TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
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TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
— Ah la gueule que t’as. T’es fier. Content en somme.
— Ben en somme pas trop, il me manque quelque chose comme cent deux euros.
— Sur sept cent un, c’est pas si mal.
— Merde, je me demande comment tu fais pour te trimballer des ardoises pareilles chaque fin de mois ?
— Je m'applique, je ne bois que ce qu’il y a de mieux.
— De mieux pour qui ?
— Pour moi. Des autres, je m’en tape, et des logos du genre bobo qui estampillent les boutanches : pareil ! Faut que ça siphonne, pas que ça minaude
Il recompte sa liasse, la monnaie, il se méfie ce con. Presque satisfait, il reprend :
— T’as encore tué ta mère pour dégotter autant de caillasses ?
— Comme tous les mois. Mais au fait, on n’emploie plus l’expression « Caillasse » depuis… Je me souviens même plus tellement c’est vieux. Sers-moi un verre.
— Pas avant d’avoir réglé le solde.
— T’es sûr ?
— Certain.
— Dépêche-toi où je te raconte la fois ou j’ai volé la bétonnière et…
— Pour la millième fois.
— Et après, je recommence…
Il attrape la bouteille, se tasse un peu dans un soupir excédé, fléchit tout à fait, puis il y va de sa rasade et ajoute que c’est pas de veine de se coltiner des potes comme moi.
Je lui rappelle que je ne fais qu’honorer une promesse que je lui ai faite il y a longtemps, sangs mêlés et tout ça : unis pour la vie. J’avais neuf ans, il en avait dix. Il est devenu cafetier, de fait, je suis devenu poivrot.
— Faut pas faire confiance à ses aînés, j’ajoute.
— T’es vraiment trop con Léon !
— Ouais, ben toi quand t’étais petit, tu faisais pas dans la rime et encore moins dans la poésie, et ça t’allait à ravir.
— Ben en somme pas trop, il me manque quelque chose comme cent deux euros.
— Sur sept cent un, c’est pas si mal.
— Merde, je me demande comment tu fais pour te trimballer des ardoises pareilles chaque fin de mois ?
— Je m'applique, je ne bois que ce qu’il y a de mieux.
— De mieux pour qui ?
— Pour moi. Des autres, je m’en tape, et des logos du genre bobo qui estampillent les boutanches : pareil ! Faut que ça siphonne, pas que ça minaude
Il recompte sa liasse, la monnaie, il se méfie ce con. Presque satisfait, il reprend :
— T’as encore tué ta mère pour dégotter autant de caillasses ?
— Comme tous les mois. Mais au fait, on n’emploie plus l’expression « Caillasse » depuis… Je me souviens même plus tellement c’est vieux. Sers-moi un verre.
— Pas avant d’avoir réglé le solde.
— T’es sûr ?
— Certain.
— Dépêche-toi où je te raconte la fois ou j’ai volé la bétonnière et…
— Pour la millième fois.
— Et après, je recommence…
Il attrape la bouteille, se tasse un peu dans un soupir excédé, fléchit tout à fait, puis il y va de sa rasade et ajoute que c’est pas de veine de se coltiner des potes comme moi.
Je lui rappelle que je ne fais qu’honorer une promesse que je lui ai faite il y a longtemps, sangs mêlés et tout ça : unis pour la vie. J’avais neuf ans, il en avait dix. Il est devenu cafetier, de fait, je suis devenu poivrot.
— Faut pas faire confiance à ses aînés, j’ajoute.
— T’es vraiment trop con Léon !
— Ouais, ben toi quand t’étais petit, tu faisais pas dans la rime et encore moins dans la poésie, et ça t’allait à ravir.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
unis pour la vie. J’avais neuf ans, il en avait dix. Il est devenu cafetier, de fait, je suis devenu poivrot.
Rien que cete phrase... c'est toute une histoire ! Superbe.
Je préfère ce texte-ci à celui que je viens de lire (Désolé pour le retard), car j'y trouve un peu plus de verve et aussi de consistance dans les personnages. Un sujet que tu as déjà décliné avec succès, c'est encore le cas ici, tu y es à l'aise.
Juste la dernière phrase qui me laisse perplexe, elle sonne différemment du reste mais j'imagine que c'est volontaire, question de contraintes.
Rien que cete phrase... c'est toute une histoire ! Superbe.
Je préfère ce texte-ci à celui que je viens de lire (Désolé pour le retard), car j'y trouve un peu plus de verve et aussi de consistance dans les personnages. Un sujet que tu as déjà décliné avec succès, c'est encore le cas ici, tu y es à l'aise.
Juste la dernière phrase qui me laisse perplexe, elle sonne différemment du reste mais j'imagine que c'est volontaire, question de contraintes.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
Gouailleurs, les deux. Plus châtié sur la fin le Léon, la faute à la rasade bien tassée ?
Invité- Invité
Re: TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
Sympa. Ce qu'il y a d'intéressant, pour moi, dans ce texte, c'est que tout se met bien en place à la fin, on ramasse les fils narratifs qui pouvaient traîner et on ferme joliment la paquet !
Remarques :
« Faut que ça siphonne, pas que ça minaude » : manque le point à la fin
« Dépêche-toi ou je te raconte la fois où j’ai volé la bétonnière »
Remarques :
« Faut que ça siphonne, pas que ça minaude » : manque le point à la fin
« Dépêche-toi ou je te raconte la fois où j’ai volé la bétonnière »
Invité- Invité
Re: TEXTES 1500 : Saison 2 - La boisson de l'enfance
Très sympa ce petit morceau de vie au coin d'un bar... Vivant, bien croqué.
(Oui, en effet, les contraintes...on oublie !)
(Oui, en effet, les contraintes...on oublie !)
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 64
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
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