Découanne pas
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Découanne pas
Je n’aurais dû ouvrir le magazine à poules vichy ! Ces jambes interminables montées sur torses, ces sourires collés aux fossettes sceptiques, quelle ignominie !
Je déplore que les filles en chair à carton soient présentées de la sorte aux yeux verdâtres d’acariâtres « mémères à chien chien » comme moi. Cette insolence esthétique, le matin, prise dans la ride, flanque à la moindre phlébite, un coup de semonce.
Je sens le vent du bourrelet siffler à mes chevilles. Non, je ne me regarderai pas dans la grâce, que voulez-vous que j’y trouve ? Mais le canon passe pendant que j’aboie dans le désert de mes toilettes tapissées de mannequins.
A qui la fraude ?
Léonce, mon défunt qui adorait ces grenouilles de mode.
Léonce, ce fourbe qui feuilletait en sourdine, toutes les revues tendance. Irais-je jusqu’à le soupçonner de se rendre malade intentionnellement afin de consulter les salles d’attente et leur mine réjouie ?
C’est ce que m’avait laissé entendre Betty, ma meilleure amie de graisse, un jour que nous flânions sur l’avenue. Nous léchions les vitrines l’air de ne pas y croquer, « regarde celle-là, on dirait un hareng au vinaigre, et celle-là ? Une rescapée des camps, quelle horreur ! » De broutilles en broutilles elle avait glissé entre jupes et escarpins « je pense que Léonce se rince l’œil chez le docteur Moranti » Imaginez la fulgurance qui me transperça ! Le cœur aux arrêts, menotté, à demi mort « Léonce me trompe, me trompe avec des chamelles, des élégances nocturnes, des lolita de circonstances ! » je crus mourir. Je devais faire une telle tête que Betty, confuse, me proposa de prendre un panini de consolation : tomates, anchois roquefort. Je refusai mort en bouche et me précipitai à la maison.
Pas de Léonce, un petit mot sur la desserte, près du téléphone sans fil ,« Je reviens de suite ».
Il n’est jamais revenu. A présent que je repasse, sans faux plis, cet événement dans le dortoir des souvenirs, il me semble bien que la petite voisine d’en face s’est également lyophilisée. A peu près à la même époque, lors de la sortie de ce mannequin dont j’ai oublié le nom, une certaine miss quelque chose.
Curieux.
Etrange aussi.
Y aurait-il une quelconque relation volatile ?
Je n’aurais pas dû ouvrir ce magazine à crevettes vichy ! Vous voyez ce que c’est, on se regarde dans une piscine, on croit apercevoir la naïade que l'on ne fut jamais et c’est la noyade sans une bulle d’alerte.
L’on s’invente un époux volage, une amie à sandwich, l’on triche sur le poids des varices, et l’on varie sans vice.
Mystère sans rappel du féminin singulier.
Je déplore que les filles en chair à carton soient présentées de la sorte aux yeux verdâtres d’acariâtres « mémères à chien chien » comme moi. Cette insolence esthétique, le matin, prise dans la ride, flanque à la moindre phlébite, un coup de semonce.
Je sens le vent du bourrelet siffler à mes chevilles. Non, je ne me regarderai pas dans la grâce, que voulez-vous que j’y trouve ? Mais le canon passe pendant que j’aboie dans le désert de mes toilettes tapissées de mannequins.
A qui la fraude ?
Léonce, mon défunt qui adorait ces grenouilles de mode.
Léonce, ce fourbe qui feuilletait en sourdine, toutes les revues tendance. Irais-je jusqu’à le soupçonner de se rendre malade intentionnellement afin de consulter les salles d’attente et leur mine réjouie ?
C’est ce que m’avait laissé entendre Betty, ma meilleure amie de graisse, un jour que nous flânions sur l’avenue. Nous léchions les vitrines l’air de ne pas y croquer, « regarde celle-là, on dirait un hareng au vinaigre, et celle-là ? Une rescapée des camps, quelle horreur ! » De broutilles en broutilles elle avait glissé entre jupes et escarpins « je pense que Léonce se rince l’œil chez le docteur Moranti » Imaginez la fulgurance qui me transperça ! Le cœur aux arrêts, menotté, à demi mort « Léonce me trompe, me trompe avec des chamelles, des élégances nocturnes, des lolita de circonstances ! » je crus mourir. Je devais faire une telle tête que Betty, confuse, me proposa de prendre un panini de consolation : tomates, anchois roquefort. Je refusai mort en bouche et me précipitai à la maison.
Pas de Léonce, un petit mot sur la desserte, près du téléphone sans fil ,« Je reviens de suite ».
Il n’est jamais revenu. A présent que je repasse, sans faux plis, cet événement dans le dortoir des souvenirs, il me semble bien que la petite voisine d’en face s’est également lyophilisée. A peu près à la même époque, lors de la sortie de ce mannequin dont j’ai oublié le nom, une certaine miss quelque chose.
Curieux.
Etrange aussi.
Y aurait-il une quelconque relation volatile ?
Je n’aurais pas dû ouvrir ce magazine à crevettes vichy ! Vous voyez ce que c’est, on se regarde dans une piscine, on croit apercevoir la naïade que l'on ne fut jamais et c’est la noyade sans une bulle d’alerte.
L’on s’invente un époux volage, une amie à sandwich, l’on triche sur le poids des varices, et l’on varie sans vice.
Mystère sans rappel du féminin singulier.
jaon doe- Nombre de messages : 169
Age : 113
Localisation : Pseudonyme de publication commun, à la disposition de tous ceux qui veulent. Pour obtenir son mot de passe, vous pouvez envoyer un mail à Procuste à partir de son profil.
Date d'inscription : 05/02/2010
Re: Découanne pas
Joli ! Intrigant, et des expressions vraiment sympa. Une auto-dérision de la narratrice très grinçante...
Mes remarques :
« mémères à chien-chien (trait d’union) »
« flanque à la moindre phlébite, (pourquoi une virgule ici ?) un coup de semonce »
« ce fourbe qui feuilletait en sourdine, (pourquoi une virgule ici ?) toutes les revues tendance. Irais-je (le conditionnel me paraît vraiment bizarre ici, je crois qu’un futur « Irai-je » serait infiniment préférable) jusqu’à le soupçonner »
Mes remarques :
« mémères à chien-chien (trait d’union) »
« flanque à la moindre phlébite, (pourquoi une virgule ici ?) un coup de semonce »
« ce fourbe qui feuilletait en sourdine, (pourquoi une virgule ici ?) toutes les revues tendance. Irais-je (le conditionnel me paraît vraiment bizarre ici, je crois qu’un futur « Irai-je » serait infiniment préférable) jusqu’à le soupçonner »
Invité- Invité
Re: Découanne pas
Ah oui !
J'adore du "hareng au vinaigre" au "dortoir des souvenirs" en passant par la "chair à carton", un vrai régal pour les mémères à chien chien et les autres, acide à souhait !
J'adore du "hareng au vinaigre" au "dortoir des souvenirs" en passant par la "chair à carton", un vrai régal pour les mémères à chien chien et les autres, acide à souhait !
Re: Découanne pas
C'est fou ce que ce texte me plait ! Séduite, je suis, définitivement. Et une fois de plus, jalouse. Remarquablement écrit, drôle , cruel, avec des jeux de mots délicieux, tout ce que j'aime.
Je crois que je vais l'imprimer et le coller dans mon carnet d'écriture.
Et puis me raconter que je l'ai écrit . Un vol de chapelet de mots comme les chiens chiens volent des chapelets de saucisses.
Bon allez jaon doe je le ferai pas je decouenne...
Je pense que le titre est plutôt "Découenne pas", non ? Car si la couenne est la peau du porc utilisée en charcuterie, ce qui ne doit pas déplaire à notre amie mémère à chien chien, une "couanne" est une tortue africaine.
Je crois que je vais l'imprimer et le coller dans mon carnet d'écriture.
Et puis me raconter que je l'ai écrit . Un vol de chapelet de mots comme les chiens chiens volent des chapelets de saucisses.
Bon allez jaon doe je le ferai pas je decouenne...
Je pense que le titre est plutôt "Découenne pas", non ? Car si la couenne est la peau du porc utilisée en charcuterie, ce qui ne doit pas déplaire à notre amie mémère à chien chien, une "couanne" est une tortue africaine.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Découanne pas
Définitivement séduite, notamment par les libertés de jeux prises avec le vocabulaire et les expressions, c’est finement fait et ça passe très bien.
Une manière habile de revisiter une histoire vieille comme le monde en lui donnant du sang neuf. Génial!
Une manière habile de revisiter une histoire vieille comme le monde en lui donnant du sang neuf. Génial!
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Découanne pas
Bravo, des expressions fort bien amenées. Oh fait-moi belle !
Nechez- Nombre de messages : 318
Age : 35
Date d'inscription : 19/12/2007
Re: Découanne pas
C'est signé, c'est pesé empaqueté enrubanné. Quel don !
Rien à jeter, tout à envier :-)
Rien à jeter, tout à envier :-)
Invité- Invité
Re: Découanne pas
Je me suis dit : signé Rebecca ! Alors, non ?
Rien à jeter... j'ai a d o r é, que des trouvailles délicieuses, quel bon moment vous m'avez donné. merci.
Rien à jeter... j'ai a d o r é, que des trouvailles délicieuses, quel bon moment vous m'avez donné. merci.
Re: Découanne pas
Un monde qui m'est à tout jamais fermé. Sniff.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Découanne pas
encore des histoires de gonzesses lol
sinon, pas mal, ça se laisse lire
juste, le voisinnage de "rescapée des camps" et de "broutilles" me gène un peu
sinon, pas mal, ça se laisse lire
juste, le voisinnage de "rescapée des camps" et de "broutilles" me gène un peu
Invité- Invité
Re: Découanne pas
Bourratif. Un peu perdu / ecoeuré sous les épaisses couches de crêmes. Pas pu finir l'assiette.
Re: Découanne pas
Pas emballée. J’ai essayé de le lire plusieurs fois, désolée je reste à côté. Au mieux je décroche un léger sourire, au pire je trouve ça lourd. Ceci dit, je suis loin d’être fan de l’écriture humoristique, ceci explique peut-être cela.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 54
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: Découanne pas
Des jeux de mots amusants, encore et toujours. Mais je crois que c'est à peu près tout, car je ne crois pas un brin au personnage.
Aire__Azul- Nombre de messages : 474
Age : 58
Localisation : TOULOUSE
Date d'inscription : 30/03/2010
Re: Découanne pas
Correction après remarques fort pertinentes
Découenne pas !
Je n’aurais pas dû ouvrir le magazine à poules vichy ! Ces jambes interminables montées sur torses, ces sourires collés aux fossettes sceptiques, quelle ignominie !
Je déplore que les filles en chair à carton soient présentées de la sorte aux yeux verdâtres d’acariâtres « mémères à chiens-chiens » comme moi. Cette insolence esthétique le matin, prise dans la ride, flanque à la moindre phlébite un coup de semonce.
Je sens le vent du bourrelet siffler à mes chevilles. Non, je ne me regarderai pas dans la grâce, que voulez-vous que j’y trouve ? Mais le canon passe pendant que j’aboie dans le désert de mes toilettes tapissées de mannequins.
A qui la fraude ?
Léonce, mon défunt qui adorait ces grenouilles de mode.
Léonce, ce fourbe qui feuilletait en sourdine, toutes les revues tendance. Irai-je jusqu’à le soupçonner de se rendre malade intentionnellement afin de consulter les salles d’attente et leur mine réjouie ?
C’est ce que m’avait laissé entendre Betty, ma meilleure amie de graisse un jour que nous flânions sur l’avenue. Nous léchions les vitrines l’air de ne pas y croquer, « regarde celle-là, on dirait un hareng au vinaigre, et celle-là ? Une rescapée des camps, quelle horreur ! » De broutilles en broutilles elle avait glissé entre jupes et escarpins « Je pense que Léonce se rince l’œil chez le docteur Moranti » Imaginez la fulgurance qui me transperça ! Le cœur aux arrêts, menotté, à demi mort « Léonce me trompe, me trompe avec des chamelles, des élégances nocturnes, des Lolita de circonstances ! » je crus défaillir. Je devais faire une telle tête que Betty, confuse, me proposa de prendre un panini de consolation : tomates, anchois roquefort. Je refusai mort en bouche et me précipitai à la maison.
Pas de Léonce, un petit mot sur la desserte, près du téléphone sans fil, « Je reviens de suite ».
Il n’est jamais revenu. A présent que je repasse, sans faux plis, cet événement dans le dortoir des souvenirs, il me semble bien que la petite voisine d’en face s’est également lyophilisée. A peu près à la même époque, lors de la sortie de ce mannequin dont j’ai oublié le nom, une certaine miss quelque chose.
Curieux.
Etrange aussi.
Y aurait-il une quelconque relation volatile ?
Je n’aurais pas dû ouvrir ce magazine à crevettes vichy ! Vous voyez ce que c’est, on se regarde dans une piscine, on croit apercevoir la naïade que l’on ne fut jamais et c’est la noyade sans une bulle d’alerte.
L’on s’invente un époux volage, une amie à sandwich, l’on triche sur le poids des varices, et l’on varie sans vice.
Mystère sans rappel du féminin singulier.
Découenne pas !
Je n’aurais pas dû ouvrir le magazine à poules vichy ! Ces jambes interminables montées sur torses, ces sourires collés aux fossettes sceptiques, quelle ignominie !
Je déplore que les filles en chair à carton soient présentées de la sorte aux yeux verdâtres d’acariâtres « mémères à chiens-chiens » comme moi. Cette insolence esthétique le matin, prise dans la ride, flanque à la moindre phlébite un coup de semonce.
Je sens le vent du bourrelet siffler à mes chevilles. Non, je ne me regarderai pas dans la grâce, que voulez-vous que j’y trouve ? Mais le canon passe pendant que j’aboie dans le désert de mes toilettes tapissées de mannequins.
A qui la fraude ?
Léonce, mon défunt qui adorait ces grenouilles de mode.
Léonce, ce fourbe qui feuilletait en sourdine, toutes les revues tendance. Irai-je jusqu’à le soupçonner de se rendre malade intentionnellement afin de consulter les salles d’attente et leur mine réjouie ?
C’est ce que m’avait laissé entendre Betty, ma meilleure amie de graisse un jour que nous flânions sur l’avenue. Nous léchions les vitrines l’air de ne pas y croquer, « regarde celle-là, on dirait un hareng au vinaigre, et celle-là ? Une rescapée des camps, quelle horreur ! » De broutilles en broutilles elle avait glissé entre jupes et escarpins « Je pense que Léonce se rince l’œil chez le docteur Moranti » Imaginez la fulgurance qui me transperça ! Le cœur aux arrêts, menotté, à demi mort « Léonce me trompe, me trompe avec des chamelles, des élégances nocturnes, des Lolita de circonstances ! » je crus défaillir. Je devais faire une telle tête que Betty, confuse, me proposa de prendre un panini de consolation : tomates, anchois roquefort. Je refusai mort en bouche et me précipitai à la maison.
Pas de Léonce, un petit mot sur la desserte, près du téléphone sans fil, « Je reviens de suite ».
Il n’est jamais revenu. A présent que je repasse, sans faux plis, cet événement dans le dortoir des souvenirs, il me semble bien que la petite voisine d’en face s’est également lyophilisée. A peu près à la même époque, lors de la sortie de ce mannequin dont j’ai oublié le nom, une certaine miss quelque chose.
Curieux.
Etrange aussi.
Y aurait-il une quelconque relation volatile ?
Je n’aurais pas dû ouvrir ce magazine à crevettes vichy ! Vous voyez ce que c’est, on se regarde dans une piscine, on croit apercevoir la naïade que l’on ne fut jamais et c’est la noyade sans une bulle d’alerte.
L’on s’invente un époux volage, une amie à sandwich, l’on triche sur le poids des varices, et l’on varie sans vice.
Mystère sans rappel du féminin singulier.
jaon doe- Nombre de messages : 169
Age : 113
Localisation : Pseudonyme de publication commun, à la disposition de tous ceux qui veulent. Pour obtenir son mot de passe, vous pouvez envoyer un mail à Procuste à partir de son profil.
Date d'inscription : 05/02/2010
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