Bref séjour dans l'antimatière

Nuit noire.

Une mallette change de mains et des portières claquent. Un moteur ne tarde pas à démarrer. Des roues tournent. Le son se mue rapidement en ronronnement régulier, avant de s’éteindre avec la distance. Quelques minutes s’écoulent et un second moteur hoquète, pétarade et flanche. Nouvelle tentative du conducteur. Nouvel échec. Bientôt, la voiture semble émettre des gémissements de plus en plus faiblards.

Sortie du conducteur. Manifestement, l’homme n’a prévu aucun plan de secours. Il est bloqué dans la garrigue, à une vingtaine de kilomètres de la moindre habitation. Le portable ne capte aucun réseau et la seule personne à connaître sa présence en ces lieux est partie il y a un quart d’heure. L’aiderait-elle seulement ? L’homme se doute que non. Il y aurait renégociation et fatalement, l’attaché-case se verrait allégé d’une partie de son contenu.

L’homme hésite. Il se dit que ça ne pouvait pas durer. Les choses s’enchaînaient trop facilement, sans remous. Curieux. Louche. Il secoue la tête. La mallette contient suffisamment d’herbe pour faire planer la moitié du continent et la longue marche qui s’annonce le fait regretter de n’avoir également acheté des excitants. Ca le fait sourire.

Un bruit étouffé l’incite à la prudence. Il se fige, tend l’oreille. Rien ne vient. Ah, si, quand même. Quoi que ce soit, il en compte trois, quatre... et cesse de compter.

Un vent glacial se lève. Il ne peut réprimer un éternuement. Il ne se passe rien. Il décide de ne plus bouger. Plus jamais.

Il entend distinctement la mallette le narguer.

J'ai adoré jusqu'à la dernière phrase. Vous n'allez pas transformer la suite en farce ? ce serait regrettable.

Heu... ben non, il n'y a pas de suite.


Je sais, c'est un peu court.

D'accord avec pandaworks. Je n'ai pas adoré, mais j'ai bien aimé, et puis cette dernière phrase fait un peu queue de poisson... Si on s'arrête là, c'est dommage.

Il faut une suite.

Ah oui, j'oubliais : « Ça le fait sourire »

Rien compris. Quelqu'un pour m'éclairer ?

Il n'est pas raisonnable de faire brouter sa mallette dans l'herbe à chichi...

... Il ne s'est pas envapé avant avec autre chose, ton quidam ? Ou alors la mallette est tellement bourrée qu'il le devient aussi ?

En tous cas, un début prometteur. Il semblerait que nous soyons suspendus à tes points de suspension...

Ubik.