Le mur
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Le mur
Le mur
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche
Et quand s’ouvre ma bouche,
Aucun mot, pas un son
Ni dans l’air alentour le plus léger frisson.
Me voilà dans le soir comme une ombre farouche.
Mais que fais-je en ce lieu ?
Moi qui croyais à Dieu,
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche !
J’entends souvent le pas de silhouettes semblables
A la mienne chétive.
Ce sont frères de sable
Qu’une rivière emporte au chahut de ses rives.
Mes muscles sont lissés comme pierres polies
En l’amont des années,
Mon visage fané,
Et parfois, je souris de mes chairs amollies.
Derrière la colline, un vieux soleil se couche.
Sur l’ardoise du ciel, un avion trace un trait.
Un enfant joue là-bas, tandis que je m’effraie.
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche.
Version vocale :
" alt="" />
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche
Et quand s’ouvre ma bouche,
Aucun mot, pas un son
Ni dans l’air alentour le plus léger frisson.
Me voilà dans le soir comme une ombre farouche.
Mais que fais-je en ce lieu ?
Moi qui croyais à Dieu,
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche !
J’entends souvent le pas de silhouettes semblables
A la mienne chétive.
Ce sont frères de sable
Qu’une rivière emporte au chahut de ses rives.
Mes muscles sont lissés comme pierres polies
En l’amont des années,
Mon visage fané,
Et parfois, je souris de mes chairs amollies.
Derrière la colline, un vieux soleil se couche.
Sur l’ardoise du ciel, un avion trace un trait.
Un enfant joue là-bas, tandis que je m’effraie.
Dès que j’étends le bras, c’est un mur que je touche.
Version vocale :
" alt="" />
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le mur
Formidable ! Toujours la même élégance... Du beau, du bon, du Hellian.
Un truc : j'avais d'abord lu "Un enfant pue là-bas" ; typique, non ?
Un truc : j'avais d'abord lu "Un enfant pue là-bas" ; typique, non ?
Invité- Invité
Re: Le mur
Le murmure bouche bée d'un macchabée, enseveli sous des croyances périmées, enterré avec ses illusions programmées , muré avec ses espérances plombées .
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Le mur
Euh je voulais dire...trés réussi !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Le mur
nos mémoires murées et nos rêves enfermés
merci d'être là
merci d'être là
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Le mur
Superbe ! et dit à voix haute c'est encore plus frappant.
valérie catty- Nombre de messages : 145
Age : 55
Date d'inscription : 20/02/2010
Re: Le mur
La version sonore m'a convaincue, ma première lecture n'avait pas suffi à me faire sentir la profondeur de ce texte, cette émotion face à l'âge venant, les métaphores.
Invité- Invité
Re: Le mur
Dès que tu tends tes mots, c'est nos cœurs que tu touches, Hellian !
Il y a une charge de désespoir qui ne peut laisser insensible dans ce premier vers, et sa répétition montre l'accablement, cependant que l'image de l'enfant qui joue ouvre un peu cet étau et replace ce désespoir dans le continuum de l'humanité, adoucissant ainsi quelque peu le malheur singulier.
( j'ai essayé de te faire ,à ma manière un commentaire fouillé... mais je ne suis guère douée pour l'exercice ! Je préfère te le dire tout cru : j'aime !)
Il y a une charge de désespoir qui ne peut laisser insensible dans ce premier vers, et sa répétition montre l'accablement, cependant que l'image de l'enfant qui joue ouvre un peu cet étau et replace ce désespoir dans le continuum de l'humanité, adoucissant ainsi quelque peu le malheur singulier.
( j'ai essayé de te faire ,à ma manière un commentaire fouillé... mais je ne suis guère douée pour l'exercice ! Je préfère te le dire tout cru : j'aime !)
Invité- Invité
Re: Le mur
C'est simplement splendide !
Le désespoir n'est pas vulgaire sous ta plume, ni invasif : tu cisèles somptueusement la profondeur, et la sincérité avec des images sobres et puissantes . Ah, ces "frères de sable" !...
Merci, Hellian, pour la dignité .
Le désespoir n'est pas vulgaire sous ta plume, ni invasif : tu cisèles somptueusement la profondeur, et la sincérité avec des images sobres et puissantes . Ah, ces "frères de sable" !...
Merci, Hellian, pour la dignité .
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Le mur
Je bloque sur cette strophe.J’entends souvent le pas de silhouettes semblables
A la mienne chétive.
Ce sont frères de sable
Qu’une rivière emporte au chahut de ses rives.
Pour le reste j'aime bien.
Fauve noir- Nombre de messages : 147
Age : 33
Date d'inscription : 03/04/2010
Re: Le mur
Il y a du Verlaine dans ce beau texte ! la dernière stophe m'a fait penser au "ciel par dessus le toit", où il était aussi question de murs ...
J'aime un peu moins "le chahut de ses rives" mais c'est très secondaire, au regard de la force d'évocation du poème : on en a les poings endoloris à taper avec l'auteur sur ces terribles murs !
Mychelc
J'aime un peu moins "le chahut de ses rives" mais c'est très secondaire, au regard de la force d'évocation du poème : on en a les poings endoloris à taper avec l'auteur sur ces terribles murs !
Mychelc
mychelc- Nombre de messages : 119
Age : 63
Date d'inscription : 08/01/2010
Re: Le mur
On retrouve ici la touche Hellian, ce style particulier que l'on retrouve dans chacun de tes textes (j'avoue que parfois, j'aimerais que tu tentes autre chose et en même temps, c'est si agréable de lire un texte aussi bien maîtrisé).
J'ai particulièrement apprécié l'harmonie entre le ton, la régularité, qui se marient bien avec ce désespoir et cette colère enfouie, comme si ces sentiments devaient être cadenassés par l'impuissance, qui se traduirait en pas "militaires".
J'ai particulièrement apprécié l'harmonie entre le ton, la régularité, qui se marient bien avec ce désespoir et cette colère enfouie, comme si ces sentiments devaient être cadenassés par l'impuissance, qui se traduirait en pas "militaires".
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le mur
Superbe l'image de ce mur dressé entre le monde et soi ! Les sons, les ombres qui s'y cognent, les amitiés qui s'effritent, les chairs qui se délitent ... et pourtant ce besoin jamais assouvi de lever les yeux vers le ciel !
Re: Le mur
J'ai senti l'impasse d'une fin de vie. Le bout du chemin, et ce mur qui ferme toute possibilité d'avenir, et l'enfant au début du sien. Je ne sais... comme si sa jeunesse soulignait l'éphémère d'une existence.
Et pourtant, oui, même en ces instants, le regard qui se tourne encore et encore vers le ciel. L'ultime envol ? l'ultime issue ?
J'aime beaucoup.
Et pourtant, oui, même en ces instants, le regard qui se tourne encore et encore vers le ciel. L'ultime envol ? l'ultime issue ?
J'aime beaucoup.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Le mur
Une belle lecture silencieuse, la version sonore la rend encore plus sensible.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 69
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Le mur
Bonsoir Hellian,
« Mais que fais-je en ce lieu ?
Moi qui croyais à Dieu »
Je me suis demandé dans ce passage si tu ne voulais pas dire croyais en Dieu, mais si finalement, comme t'avais écrit plus haut "en ce lieu", tu as préféré cette tournure... En tout cas ça m'a gêné un peu, même si ça peut faire jeu de mots à l'oral...
« Ce sont frères de sable
Qu’une rivière emporte au chahut de ses rives.
Mes muscles sont lissés comme pierres polies »
Là c'est "Ce sont frères de sable" qui m'a un peu gêné aussi (pourtant j'ai eu du plaisir à te lire...), le sacrifice du "des" (qui ne m'aurait pas plu non plus) se fait sentir selon moi, même si son ajout n'aurait pas fait un sizain ! Et je me suis dit que comme t'avais écrit "comme des pierres polies" t'as pas voulu écrire "comme frères de sable" (je sais, je m'en dit des choses en te lisant !)
Mais sinon, je crois que j'ai pas mal aimé...
« Mais que fais-je en ce lieu ?
Moi qui croyais à Dieu »
Je me suis demandé dans ce passage si tu ne voulais pas dire croyais en Dieu, mais si finalement, comme t'avais écrit plus haut "en ce lieu", tu as préféré cette tournure... En tout cas ça m'a gêné un peu, même si ça peut faire jeu de mots à l'oral...
« Ce sont frères de sable
Qu’une rivière emporte au chahut de ses rives.
Mes muscles sont lissés comme pierres polies »
Là c'est "Ce sont frères de sable" qui m'a un peu gêné aussi (pourtant j'ai eu du plaisir à te lire...), le sacrifice du "des" (qui ne m'aurait pas plu non plus) se fait sentir selon moi, même si son ajout n'aurait pas fait un sizain ! Et je me suis dit que comme t'avais écrit "comme des pierres polies" t'as pas voulu écrire "comme frères de sable" (je sais, je m'en dit des choses en te lisant !)
Mais sinon, je crois que j'ai pas mal aimé...
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 48
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: Le mur
Et celui-là, alors ?
(Bon, j'évacuerais la dernière strophe, belle, mais superfétatoire à mon humble avis.)
(Bon, j'évacuerais la dernière strophe, belle, mais superfétatoire à mon humble avis.)
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Le mur
Merci, Zénobii d'avoir exhumé ce poème auquel je tiens particulièrement. Juste un mot sur la dernière strophe qui vous a semblé en trop. Peut-être avez-vous raison…L'idée était d'évoquer dans le soir qui tombe, la vie, au loin, derrière le mur si proche, afin de rendre celui-ci plus oppressant. Je voulais, ainsi, créer un effet de relief visuellement et psychologiquement.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Le mur
Je suis rempli de vous à vous lire
encore une fois d'accord avec Zenobi : la dernière strophe est dispensable pour le rosier
encore une fois d'accord avec Zenobi : la dernière strophe est dispensable pour le rosier
Jha- Nombre de messages : 1374
Age : 48
Localisation : Archaeopteryx à l'envolée
Date d'inscription : 30/05/2011
Re: Le mur
Superbe voix, et un magnifique poème dont je n'arrive pas à cerner la force fulgurante. C'est un poème original dans toute la force du mot. Souvent il y a des poèmes comme ça qui ne sont comparables à rien que l'on aie vu avant, par les images, etc, et même dans ceux-là on retrouve toujours des images un peu surfaites. Pas chez vous.
"Sur l’ardoise du ciel, un avion trace un trait." J'arrive pas à voir ce qui me plaît dedans, et pourtant, Dieu sait si cette phase me happe et me bouleverse. Je suis frustré de ne pas comprendre et à l'opposé totalement désireuse de garder le mystère.
L'image du mur.. Passionnante. Merci Hellian.
"Sur l’ardoise du ciel, un avion trace un trait." J'arrive pas à voir ce qui me plaît dedans, et pourtant, Dieu sait si cette phase me happe et me bouleverse. Je suis frustré de ne pas comprendre et à l'opposé totalement désireuse de garder le mystère.
L'image du mur.. Passionnante. Merci Hellian.
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