TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
5 participants
Page 1 sur 1
TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
« Pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre. » Elle me balance ça l’air profondément inspirée et respire enfin. Derrière elle s’agite la mer d’un petit matin pâle, et pile dessus s’effilochent des nuages à l’infini.
Elle a lu Mon chien stupide. Je la soupçonne de n’avoir lu que celui là.
De livre je veux dire. Mais je ne dis rien et je cherche du secours, le serveur peut-être ? Aucune chance, il s’affaire à faire briller son zinc en de larges mouvements circulaires. Peu à peu son torchon blanc se grise et il se fout bien de savoir que son unique client n’aime pas au réveil être abordé par l’autre unique cliente.
— C’est une citation de John Fante, précise-telle. Elle vous plaît ?
— Pour être franc, elle m’échappe.
— Le sens de la citation ?
— La première partie me paraît claire, quasi transparente, mais la seconde…
Elle réfléchit un moment et conclut que :
— Aucune importance, les citations ne sont pas faites pour être comprises mais être aimées.
— Sauf que pour aimer il faut comprendre, n’est ce pas ?
Ses sourcils s’accentuent tels deux accents graves.
— Vous êtes toujours ainsi ?
— Toujours comment ?
— Contrariant ?
— Seulement le matin.
— Mais tous les matins ?
Je n’ose lui dire que la chose dure depuis des lustres, que chez moi elle est devenue une habitude, un rituel, que j’ai besoin de calme avant le quotidien, avant le premier sourire. Que peut-être c’est aussi ça vieillir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que la mer au loin s’ébroue avec les nuages. Mais que peut-être c’est aussi ça rajeunir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que les nuages au loin s’ébrouent avec la mer.
— Non, pas tous les matins, je réponds.
Son regard, le mien, quittent nos visages, nos tasses de café pour aller se perdre loin, aller se poser sur une ligne d’horizon béate de rectitude maritime et de nuages.
Un peu plus tard je lui disais :
— Faut pas m’en vouloir, enfant j’étais déjà comme ça.
Un peu plus tard elle me répondait :
— Ouais, ben moi quand j’étais môme je t’emmerdais déjà !
Elle a lu Mon chien stupide. Je la soupçonne de n’avoir lu que celui là.
De livre je veux dire. Mais je ne dis rien et je cherche du secours, le serveur peut-être ? Aucune chance, il s’affaire à faire briller son zinc en de larges mouvements circulaires. Peu à peu son torchon blanc se grise et il se fout bien de savoir que son unique client n’aime pas au réveil être abordé par l’autre unique cliente.
— C’est une citation de John Fante, précise-telle. Elle vous plaît ?
— Pour être franc, elle m’échappe.
— Le sens de la citation ?
— La première partie me paraît claire, quasi transparente, mais la seconde…
Elle réfléchit un moment et conclut que :
— Aucune importance, les citations ne sont pas faites pour être comprises mais être aimées.
— Sauf que pour aimer il faut comprendre, n’est ce pas ?
Ses sourcils s’accentuent tels deux accents graves.
— Vous êtes toujours ainsi ?
— Toujours comment ?
— Contrariant ?
— Seulement le matin.
— Mais tous les matins ?
Je n’ose lui dire que la chose dure depuis des lustres, que chez moi elle est devenue une habitude, un rituel, que j’ai besoin de calme avant le quotidien, avant le premier sourire. Que peut-être c’est aussi ça vieillir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que la mer au loin s’ébroue avec les nuages. Mais que peut-être c’est aussi ça rajeunir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que les nuages au loin s’ébrouent avec la mer.
— Non, pas tous les matins, je réponds.
Son regard, le mien, quittent nos visages, nos tasses de café pour aller se perdre loin, aller se poser sur une ligne d’horizon béate de rectitude maritime et de nuages.
Un peu plus tard je lui disais :
— Faut pas m’en vouloir, enfant j’étais déjà comme ça.
Un peu plus tard elle me répondait :
— Ouais, ben moi quand j’étais môme je t’emmerdais déjà !
jaon doe- Nombre de messages : 169
Age : 113
Localisation : Pseudonyme de publication commun, à la disposition de tous ceux qui veulent. Pour obtenir son mot de passe, vous pouvez envoyer un mail à Procuste à partir de son profil.
Date d'inscription : 05/02/2010
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
Jolie la dernière réplique !
Avant aussi. De la philosophie de comptoir, ça me va :-)
Et l'amour toujours l'amour.
Juste : les sourcils, en accent circonflexe, non ?
Avant aussi. De la philosophie de comptoir, ça me va :-)
Et l'amour toujours l'amour.
Juste : les sourcils, en accent circonflexe, non ?
Invité- Invité
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
J'ai trouvé pour ma part l'ensemble laborieux et plutôt banal. Ceci, surtout, m'a énervée pour cause de tirage à la ligne : "Que peut-être c’est aussi ça vieillir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que la mer au loin s’ébroue avec les nuages. Mais que peut-être c’est aussi ça rajeunir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que les nuages au loin s’ébrouent avec la mer."
Deux remarques :
« Je la soupçonne de n’avoir lu que celui-là »
« précise-t-elle »
Deux remarques :
« Je la soupçonne de n’avoir lu que celui-là »
« précise-t-elle »
Invité- Invité
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
"Que peut-être c’est aussi ça vieillir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que la mer au loin s’ébroue avec les nuages. Mais que peut-être c’est aussi ça rajeunir : ne pas se contenter d’une rangée de dents alignées comme un énoncé mathématique, et toute la beauté qui s’ensuit, tandis que les nuages au loin s’ébrouent avec la mer."
Oui moi aussi cette "répétition" assez lourde m'a quelque peu interloquée et fait sortir de l'histoire. Du coup, alors que j'aimais l'ambiance un peu désabusée du début et que je n'ai rien contre les dialogues improbables entre deux inconnus, ce texte en quelque sorte m'a quittée, allant peut être rejoindre le trop plein de nuages...
Oui moi aussi cette "répétition" assez lourde m'a quelque peu interloquée et fait sortir de l'histoire. Du coup, alors que j'aimais l'ambiance un peu désabusée du début et que je n'ai rien contre les dialogues improbables entre deux inconnus, ce texte en quelque sorte m'a quittée, allant peut être rejoindre le trop plein de nuages...
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
Dialogue de sourds on dirait.
Un peu dérangeant cette dernière réplique. On en fait ce qu'on veut c'est ça?
Et puis sinon j'aimerai bien voir ça :
Et si je suis comment dire... un peu agacée, c'est bien que ce Jaon doe semble savoir écrire!
Un peu dérangeant cette dernière réplique. On en fait ce qu'on veut c'est ça?
Et puis sinon j'aimerai bien voir ça :
J'ai le droit de penser être un peu menée en bateau là?sur une ligne d’horizon béate de rectitude maritime et de nuages.
Et si je suis comment dire... un peu agacée, c'est bien que ce Jaon doe semble savoir écrire!
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 62
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
A part 2 phrases un peu trop longues et un adjectif qui me gêne ("rectitude maritime" j'aurais écrit "marine"), le tout se tient de façon plaisante
un zinc, une jolie fille,... je crois deviner ;-)
un zinc, une jolie fille,... je crois deviner ;-)
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
A la première lecture, je me suis dit "tiens, pourquoi pas" mais quelque chose me chiffonne, alors j'ai relu et j'ai encore du mal à identifier clairement ce qui me dérange. Je crois que c'est le côté traînant et plaintif de l'ensemble, qui finit par m'agacer.
Toutefois, en même temps, ce texte dégage un truc particulier alors... oui et non, voilà :-)
Toutefois, en même temps, ce texte dégage un truc particulier alors... oui et non, voilà :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: TEXTES 1500 et+ : Saison 2 - Les nuages au matin
Ah oui, j'avais lu, mais je ne savais pas trop quoi en dire.
C'est toujours le cas, mais ce texte m'a amusé et l'écriture m'y semble maîtrisée. J'ai aimé et j'aimerais bien savoir qui se cache derrière ce Jaon-là.
C'est toujours le cas, mais ce texte m'a amusé et l'écriture m'y semble maîtrisée. J'ai aimé et j'aimerais bien savoir qui se cache derrière ce Jaon-là.
Invité- Invité
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum