Cas d'école
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Cas d'école
... Franz m’attendait, frissonnant dans la fraicheur matinale. Je le trouvai splendide. Il s’était coiffé et ses mèches blondes, un peu rebelles, en revenant sur son front, lui donnaient un air de jeune premier. Il me serra la main et nous attendîmes l’arrivée des autres élèves.
Un par un ou par petit groupes, ils venaient nous rejoindre. Certains s’émerveillaient de notre tenue. Nous leur racontions en quoi consistaient les activités au campement et ils nous répondaient que ça leur donnait envie d’y venir à leur tour. Nous parlions des grands jeux, du camouflage, de l’entraînement au tir…
D’autres, comme Steiner par exemple, nous évitaient. Il y avait sans doute des fils de Communistes parmi eux.
Enfin, Herr Schnitz vint ouvrir. Il ne manifesta pas de surprise en nous voyant. Distrait comme toujours, il se contenta de tourner la clé, pousser le portillon et se poster dans la cour en bourrant sa pipe.
Pendant quelques minutes, nous continuâmes notre exposé. Franz relatait les moments passés autour du feu, les chansons, les marches dans la forêt, et les copains étaient enchantés de notre récit.
Puis la cloche sonna. Nous nous regroupâmes en rang, comme à l’ordinaire.
Fräulein Strücke vint nous chercher. Elle se préparait à nous faire signe d’entrer, quand elle se figea. Elle croisa les bras, s’approcha :
- Qu’est-ce que c’est que cette tenue ?
Franz lui répondit, sur un ton neutre :
- C’est notre uniforme du Jungvolk, Fräulein.
- Je n’apprécie guère cette plaisanterie. Vous vous payez ma tête ?
- Pas du tout, Fräulein. Nous faisons partie de la section National-socialiste de Detmold.
- Je vois… et vous en êtes fiers, je présume. Vous avez l’air fin, comme ça. Vous comptez assister au cours déguisés de cette manière ?
Il lui décocha un sourire assassin :
- Et pourquoi pas ? Le règlement s’y oppose-t-il ?
Elle eut un léger mouvement de recul. Elle ne s’attendait peut-être pas à tant d’assurance, d’effronterie. Ou alors elle ne savait pas si les codes en vigueur lui donnaient raison. Elle claqua la langue, se retourna.
Nous empruntâmes le couloir. Arrivés devant la salle, elle nous fit mettre sur le côté. Nos camarades prirent place, dans un brouhaha de murmures, de chaises raclant le sol.
- Suivez-moi.
Elle nomma un responsable, exigea qu’il n’y eût pas de chahut en son absence. Puis elle nous entraîna jusqu’à la classe de Herr Hoffmann.
Celui-ci avait laissé sa porte ouverte. On l’entendait de loin, avec sa voix suraiguë, un peu étranglée. Il énonçait un problème d’arithmétique.
Posté sur l’estrade en bois grisâtre, tournant le dos à son public, il était en train d’écrire au tableau. Comme toujours il se dandinait, tel un poussah. Il avait eu la curieuse idée de mettre une craie sur son oreille, et ça lui donnait un air comique, irréel. Sans doute l’avait-il oubliée là. On aurait dit un commis boucher, un plombier. Il surprit mon regard amusé et y rétorqua par une œillade venimeuse. Sa collègue prit la parole :
- Herr Direktor, ces deux élèves ont pris la liberté de venir à l’école dans cet accoutrement. Je vous avertis que je ne les recevrai pas dans ma classe. Voulez-vous les prendre dans la vôtre ou doit-on les faire renvoyer chez eux ?
Elle le fixait avec un éclat perçant dans les yeux. Ses lèvres tremblaient, je ne l’avais jamais vue ainsi. Il y avait dans son intonation un léger chevrotement qui la rendait fragile, mais en même temps une inflexion résolue, quelque chose de déterminé qui le fit hésiter. Les doigts encore posés sur la surface d’ardoise, il finit par marmonner :
- Mmm… Oui, je comprends. Nous ne pouvons pas les lâcher dehors, nous en sommes responsables. Et les accueillir au milieu des autres, ce serait créer un précédent… Ecoutez, je propose qu’on les confie à la garde de Grynszpan. Laissez-les moi jusqu’à la récréation, après j’irai le voir.
Elle donna son assentiment et s’en fut retrouver ses ouailles. Hoffmann nous expédia au fond de la salle en nous demandant de mettre à jour nos devoirs. Quoi que nous fassions, il ne voulait pas nous entendre.
Je me retrouvai à côté de Birkopf, un crétin que j’avais déjà croisé dans la cour. Il me gratifia de son sourire de demeuré, ponctué d’un gloussement auquel je ne répondis pas. De temps en temps, il me donnait des coups de coude ; j’avais ouvert un livre de mathématiques, qu’en réalité je ne lisais pas. J’essayais de laisser mes pensées divaguer, mais Birkopf me harcelait constamment, me rappelant son existence aussi encombrante qu’inutile.
Franz avait atterri sur un banc vide près du radiateur et, la tête dans les mains, il montrait ouvertement qu’il ne faisait rien et n’avait pas l’intention de travailler. Je l’appelai muettement au secours, me faisant comprendre tant bien que mal. Il finit par repérer le manège de mon voisin, et me demanda d’attirer son attention. Birkopf se tourna vers Franz ; celui-ci lui montra son poing, mima le geste de lui boxer la figure. Ce grand dadais avait beau être un peu arriéré, je suppose qu’il saisit le message car il cessa de me tourmenter. Tout le monde savait dans l’établissement que Franz était mon protecteur ; rares étaient ceux qui osaient s’y frotter.
Profitant que ses élèves planchaient sur une histoire de baignoire qui fuyait, Hoffmann s’absenta dix minutes pour nous amener chez Grynszpan. Nous prîmes un corridor que nous ne connaissions pas. On y accédait par une porte que nous avions toujours vue fermée. Le directeur fouilla sa poche, en sortit un trousseau. De l’autre côté, c’était la même couleur verte, laide et déprimante, qui cloquait par endroits. Nos pas résonnèrent dans un hall éclairé par des pavés de verre dépoli.
L’employé était là, à nettoyer les escaliers qui menaient à son appartement de fonction, au-dessus de la classe de Herr Schnitz. Pendant que nous montions, Franz lança à voix haute :
- Je ne veux pas aller chez Grynszpan. Notre place est avec les autres, en bas, pas chez ce vieux dégénéré.
Sans se retourner, Hoffmann, qui se tenait à la rampe, lui renvoya :
- Tu feras ce qu’on te dit, c’est tout.
Pendant qu’il répondait, courbé en avant, je remarquai qu’il avait toujours sa craie sur l’oreille. Il était ridicule, avec sa bedaine, ses grosses fesses et ses chaussures noires vernies, à bouts pointus.
Le concierge, voûté, s’appuyait sur son balai. Il enleva sa casquette, plein de déférence. Hoffmann le rejoignit sur le palier :
- Grynszpan, je vous confie ces deux-là, jusqu’à midi. Voyez ce que vous pouvez en tirer.
Le vieil homme nous regarda, ne sachant quelle contenance adopter. Hoffman nous laissa ainsi, en haut des marches. Il redescendit, claqua la porte. Nous entendîmes la clé actionner la serrure. Ce grincement avait quelque chose d’oppressant. Nous étions bouclés avec ce vieux type qui nous fixait gauchement, avec un sourire édenté.
Il finit par tourner les talons, entrer dans sa tanière. Nous hésitâmes et comme la porte restait entrebâillée, nous le suivîmes.
Grynszpan possédait deux chats qui, apparemment, aimaient bien se faire les griffes sur la tapisserie. Elle pendait en loques, déchirée sur tout le bas des murs. Nous les vîmes dans le couloir : deux matous ordinaires, bien nourris, vautrés dans un panier en osier dont le fond était garni d’un coussin. Ils se prélassaient tranquillement mais l’un d’eux, en nous voyant, agita la queue et feula avec une évidente hostilité. Franz fit un pas brusque vers l’animal, qui s’esquiva prestement vers le fond de l’appartement.
De la salle à manger nous parvenaient les trilles acides d’un accordéon, plus ou moins entrecoupées de crachotis. Elles sortaient d’un poste de T.S.F. Grynszpan semblait apprécier les airs de musette.
En pénétrant dans la pièce, nous fûmes frappés avant tout par la pénombre et l’odeur : de grands tapis orientaux servaient d’aire de jeux aux félins, qui les compissaient consciencieusement. Ils avaient dû être beaux, autrefois, pour ce qu’on pouvait en juger. Maintenant, leurs couleurs chatoyantes disparaissaient sous une uniformité marronâtre, mélange de crasse incrustée, poussière, gras et urine. Grynszpan ne devait jamais les laver, soit qu’il se fût habitué à cette puanteur, soit qu’il fût privé d’odorat. Un bureau était posé au centre, sur lequel cohabitaient paperasses, bibelots, reliefs de repas. Une casserole trônait sur le bord, encore à moitié remplie de restes, d’où émergeait une carcasse de poulet bourdonnante de mouches. Il paraissait évident que l’homme mangeait sur le fauteuil, juste à côté, en écoutant la radio. Il s’était retranché là et nous regardait, en se frottant le menton. Il avait l’air un peu absent, comme si, malgré le fait qu’il nous dévisageât, son esprit était essentiellement absorbé par les flonflons qui sortaient du récepteur. Je le voyais battre la mesure de son pied gauche, et m’aperçus qu’il chantonnait. En l’examinant plus attentivement, je me rendis compte que son pull gris était souillé de taches qui ressemblaient à du vin, ou de la sauce tomate, à moins que ce ne fût des deux.
Il y avait là un bric-à-brac indescriptible : essentiellement des babioles sans valeur, entassées sur les meubles, en dépit du bon sens. Le divan était lui aussi victime des intempestifs et assidus coups de pattes : éventré sur presque tous ses coussins, il laissait voir sa bourre et ses ressorts. Il empestait pareillement.
Il régnait une ambiance crépusculaire et étouffante dans cette pièce. Des rideaux à la teinte indéfinissable étaient clos. Ils avaient également souffert de la présence des animaux de compagnie et présentaient de larges déchirures dans leur tiers inférieur. Entouré de cette atmosphère spectrale, recroquevillé dans son siège élimé, Grynszpan me fit penser brusquement à cette image que j’avais vue un jour à la devanture d’un cinéma : Nosfératu, le vampire, un être qui semble humain mais ne l’est plus. Je ne me souviens pas quand ni comment je m’étais retrouvé devant cette affiche du film de Murnau, ça n’avait duré qu’un instant, Mutti me tenait par la main et nous faisions des courses. Mais j’avais été frappé par la pâleur de l’acteur, son aspect inquiétant. Grynszpan, lui, cumulait à la fois cette impression malsaine, mais aussi un air pitoyable et dérisoire, de demeuré inoffensif. Il me mettait mal à l’aise mais j’avais pitié. En réalité, ma seule envie à ce moment-là était de sortir, de retrouver la lumière du jour. Je ne tenais pas à en savoir plus sur cet individu, s’il était plus répugnant que minable, s’il avait toutes ses facultés ou seulement une partie. Au fond, je m’en fichais. Je me sentais enfermé, à l’étroit. Combien de temps allait-on nous laisser avec lui ?
Le concierge hocha le menton. De sa voix chuintante, il demanda :
- C’est quoi votre régiment ?
Franz fit quelques pas, examinant les lieux sans dissimuler sa curiosité. Il répondit, sur un ton supérieur :
- Nous faisons partie du Jungvolk, une organisation dirigée par le parti National-socialiste.
Le vieux croisa les jambes. De ma place, je m’aperçus qu’une des pantoufles était trouée, on voyait une chaussette grise à travers.
- On vous a appris à tirer ?
- Bien sûr.
- Et les grenades ? C’est important, les grenades.
- Pas encore. Cela viendra, je pense.
Grynszpan se leva, s’approcha de la cheminée. Il en revint avec une croix de fer qu’il brandit sous mon nez :
- Celle-là, je l’ai gagnée en 17, vous n’étiez même pas nés, si ça se trouve. Eh oui, je me suis battu pour le Kaiser. On me l’a pas faite cadeau !
De ses doigts noueux, il souleva son pull. Je me demandais ce qui lui prenait. Dessous, un tricot de peau au blanc douteux apparut, que le vieil homme roula également.
Une vilaine balafre lui zébrait le flanc droit, près des premières côtes. Tout autour étaient disséminées diverses cicatrices, de tailles variées.
- J’étais truffé d’éclats. M’ont opéré pendant plus de deux heures. Suis resté six mois à l’hosto avant d’en guérir. Entre temps, la guerre était finie.
Franz s’était penché, et regardait la chair. Il émit un petit sifflement :
- Alors comme ça, vous êtes un héros ?
Grynszpan se rassit sans façons :
- C’était mon devoir. Fallait bien y aller.
Ce pauvre bougre était donc un ancien combattant. Je comprenais à présent que, démobilisé, sans doute trop âgé pour postuler à d’autres emplois, il s’était retrouvé ici, à sortir les poubelles et faire le ménage.
En quelques instants, l’attitude de mon ami avait changé. Il ne montrait plus d’hostilité et s’intéressait au sort du concierge, l’interrogeant sur son parcours militaire, sur les conditions de vie dans les tranchées, lui demandant des détails sur cette période. Grynszpan, qui s’était radouci, relatait les mouvements de troupes, les assauts, l’attente… Au début j’écoutai leurs échanges. Puis, j’entendis la cloche sonner la récréation de dix heures. Désireux de m’éloigner un peu de ce cadre confiné, je sortis, en me disant que j’aurais peut-être la chance d’apercevoir, par une fenêtre, les copains en train de jouer. Je partis dans le corridor.
Au fond se trouvait une chambre au lit défait, sur lequel s’était réfugié le chat de tout à l’heure. Il me regardait, sa queue oscillant lentement. Ici aussi, les tentures étaient tirées. L’ameublement restait sommaire : une armoire à glace, une commode…
J’allai repartir quand je remarquai, bien en évidence, quelque chose qui m’interpella.
En un instant, je rejoignis mon ami et, interrompant la conversation, je lui fis signe de me suivre. Il se fit un peu prier, puis finit par accéder à ma demande :
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Viens voir ça.
Au centre de la commode, un massif chandelier à neuf branches. Et, au-dessus, parfaitement dans l’axe de symétrie, un miroir rond dont les côtés, en fer forgé, formaient une étoile de David.
Franz grimaça. Puis, décidé, il retourna vers la porte de l’appartement. Celle-ci était verrouillée. Grynszpan s’était levé :
- Qu’est-ce que…
- Ouvrez, Grynszpan. Je ne veux pas rester chez vous.
- Mais…
- Vous nous aviez caché que vous étiez Juif.
L’homme eut un air étonné ; Il haussa les épaules :
- Et après, ça change quoi ?
Comme il n’ouvrait pas, Franz insista, secouant la poignée :
- Laissez-nous sortir !
- Non. Herr Hoffmann a dit que je vous gardais, j’obéis.
Bousculant le vieil homme, Franz était retourné dans le salon. Il écarta les rideaux, faisant entrer un flot de soleil dans les rayons desquels nageaient les poussières en suspension. Il manœuvra la clenche, se retrouva sur le balcon. Je le suivis.
C’était un espace d’un mètre sur deux environ, ceint d’une barrière en tubes ronds peints de ce vert nauséeux qu’on retrouvait dans tout l’établissement. La rouille avait attaqué le métal, provoquant par endroits de longues coulées orangées. Sur le carrelage étaient disposés quelques pots en céramique, contenant des géraniums.
En bas, dans la cour, les élèves étaient déjà en rang, pour réintégrer leurs classes. Franz les appela, certains levèrent la tête, mais ils se firent rapidement tancer. D’en bas, Hoffmann nous cria de rester tranquilles, de ne pas déranger nos camarades. Déçu, Franz recula pour se mettre hors de vue.
Maintenant, on n’entendait plus que le pépiement des moineaux dans les platanes. Franz, la mine sombre, examinait la configuration des lieux :
- Ce vieux salaud, il est Juif ! Tu le crois, toi ? Misère, ils sont partout !
- …
- Tu vois, on est au-dessus du toit du préau. Mais si on saute, on ne sera pas plus avancés, parce qu’après, on serait quand même trop haut pour rejoindre le sol. Faudrait voir si on ne peut pas descendre en suivant une gouttière, par exemple.
Il s’appuya sur la rambarde, mais rien à première vue ne se prêtait à un tel exercice. Il était visiblement contrarié. Je lui fis remarquer que la matinée était presque finie, que d’ici peu on nous relâcherait, forcément. Mais il ne l’entendait pas de cette oreille.
Grynszpan se tenait dans l’encadrement de la porte. Il avait apporté un arrosoir en fer blanc :
- Tenez, puisque vous êtes ici, donnez à boire à mes plantes.
Il posa l’engin, retourna à l’intérieur. Franz eut un regard méprisant pour l’ustensile. Il déclara à voix basse :
- Je vais m’occuper de ça à ma façon. Fais comme moi.
Il défit sa braguette et, visant soigneusement chaque plant, il urina dessus. Je l’imitai et à nous deux, nous réussîmes à tout remplir. Puis il vida une partie de l’eau sur le toit du préau. Ceci fait, il reposa le récipient là où Grynszpan l’avait laissé.
Que faire, à présent ? Nous nous assîmes à l’autre bout, le dos contre les barres d’acier. Il y avait un peu de soleil, nous n’étions pas si mal après tout. Le concierge ne semblait pas soucieux de ce que nous faisions, il s’était sans doute replongé dans ses plaisirs de mélomane. Nous restâmes ainsi, les yeux mi-clos, un peu aveuglés par les reflets sur les vitres. Nous bavardions à voix basse, tandis que dedans, l’accordéon continuait à tricoter ses notes aigrelettes.
Un par un ou par petit groupes, ils venaient nous rejoindre. Certains s’émerveillaient de notre tenue. Nous leur racontions en quoi consistaient les activités au campement et ils nous répondaient que ça leur donnait envie d’y venir à leur tour. Nous parlions des grands jeux, du camouflage, de l’entraînement au tir…
D’autres, comme Steiner par exemple, nous évitaient. Il y avait sans doute des fils de Communistes parmi eux.
Enfin, Herr Schnitz vint ouvrir. Il ne manifesta pas de surprise en nous voyant. Distrait comme toujours, il se contenta de tourner la clé, pousser le portillon et se poster dans la cour en bourrant sa pipe.
Pendant quelques minutes, nous continuâmes notre exposé. Franz relatait les moments passés autour du feu, les chansons, les marches dans la forêt, et les copains étaient enchantés de notre récit.
Puis la cloche sonna. Nous nous regroupâmes en rang, comme à l’ordinaire.
Fräulein Strücke vint nous chercher. Elle se préparait à nous faire signe d’entrer, quand elle se figea. Elle croisa les bras, s’approcha :
- Qu’est-ce que c’est que cette tenue ?
Franz lui répondit, sur un ton neutre :
- C’est notre uniforme du Jungvolk, Fräulein.
- Je n’apprécie guère cette plaisanterie. Vous vous payez ma tête ?
- Pas du tout, Fräulein. Nous faisons partie de la section National-socialiste de Detmold.
- Je vois… et vous en êtes fiers, je présume. Vous avez l’air fin, comme ça. Vous comptez assister au cours déguisés de cette manière ?
Il lui décocha un sourire assassin :
- Et pourquoi pas ? Le règlement s’y oppose-t-il ?
Elle eut un léger mouvement de recul. Elle ne s’attendait peut-être pas à tant d’assurance, d’effronterie. Ou alors elle ne savait pas si les codes en vigueur lui donnaient raison. Elle claqua la langue, se retourna.
Nous empruntâmes le couloir. Arrivés devant la salle, elle nous fit mettre sur le côté. Nos camarades prirent place, dans un brouhaha de murmures, de chaises raclant le sol.
- Suivez-moi.
Elle nomma un responsable, exigea qu’il n’y eût pas de chahut en son absence. Puis elle nous entraîna jusqu’à la classe de Herr Hoffmann.
Celui-ci avait laissé sa porte ouverte. On l’entendait de loin, avec sa voix suraiguë, un peu étranglée. Il énonçait un problème d’arithmétique.
Posté sur l’estrade en bois grisâtre, tournant le dos à son public, il était en train d’écrire au tableau. Comme toujours il se dandinait, tel un poussah. Il avait eu la curieuse idée de mettre une craie sur son oreille, et ça lui donnait un air comique, irréel. Sans doute l’avait-il oubliée là. On aurait dit un commis boucher, un plombier. Il surprit mon regard amusé et y rétorqua par une œillade venimeuse. Sa collègue prit la parole :
- Herr Direktor, ces deux élèves ont pris la liberté de venir à l’école dans cet accoutrement. Je vous avertis que je ne les recevrai pas dans ma classe. Voulez-vous les prendre dans la vôtre ou doit-on les faire renvoyer chez eux ?
Elle le fixait avec un éclat perçant dans les yeux. Ses lèvres tremblaient, je ne l’avais jamais vue ainsi. Il y avait dans son intonation un léger chevrotement qui la rendait fragile, mais en même temps une inflexion résolue, quelque chose de déterminé qui le fit hésiter. Les doigts encore posés sur la surface d’ardoise, il finit par marmonner :
- Mmm… Oui, je comprends. Nous ne pouvons pas les lâcher dehors, nous en sommes responsables. Et les accueillir au milieu des autres, ce serait créer un précédent… Ecoutez, je propose qu’on les confie à la garde de Grynszpan. Laissez-les moi jusqu’à la récréation, après j’irai le voir.
Elle donna son assentiment et s’en fut retrouver ses ouailles. Hoffmann nous expédia au fond de la salle en nous demandant de mettre à jour nos devoirs. Quoi que nous fassions, il ne voulait pas nous entendre.
Je me retrouvai à côté de Birkopf, un crétin que j’avais déjà croisé dans la cour. Il me gratifia de son sourire de demeuré, ponctué d’un gloussement auquel je ne répondis pas. De temps en temps, il me donnait des coups de coude ; j’avais ouvert un livre de mathématiques, qu’en réalité je ne lisais pas. J’essayais de laisser mes pensées divaguer, mais Birkopf me harcelait constamment, me rappelant son existence aussi encombrante qu’inutile.
Franz avait atterri sur un banc vide près du radiateur et, la tête dans les mains, il montrait ouvertement qu’il ne faisait rien et n’avait pas l’intention de travailler. Je l’appelai muettement au secours, me faisant comprendre tant bien que mal. Il finit par repérer le manège de mon voisin, et me demanda d’attirer son attention. Birkopf se tourna vers Franz ; celui-ci lui montra son poing, mima le geste de lui boxer la figure. Ce grand dadais avait beau être un peu arriéré, je suppose qu’il saisit le message car il cessa de me tourmenter. Tout le monde savait dans l’établissement que Franz était mon protecteur ; rares étaient ceux qui osaient s’y frotter.
Profitant que ses élèves planchaient sur une histoire de baignoire qui fuyait, Hoffmann s’absenta dix minutes pour nous amener chez Grynszpan. Nous prîmes un corridor que nous ne connaissions pas. On y accédait par une porte que nous avions toujours vue fermée. Le directeur fouilla sa poche, en sortit un trousseau. De l’autre côté, c’était la même couleur verte, laide et déprimante, qui cloquait par endroits. Nos pas résonnèrent dans un hall éclairé par des pavés de verre dépoli.
L’employé était là, à nettoyer les escaliers qui menaient à son appartement de fonction, au-dessus de la classe de Herr Schnitz. Pendant que nous montions, Franz lança à voix haute :
- Je ne veux pas aller chez Grynszpan. Notre place est avec les autres, en bas, pas chez ce vieux dégénéré.
Sans se retourner, Hoffmann, qui se tenait à la rampe, lui renvoya :
- Tu feras ce qu’on te dit, c’est tout.
Pendant qu’il répondait, courbé en avant, je remarquai qu’il avait toujours sa craie sur l’oreille. Il était ridicule, avec sa bedaine, ses grosses fesses et ses chaussures noires vernies, à bouts pointus.
Le concierge, voûté, s’appuyait sur son balai. Il enleva sa casquette, plein de déférence. Hoffmann le rejoignit sur le palier :
- Grynszpan, je vous confie ces deux-là, jusqu’à midi. Voyez ce que vous pouvez en tirer.
Le vieil homme nous regarda, ne sachant quelle contenance adopter. Hoffman nous laissa ainsi, en haut des marches. Il redescendit, claqua la porte. Nous entendîmes la clé actionner la serrure. Ce grincement avait quelque chose d’oppressant. Nous étions bouclés avec ce vieux type qui nous fixait gauchement, avec un sourire édenté.
Il finit par tourner les talons, entrer dans sa tanière. Nous hésitâmes et comme la porte restait entrebâillée, nous le suivîmes.
Grynszpan possédait deux chats qui, apparemment, aimaient bien se faire les griffes sur la tapisserie. Elle pendait en loques, déchirée sur tout le bas des murs. Nous les vîmes dans le couloir : deux matous ordinaires, bien nourris, vautrés dans un panier en osier dont le fond était garni d’un coussin. Ils se prélassaient tranquillement mais l’un d’eux, en nous voyant, agita la queue et feula avec une évidente hostilité. Franz fit un pas brusque vers l’animal, qui s’esquiva prestement vers le fond de l’appartement.
De la salle à manger nous parvenaient les trilles acides d’un accordéon, plus ou moins entrecoupées de crachotis. Elles sortaient d’un poste de T.S.F. Grynszpan semblait apprécier les airs de musette.
En pénétrant dans la pièce, nous fûmes frappés avant tout par la pénombre et l’odeur : de grands tapis orientaux servaient d’aire de jeux aux félins, qui les compissaient consciencieusement. Ils avaient dû être beaux, autrefois, pour ce qu’on pouvait en juger. Maintenant, leurs couleurs chatoyantes disparaissaient sous une uniformité marronâtre, mélange de crasse incrustée, poussière, gras et urine. Grynszpan ne devait jamais les laver, soit qu’il se fût habitué à cette puanteur, soit qu’il fût privé d’odorat. Un bureau était posé au centre, sur lequel cohabitaient paperasses, bibelots, reliefs de repas. Une casserole trônait sur le bord, encore à moitié remplie de restes, d’où émergeait une carcasse de poulet bourdonnante de mouches. Il paraissait évident que l’homme mangeait sur le fauteuil, juste à côté, en écoutant la radio. Il s’était retranché là et nous regardait, en se frottant le menton. Il avait l’air un peu absent, comme si, malgré le fait qu’il nous dévisageât, son esprit était essentiellement absorbé par les flonflons qui sortaient du récepteur. Je le voyais battre la mesure de son pied gauche, et m’aperçus qu’il chantonnait. En l’examinant plus attentivement, je me rendis compte que son pull gris était souillé de taches qui ressemblaient à du vin, ou de la sauce tomate, à moins que ce ne fût des deux.
Il y avait là un bric-à-brac indescriptible : essentiellement des babioles sans valeur, entassées sur les meubles, en dépit du bon sens. Le divan était lui aussi victime des intempestifs et assidus coups de pattes : éventré sur presque tous ses coussins, il laissait voir sa bourre et ses ressorts. Il empestait pareillement.
Il régnait une ambiance crépusculaire et étouffante dans cette pièce. Des rideaux à la teinte indéfinissable étaient clos. Ils avaient également souffert de la présence des animaux de compagnie et présentaient de larges déchirures dans leur tiers inférieur. Entouré de cette atmosphère spectrale, recroquevillé dans son siège élimé, Grynszpan me fit penser brusquement à cette image que j’avais vue un jour à la devanture d’un cinéma : Nosfératu, le vampire, un être qui semble humain mais ne l’est plus. Je ne me souviens pas quand ni comment je m’étais retrouvé devant cette affiche du film de Murnau, ça n’avait duré qu’un instant, Mutti me tenait par la main et nous faisions des courses. Mais j’avais été frappé par la pâleur de l’acteur, son aspect inquiétant. Grynszpan, lui, cumulait à la fois cette impression malsaine, mais aussi un air pitoyable et dérisoire, de demeuré inoffensif. Il me mettait mal à l’aise mais j’avais pitié. En réalité, ma seule envie à ce moment-là était de sortir, de retrouver la lumière du jour. Je ne tenais pas à en savoir plus sur cet individu, s’il était plus répugnant que minable, s’il avait toutes ses facultés ou seulement une partie. Au fond, je m’en fichais. Je me sentais enfermé, à l’étroit. Combien de temps allait-on nous laisser avec lui ?
Le concierge hocha le menton. De sa voix chuintante, il demanda :
- C’est quoi votre régiment ?
Franz fit quelques pas, examinant les lieux sans dissimuler sa curiosité. Il répondit, sur un ton supérieur :
- Nous faisons partie du Jungvolk, une organisation dirigée par le parti National-socialiste.
Le vieux croisa les jambes. De ma place, je m’aperçus qu’une des pantoufles était trouée, on voyait une chaussette grise à travers.
- On vous a appris à tirer ?
- Bien sûr.
- Et les grenades ? C’est important, les grenades.
- Pas encore. Cela viendra, je pense.
Grynszpan se leva, s’approcha de la cheminée. Il en revint avec une croix de fer qu’il brandit sous mon nez :
- Celle-là, je l’ai gagnée en 17, vous n’étiez même pas nés, si ça se trouve. Eh oui, je me suis battu pour le Kaiser. On me l’a pas faite cadeau !
De ses doigts noueux, il souleva son pull. Je me demandais ce qui lui prenait. Dessous, un tricot de peau au blanc douteux apparut, que le vieil homme roula également.
Une vilaine balafre lui zébrait le flanc droit, près des premières côtes. Tout autour étaient disséminées diverses cicatrices, de tailles variées.
- J’étais truffé d’éclats. M’ont opéré pendant plus de deux heures. Suis resté six mois à l’hosto avant d’en guérir. Entre temps, la guerre était finie.
Franz s’était penché, et regardait la chair. Il émit un petit sifflement :
- Alors comme ça, vous êtes un héros ?
Grynszpan se rassit sans façons :
- C’était mon devoir. Fallait bien y aller.
Ce pauvre bougre était donc un ancien combattant. Je comprenais à présent que, démobilisé, sans doute trop âgé pour postuler à d’autres emplois, il s’était retrouvé ici, à sortir les poubelles et faire le ménage.
En quelques instants, l’attitude de mon ami avait changé. Il ne montrait plus d’hostilité et s’intéressait au sort du concierge, l’interrogeant sur son parcours militaire, sur les conditions de vie dans les tranchées, lui demandant des détails sur cette période. Grynszpan, qui s’était radouci, relatait les mouvements de troupes, les assauts, l’attente… Au début j’écoutai leurs échanges. Puis, j’entendis la cloche sonner la récréation de dix heures. Désireux de m’éloigner un peu de ce cadre confiné, je sortis, en me disant que j’aurais peut-être la chance d’apercevoir, par une fenêtre, les copains en train de jouer. Je partis dans le corridor.
Au fond se trouvait une chambre au lit défait, sur lequel s’était réfugié le chat de tout à l’heure. Il me regardait, sa queue oscillant lentement. Ici aussi, les tentures étaient tirées. L’ameublement restait sommaire : une armoire à glace, une commode…
J’allai repartir quand je remarquai, bien en évidence, quelque chose qui m’interpella.
En un instant, je rejoignis mon ami et, interrompant la conversation, je lui fis signe de me suivre. Il se fit un peu prier, puis finit par accéder à ma demande :
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Viens voir ça.
Au centre de la commode, un massif chandelier à neuf branches. Et, au-dessus, parfaitement dans l’axe de symétrie, un miroir rond dont les côtés, en fer forgé, formaient une étoile de David.
Franz grimaça. Puis, décidé, il retourna vers la porte de l’appartement. Celle-ci était verrouillée. Grynszpan s’était levé :
- Qu’est-ce que…
- Ouvrez, Grynszpan. Je ne veux pas rester chez vous.
- Mais…
- Vous nous aviez caché que vous étiez Juif.
L’homme eut un air étonné ; Il haussa les épaules :
- Et après, ça change quoi ?
Comme il n’ouvrait pas, Franz insista, secouant la poignée :
- Laissez-nous sortir !
- Non. Herr Hoffmann a dit que je vous gardais, j’obéis.
Bousculant le vieil homme, Franz était retourné dans le salon. Il écarta les rideaux, faisant entrer un flot de soleil dans les rayons desquels nageaient les poussières en suspension. Il manœuvra la clenche, se retrouva sur le balcon. Je le suivis.
C’était un espace d’un mètre sur deux environ, ceint d’une barrière en tubes ronds peints de ce vert nauséeux qu’on retrouvait dans tout l’établissement. La rouille avait attaqué le métal, provoquant par endroits de longues coulées orangées. Sur le carrelage étaient disposés quelques pots en céramique, contenant des géraniums.
En bas, dans la cour, les élèves étaient déjà en rang, pour réintégrer leurs classes. Franz les appela, certains levèrent la tête, mais ils se firent rapidement tancer. D’en bas, Hoffmann nous cria de rester tranquilles, de ne pas déranger nos camarades. Déçu, Franz recula pour se mettre hors de vue.
Maintenant, on n’entendait plus que le pépiement des moineaux dans les platanes. Franz, la mine sombre, examinait la configuration des lieux :
- Ce vieux salaud, il est Juif ! Tu le crois, toi ? Misère, ils sont partout !
- …
- Tu vois, on est au-dessus du toit du préau. Mais si on saute, on ne sera pas plus avancés, parce qu’après, on serait quand même trop haut pour rejoindre le sol. Faudrait voir si on ne peut pas descendre en suivant une gouttière, par exemple.
Il s’appuya sur la rambarde, mais rien à première vue ne se prêtait à un tel exercice. Il était visiblement contrarié. Je lui fis remarquer que la matinée était presque finie, que d’ici peu on nous relâcherait, forcément. Mais il ne l’entendait pas de cette oreille.
Grynszpan se tenait dans l’encadrement de la porte. Il avait apporté un arrosoir en fer blanc :
- Tenez, puisque vous êtes ici, donnez à boire à mes plantes.
Il posa l’engin, retourna à l’intérieur. Franz eut un regard méprisant pour l’ustensile. Il déclara à voix basse :
- Je vais m’occuper de ça à ma façon. Fais comme moi.
Il défit sa braguette et, visant soigneusement chaque plant, il urina dessus. Je l’imitai et à nous deux, nous réussîmes à tout remplir. Puis il vida une partie de l’eau sur le toit du préau. Ceci fait, il reposa le récipient là où Grynszpan l’avait laissé.
Que faire, à présent ? Nous nous assîmes à l’autre bout, le dos contre les barres d’acier. Il y avait un peu de soleil, nous n’étions pas si mal après tout. Le concierge ne semblait pas soucieux de ce que nous faisions, il s’était sans doute replongé dans ses plaisirs de mélomane. Nous restâmes ainsi, les yeux mi-clos, un peu aveuglés par les reflets sur les vitres. Nous bavardions à voix basse, tandis que dedans, l’accordéon continuait à tricoter ses notes aigrelettes.
Re: Cas d'école
Y aura-t-il une suite, hormis celle que l'on connaît ? Un bon début de roman.
Ba- Nombre de messages : 4855
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Re: Cas d'école
Quelle minutie dans les descriptions, un vrai savoir-faire pour brosser des scènes vivantes, pas ennuyeuses du tout, bien au contraire (je pense à l'appartement et à la personne du concierge.)
Comme toujours, j'aime ces petits détails qui ajoutent une touche personnelle à ce récit même s'ils ne le font pas à proprement parler, avancer ; par exemple les deux gamins urinant dans les pots de fleurs. Un délicat entrelacs d'anecdotique et d'Histoire.
J'ai relevé ceci, pas vraiment gênant mais qui m'a arrêtée. Je sais bien que je chipote pour pas grand-chose mais - effet de mon allergie de toujours à la mathématique ?- je trouve mal choisi ce verbe "lire" pour un livre de mathématiques :
j’avais ouvert un livre de mathématiques, qu’en réalité je ne lisais pas.
... Franz m’attendait, frissonnant dans la fraîcheur matinale. (facultatif l'accent circonflexe il paraît, mais bon...)
Un par un ou par petits groupes,
On me l’a pas faite cadeau ! (là je ne suis pas sûre, peut-être est-ce une tournure que je ne connais pas ; je dirais au minimum : "on ne me l'a pas fait cadeau" mais ça sonne étrange voire faux syntaxiquement ; ou alors : "on ne m'en a pas fait cadeau")
Comme toujours, j'aime ces petits détails qui ajoutent une touche personnelle à ce récit même s'ils ne le font pas à proprement parler, avancer ; par exemple les deux gamins urinant dans les pots de fleurs. Un délicat entrelacs d'anecdotique et d'Histoire.
J'ai relevé ceci, pas vraiment gênant mais qui m'a arrêtée. Je sais bien que je chipote pour pas grand-chose mais - effet de mon allergie de toujours à la mathématique ?- je trouve mal choisi ce verbe "lire" pour un livre de mathématiques :
j’avais ouvert un livre de mathématiques, qu’en réalité je ne lisais pas.
... Franz m’attendait, frissonnant dans la fraîcheur matinale. (facultatif l'accent circonflexe il paraît, mais bon...)
Un par un ou par petits groupes,
On me l’a pas faite cadeau ! (là je ne suis pas sûre, peut-être est-ce une tournure que je ne connais pas ; je dirais au minimum : "on ne me l'a pas fait cadeau" mais ça sonne étrange voire faux syntaxiquement ; ou alors : "on ne m'en a pas fait cadeau")
Invité- Invité
Re: Cas d'école
Hello,
Il paraît qu'on répond ici, maintenant...
Le circonflexe, je serais du genre à respecter scrupuleusement... c'est simplement que je n'y pense pas toujours vu l'importance, la masse, de tout ce corpus. Et mon correcteur est borgne, il voit des fautes là où il n'y en a pas ( et insiste, malgré le fait que je lui dis que c'est ok ), et en laisse passer des wagons sans broncher. Le pluriel, je ne l'avais pas vu : à force de changer un bout de phrase à droite à gauche, des fois on laisse traîner des bribes, des fois on en perd en route... etc. Quant à la dernière expression, là c'est plus compliqué : mon narrateur ne se serait jamais exprimé comme ça. Mais dans les dialogues, je m'autorise à coller à un certain langage verbal, spontané. Maintenant, cette tournure est peut-être trop "sudiste". Par chez moi, si on parle ainsi, personne ne relèvera. Je gage donc que les erreurs stratégiques de ce genre, si elles me passent sous le nez sans que je les voie, seront pointées par mon éditeur qui, lui, est impitoyable. C'est peut-être une sorte de Provençalisme qui m'a échappé ( ou de provincialisme, si on veut, ceci n'empêchant pas cela ). Idem pour les bouquins de Maths : étant fâché avec, n'en ouvrant jamais, j'ai mis le verbe "lire", mais je pourrais le remplacer par "regarder", par exemple. J'avoue avoir du mal à imaginer, de toutes façons, ce qu'on peut faire de ce genre d'écrits. Rien que d'en voir, moi ça me donne la nausée ( génération sacrifiée sur l'autel des maths dites "modernes", ce fut un massacre et les résultats s'en font encore sentir, quatre décennies plus tard et des poussières ).
Quoi qu'il en soit, merci pour les compliments concernant mon concierge. Je me plais beaucoup à décrire des gens qui ont "largué les amarres", ça ne date pas d'hier. J'espère juste un jour ne pas trop leur ressembler, quoiqu'il semble que j'aie commencé à en prendre le chemin...
En règle générale, je suis hyper pointilleux sur ce que j'écris - pas quand je tape la discute, mais quand j'œuvre à un roman ou une nouvelle. Cependant, je suis très inégal, j'ai des règles simples sur lesquelles je bloque inconsciemment, des problèmes avec les consonnes redoublées, certains accords, enfin, mes gimmicks, mes petits trucs à moi... cela irrite mon éditeur, qui croit que je persiste à ne pas comprendre. Perseverare diabolicum, n'est-ce pas ? Mais c'est vrai que lorsque on sait qu'on est relu, on se défausse un peu sur l'autre, on se dit, bof, il est là, à la virgule près, et puis on sait aussi qu'entre le texte initial et ce qui est publié, il y a tellement de remaniements... Mon second roman, par exemple, j'ai dû le modifier cinq fois, tu vois un peu... Ce serait maintenant, je ne sais pas si j'aurais la patience. J'étais un jeune fou, à l'époque. Ah, grandeur et décadence... Et justement, puisque je parle de virgules, il trouve que j'en mets trop... Mais je sais aussi que c'est affaire de goût, que toute opinion est subjective. La sienne l'est, mais reste sûre dans beaucoup de domaines. Autant sur le plan commercial il est loin de faire le poids - et si je ne suis point aussi connu que d'autres, qui sont devenus des sommités du roman noir Français car s'étant commis dans les mêmes domaines, c'est largement de sa faute... autant sur le plan strictement littéraire, ses conseils ont toujours été avisés. C'est ainsi, rien n'est parfait.
Bon, je vais voir ce qu'on me disait dans le message précédent. Merci encore. Sioulaitère.
Ubik.
Il paraît qu'on répond ici, maintenant...
Le circonflexe, je serais du genre à respecter scrupuleusement... c'est simplement que je n'y pense pas toujours vu l'importance, la masse, de tout ce corpus. Et mon correcteur est borgne, il voit des fautes là où il n'y en a pas ( et insiste, malgré le fait que je lui dis que c'est ok ), et en laisse passer des wagons sans broncher. Le pluriel, je ne l'avais pas vu : à force de changer un bout de phrase à droite à gauche, des fois on laisse traîner des bribes, des fois on en perd en route... etc. Quant à la dernière expression, là c'est plus compliqué : mon narrateur ne se serait jamais exprimé comme ça. Mais dans les dialogues, je m'autorise à coller à un certain langage verbal, spontané. Maintenant, cette tournure est peut-être trop "sudiste". Par chez moi, si on parle ainsi, personne ne relèvera. Je gage donc que les erreurs stratégiques de ce genre, si elles me passent sous le nez sans que je les voie, seront pointées par mon éditeur qui, lui, est impitoyable. C'est peut-être une sorte de Provençalisme qui m'a échappé ( ou de provincialisme, si on veut, ceci n'empêchant pas cela ). Idem pour les bouquins de Maths : étant fâché avec, n'en ouvrant jamais, j'ai mis le verbe "lire", mais je pourrais le remplacer par "regarder", par exemple. J'avoue avoir du mal à imaginer, de toutes façons, ce qu'on peut faire de ce genre d'écrits. Rien que d'en voir, moi ça me donne la nausée ( génération sacrifiée sur l'autel des maths dites "modernes", ce fut un massacre et les résultats s'en font encore sentir, quatre décennies plus tard et des poussières ).
Quoi qu'il en soit, merci pour les compliments concernant mon concierge. Je me plais beaucoup à décrire des gens qui ont "largué les amarres", ça ne date pas d'hier. J'espère juste un jour ne pas trop leur ressembler, quoiqu'il semble que j'aie commencé à en prendre le chemin...
En règle générale, je suis hyper pointilleux sur ce que j'écris - pas quand je tape la discute, mais quand j'œuvre à un roman ou une nouvelle. Cependant, je suis très inégal, j'ai des règles simples sur lesquelles je bloque inconsciemment, des problèmes avec les consonnes redoublées, certains accords, enfin, mes gimmicks, mes petits trucs à moi... cela irrite mon éditeur, qui croit que je persiste à ne pas comprendre. Perseverare diabolicum, n'est-ce pas ? Mais c'est vrai que lorsque on sait qu'on est relu, on se défausse un peu sur l'autre, on se dit, bof, il est là, à la virgule près, et puis on sait aussi qu'entre le texte initial et ce qui est publié, il y a tellement de remaniements... Mon second roman, par exemple, j'ai dû le modifier cinq fois, tu vois un peu... Ce serait maintenant, je ne sais pas si j'aurais la patience. J'étais un jeune fou, à l'époque. Ah, grandeur et décadence... Et justement, puisque je parle de virgules, il trouve que j'en mets trop... Mais je sais aussi que c'est affaire de goût, que toute opinion est subjective. La sienne l'est, mais reste sûre dans beaucoup de domaines. Autant sur le plan commercial il est loin de faire le poids - et si je ne suis point aussi connu que d'autres, qui sont devenus des sommités du roman noir Français car s'étant commis dans les mêmes domaines, c'est largement de sa faute... autant sur le plan strictement littéraire, ses conseils ont toujours été avisés. C'est ainsi, rien n'est parfait.
Bon, je vais voir ce qu'on me disait dans le message précédent. Merci encore. Sioulaitère.
Ubik.
Re: Cas d'école
Ba a écrit:Y aura-t-il une suite, hormis celle que l'on connaît ? Un bon début de roman.
En fait, il y a une suite, mais, de même que le bon tricheur garde des cartes dans la manche, moi j'ai des chapitres sous le coude. Et il y a des précédents, qu'on doit pouvoir débusquer çà et là. Tout ça voltige comme feuilles au vent, au gré des courants cybernétiques. A déterrer si le coeur t'en dit...
Ubik.
P.S. : dans la foulée, à Socque : thank you so much. Keep on working...
Re: Cas d'école
(Ah ! Les chats... Ubik ! Pas copain, hein !)
Les faits réels, à savoir que beaucoup de juifs en Allemagne étaient d'anciens combattants patriotes, sont importants et donc, tu le rappelles habilement ici. Et voilà que nos deux "héros", par ailleurs mal acceptés par les enseignants en tant que militants dans l'école, décrètent soudain que le concierge, l'instant d'avant héros de guerre, est infréquentable sur la seule base d'un objet aperçu. On voit ici qu'aucun argument fondé sur la raison ne vient justifier leur décision de fuir l'appartement où ils sont retenus. Ils sont déjà "endoctrinés".
Un très bon texte, c'est sûr.
Sur la forme :
PS (qui n'a rien à voir !) :
Les faits réels, à savoir que beaucoup de juifs en Allemagne étaient d'anciens combattants patriotes, sont importants et donc, tu le rappelles habilement ici. Et voilà que nos deux "héros", par ailleurs mal acceptés par les enseignants en tant que militants dans l'école, décrètent soudain que le concierge, l'instant d'avant héros de guerre, est infréquentable sur la seule base d'un objet aperçu. On voit ici qu'aucun argument fondé sur la raison ne vient justifier leur décision de fuir l'appartement où ils sont retenus. Ils sont déjà "endoctrinés".
Un très bon texte, c'est sûr.
Sur la forme :
: correspond plus à un regard de connivence, de séduction, ce qui n'est pas le cas ici.oeillade
tournure un peu lourde à mon goûtmalgré le fait qu’il nous dévisageât,
construction un peu en déséquilibre : "en savoir plus..", "s'il était.."Je ne tenais pas à en savoir plus sur cet individu, s’il était plus répugnant que minable, s’il avait toutes ses facultés ou seulement une partie.
PS (qui n'a rien à voir !) :
Tu nous fait du Vulcania-Submarine en écriture ! ;-))C’était un espace d’un mètre sur deux environ, ceint d’une barrière en tubes ronds peints de ce vert nauséeux qu’on retrouvait dans tout l’établissement. La rouille avait attaqué le métal, provoquant par endroits de longues coulées orangées.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Cas d'école
Hello,
Continuons donc de répondre ici ( jusqu'à ce que ça change ??? On avisera. Soyons souples. L'important n'est pas là... ).
Les chats ? C'est vrai que j'en fais volontiers de créatures fantasques, voire fantastiques, imprévisibles, inquiétantes, etc. Et parfois, des vecteurs involontaires, des catalyseurs, précipitant certains événements. Disons qu'ils font volontiers parti de mon magasin d'accessoires.
Oui, sous le régime nazi, le statut des anciens combattants n'a pas été sans poser problème. On a sucré plein de droits aux Juifs, mais dans un premier temps, il y a eu des exemptions, et encore, il fallait avoir perdu un père ou un fils à la guerre, enfin, c'était déjà assez raide dès le départ. Et puis Goering et sa clique ont trouvé le moyen de contourner même ça. On m'a conseillé de lire "La destruction des Juifs d'Europe", de Raul Hillberg, j'ai commencé et je dois dire que le bouquin fourmille de détails précis sur cette progression, et dissèque le processus avec grande acuité. Bon, là, on est encore dans Weimar, mais mes deux lascars sont nazifiés jusqu'à la moelle des os, donc intraitables. Intéressant, de voir comme leur attitude change radicalement, par pur hasard, à cause d'un miroir et d'un chandelier. A quo ça tient, hein ? Et par la suite, plus d'un y laissera la peau, pour un détail qui cloche. Je pense à tous ceux qui essayaient de se tirer et qui, trahis par une peccadille, se faisaient gauler quand même, etc.
Sur la forme : les œillades venimeuses, je l'ai déjà croisé, dans les romans noirs. Assassines, empoisonnées, et tutti quanti. Donc, ça ne me chagrine pas ( sauf quand c'est à moi qu'elles sont destinées, mais on s'habitue à tout ). La phrase sur "je ne tenais pas à en savoir plus, etc." ne me gêne pas d'avantage. Peut-être qu'elle correspond à ma façon de m'exprimer oralement. M'étonnerait pas de moi. L'autre, je propose ceci : "Il avait l’air un peu absent ; Il nous dévisageait, mais son esprit semblait essentiellement absorbé par les flonflons qui sortaient du récepteur".
Pour le reste, oui, il y a peut-être des continuités, des similitudes, des accointances ou parentés lointaines entre écrits et graphisme. C'est vrai que par moments, ce qui me tape dans l'œil, j'éprouve le besoin de le retravailler, quel que soit le média employé. Chacun ses petites obsessions, pas vrai ?
Merci. A suivre. Espérons qu'un jour on pourra écrire le mot "fin", sans se sentir vidé comme un poisson sur la place du marché.
kisses from Vulcania Submarine,
Ubik.
Continuons donc de répondre ici ( jusqu'à ce que ça change ??? On avisera. Soyons souples. L'important n'est pas là... ).
Les chats ? C'est vrai que j'en fais volontiers de créatures fantasques, voire fantastiques, imprévisibles, inquiétantes, etc. Et parfois, des vecteurs involontaires, des catalyseurs, précipitant certains événements. Disons qu'ils font volontiers parti de mon magasin d'accessoires.
Oui, sous le régime nazi, le statut des anciens combattants n'a pas été sans poser problème. On a sucré plein de droits aux Juifs, mais dans un premier temps, il y a eu des exemptions, et encore, il fallait avoir perdu un père ou un fils à la guerre, enfin, c'était déjà assez raide dès le départ. Et puis Goering et sa clique ont trouvé le moyen de contourner même ça. On m'a conseillé de lire "La destruction des Juifs d'Europe", de Raul Hillberg, j'ai commencé et je dois dire que le bouquin fourmille de détails précis sur cette progression, et dissèque le processus avec grande acuité. Bon, là, on est encore dans Weimar, mais mes deux lascars sont nazifiés jusqu'à la moelle des os, donc intraitables. Intéressant, de voir comme leur attitude change radicalement, par pur hasard, à cause d'un miroir et d'un chandelier. A quo ça tient, hein ? Et par la suite, plus d'un y laissera la peau, pour un détail qui cloche. Je pense à tous ceux qui essayaient de se tirer et qui, trahis par une peccadille, se faisaient gauler quand même, etc.
Sur la forme : les œillades venimeuses, je l'ai déjà croisé, dans les romans noirs. Assassines, empoisonnées, et tutti quanti. Donc, ça ne me chagrine pas ( sauf quand c'est à moi qu'elles sont destinées, mais on s'habitue à tout ). La phrase sur "je ne tenais pas à en savoir plus, etc." ne me gêne pas d'avantage. Peut-être qu'elle correspond à ma façon de m'exprimer oralement. M'étonnerait pas de moi. L'autre, je propose ceci : "Il avait l’air un peu absent ; Il nous dévisageait, mais son esprit semblait essentiellement absorbé par les flonflons qui sortaient du récepteur".
Pour le reste, oui, il y a peut-être des continuités, des similitudes, des accointances ou parentés lointaines entre écrits et graphisme. C'est vrai que par moments, ce qui me tape dans l'œil, j'éprouve le besoin de le retravailler, quel que soit le média employé. Chacun ses petites obsessions, pas vrai ?
Merci. A suivre. Espérons qu'un jour on pourra écrire le mot "fin", sans se sentir vidé comme un poisson sur la place du marché.
kisses from Vulcania Submarine,
Ubik.
Re: Cas d'école
< Il serait tout de même plus correct d'éviter de répondre trop systématiquement à tous les commentaires, ne serait-ce que pour la raison que l'on ne cesse de répéter ici et là depuis longtemps : cela fait remonter son propre texte en haut de page au détriment de ceux des autres.
Merci de donc de répondre "AVEC PARCIMONIE" aux commentaires, comme le précise le texte de notre page d'accueil.
Surtout maintenant qu'il a été décidé de ne plus utiliser le fil "Réponses aux commentaires".
La Modération >
.
Merci de donc de répondre "AVEC PARCIMONIE" aux commentaires, comme le précise le texte de notre page d'accueil.
Surtout maintenant qu'il a été décidé de ne plus utiliser le fil "Réponses aux commentaires".
La Modération >
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Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Cas d'école
Excellent. On se laisse embarquer sans "résistance". C'est comme dans un film, tellement c'est visuel, décrit précisément.
Ecriture élégante.
Ecriture élégante.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Cas d'école
Hello, nice to meet you again,Modération a écrit:< Il serait tout de même plus correct d'éviter de répondre trop systématiquement à tous les commentaires, ne serait-ce que pour la raison que l'on ne cesse de répéter ici et là depuis longtemps : cela fait remonter son propre texte en haut de page au détriment de ceux des autres.
Merci de donc de répondre "AVEC PARCIMONIE" aux commentaires, comme le précise le texte de notre page d'accueil.
Surtout maintenant qu'il a été décidé de ne plus utiliser le fil "Réponses aux commentaires".
La Modération >
C'est l'écueil : soit on laisse ce fil "commentaires" et les gens répondent, soit on l'enlève et on se retrouve à ne donner suite qu'avec parcimonie, et on passe pour un malpoli qui ne répond pas aux gens. Alors, on fait quoi ? A vous de voir. Moi je m'en fous que mes textes remontent ou pas, au stade où j'en suis... Tant que l'aïoli n'en fait pas autant... Mais quand je suis dans le coin, j'aime bien être réactif, pas tant pour qu'on lise mon texte, que lorsque ça me donne l'occasion de faire des commentaires intéressants ( ou du moins, que je me plais à croire tels ). Quand les gens me disent j'ai bien aimé, à part répondre merci, c'est limité. Mais quand il y a possibilité d'ajouter du sel, du poivre ou je ne sais quoi...
Bon, enfin, voyez, mais moi je trouve ça limite vexant de ne pas donner la réplique aux gens qui se sont fendus d'un avis, alors que ça n'est pas toujours évident comme exercice. So what ?
A vous de voir. Pas marrant, ce taf de modération, je vous l'accorde.
Ubik.
Re: Cas d'école
< Cela ne vous gêne pas trop de répondre à nouveau aussitôt, même si c'est à la Modération ??
Ne pourriez-vous pas prendre pour exemple quelques membres-auteurs qui REGROUPENT leurs réponses en un seul message reprenant un à un les commentaires auxquels ils souhaitent réagir ?
Précision : inutile de répondre encore ici à la Modération >
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Ne pourriez-vous pas prendre pour exemple quelques membres-auteurs qui REGROUPENT leurs réponses en un seul message reprenant un à un les commentaires auxquels ils souhaitent réagir ?
Précision : inutile de répondre encore ici à la Modération >
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Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Cas d'école
Ma foi, que ce soit la modération ou le pape, quand on me parle je réponds. Maintenant on va simplifier : virez tout ce bordel, et le texte dans la foulée. De toutes façons, j'ai failli ne pas le poster, alors...Modération a écrit:< Cela ne vous gêne pas trop de répondre à nouveau aussitôt, même si c'est à la Modération ??
Ne pourriez-vous pas prendre pour exemple quelques membres-auteurs qui REGROUPENT leurs réponses en un seul message reprenant un à un les commentaires auxquels ils souhaitent réagir ?
Précision : inutile de répondre encore ici à la Modération >
Ubik.
Re: Cas d'école
< On vous a posé une seule question : y aura-t-il une suite ?
Modérez votre attitude vous-même svp et veuillez ne plus répondre ici, en tout cas pas à la Modération.
Merci de respecter ce site. >
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Modérez votre attitude vous-même svp et veuillez ne plus répondre ici, en tout cas pas à la Modération.
Merci de respecter ce site. >
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Modération- Nombre de messages : 1362
Age : 18
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Cas d'école
J'ai trouvé très intéressante la scène où Franz réalise, lors de la confrontation avec son professeu, qu'il est déjà dans une position de domination du fait de son adhésion au Parti, et que son uniforme est une armure, qui lui permet d'imposer sa volonté aux adultes, et d'en être craint. Tout un jeu fantasmatique de transgression des codes et de retournement des obéissances, avec un fond de sadisme carnassier.
Pour le reste, comme dab', ça se lit comme du petit-lait, c'est tout bon.
Pour le reste, comme dab', ça se lit comme du petit-lait, c'est tout bon.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 67
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Silence radio.
Ami, je te répondrais bien volontiers, mais on va encore me dire que je fais "remonter" mon texte. Je suis un homme de dialogue et en l'absence d'un autre espace pour ça, j'aurais tendance à discuter ici ( pas de la pluie et du beau temps, mais à propos des textes, tout de même, il me semble ). Bref, cette histoire me coupe la chique, alors je le dis à toi, et aux suivants : si je ne réagis plus, ce sera pour cette seule raison. Je reste avec vous par la pensée, ceux qui avez la gentillesse de m'encourager. Je ne me suis pas transformé en malpoli, mais vue la situation, du coup, je me tais. Fais passer le message. Sincèrement désolé.
Ubik.
Ubik.
Re: Cas d'école
incroyableubikmagic a écrit:Ami, je te répondrais bien volontiers, mais on va encore me dire que je fais "remonter" mon texte.
meuh non, tu le fais pas remonter !
c'est moi qui le fais, tiens !
on dit merci qui ?
Re: Cas d'école
Bonjour,
Un texte d'une très grande tenue sur la tenue autorisée ou non ... et d'une actualité cruciale !
Derrière la tenue des jeunes allemands il y avait le nazisme et derrière la .... il y a le ..... !
Amicalement,
Midnightrambler
Un texte d'une très grande tenue sur la tenue autorisée ou non ... et d'une actualité cruciale !
Derrière la tenue des jeunes allemands il y avait le nazisme et derrière la .... il y a le ..... !
Amicalement,
Midnightrambler
midnightrambler- Nombre de messages : 2606
Age : 71
Localisation : Alpes de Haute-Provence laclefdeschamps66@hotmail.fr
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: Cas d'école
Ce passage me semble très bon, tout autant que les précédents.
Il nous rappelle, d’une part, à la vigilance : le milieu scolaire doit être préservé de tous signes de prosélytisme ; la laïcité est toujours à défendre.
L’attitude de Franz, d’autre part, est tout à fait caractéristique de l’antisémitisme de l’époque.
Un individu, en effet, n’est pas jugé pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il
« est ». Le concierge s’est battu dans les rangs de l’armée allemande avec courage et héroïsme, son corps en porte encore les marques. Il devient digne d’intérêt pour Franz, il est objet de pitié pour Wolfgang. Mais lorsque sa judéité est découverte, il perd toute dignité à leurs yeux, il n’est plus objet de pitié, mais de haine. Ce qu’il a fait ne compte plus, les actes ne font pas l’homme ; ce qui le fait, c’est un « être », une essence préalable, a priori, que l’individu actualise, ici celle du « juif ». Et cette essence n’est pas celle de l’humanité, qui est niée, mais celle de l’undermensch. Tout à coup, l’individu Grynszpan n’existe plus, il n’y a plus qu’une idée, une essence, « le juif », et tous les caractères qui nécessairement lui seraient liés. La réalité a beau démentir l’idée, le concierge est pauvre, il est patriote, courageux, ancien soldat de l’armée allemande, rien n’y fait, la réalité elle-même est niée. Il n’y a plus que cette « idée », le juif, qui prend toute la place du réel, et qui leur fait horreur, source de tout le mal. Il n’y a plus que cette idée ancrée dans l’esprit des deux jeunes allemands, inexpugnable.
On comprend pourquoi Jankélévitch qualifiait le crime contre les juifs de
« crime métaphysique ».
Tout cela est bien vu, Ubik, bravo.
Il nous rappelle, d’une part, à la vigilance : le milieu scolaire doit être préservé de tous signes de prosélytisme ; la laïcité est toujours à défendre.
L’attitude de Franz, d’autre part, est tout à fait caractéristique de l’antisémitisme de l’époque.
Un individu, en effet, n’est pas jugé pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il
« est ». Le concierge s’est battu dans les rangs de l’armée allemande avec courage et héroïsme, son corps en porte encore les marques. Il devient digne d’intérêt pour Franz, il est objet de pitié pour Wolfgang. Mais lorsque sa judéité est découverte, il perd toute dignité à leurs yeux, il n’est plus objet de pitié, mais de haine. Ce qu’il a fait ne compte plus, les actes ne font pas l’homme ; ce qui le fait, c’est un « être », une essence préalable, a priori, que l’individu actualise, ici celle du « juif ». Et cette essence n’est pas celle de l’humanité, qui est niée, mais celle de l’undermensch. Tout à coup, l’individu Grynszpan n’existe plus, il n’y a plus qu’une idée, une essence, « le juif », et tous les caractères qui nécessairement lui seraient liés. La réalité a beau démentir l’idée, le concierge est pauvre, il est patriote, courageux, ancien soldat de l’armée allemande, rien n’y fait, la réalité elle-même est niée. Il n’y a plus que cette « idée », le juif, qui prend toute la place du réel, et qui leur fait horreur, source de tout le mal. Il n’y a plus que cette idée ancrée dans l’esprit des deux jeunes allemands, inexpugnable.
On comprend pourquoi Jankélévitch qualifiait le crime contre les juifs de
« crime métaphysique ».
Tout cela est bien vu, Ubik, bravo.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 69
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Cas d'école
WARNING !!!
Petit détail qui a son importance : la Menorah, chandelier rituel emblématique du judaïsme, ne compte pas 9 branches, mais 7, chiffre sacré entre tous.
Petit détail qui a son importance : la Menorah, chandelier rituel emblématique du judaïsme, ne compte pas 9 branches, mais 7, chiffre sacré entre tous.
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 70
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Cas d'école
Gobu :
Le chandelier qu'on allume pour la fête de l'Hanouka (celle qui dure 8 jours, je sais plus pour quoi) a bien, lui, 8 branches + une au milieu.
Le chandelier qu'on allume pour la fête de l'Hanouka (celle qui dure 8 jours, je sais plus pour quoi) a bien, lui, 8 branches + une au milieu.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Cas d'école
Reginelle a écrit:Gobu :
Le chandelier qu'on allume pour la fête de l'Hanouka (celle qui dure 8 jours, je sais plus pour quoi) a bien, lui, 8 branches + une au milieu.
Shalom, elle commémore le miracle durant lequel l'huile qui devait alimenter le chandelier du Temple a duré le temps que les lévites aient repréparé une tournée.
Mais la Menorah a bien 7 branches.
silene82- Nombre de messages : 3553
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Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Cas d'école
bien d'accord Silène, mais comme je ne crois pas que dans le texte (je viens encore de relire) le chandelier soit désigné autrement que par le nombre de ses branches, cela reste juste puisque 9 branches existe bien.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
Age : 74
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Cas d'école
Le malaise dû à l'ambiguité de certaines situations transparaît bien ici; tu le restitues efficacement et sans fioritures, ça n'en est que meilleur.
J'ai également apprécié cette manière de plonger dans l'esprit des uns et des autres, démontrant que tout n'est pas blanc ou noir mais que parfois, les pensées prennent cette tournure et qu'il n'est pas aisé de tout contrôler. Le changement à l'égard du concierge, sur base d'une simple vision d'objet, est particulièrement bien rendu.
L'écriture est soignée, agréable à lire et il y a un beau boulot là derrière.
J'ai également apprécié cette manière de plonger dans l'esprit des uns et des autres, démontrant que tout n'est pas blanc ou noir mais que parfois, les pensées prennent cette tournure et qu'il n'est pas aisé de tout contrôler. Le changement à l'égard du concierge, sur base d'une simple vision d'objet, est particulièrement bien rendu.
L'écriture est soignée, agréable à lire et il y a un beau boulot là derrière.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Mieux que rien.
Merci. Ce commentaire vient à point, étant donné que pour l'instant, je me vois dans l'obligation de mettre ce roman en stand by. Malgré la masse de bouquins que j'ai ingurgités sur cette période, dès qu'on entre dans la guerre, il y une partie "militaria", si je puis dire, qui m'est totalement inconnue et qui rend certaines scènes prévues par moi impossibles logiquement et matériellement. Donc obligé de changer mes plans, mais pour ça, d'abord lire d'autres bouquins, pour la plupart introuvables, ce qui n'arrange rien.
Oui, beau boulot derrière, merci de le dire. Plusieurs extraits se baladent ici, qui traduisent mon entreprise ambitieuse, sans doute un peu folle, de montrer comment un agneau devient un loup, presque insensiblement, et, gageure supplémentaire, le restituer à travers ses propres yeux.
Je dis loup, mais loup partiellement aveugle : car d'un bout à l'autre, il est manipulé et croit faire des choix. En réalité, il ne fait que suivre et s'en remettre à Franz, il abdique de son libre arbitre.
Le sujet est difficile, le contexte délicat et encore douloureux pour beaucoup 65 ans après, la démarche est casse-gueule et malgré mes connaissances, je plafonne. C'est pour ces raisons que j'ai mis en arrêt sur image... restent donc les extraits. Tant que je n'ai pas vaincu les obstacles et écrit le mot fin ; tant que mon éditeur ne décide pas de publier ( il peut très bien ne pas en vouloir ) ; et suivant comment tout ça serait éventuellement distribué, et si vous tombez dessus ou pas... bref, vaut mieux tenir que courir, lisez les extraits, mieux que rien.
Merci encore.
Ubik.
Oui, beau boulot derrière, merci de le dire. Plusieurs extraits se baladent ici, qui traduisent mon entreprise ambitieuse, sans doute un peu folle, de montrer comment un agneau devient un loup, presque insensiblement, et, gageure supplémentaire, le restituer à travers ses propres yeux.
Je dis loup, mais loup partiellement aveugle : car d'un bout à l'autre, il est manipulé et croit faire des choix. En réalité, il ne fait que suivre et s'en remettre à Franz, il abdique de son libre arbitre.
Le sujet est difficile, le contexte délicat et encore douloureux pour beaucoup 65 ans après, la démarche est casse-gueule et malgré mes connaissances, je plafonne. C'est pour ces raisons que j'ai mis en arrêt sur image... restent donc les extraits. Tant que je n'ai pas vaincu les obstacles et écrit le mot fin ; tant que mon éditeur ne décide pas de publier ( il peut très bien ne pas en vouloir ) ; et suivant comment tout ça serait éventuellement distribué, et si vous tombez dessus ou pas... bref, vaut mieux tenir que courir, lisez les extraits, mieux que rien.
Merci encore.
Ubik.
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