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Message  jaon doe Ven 30 Avr 2010 - 16:18

J’adorais chier sur la tombe de ma mère, le cul venté par les langueurs du soir, effacé dans la fétidité rosâtre de l’horizon boréal. Mes étrons méandreux, parfois déchirures d’intestins incontinents, et j’avais alors besoin de toute la concentration des communions solennelles où la grandeur des religions se torche douloureusement au pourpre sacerdotal du baldaquin des archevêques, parfois liquidités molles dispendieusement promulguées, et j’imaginai la novice impubère enfourchant en ombre chinoise au creux du rideau le membre dressé de mon maître, n’étaient rien d’autre que ma contribution diarrhéique à la sainte cérémonie du dernier honneur. Ils jetaient la terre pour ne plus voir la mort, mais les helminthes qui grouillaient dans mon ventre et les lombrics d’une longueur étonnante qui remuaient sous les fleurs fanées près du marbre se reconnaîtraient pour frères, sans se voir, à force de se tortiller et de sentir la merde. Je confiais au giron maternel ces compagnons nécrophages, pourtant ma mélancolie sauvage flottait dans la brume enfumant le portail et qui collait aux murs. Toi, la pute, pourquoi a-t-il fallu que tu partes avant mon retour ? Qu’est-ce que tu fous sous ton cyprès ? Elle ne répondait pas, peut-être à cause de la honte atroce qui la rongeait de l’intérieur.

Je reproduisais le rituel avec régularité, sous l’œil suspicieux du jardinier qui ne manquait pas de murmurer, inaudible d’ici, crétinisant au ras des chrysanthèmes, juge indifférent à mon amour lorsque, brûlé par mon magma testiculaire, je fertilisais la pierre en quelques saccades bovines. A chaque fois que je l’embrassais, sa bouche avait conservé le goût des verges qui s’y étaient succédées. Ma langue raclait jusqu’aux dernières gouttes égarées entre les dents, présage des prostrations. Sans la sueur de mes maladresses, j’aurais perdu la grâce exquise avec laquelle je m’embourbais dans ses reins, y remuant sans cesse et bien après la décharge. Mon sinistre acharnement, le sexe rétracté comme un hermaphrodite errant sur l’épitaphe, m’apportait un délire mécanique, volontaire, j’exfiltrais des puits claustrophobes de son ventre une horreur délicieuse, que je n’avais retrouvée lors d’aucun séjour à l’étranger, quand les filles des rues jonchées, jaunies par l’origine et les effractions vénériennes, agonisaient sur les ruines d’un canapé démantelé, soutenant dans leurs mains leurs entrailles, inondant de leurs larmes le désert de ma présence, crevaient, crevaient tout de même, le vagin éclaté dans un flot de viscosité vitale. Souvent, je me rappelais cette fois où j’étais arrivé trop tôt, la criarde geignait, les genoux dans la terre et les poignets dans le fer, asphyxiée de fumées éthyliques. Mon désir turgescent, rapatrié des territoires incas où je poursuivais, sur le dos d’un lama sodomisé à l’étape, les éternités kaléidoscopiques qui suintaient des athanors, me conduisit à participer précipitamment, mal dévêtu, l’organe encombré d’une boucle de ceinture. D’autres putains se rencognaient de terreur, ombres parasitaires essoufflées des hanches, lorgnées par les libidineux respectables, tous ministres, hommes d’affaires, barons des cartels. Je reconnus le colonel Alejo, qu’on disait mort dans les marais, puis vainqueur sur le littoral, grièvement blessé sur le versant d’un temple obscur, sacrifié par les indigènes, triomphant dans les Caraïbes, richissime et ruiné, potentat ubiquitaire par le biais des rumeurs téléphonées. Il n’avait pas pris le temps de se raser après être sorti soudain des mangroves, survivant aux chiens, aux traîtres, aux imbéciles, aux lianes qui cinglaient du tumulte sombre et vert, ces bras si fins qui l’enlaçaient pour la dernière étreinte autour du cou avant le départ. Il était apparu, la cartouchière en bandoulière et le front plissé, à la tête de deux mille autochtones autophages qui, d’un coup de machette, s’alimentaient en se raccourcissant le bras faible chaque jour un peu plus. Je tenais son cigare quand il tirait sur son sexe et son sexe lorsqu’il tirait sur son cigare.
— La révolution vaincra, Lucás, me dit-il. Même des manchots peuvent vaincre, s’ils ne manquent pas de porteurs. J’ai fait émasculer tous les curés de la région.

[…]

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Message  Plotine Ven 30 Avr 2010 - 16:28

Non merci.
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Message  Plotine Ven 30 Avr 2010 - 16:31

Mais c'est très bien. Le tout est de trouver un public qui apprécie.
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Message  Invité Ven 30 Avr 2010 - 16:40

Marrant, je trouve, ce "à la manière de" ! Et bien foutu, ça a de la gueule... Bel hommage rigolard.

Remarques :
« parfois liquidités molles dispendieusement promulguées, et j’imaginais (je pense qu’avec le « parfois », indiquant une action habituelle, l’imparfait s’imopse et non le passé simple) la novice impubère »
« le goût des verges qui s’y étaient succédées » : j’écrirais « succédé », mais je ne suis pas sûre

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Message  Jérémie Ven 30 Avr 2010 - 16:53

Ça bataille^^

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Message  silene82 Ven 30 Avr 2010 - 17:05

Voilà le point faible du texte, et son invraisemblance

survivant aux chiens, aux traîtres, aux imbéciles,

Erreur, on survit à tout, sauf aux imbéciles.
Personnellement, je jubile en lisant un texte de ce tonneau, que j'espère tel que les ashkénazes disent de l'intestin, sans fin.
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Message  jaon doe Ven 30 Avr 2010 - 18:36

J’adorais chier sur la tombe de ma mère, le cul venté par les langueurs du soir, effacé dans la fétidité rosâtre de l’horizon boréal. Mes étrons méandreux, parfois déchirures d’intestins incontinents, et j’avais alors besoin de toute la concentration des communions solennelles où la grandeur des religions se torche douloureusement au pourpre sacerdotal du baldaquin des archevêques, parfois liquidités molles dispendieusement promulguées, et j’imaginai la novice impubère enfourchant en ombre chinoise au creux du rideau le membre dressé de mon maître, n’étaient rien d’autre que ma contribution diarrhéique à la sainte cérémonie du dernier honneur. Ils jetaient la terre pour ne plus voir la mort, mais les helminthes qui grouillaient dans mon ventre et les lombrics d’une longueur étonnante qui remuaient sous les fleurs fanées près du marbre se reconnaîtraient pour frères, sans se voir, à force de se tortiller et de sentir la merde. Je confiais au giron maternel ces compagnons nécrophages, pourtant ma mélancolie sauvage flottait dans la brume enfumant le portail et qui collait aux murs. Toi, la pute, pourquoi a-t-il fallu que tu partes avant mon retour ? Qu’est-ce que tu fous sous ton cyprès ? Elle ne répondait pas, peut-être à cause de la honte atroce qui la rongeait de l’intérieur.

Je reproduisais le rituel avec régularité, sous l’œil suspicieux du jardinier qui ne manquait pas de murmurer, inaudible d’ici, crétinisant au ras des chrysanthèmes, juge indifférent à mon amour lorsque, brûlé par mon magma testiculaire, je fertilisais la pierre en quelques saccades bovines. A chaque fois que je l’embrassais, sa bouche avait conservé le goût des verges qui s’y étaient succédées. Ma langue raclait jusqu’aux dernières gouttes égarées entre les dents, présage des prostrations. Sans la sueur de mes maladresses, j’aurais perdu la grâce exquise avec laquelle je m’embourbais dans ses reins, y remuant sans cesse et bien après la décharge. Mon sinistre acharnement, le sexe rétracté comme un hermaphrodite errant sur l’épitaphe, m’apportait un délire mécanique, volontaire, j’exfiltrais des puits claustrophobes de son ventre une horreur délicieuse, que je n’avais retrouvée lors d’aucun séjour à l’étranger, quand les filles des rues jonchées, jaunies par l’origine et les effractions vénériennes, agonisaient sur les ruines d’un canapé démantelé, soutenant dans leurs mains leurs entrailles, inondant de leurs larmes le désert de ma présence, crevaient, crevaient tout de même, le vagin éclaté dans un flot de viscosité vitale. Souvent, je me rappelais cette fois où j’étais arrivé trop tôt, la criarde geignait, les genoux dans la terre et les poignets dans le fer, asphyxiée de fumées éthyliques. Mon désir turgescent, rapatrié des territoires incas où je poursuivais, sur le dos d’un lama sodomisé à l’étape, les éternités kaléidoscopiques qui suintaient des athanors, me conduisit à participer précipitamment, mal dévêtu, l’organe encombré d’une boucle de ceinture. D’autres putains se rencognaient de terreur, ombres parasitaires essoufflées des hanches, lorgnées par les libidineux respectables, tous ministres, hommes d’affaires, barons des cartels. Je reconnus le colonel Alejo, qu’on disait mort dans les marais, puis vainqueur sur le littoral, grièvement blessé sur le versant d’un temple obscur, sacrifié par les indigènes, triomphant dans les Caraïbes, richissime et ruiné, potentat ubiquitaire par le biais des rumeurs téléphonées. Il n’avait pas pris le temps de se raser après être sorti soudain des mangroves, survivant aux chiens, aux traîtres, aux imbéciles, aux lianes qui cinglaient du tumulte sombre et vert, ces bras si fins qui l’enlaçaient pour la dernière étreinte autour du cou avant le départ. Il était apparu, la cartouchière en bandoulière et le front plissé, à la tête de deux mille autochtones autophages qui, d’un coup de machette, s’alimentaient en se raccourcissant le bras faible chaque jour un peu plus. Je tenais son cigare quand il tirait sur son sexe et son sexe lorsqu’il tirait sur son cigare.
— La révolution vaincra, Lucás, me dit-il. Même des manchots peuvent vaincre, s’ils ne manquent pas de porteurs. J’ai fait émasculer tous les curés de la région.

L’air frais charriait l’odeur à travers le cimetière. Les mouches, collaboratrices de ma puanteur, se portèrent au presbytère où j’avais guetté ma jeunesse, oubliée sur le lit archiépiscopal, auprès de monseigneur et de la folle du village, Pilar Antoaneta. Les rais glaireux d’un jour lacté, validés par le vitrail où le dieu vivant n’en finissait pas de crever, s’insinuaient péniblement dans le lit, comme la complainte éreintée de la bonne à tout faire à qui j’avais tout fait. Pilar mangeait par terre, avec ses mains aux ongles sales, qu’elle fourrait entre les interstices terreux des pavés espagnols sur lesquels les furieux hippanthropes, spectres blancs maniant des tuyaux solaires irrésistibles, avaient lancé des galops d’apocalypse. Lorsqu’elle n’y trouvait rien de comestible, elle se livrait aux introspections les plus improbables : elle tordait le spéculum de ses longs doigts et s’écartelait chaque orifice, espérant l’afflux de cyprine auquel l’avaient droguée les chevauchées de l’archevêque. Je pensais la retrouver morte au matin, lorsqu’elle rentrait brisée d’avoir assouvi tous les fils des marchands de camelote précieuse, sur les bords glauques du fleuve où pissaient les chiens errants. Somnolant d’une curiosité vague et scientifique, un peu comme un naturaliste examinerait son armoire pour consigner le développement de ses cultures de champignons dendrophages, je poussais en passant la porte du placard étroit où, l’œil torve allumé d’un éclat satanique et concupiscent, l’archevêque en rut la parquait à son arrivée. Un petit tas osseux, ramassé sur lui-même, les jambes en-dedans, la crinière emmêlée, la mâchoire enfoncée, le front poussiéreux, le coude ébréché, les seins ridicules, me jetait un regard gris empreint de fatigue et d’avidité. Je riais pleinement au nez des anges qui traînassaient dans les airs, coulées diaphanes filandreuses sous les plafonds sales, bébés empêtrés dans les chaînes de leurs ailes qui les attachaient au ciel. Je les prenais pour les fils de Pilar. Elle avait enfanté vingt fois peut-être, évacuant sur le pourpre, au milieu d’irrécusables débris placentaires et de coulées de sang qui coagulaient et se superposaient et s’encroûtaient et sentaient déjà la mort, des viandes atrophiées, des œufs immangeables, des crânes défoncés dont la géométrie étrange témoignait des coups que je portais pour provoquer l’avortement. J’embarquais les bouts de bidasse, fils des marchands, de moi-même ou du saint homme, et me rendais sur la plage où, psalmodiant de mémoire les incantations des grands prêtres sur les marches du temple de Tenochtitlán, j’enfouissais les embryons immondes sous le sable pour faire renaître toute une race nouvelle de poètes maudits. Lorsqu’ils arriveraient à maturité, ils perpétueraient mes desseins, singeraient mes grimaces et cracheraient dans la ville.

Ma mère avait dû parcourir la ville entièrement nue, la panse alourdie, hurlant qu’elle allait mettre bas tout un nœud de vipères, qu’elle avait pris sa résolution, qu’elle attendrait l’enfant, qu’elle l’habillerait en femme quoi qu’il arrive et qu’elle lui apprendrait à vivre de la prostitution. Les autorités religieuses l’en avaient débarrassé rapidement. Lorsque je quittai l’archevêque afin d’apprendre à combattre les fils de Pilar en parcourant les montagnes mystérieuses où les secrets pourrissent, en m’enfonçant dans les tares acides de la solitude puis dans les lupanars et les forêts impénétrables aux côtés d’Alejo, je la reconnus pour la première fois, foudroyé par une révélation primitive, ainsi qu’un homme à l’esprit si profond qu’il devient prophétique : comme un forcené, je m’évadai du monde en regagnant l’endroit de ma genèse, je forçai l’orifice par où j’étais sorti.

[...]

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Message  Invité Ven 30 Avr 2010 - 18:39

Ouais ouais ouais... vraiment une réussite ce pastiche !

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Message  jaon doe Sam 1 Mai 2010 - 10:23

J’adorais chier sur la tombe de ma mère, le cul venté par les langueurs du soir, effacé dans la fétidité rosâtre de l’horizon boréal. Mes étrons méandreux, parfois déchirures d’intestins incontinents, et j’avais alors besoin de toute la concentration des communions solennelles où la grandeur des religions se torche douloureusement au pourpre sacerdotal du baldaquin des archevêques, parfois liquidités molles dispendieusement promulguées, et j’imaginai la novice impubère enfourchant en ombre chinoise au creux du rideau le membre dressé de mon maître, n’étaient rien d’autre que ma contribution diarrhéique à la sainte cérémonie du dernier honneur. Ils jetaient la terre pour ne plus voir la mort, mais les helminthes qui grouillaient dans mon ventre et les lombrics d’une longueur étonnante qui remuaient sous les fleurs fanées près du marbre se reconnaîtraient pour frères, sans se voir, à force de se tortiller et de sentir la merde. Je confiais au giron maternel ces compagnons nécrophages, pourtant ma mélancolie sauvage flottait dans la brume enfumant le portail et qui collait aux murs. Toi, la pute, pourquoi a-t-il fallu que tu partes avant mon retour ? Qu’est-ce que tu fous sous ton cyprès ? Elle ne répondait pas, peut-être à cause de la honte atroce qui la rongeait de l’intérieur.

Je reproduisais le rituel avec régularité, sous l’œil suspicieux du jardinier qui ne manquait pas de murmurer, inaudible d’ici, crétinisant au ras des chrysanthèmes, juge indifférent à mon amour lorsque, brûlé par mon magma testiculaire, je fertilisais la pierre en quelques saccades bovines. A chaque fois que je l’embrassais, sa bouche avait conservé le goût des verges qui s’y étaient succédées. Ma langue raclait jusqu’aux dernières gouttes égarées entre les dents, présage des prostrations. Sans la sueur de mes maladresses, j’aurais perdu la grâce exquise avec laquelle je m’embourbais dans ses reins, y remuant sans cesse et bien après la décharge. Mon sinistre acharnement, le sexe rétracté comme un hermaphrodite errant sur l’épitaphe, m’apportait un délire mécanique, volontaire, j’exfiltrais des puits claustrophobes de son ventre une horreur délicieuse, que je n’avais retrouvée lors d’aucun séjour à l’étranger, quand les filles des rues jonchées, jaunies par l’origine et les effractions vénériennes, agonisaient sur les ruines d’un canapé démantelé, soutenant dans leurs mains leurs entrailles, inondant de leurs larmes le désert de ma présence, crevaient, crevaient tout de même, le vagin éclaté dans un flot de viscosité vitale. Souvent, je me rappelais cette fois où j’étais arrivé trop tôt, la criarde geignait, les genoux dans la terre et les poignets dans le fer, asphyxiée de fumées éthyliques. Mon désir turgescent, rapatrié des territoires incas où je poursuivais, sur le dos d’un lama sodomisé à l’étape, les éternités kaléidoscopiques qui suintaient des athanors, me conduisit à participer précipitamment, mal dévêtu, l’organe encombré d’une boucle de ceinture. D’autres putains se rencognaient de terreur, ombres parasitaires essoufflées des hanches, lorgnées par les libidineux respectables, tous ministres, hommes d’affaires, barons des cartels. Je reconnus le colonel Alejo, qu’on disait mort dans les marais, puis vainqueur sur le littoral, grièvement blessé sur le versant d’un temple obscur, sacrifié par les indigènes, triomphant dans les Caraïbes, richissime et ruiné, potentat ubiquitaire par le biais des rumeurs téléphonées. Il n’avait pas pris le temps de se raser après être sorti soudain des mangroves, survivant aux chiens, aux traîtres, aux imbéciles, aux lianes qui cinglaient du tumulte sombre et vert, ces bras si fins qui l’enlaçaient pour la dernière étreinte autour du cou avant le départ. Il était apparu, la cartouchière en bandoulière et le front plissé, à la tête de deux mille autochtones autophages qui, d’un coup de machette, s’alimentaient en se raccourcissant le bras faible chaque jour un peu plus. Je tenais son cigare quand il tirait sur son sexe et son sexe lorsqu’il tirait sur son cigare.
— La révolution vaincra, Lucás, me dit-il. Même des manchots peuvent vaincre, s’ils ne manquent pas de porteurs. J’ai fait émasculer tous les curés de la région.

L’air frais charriait l’odeur à travers le cimetière. Les mouches, collaboratrices de ma puanteur, se portèrent au presbytère où j’avais guetté ma jeunesse, oubliée sur le lit archiépiscopal, auprès de monseigneur et de la folle du village, Pilar Antoaneta. Les rais glaireux d’un jour lacté, validés par le vitrail où le dieu vivant n’en finissait pas de crever, s’insinuaient péniblement dans le lit, comme la complainte éreintée de la bonne à tout faire à qui j’avais tout fait. Pilar mangeait par terre, avec ses mains aux ongles sales, qu’elle fourrait entre les interstices terreux des pavés espagnols sur lesquels les furieux hippanthropes, spectres blancs maniant des tuyaux solaires irrésistibles, avaient lancé des galops d’apocalypse. Lorsqu’elle n’y trouvait rien de comestible, elle se livrait aux introspections les plus improbables : elle tordait le spéculum de ses longs doigts et s’écartelait chaque orifice, espérant l’afflux de cyprine auquel l’avaient droguée les chevauchées de l’archevêque. Je pensais la retrouver morte au matin, lorsqu’elle rentrait brisée d’avoir assouvi tous les fils des marchands de camelote précieuse, sur les bords glauques du fleuve où pissaient les chiens errants. Somnolant d’une curiosité vague et scientifique, un peu comme un naturaliste examinerait son armoire pour consigner le développement de ses cultures de champignons dendrophages, je poussais en passant la porte du placard étroit où, l’œil torve allumé d’un éclat satanique et concupiscent, l’archevêque en rut la parquait à son arrivée. Un petit tas osseux, ramassé sur lui-même, les jambes en-dedans, la crinière emmêlée, la mâchoire enfoncée, le front poussiéreux, le coude ébréché, les seins ridicules, me jetait un regard gris empreint de fatigue et d’avidité. Je riais pleinement au nez des anges qui traînassaient dans les airs, coulées diaphanes filandreuses sous les plafonds sales, bébés empêtrés dans les chaînes de leurs ailes qui les attachaient au ciel. Je les prenais pour les fils de Pilar. Elle avait enfanté vingt fois peut-être, évacuant sur le pourpre, au milieu d’irrécusables débris placentaires et de coulées de sang qui coagulaient et se superposaient et s’encroûtaient et sentaient déjà la mort, des viandes atrophiées, des œufs immangeables, des crânes défoncés dont la géométrie étrange témoignait des coups que je portais pour provoquer l’avortement. J’embarquais les bouts de bidasse, fils des marchands, de moi-même ou du saint homme, et me rendais sur la plage où, psalmodiant de mémoire les incantations des grands prêtres sur les marches du temple de Tenochtitlán, j’enfouissais les embryons immondes sous le sable pour faire renaître toute une race nouvelle de poètes maudits. Lorsqu’ils arriveraient à maturité, ils perpétueraient mes desseins, singeraient mes grimaces et cracheraient dans la ville.

Ma mère avait dû parcourir la ville entièrement nue, la panse alourdie, hurlant qu’elle allait mettre bas tout un nœud de vipères, qu’elle avait pris sa résolution, qu’elle attendrait l’enfant, qu’elle l’habillerait en femme quoi qu’il arrive et qu’elle lui apprendrait à vivre de la prostitution. Les autorités religieuses l’en avaient débarrassée rapidement. Lorsque je quittai l’archevêque afin d’apprendre à combattre les fils de Pilar en parcourant les montagnes mystérieuses où les secrets pourrissent, en m’enfonçant dans les tares acides de la solitude puis dans les lupanars et les forêts impénétrables aux côtés d’Alejo, je la reconnus pour la première fois, foudroyé par une révélation primitive, ainsi qu’un homme à l’esprit si profond qu’il devient prophétique : comme un forcené, je m’évadai du monde en regagnant l’endroit de ma genèse, je forçai l’orifice par où j’étais sorti. La source dégoulinait de mélasse impure, de fantômes oblongs, poisseux, à demi effacés dans la nuit. La méprisable charogne se contorsionnait, vilaine, vaseuse, liquéfiée par l’épilepsie sexuelle, et je redoutais qu’elle ne m’échappât en se vaporisant. Au début, j’étais le rayon térébrant, le pyromane astral défigurant le bûcher sur lequel cramaient l’un après l’autre les animaux primitifs. Elle, superbement laide avec ses cuissardes noires d’égoutier de l’enfer, capiteuse et frénétique, se consumait en simulant des gémissements d’encouragement. Mais lorsque j’eus prouvé ma déréliction destructrice, lorsqu’elle eut compris que derrière le plaisir je recherchais la mort, elle me dévisagea de ses deux grands yeux jaunes de brune effarouchée, les mêmes yeux de charognard nocturne et reptilien qui s’étaient portés sur sa ponte seize ans plus tôt. Elle ne douta plus. Par elle, je descendais directement de Quetzalcóatl, le fils des chichimèques. Mais après quelques années, comme la guerre faisait rage dans quinze Etats du littoral, j’avais dû recharger mon fusil, soigneusement graissé, et m’enfoncer dans la rue principale, derrière le corps expéditionnaire. J’avais déserté à la première escarmouche avec les troupes conservatrices : son souffle putride, sa rage contenue, ses lèvres que je mordais jusqu’au sang pour étancher ma soif, sa peau tiraillée sur son armature de cercueil, la position splendide et la mécanique odieuse auxquelles je la soumettais m’envahissaient en marchant au point que mes frustrations extatiques me déchiraient la gueule et se répercutaient à l’orée du marécage, au seul souvenir de l’amour maternel ruisselant dans mes caniveaux encrassés. A mon retour, elle était morte.

Je m’étais précipité à l’église, afin d’entreprendre la folle. Si mon mentor avait poursuivi les funestes offices sur la plage aride, au creux des vagues écumantes de diamants génétiques, je disposais à présent d’une armée souterraine, prête à se retourner contre moi. Mais dans la crypte où les chanoines satanistes tournaient nus autour du chêne de leur foi moribonde en beuglant confusément des invocations malsaines jusqu’à plus tard que l’aube, inconscients du rôle crucial que jouait la syphilis sur leurs épaules décharnées, je découvris l’archevêque, langue pendante, regard exorbité, phallus tranché, crucifié sur un de ces bancs de messe où, sursaturées de chaleur ascétique, les novices s’abîmaient en génuflexions commandées. Des pas martelèrent dans mon dos, sans me retourner je levai la main pour réclamer le silence, car ici, dans les caveaux latéraux, moisissaient plus de neuf scholarques débarqués de Salamanque.
— Je ne pouvais pas faire d’exception, Lucás. Je sais combien il comptait pour toi.
Il ne savait rien. J’avais toujours été magnifique et solitaire, et le reste du monde imperméable à l’essence de ma pensée.
— Où est Pilar Antoaneta ? dis-je sèchement.
— Là. Le reste est là-bas, et puis un peu par là aussi je crois.

[…]

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Message  Invité Sam 1 Mai 2010 - 10:53

Yeah !

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Message  silene82 Sam 1 Mai 2010 - 11:41

Fichtrement bien torché. Ça dépote. Chapeau bas.
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Message  Plotine Sam 1 Mai 2010 - 11:48

socque a écrit:Ouais ouais ouais... vraiment une réussite ce pastiche !

Pastiche de quoi, de qui ? Désolée de mon ignorance.
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Message  Invité Sam 1 Mai 2010 - 11:52

De lu-k, je pense.

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Message  silene82 Sam 1 Mai 2010 - 11:55

socque a écrit:De lu-k, je pense.

Œuf coque. Et avec un foutu bordel à queue de talent. Les deux, soit dit en passant. Y en a marre, je retourne chez les carmélites.
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Message  Plotine Sam 1 Mai 2010 - 12:02

socque a écrit:De lu-k, je pense.
Ah O.K., je pensais que vous parliez d'un pastiche d'un auteur connu.
Bien sûr, c'est un très beau texte mais qui me décoiffe tellement que je ne sais qu'en dire.
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Message  jaon doe Sam 1 Mai 2010 - 14:16

J’adorais chier sur la tombe de ma mère, le cul venté par les langueurs du soir, effacé dans la fétidité rosâtre de l’horizon boréal. Mes étrons méandreux, parfois déchirures d’intestins incontinents, et j’avais alors besoin de toute la concentration des communions solennelles où la grandeur des religions se torche douloureusement au pourpre sacerdotal du baldaquin des archevêques, parfois liquidités molles dispendieusement promulguées, et j’imaginai la novice impubère enfourchant en ombre chinoise au creux du rideau le membre dressé de mon maître, n’étaient rien d’autre que ma contribution diarrhéique à la sainte cérémonie du dernier honneur. Ils jetaient la terre pour ne plus voir la mort, mais les helminthes qui grouillaient dans mon ventre et les lombrics d’une longueur étonnante qui remuaient sous les fleurs fanées près du marbre se reconnaîtraient pour frères, sans se voir, à force de se tortiller et de sentir la merde. Je confiais au giron maternel ces compagnons nécrophages, pourtant ma mélancolie sauvage flottait dans la brume enfumant le portail et qui collait aux murs. Toi, la pute, pourquoi a-t-il fallu que tu partes avant mon retour ? Qu’est-ce que tu fous sous ton cyprès ? Elle ne répondait pas, peut-être à cause de la honte atroce qui la rongeait de l’intérieur.

Je reproduisais le rituel avec régularité, sous l’œil suspicieux du jardinier qui ne manquait pas de murmurer, inaudible d’ici, crétinisant au ras des chrysanthèmes, juge indifférent à mon amour lorsque, brûlé par mon magma testiculaire, je fertilisais la pierre en quelques saccades bovines. A chaque fois que je l’embrassais, sa bouche avait conservé le goût des verges qui s’y étaient succédées. Ma langue raclait jusqu’aux dernières gouttes égarées entre les dents, présage des prostrations. Sans la sueur de mes maladresses, j’aurais perdu la grâce exquise avec laquelle je m’embourbais dans ses reins, y remuant sans cesse et bien après la décharge. Mon sinistre acharnement, le sexe rétracté comme un hermaphrodite errant sur l’épitaphe, m’apportait un délire mécanique, volontaire, j’exfiltrais des puits claustrophobes de son ventre une horreur délicieuse, que je n’avais retrouvée lors d’aucun séjour à l’étranger, quand les filles des rues jonchées, jaunies par l’origine et les effractions vénériennes, agonisaient sur les ruines d’un canapé démantelé, soutenant dans leurs mains leurs entrailles, inondant de leurs larmes le désert de ma présence, crevaient, crevaient tout de même, le vagin éclaté dans un flot de viscosité vitale. Souvent, je me rappelais cette fois où j’étais arrivé trop tôt, la criarde geignait, les genoux dans la terre et les poignets dans le fer, asphyxiée de fumées éthyliques. Mon désir turgescent, rapatrié des territoires incas où je poursuivais, sur le dos d’un lama sodomisé à l’étape, les éternités kaléidoscopiques qui suintaient des athanors, me conduisit à participer précipitamment, mal dévêtu, l’organe encombré d’une boucle de ceinture. D’autres putains se rencognaient de terreur, ombres parasitaires essoufflées des hanches, lorgnées par les libidineux respectables, tous ministres, hommes d’affaires, barons des cartels. Je reconnus le colonel Alejo, qu’on disait mort dans les marais, puis vainqueur sur le littoral, grièvement blessé sur le versant d’un temple obscur, sacrifié par les indigènes, triomphant dans les Caraïbes, richissime et ruiné, potentat ubiquitaire par le biais des rumeurs téléphonées. Il n’avait pas pris le temps de se raser après être sorti soudain des mangroves, survivant aux chiens, aux traîtres, aux imbéciles, aux lianes qui cinglaient du tumulte sombre et vert, ces bras si fins qui l’enlaçaient pour la dernière étreinte autour du cou avant le départ. Il était apparu, la cartouchière en bandoulière et le front plissé, à la tête de deux mille autochtones autophages qui, d’un coup de machette, s’alimentaient en se raccourcissant le bras faible chaque jour un peu plus. Je tenais son cigare quand il tirait sur son sexe et son sexe lorsqu’il tirait sur son cigare.
— La révolution vaincra, Lucás, me dit-il. Même des manchots peuvent vaincre, s’ils ne manquent pas de porteurs. J’ai fait émasculer tous les curés de la région.

L’air frais charriait l’odeur à travers le cimetière. Les mouches, collaboratrices de ma puanteur, se portèrent au presbytère où j’avais guetté ma jeunesse, oubliée sur le lit archiépiscopal, auprès de monseigneur et de la folle du village, Pilar Antoaneta. Les rais glaireux d’un jour lacté, validés par le vitrail où le dieu vivant n’en finissait pas de crever, s’insinuaient péniblement dans le lit, comme la complainte éreintée de la bonne à tout faire à qui j’avais tout fait. Pilar mangeait par terre, avec ses mains aux ongles sales, qu’elle fourrait entre les interstices terreux des pavés espagnols sur lesquels les furieux hippanthropes, spectres blancs maniant des tuyaux solaires irrésistibles, avaient lancé des galops d’apocalypse. Lorsqu’elle n’y trouvait rien de comestible, elle se livrait aux introspections les plus improbables : elle tordait le spéculum de ses longs doigts et s’écartelait chaque orifice, espérant l’afflux de cyprine auquel l’avaient droguée les chevauchées de l’archevêque. Je pensais la retrouver morte au matin, lorsqu’elle rentrait brisée d’avoir assouvi tous les fils des marchands de camelote précieuse, sur les bords glauques du fleuve où pissaient les chiens errants. Somnolant d’une curiosité vague et scientifique, un peu comme un naturaliste examinerait son armoire pour consigner le développement de ses cultures de champignons dendrophages, je poussais en passant la porte du placard étroit où, l’œil torve allumé d’un éclat satanique et concupiscent, l’archevêque en rut la parquait à son arrivée. Un petit tas osseux, ramassé sur lui-même, les jambes en-dedans, la crinière emmêlée, la mâchoire enfoncée, le front poussiéreux, le coude ébréché, les seins ridicules, me jetait un regard gris empreint de fatigue et d’avidité. Je riais pleinement au nez des anges qui traînassaient dans les airs, coulées diaphanes filandreuses sous les plafonds sales, bébés empêtrés dans les chaînes de leurs ailes qui les attachaient au ciel. Je les prenais pour les fils de Pilar. Elle avait enfanté vingt fois peut-être, évacuant sur le pourpre, au milieu d’irrécusables débris placentaires et de coulées de sang qui coagulaient et se superposaient et s’encroûtaient et sentaient déjà la mort, des viandes atrophiées, des œufs immangeables, des crânes défoncés dont la géométrie étrange témoignait des coups que je portais pour provoquer l’avortement. J’embarquais les bouts de bidasse, fils des marchands, de moi-même ou du saint homme, et me rendais sur la plage où, psalmodiant de mémoire les incantations des grands prêtres sur les marches du temple de Tenochtitlán, j’enfouissais les embryons immondes sous le sable pour faire renaître toute une race nouvelle de poètes maudits. Lorsqu’ils arriveraient à maturité, ils perpétueraient mes desseins, singeraient mes grimaces et cracheraient dans la ville.

Ma mère avait dû parcourir la ville entièrement nue, la panse alourdie, hurlant qu’elle allait mettre bas tout un nœud de vipères, qu’elle avait pris sa résolution, qu’elle attendrait l’enfant, qu’elle l’habillerait en femme quoi qu’il arrive et qu’elle lui apprendrait à vivre de la prostitution. Les autorités religieuses l’en avaient débarrassée rapidement. Lorsque je quittai l’archevêque afin d’apprendre à combattre les fils de Pilar en parcourant les montagnes mystérieuses où les secrets pourrissent, en m’enfonçant dans les tares acides de la solitude puis dans les lupanars et les forêts impénétrables aux côtés d’Alejo, je la reconnus pour la première fois, foudroyé par une révélation primitive, ainsi qu’un homme à l’esprit si profond qu’il devient prophétique : comme un forcené, je m’évadai du monde en regagnant l’endroit de ma genèse, je forçai l’orifice par où j’étais sorti. La source dégoulinait de mélasse impure, de fantômes oblongs, poisseux, à demi effacés dans la nuit. La méprisable charogne se contorsionnait, vilaine, vaseuse, liquéfiée par l’épilepsie sexuelle, et je redoutais qu’elle ne m’échappât en se vaporisant. Au début, j’étais le rayon térébrant, le pyromane astral défigurant le bûcher sur lequel cramaient l’un après l’autre les animaux primitifs. Elle, superbement laide avec ses cuissardes noires d’égoutier de l’enfer, capiteuse et frénétique, se consumait en simulant des gémissements d’encouragement. Mais lorsque j’eus prouvé ma déréliction destructrice, lorsqu’elle eut compris que derrière le plaisir je recherchais la mort, elle me dévisagea de ses deux grands yeux jaunes de brune effarouchée, les mêmes yeux de charognard nocturne et reptilien qui s’étaient portés sur sa ponte seize ans plus tôt. Elle ne douta plus. Par elle, je descendais directement de Quetzalcóatl, le fils des chichimèques. Mais après quelques années, comme la guerre faisait rage dans quinze Etats du littoral, j’avais dû recharger mon fusil, soigneusement graissé, et m’enfoncer dans la rue principale, derrière le corps expéditionnaire. J’avais déserté à la première escarmouche avec les troupes conservatrices : son souffle putride, sa rage contenue, ses lèvres que je mordais jusqu’au sang pour étancher ma soif, sa peau tiraillée sur son armature de cercueil, la position splendide et la mécanique odieuse auxquelles je la soumettais m’envahissaient en marchant au point que mes frustrations extatiques me déchiraient la gueule et se répercutaient à l’orée du marécage, au seul souvenir de l’amour maternel ruisselant dans mes caniveaux encrassés. A mon retour, elle était morte.

Je m’étais précipité à l’église, afin d’entreprendre la folle. Si mon mentor avait poursuivi les funestes offices sur la plage aride, au creux des vagues écumantes de diamants génétiques, je disposais à présent d’une armée souterraine, prête à se retourner contre moi. Mais dans la crypte où les chanoines satanistes tournaient nus autour du chêne de leur foi moribonde en beuglant confusément des invocations malsaines jusqu’à plus tard que l’aube, inconscients du rôle crucial que jouait la syphilis sur leurs épaules décharnées, je découvris l’archevêque, langue pendante, regard exorbité, phallus tranché, crucifié sur un de ces bancs de messe où, sursaturées de chaleur ascétique, les novices s’abîmaient en génuflexions commandées. Des pas martelèrent dans mon dos, sans me retourner je levai la main pour réclamer le silence, car ici, dans les caveaux latéraux, moisissaient plus de neuf scholarques débarqués de Salamanque.
— Je ne pouvais pas faire d’exception, Lucás. Je sais combien il comptait pour toi.
Il ne savait rien. J’avais toujours été magnifique et solitaire, et le reste du monde imperméable à l’essence de ma pensée.
— Où est Pilar Antoaneta ? dis-je sèchement.
— Là. Le reste est là-bas, et puis un peu par là aussi je crois.

Les libéraux avaient allumé le feu purificateur. Alejo disparaissait de semaine en semaine, auréolé de sa gloire infernale de cannibale émancipateur. Les députations endimanchées de la capitale se succédaient dans son antre, écartaient laborieusement les vapeurs, replaçaient leurs chapeaux grotesques aux bords luisants de glycérine et leurs manteaux contraignants, s’approchant du conquistador lépreux qui besognait ses putains. Je le regardai racler l’épave d’une autochtone échevelée, probablement rapportée d’un camp fondé dans un angle écarté du monde et qui, les jambes ouvertes, cambrée jusqu’à la rupture, les mains crispées sur la barre de fer et le front révulsé d’un rictus haineux, défiait encore l’univers à chaque soubresaut en grondant opiniâtrement comme une reine déchue. Le parti libéral, ramassis de raclures invérifiables, les sourcils en brosse à force d’incrédulité, annonça qu’il ne soutiendrait plus Alejo, qu’il se coupait le bras armé. Magnifique de dignité, le sanglant violeur du continent tira par les cheveux l’impératrice en lambeaux, marquée de croûtes violacées ; s’attendrissant un moment sur le nouveau poète qui gonflait dans son ventre meurtri, dernier sphincter en exercice, il lui balança sous la poitrine un coup de poing qui fit éclater la marée, viscères improbables grouillantes qui poursuivirent leur course au sol, rasèrent les parois fissurées, s’incrustèrent dans la terre et babillèrent de géniales incohérences. Les députés fascinés, engoncés dans leur fourrure et leur obstination, s’égarèrent un à un dans les ruelles sordides du désespoir, comptant les enfants qu’ils rencontraient et méditant sur la métaphysique des tubes. Alejo, comme tous les autres, agissait pour s’étendre dans les coussins fangeux de la gloire ; à l’instar de l’archevêque, il ne représentait personne.

Lorsqu’il était reparti, après avoir erré dans les limbes terrestres des femmes accroupies, enseveli ma mère sous mes diarrhées et réduit en esclavage un village entier sur le flanc d’un volcan que réveillait ma colère, je piétinai seul jusqu’à la plage, mon lama personnel ayant finalement contracté des maladies étranges, sans doute envoyées par les esprits des ténèbres, suite auxquelles je l’avais précipité d’une falaise. Revoyant dans le gouffre le lit christique où baignaient nos corps enfiévrés de plaintes délicieuses, où se repoussaient nos bras chargés de haine étouffante, empuantis par des vents farouches qui ne venaient pas du ciel, j’estimai le nombre approximatif des minotaures chiés par la spirituelle Pilar Antoaneta, durant les siècles solitaires où l’avait montée tout un élevage de taureaux d’arènes. Je débouchai dans les dunes, brûlées de soleil mélancolique, tandis que le ressac relâchait des crabes entenaillés qui se profilaient sur les rochers et pullulaient dans mon bas-ventre. Les âmes des anges décrépits, nuages asséchés cotonneux de tranquille impatience, s’accumulèrent au-dessus de moi, derniers spectateurs de ma damnation. Puis ils plongèrent, s’accrurent de leur intumescence insane héritée des Incas, libérant autour d’eux leur haleine de cactus des vallées, et fouillèrent les profondeurs infraterrestres. Ils n’étaient pas vingt, mais soixante ! Autant d’émules, autant de rejetons transfigurés par ma prose indigente, fragments de colons façonnés par moi comme une glaise instable au rebord de fenêtre, autant de nains asexués, tous jumeaux, tous irrémédiablement niais et grandioses, aptes à poursuivre l’œuvre du monde. Ils étaient laids, prompts à parler, à sucer mon excroissance et manger de la merde, et leur insatiable oralité se repaissait sans fin de la déchéance des chairs, cette nullité consubstantielle aux êtres aplatis qui se laissent exister. Leurs silhouettes grasses et populacières se fondraient habilement dans le commun des mortels, engendrant les ministres du culte à mon ventre, et bientôt capables d’égaler mon suprême ornement.

Un manchot déboula du chemin de la ville, bordé d’herbes folles et de fleurs jaunâtres qui répandaient des parfums d’incapables.
— Lucás ! Lucás !
Il portait au revers la médaille qu’avait dû lui concéder le Président pour en faire un emblème. S’il était revenu, c’était peut-être qu’on l’avait chassé du palais gouvernemental, qu’il projetait de s’enterrer à nouveau dans les forêts, de se manger l’autre bras en compulsant le journal de bord de ses atrocités dont il poursuivrait l’écriture avec les pieds. Il leva de loin son membre restant, moignon sinistre et portion d’éternité suintante de pus morveux, l’agitant comme un chien se préparant à déféquer. Je l’imaginai corregidor, honorant sa grosse épouse d’une saillie trop brève et, ragaillardi par un yaourt aux amandes de sa préparation, s’amenuisant peu à peu dans le fluide glacé du troisième âge. Tant qu’une queue battrait ses cuisses d’athlète incomplet, elle lui indiquerait le sens de sa vie. Lorsqu’il parvint à ma hauteur, les soixante fœtus avaient déjà calqué son fonctionnement.
— Il faut partir. Ils seront bientôt là.
— Pars si tu veux. Moi, je reste.
Je leur servirai le marécage de mes ordures, ils pataugeront dedans en s’ébrouant, aspirant, dégorgeant, ravalant la même transpiration de raclures de poireau, jusqu’à ce qu’un dernier, captivé par le trou, s’esbaudissant d’un peu trop près, subisse à son tour le siphon fellateur. Alors, debout au bord du monde, expulsant mes poumons englués, je rirai à pleine gorge, comme un gargouillis pathétique de lavabo bouché.

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Message  silene82 Sam 1 Mai 2010 - 14:17

Plotine a écrit:
socque a écrit:De lu-k, je pense.
Ah O.K., je pensais que vous parliez d'un pastiche d'un auteur connu.

Il est pas connu lu-k ? Gallimard non plus, je suppose ? Ou Printernet ?
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Message  Ba Sam 1 Mai 2010 - 14:25

Trois petits pets et puis m'en vais...
Ah si, je serais la mère que je lui enverrais la note du teinturier ;-)
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Message  Invité Sam 1 Mai 2010 - 14:25

Pour le manchot, j'aurais bien vu un oiseau antarctique... La polysémie aurait peut-être été amusante à maintenir !

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Message  jaon doe Sam 1 Mai 2010 - 14:38

Epilogue — Parer l’imposture.

Sur le siège rougi du siècle qui se meurt, il sentit monter l’immense clameur des acteurs absents, le pied dans la tombe et la clope aux lèvres, envisageant déjà la musique de la prochaine ère avec ses amours au prozac. Venise s’enlisait au rythme de sa propre décadence, les assassins masqués du carnaval sanglant valsaient toujours dans les venelles tortueuses en s’étranglant de rire, leurs bouches s’écartelaient pour embrasser, leurs morsures se répandaient en longues vomissures sur les canaux, tous ramifications du Styx, et le vaste décombre parasité plongeait dans la lagune, sans rancune, alléguant à tout venant son sinistre héritage. Les ombres des fuyards, charognards scatophiles, traversaient en s’évanouissant les rangs des primipiles, incapables d’affronter sans le secours des petites pilules. Il les regarda pourrir, participants de la superbe Mascarade inclus dans la lumière, et, plantant là les derniers de ces mauvais danseurs, quitta le théâtre vide en évitant la poussière.

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Message  silene82 Sam 1 Mai 2010 - 14:39

L'exercice est, pour le moins, brillant. Peut-être fait-il un peu système, encore que dans les mondes infernaux, il y ait sans doute matière - et je ne plaisante pas sur de tels sujets - à arpenter, hurleur solitaire et déclamatoire.
Les fourrés bordant les contre-allées des Elysées sont, paraît-il, bien pourvus en accortes personnes.
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Message  Invité Sam 1 Mai 2010 - 14:42

Bon, très bien, quoi, et bien construit, je crois, malgré cette apparence échevelée !

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Message  silene82 Sam 1 Mai 2010 - 14:44

Yérémiahou hanavi ?
Ji tri curio...
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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 12:53

Franchement, si c'est vraiment un pastiche de moi... et bah, génial ! J'ai bien rigolé ! Une caricature vraiment bien faite. Les descriptions longues, obscures, la surabondance d'adjectifs, plus généralement la densité exacerbée, les thèmes morbides et sexuels, allusions à la figure maternelle, vieux échos mystiques, mythologiques, ambiance exagérément glauque, avec des mots que j'utilise souvent, des phrases très longues, plein de virgules, des mots complexes qui côtoient du prosaïque... ahah, je me suis vraiment retrouvé ! J'ai bien vu mes défauts, mon écriture ! La preuve : j'ai simultanément adoré et détesté ce texte ! Je ne sais pas qui est l'auteur, mais vraiment, bravo.
Mais, par pitié, dites-moi, suis-vraiment si insupportable ? Parce que, là, je m'imagine quand même pas écrire ça : "J'avais toujours été magnifique et solitaire, et le reste du monde imperméable à l'essence de ma pensée".

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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 12:56

Mais vraiment, je suis content !
Si on est capable de me pasticher, ça veut dire que j'ai déjà quelque chose à moi, un truc particulier. C'est déjà ça !

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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 12:58

Donc je rajoute : merci !
Déjà, ça pointe mes défauts d'écriture, du coup ça m'aide ; de deux, je trouve que c'est une marque de reconnaissance, quelque part. Je suis plutôt touché !

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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 13:14

Pour la marque de reconnaissance, je suis bien d'accord. Proust a pastiché Balzac, qu'il admirait profondément.

Pour la phrase que vous relevez : "J'avais toujours été magnifique et solitaire, et le reste du monde imperméable à l'essence de ma pensée", je vous rassure, lu-k, je ne perçois pas cette infatuation dans votre écriture. Le pasticheur l'a glissée, je pense, parce qu'elle est dans la suite logique de votre style dense et du centrage de vos textes sur un narrateur à la première personne. Mais justement, c'est ce qui rend vos textes si agréables en plus de puissants : le narrateur se sent à part, mais pas au-dessus, me semble-t-il, il est aussi paumé que n'importe qui...

Moi aussi je suis curieuse de l'identité de ce jaon doe-là, s'il veut se révéler un jour.

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Message  High_Voltage Mar 4 Mai 2010 - 15:07

Bonjour.

Comme, ainsi que vous le pressentiez, aucun approfondissement intéressant au commentaire de ma rédaction que vous crûtes bon d'infliger à ce site n'usurpait la tyrannique surabondance des sempiternelles imbécilités définitives mêlant au crétinisme libertaire, avec autant de grâce qu'en mettent les acteurs de ma pitoyable Expulsion pour s'emmancher, quelques sentences définitives infondées et autres babillages pseudo-psychanalytiques traitant, je crois, de ma configuration psychique particulière, j'ai dû me rabattre sur le premier texte en prose à me passer sous le nez, c'est-à-dire une réédition pseudo-poétique des logorrhées ineptes vomissant à flots les mêmes putains sanglantes que partout ailleurs, troublante originalité visant à racoler l'obsédé moyen, contrat rempli dès le concert d'applaudissements émanant d'un public d'otaries flasques qui gobent, bouche béante et sur commande, sans sourciller, des bancs entiers de morues dessalées. Préférant toujours la construction à l'étalage en littérature, mais sachant combien il est inutile de rééditer la même démonstration critique après tous ces textes jumeaux, il m'a plu d'utiliser ce moyen et quelques heures divertissantes pour mettre en évidence une sinistre imposture, au nom de laquelle les mammifères informatisés souscrivent à tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à de la merde. Quoique confiant dans la clarté des dernières phrases, j'ose suggérer à ceux dont la patience et le temps peuvent être gaspillés d'envisager la lecture du torchon ci-dessus avec cette nouvelle perspective.

Je me réjouis, quoi qu'il en soit, de n'avoir apparemment pas scandalisé lu-k, éventuel dommage collatéral de l'entreprise, en m'inspirant d'un étalage exemplaire commis par lui dans le but précédemment décrit. La réponse frénétique qu'il a bien voulu me faire, au surplus, me flatte immensément : selon ses mots, même en déféquant un galimatias aussi vide et inepte que celui-ci, je demeurerais édifiant.

Il ne me reste qu'à remercier les intervenants d'avoir participé, à conseiller aux prochains, si ce message passait la censure, de n'épandre dessus le lisier de leurs réflexions ô combien passionnantes qu'au cas où cela s'avèrerait nécessaire à leur ataraxie, et, si le temps le permet, à souhaiter aux courageux lecteurs de ma réponse une agréable après-midi.
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Message  mentor Mar 4 Mai 2010 - 15:26

High_Voltage a écrit:Il ne me reste qu'à remercier les intervenants d'avoir participé, à conseiller aux prochains, si ce message passait la censure, de n'épandre dessus le lisier de leurs réflexions ô combien passionnantes qu'au cas où cela s'avèrerait nécessaire à leur ataraxie, et, si le temps le permet, à souhaiter aux courageux lecteurs de ma réponse une agréable après-midi.
La "censure" laissera passer, tu arbores une nouvelle fois ta superbe et ta fatuité en traitant tes lecteurs de tout et n'importe quoi
tu n'as pas changé
reste où tu étais
mais tu gâches ton talent

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Message  Reginelle Mar 4 Mai 2010 - 15:29

décidément, je n'aime vraiment pas Jaon Doe.

J'avoue n'avoir pas pu aller plus loin que les premières lignes. Les premières lignes du texte. ffffffff... non, merci...

Parce que pour ce qui est de l'intervention de HV, je suis allée au bout.

Et imaginer quelqu'un prendre plaisir (et mettre des heures) à pondre une telle loghorrhée (pour une fois, je trouve juste d'employer ce terme) juste pour "prouver" "une sinistre imposture, au nom de laquelle les mammifères informatisés souscrivent à tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à de la merde" me dépasse. Tout ce temps perdu, pour du vent...
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Message  CROISIC Mar 4 Mai 2010 - 15:32

J'ai lu. Je me suis bien amusée. Merci à tous.
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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 15:45

Vous vous adressez à moi, High_Voltage, et certes l'imposture est plaisante, mais, vous l'avez compris, je ne vous rejoindrai pas dans votre dédain de l'écriture de lu-k. Que le choix de ses thèmes vous heurte, que vous les trouviez par trop dans la vulgarité du temps, c'est votre droit, et c'est le mien de trouver chez lui un réel talent. L'organique aussi me passionne. Que cela vienne de l'époque, qu'importe ? Celle où nous vivons informe toujours notre posture ; je ne me prétends pas plus au-dessus de la société où je vis qu'un blasphémateur pourrait se dire indifférent au Dieu qu'il honnit.

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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 16:07

Non, honnêtement, High_voltage, merci, je trouve que tu m'as bien pastiché (même si je ne suis tout de même pas aussi emphatique).
Mais je voulais te demander : que reproches-tu véritablement à mes écrits ? Ça m'intéresse beaucoup ! J'aimerais que tu me proposes un argumentaire, au lieu de tourner en dérision les thèmes que je traite. Je pense qu'il est assez facile de se moquer de ci ou de ça, car on peut se moquer de tout. Personnellement, ça ne me gêne pas (la preuve, j'ai adoré ton pastiche, que je trouve bien fait), et je le fais aussi, mais une fois dépassé le stade de l'ironie grandiloquente, une fois qu'on se débarrasse de notre propre répartie faite de grands mots, de références érudites, en fin de compte, une fois qu'on abandonne le primat de l'autosatisfaction pour celui de la sincérité, je pense qu'il y a matière à avoir une discussion authentique où tu pourras user de tout ton talent et de toute ta culture pour me dire exactement et de façon convaincante (ou persuasive, comme tu veux) ce que tu penses de mes textes. Je pense qu'il est assez facile de se moquer des sujets que j'aborde, comme il est aisé de se moquer de tous les autres sujets : le sexe, le sang, la mort, la mère, oui, bien sûr, tout cela peut paraître vu, revu, archétypal, ou encore reflet d'un certaine propension érigée en doctrine qui consisterait à plaire car consistant à l'élaboration du cocktail fallacieux et contemporain sang-cul-drogue. Mais je trouve donc que cette critique est un peu facile, car elle consiste simplement à catégoriser mes écrits, à les rentrer dans un moule, à les réduire à rien puisqu'ils ressemblent à tant d'autres. Je pense que se cacher derrière cette espèce de typologie revient à éviter ce que le texte présente de façon sous-jacente, ce qu'il peut contenir de singulier et de profond. Je n'ai pas l'habitude de défendre mes textes, et beaucoup diront qu'ils devraient se défendre eux-mêmes, mais les thèmes que j'aborde sont bien le reflet de ce qui me préoccupe, et je ne vois pas en quoi l'éclatement de la cellule familiale, le paradis perdu de l'enfance, l'hypocrisie de la réalité, entre autres, seraient illégitimes ou inintéressants, sans compter que le traitement que j'en fais est, me semble-t-il, en adéquation avec les sujets susnommés, puisque j'ai besoin d'une certaine noirceur cathartique afin de retranscrire ce qui me remue.

Je tenais à te préciser que je ne prends pas du tout mal quoi que ce soit que tu aurais pu dire ; j'aimerais juste que tu me dises véritablement ce que tu reproches à mes textes, après t'être livré à une causticité rigolote, mais tout de même un peu basique.
Par ailleurs, je ne tiens pas à m'engager dans une lutte de rétorsion stérile avec toi : je suis, sans doute aucun, bien moins éloquent et tenace.

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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 16:15

Ahah, j'ai essayé de bien m'exprimer, histoire de n'être pas trop ridicule, mais c'est raté !

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Message  High_Voltage Mar 4 Mai 2010 - 17:56

A mentor, le superbe mentor, celui qui parvient à critique la critique d'un poème en avouant n'avoir pas lu ledit poème au préalable : je suis superbe et fat, je ne change jamais, je gâche tout, sauf mon talent, car il faudrait encore en avoir. Vous ne m'en voudrez pas, grandiose mentor, si je me permets, après les remarques médiocres que vous produisez à chaque fois que vos doigts effleurent le clavier, d'ignorer vos prochains traits d'esprit. Par ailleurs, lorsque les opérateurs de la censure agissent de manière aussi aléatoire lorsqu'il s'agit de faire respecter des règlements, j'estime pouvoir à bon droit m'épargner la niaiserie de vos sarcasmes.

A Reginelle, qui s'inquiète principalement du temps que je passe à écrire du vent, tout en trouvant — pour une fois — qu'un de mes mots, au hasard d'une phrase, est éventuellement bien employé :
vous étant fort obligé de chercher à aménager mon emploi du temps et réalisant que vous n'avez pas lu le texte dont il est question, ce qui est tout à votre honneur, je me permets de vous fournir un léger éclaircissement en deux points. Les rayonnages de sociologie, d'anthropologie, de psychologie, de psychanalyse, de philosophie et de romans qui s'intéressent au comportement humain sont kilométriques. Ils témoignent d'un effort de l'intelligence pour comprendre le tumulte ambiant. On peut chercher à contribuer à cet effort, ou, posture plus courante, qualifier cet imbroglio de grandiloquence imbécile. Ayant remarqué la justesse de certaines démonstrations de ces humanistes forcenés et le profond égoïsme jaloux des autres, j'ai choisi de rejoindre les premiers en négligeant ce qui motive chez les seconds le rejet de l'entreprise, c'est-à-dire la peur de l'effort et les facilités de l'air du temps. Quant à l'emploi de celui-ci, mes obligations et mes divertissements se concilient avec suffisamment d'harmonie pour me permettre de barbouiller du papier virtuel, entre deux overdoses d'autosuffisance où, vous l'aurez deviné, je me prosterne devant des crédences qui toutes portent ma sculpture encadrée de bougies.

A CROISIC, qui s'est bien amusée et qui remercie le web de fournir d'aussi bons divertissements :
je me suis également bien amusé en écrivant mon texte. On trouve partout des guignols et, si je suis un jour indisponible, on trouvera sans peine à me remplacer.

A socque, qui ne rejoint évidemment pas la position qu'elle me prête et qui, ce qu'elle n'ignore absolument pas en vertu de conversations passées, n'est pas la mienne : malgré notre dernier échange sur la trivialité, que pourtant je tenais pour explicite, vous persistez à décider que je bannis du texte littéraire toute référence à certains thèmes, dont j'aurais dressé quelque part la liste exhaustive et définitive. Vous allez jusqu'à m'enrôler dans les rangs des niais modernes qui se choquent au diapason et sans sincérité pour tout ce qui dérange un certain conformisme visqueux, à ceci près que je tiendrais leurs positions en négatif. Je ne peux que vous demander, lorsque vous en aurez le loisir, de reconsidérer la réponse que je vous avais faite sur le sujet, et qui distingue la trivialité comme rupture avec la civilisation et point de contact avec l'origine de la trivialité sociale, qui n'est qu'une des multiples formes de la bêtise. Un type coincé dans un ascenseur depuis deux jours avec une inconnue aussi affamée que lui, qui la viole et finit par la bouffer, voilà un point où s'écaille le vernis civilisateur et qui permet de repenser l'homme. Lorsqu'on érige en règle la trivialité sans rien en tirer, juste pour exciter certains penchants du public, on devient un producteur de l'agréable sensitif, c'est-à-dire un cuisinier.

A lu-k, qui m'ôte une majuscule et trouve que je reste à la fois trop basique et trop grandiloquent : tu insistes abondamment sur ceci : je tourne en dérision, d'une manière basse et facile, les thèmes que tu traites. Deux éléments de réponse. Le premier est fourni deux paragraphes plus haut : aucun "thème" — quelle acception du mot faut-il actualiser ? — n'est susceptible d'être moqué pour lui-même, l'écriture littéraire est un moyen de recherche, l'étalage n'est pas une recherche, seule la construction est recherchée ; pour écrire en littérature, il faut cesser d'épandre. Second élément : face au conformisme visqueux — j'entends toujours par là l'idéologie consumériste, l'apologie du fric ou du plaisir sous toutes ses formes, le discrédit du travail et des élites, ainsi que d'autres paramètres qui fondent certains groupements sociétaux dont le nôtre — qui considère invariablement celui qui ne verse pas dans tous les travers du siècle comme un objet à détruire, étrange et dangereux, je trouve pertinent de faire officier la violence dans l'autre sens, c'est-à-dire de prendre le parfait contrepied des chantres du cocktail sang, drogue et sperme ; de nombreux individus, qui pourtant ne sont pas imbéciles, se trouvent contaminés par le modèle social de facilité qu'ils répandent, alors qu'il suffit peut-être de montrer une autre voie pour distraire du troupeau une majorité de moutons innocents, mais parqués par eux. Combien de faibles reproduisent des comportements idiots parce qu'ils sont ceux de la masse ou d'un noyau qui les perturbe et les fascine à la fois ? En moquant la superficialité de ceux qui abordent la débauche en dilettante, comme des Baudelaire de Prisunic, on met en péril l'origine des impressions sinistres qui fondent un mimétisme délétère. Si ceci t'intéresse, on pourra parler de structures, il y a là-dessus du Freud et du Girard à réemployer.

Je passe sur la causticité rigolote et basique, formule maladroite s'il en est lorsqu'on devine que l'individu visé se sentira assimilé à quelque primitif rigolo, ainsi que sur l'insinuation que je me passe d'argumentaire, argumentaire que j'ai déjà déployé suite à plusieurs textes sur ce même site et qui concerne tout écrit considérant la construction d'une oxymore au moyen d'un syntagme complexe et d'un autre uro-génital comme le summum de la littérature. Je passe également sur l'idée que j'élabore en l'air afin de satisfaire je ne sais quel dessein égotiste et stérile alors que la majorité de mes échanges par internet me conduisent à corriger laborieusement pendant des heures des fautes d'orthographe, à clarifier des procédés, à suggérer des modifications jugées nécessaires sur des textes de parfaits anonymes qui ne sont rien de plus qu'une adresse e-mail, le reste se répartissant entre utilitaire et philosophie. Le plaisir de l'échange, les sensations d'écrits inconnus et l'apport intellectuel de la critique à celui qui s'échine à la produire me suffisent à ignorer les insultes plus ou moins voilées des myriades d'imbéciles que mes interventions perturbent dans leur petite existence exclusivement virtuelle. Si tu veux discuter, je ne suis peut-être pas la personne la moins indiquée pour ça, tu as mon mail, tu l'utilises, tu m'épargnes les bêtises ad hominem et tu parles franchement. Je précise au passage que, moi non plus, je ne prends pas du tout mal quoi que ce soit que tu aurais pu dire.

S'il faut un résumé : je reproche à tes textes de traiter sans intelligence de sujets propres à racoler l'obsédé lambda en camouflant l'indigence sous un débordement incohérent de formules superficielles juxtaposées, façon j'ai compris cela, je vous laisse avec, démerdez-vous. Si je dis mes flots sont si lourds, je jette un pavé, j'éclabousse le lecteur, je reste dans l'incommunicable qui constitue la fausse grandeur de l'ésotérisme. Si j'écris rigoureusement le texte qui justifie ces mots, au lieu d'aligner des formules, j'aurai accompli ma fonction d'auteur littéraire.



Peut-être qu'avec un soudain accès de discernement, les professionnels de commentaire lapidaire — un seul mot, parfois ! — daigneront reconnaître que je fournis un effort supérieur au leur, au lieu de déclencher leurs grotesques intifadas, même si celles-ci sont nécessaires pour assurer certaines entreprises, comme souder une communauté par exemple. Il y a encore du Girard là-dedans.

Bonsoir.
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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 18:06

Exact, High_Voltage, vous m'avez déjà dit que, dans la grossièreté, ce n'était pas le thème en soi que vous condamniez, mais l'indigence éventuelle de son traitement. Je continue toutefois à penser que les textes de lu-k disent quelque chose (sans trop pouvoir préciser quoi, je vous l'accorde, sinon peut-être l'éternelle impossibilité d'être au monde pour la matière qui pense).

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Message  silene82 Mar 4 Mai 2010 - 18:11

Ah ah ah, je vous croyais mort, High Voltage, ou quelque chose d'approchant ; permettez-moi de vous féliciter d'avoir recouvré l'usage du clavier d'une manière aussi prolixement imagée.
Vous n'avez pas absolument tort dans l'excès de votre raillerie, euphémisme évident : nous voulons tant voir des textes que nous nous contentons de baudruches, si les mots ronflent.
Cela posé, et du fait que c'était manifestement un pastiche, la démesure ne gênait guère, et plusieurs ont reconnu une jolie patte. Quelle soit au service d'une pochade de potache, qu'importe. Vous n'êtes pas sans avoir lu les sottises accablantes que Totor Hugo écrivait quand cela lui prenait. Et quelques autres, fort bien notés au panthéon des auteurs, pourtant.
Je n'ai pas le sentiment d'avoir été un éléphant de mer barrissant d'extase, mais l'observateur de quelque chose d'amusant et bien troussé.
Je suis surpris de ce ton nouveau chez vous dans les échanges, encore que quelques prémisses, avant que vous ne disparaissiez... qu'est-il arrivé ? Apprenez-vous l'ossète, ou le bambara, ce qui pourrait vous exaspérer à un point intolérable?
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Message  Invité Mar 4 Mai 2010 - 18:42

Merci pour ta réponse, High_voltage ! Je cerne mieux, à présent, ce que tu reproches à mes textes.

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Message  Reginelle Mar 4 Mai 2010 - 18:55

il vous faut mieux "lire" que ça :

logorrhée (pour une fois, je trouve juste d'employer ce terme) :

vous dites à propos de cette réflexion :
tout en trouvant — pour une fois — qu'un de mes mots, au hasard d'une phrase, est éventuellement bien employé

Ici, je ne voulais pas dire que VOUS aviez bien employé ce mot, (et je devine presque en sous-entendu : le seul de tous ceux que VOUS avez écrits). Mais que moi, qui n'aime pas du tout ce terme (c'est mon droit) juge utile de l'utiliser dans MA phrase.

Pour le reste, je me fiche de votre emploi du temps.

J'ai passé l'âge de me prendre la tête avec la philosophie, la psychanalyse, la psychologie, -quoique l'anthropologie m'intéresse encore un tantinet- . et heureuse d'y être arrivée avant d'être trop décatie pour profiter d'une simplicité de vie donnant plein droit au simple bon sens.

Quant à la peur de l'effort et les facilités de l'air du temps que vous semblez si prompt et si péremptoire à dénoncer chez les uns et les autres, cela ne relève que d'un a-priori, sur rien de fondé sur la connaissance des individus concernés.

Cela montre votre ignorance des véritables et profondes motivations de certains... une exigence incroyable fondée sur vos seules attentes de ce que "les choses devraient être".


Et puis... tout compte fait... je m'en fiche. et voilà que ça me fait rire.

Bonne continuation HV
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Message  mentor Mar 4 Mai 2010 - 19:08

High_Voltage a écrit:A mentor, le superbe mentor, celui qui parvient à critique la critique d'un poème en avouant n'avoir pas lu ledit poème au préalable :
Au moins j'avoue
mouahahah !
même pas tehon

High_Voltage a écrit:Vous ne m'en voudrez pas, grandiose mentor, si je me permets, après les remarques médiocres que vous produisez à chaque fois que vos doigts effleurent le clavier, d'ignorer vos prochains traits d'esprit.
Si seulement !


Allez, coucouche panier HV
.

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