa chaise et s’assiéra dessus, pour, face à la route, face à l'au-delà du monde, prendre le temps de détailler chaque chose à emmener avec lui, chaque chose à fourrer dans son sac de voyage.
   Parce que s’en aller ailleurs, ça se prépare.
   Qu’on soit du Nevada, ou pas.

Beau prolongement ! Qui, en toute rigueur, ne fait guère qu'enfoncer le clou, mais le ton est vraiment parfait. Le titre, super.

Mes remarques de langue :
« Le skaï des fauteuils défoncés »
« l’autocar disparaître dans cette (en principe, « cet », mais peut-être as-tu pensé à la contrainte sur le mot dont on ne connaît pas le genre ?) infime trait d’horizon o[b]ù se mélangent »
« il rentrera à pied (et non « à pieds ») »

Jamais, Dan ne partira vraiment...

Y a pas à dire, ça a de la gueule et je me suis glissée avec plaisir dans ce fragment d'existence, tendre et désabusé à la fois. Le rythme est bon, lancinant mais pas trop. Les deux phrases de fin clôturent le tout en beauté.

Tu dis si bien la langueur, l'inertie surtout. Alors si Dan est prévisible, l'auteur est tout pardonné.

Un défi que d'envisager une suite au 1er texte ! Bien écrit certes, le style est habilement conservé, mais je trouve cette suite un peu redondante et moins forte que le texte initial.

Une jolie réplique.

Mais pourquoi pour Alex ??? ( même si j'aime bien Alex, je l'aurais plutôt dédié à Abstract !!!)

coline Dé a écrit:Une jolie réplique.

Mais pourquoi pour Alex ??? ( même si j'aime bien Alex, je l'aurais plutôt dédié à Abstract !!!)

Le véritable prénom d'abstract, peut-être ;-))

Excellente démonstration, qui ne prolonge pas vraiment le texte de référence, mais fait un clin d'œil, malicieux et agréable. Ça tourne aussi rond qu'un V8, boulot nickel, pas à dire.

J'ai bien aimé retrouver DAN...aprés m'avoir donné envie de pleurer dans le premier épisode , là il me ferait presque rire !
Finalement tant qu'il y a de la vie, y'a de l'espoir....
En tout cas Dan maintenant existe grâce à Abstract et toi....
Va peut -être devenir un personnage récurrent sur VE !

La difficulté était d'apporter du nouveau en restant dans l'ambiance initialement posée. Ne pas trop en faire mais quand même en dire un peu.
C'est réussi

Merci pour le clin d’œil Yali, ça a illuminé ma journée de boulot assez morne.
Ton sky est beaucoup plus poétique que le skaï, je vote pour cette nouvelle orthographe. T’imagines on va pouvoir faire des phrases du type : "le sky de la banquette arrière était de la couleur d’un ciel du Nord, d’un gris élimé d’avoir trop pleuré. "
Et puis les deux dernières phrases je les adore d’autant plus (mais ça, tu ne le savais pas) que je suis pile-poil en train d’écrire un plus long texte sur ce sujet.
Alors, pour rassurer Coline, abstract=alex , il n’y a pas de lézards (enfin si, mais c’est une autre histoire) et alex=alexandrine parce qu’une vie c’est trop court et qu’ainsi je peux en vivre plusieurs.

up !