En souvenir de l'un d'entre eux

C'était l'hiver, le sable renvoyait péniblement les lumières froides. Assis sur des transats, quelques hommes regardaient la mer.
Ils semblaient un peu perdus dans leurs costumes noirs, je crois que personne ne parlait.
Leur silence rappelait vaguement celui des photos vieillies qui ornent le marbre. Ils étaient là immobiles, accidentés, tombés des ailes de je ne sais quel corbeau
Et la vie autour d'eux s'était ralenti, laissant les gestes s'absenter des secondes.
C'est toujours ainsi, après un drame.


Avant-hier encore ils buvaient ensemble, riaient d'un rien. Ils reniaient le temps qui passe, ouvrant sur le néant des bouches remplies d'alcool.
Et puis ils s'affalaient sur le zinc, cessant un instant de respirer, cherchant dans une mort feinte, la paix que les autres trouvent ailleurs.
Alors ils mourraient
Juste pour rire
Juste pour se souvenir que la vie existe.


ils se sont éveillés, le lendemain, les mains pleines de colère, jurant aux platanes que le sang fait tomber les arbres.
Malik est mort, les pompiers l'ont dit.
Et les arbres tombent.
Parce que les arbres rouges n'ont rien à faire dans le paysage.

*

Demain, c'est décidé, ils iront sur la plage.
Ils s'en foutront des couleurs froides et porteront des costumes noirs.

C'est signé, on n'y peut rien...
Encore un texte fort, tout en pudeur.

Je ne suis pas sûre "des bouches remplies d'alcool". qui sonnent un peu étrange à mon oreille, je ne sais pas pourquoi.

Sinon je n'ai pas compris ceci, le "marbre" en particulier : Leur silence rappelait vaguement celui des photos vieillies qui ornent le marbre.

Et là : Alors ils mourraient., je me demande si ce ne serait pas plutôt "mouraient" (à l'imparfait), vu le contexte

Je ne comprends pas la fin (quel rapport entre le fait de porter du noir et celui de se foutre des couleurs froides ?).
Sinon, le texte me paraît un poil geignard, mais c'est le sujet, et je trouve en une ou deux occasions des alignements de mots qui me paraissent gratuits, sans intérêt (ainsi, "laissant les gestes s'absenter des secondes", l'expression, pour moi, est confuse, maniérée, j'ai l'impression que vous êtes allé(e) chercher midi à quatorze heures pour dire ce que vous avez à dire).

Ceci dit, l'écriture dans l'ensemble me semble efficace, elle bien le sujet. Lequel me hérisse un peu le poil, mais ça c'est moi.

Mes remarques :
« Ils étaient là immobiles, accidentés, tombés des ailes de je ne sais quel corbeau » : belle phrase ! Mais manque le point à la fin
« Et la vie autour d'eux s'était ralentie »
« cherchant dans une mort feinte, (êtes-vous sûr(e) de la virgule ici ?) la paix que les autres trouvent ailleurs »
« Alors ils mouraient (vu le contexte de récit, je pense que l’imparfait s’impose ici et non le conditionnel « mourraient »)
Juste pour rire »

"elle sert bien le sujet", pardon.

Easter(Island) a écrit:Sinon je n'ai pas compris ceci, le "marbre" en particulier : Leur silence rappelait vaguement celui des photos vieillies qui ornent le marbre.

A mon avis il s'agit du marbre des tombes. La dalle qui les recouvre, et les portraits passés et silencieux des défunts.

rien à dire, sinon. Un texte fort, à "se" prendre comme ça !

Un texte bien formulé, mélancolique et percutant à la fois. Je pense cependant qu'il manque des passages de description pour mieux installer l'atmosphère et réellement embarquer le lecteur.