Le début et la fin
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Rebecca
solean
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Le début et la fin
Je venais d'avoir trente ans. Le deux qui soutenait avec légèreté mon âge depuis une décennie venait de tomber, glissant sous le socle d'un trois assez solennel et bourgeois. Le choc était sourd et je l'avais amorti en me montrant optimiste. Mais semaine après semaine, l'absence de cette jeune décimale toute en panache, renversée en l'espace d'une nuit, distillait une nostalgie qui remontait par capillarité dans les fondations altérées de ma conscience. Je commençais à perdre des cheveux et la physionomie de mon visage changeait rapidement. Mon corps prenait de l'épaisseur. Je me tassais. Et chaque fois que mon regard tombait incidemment sur une photo d'un précédent été où j'apparaissais, silhouette élancée, visage flambant de jeunesse, je me sentais pris au dépourvu. Par comparaison, ma "vraie" tête semblait s'élargir chaque jour un peu plus. Je ne voyais plus dans mon miroir le portrait du jeune homme que j'aimais voir, mais une pâle déclinaison incongrue, choquante de mon propre père.
C'est à ce moment mauvais que je fis la rencontre de Mélina. Elle était la fille d'Anne Menclore, une amie d'amis. Mélina était une enfant âgée de seulement 12 ans et jamais auparavant, je ne l'avais remarqué. Anne rejoignit la table ensoleillée où nous déjeunions en terrasse avec mes amis, et Mélina l'accompagnait. Je compris bien plus tard où le drame allait se nouer: dans le balancement des bras de l'enfant, dans sa façon de tourner la tête vers la rue, dans le réflexe de ses doigts grattant son épaule. Il émanait de Mélina une beauté orientale, solaire et piquante dont le spectacle m'inondait de plaisir autant qu'il s'enroulait durement autour de ma gorge. Ce tourbillon des détails les plus minuscules de son attitude était un cadeau empoisonné par une émotion violente et crue. En réalité, j'avais perdu toute clairvoyance et sans le comprendre dans l'instant, je contemplais une féerie particulière, les prémisses d'une explosion primordiale. L'efflorescence de cette fillette au seuil de la nubilité. Et maintenant en compagnie du diable, j'allais revivre dans sa pureté la plus cruelle cette émotion que j'avais abandonnée avec la faillite de mon enfance.
Un bourdonnement de chaleur m'envahit de la tête aux pieds. Le zénith incandescent avait chassé de la terrasse les gorgées d'air frais que mes poumons réclamaient et la table du déjeuner me semblait soudain plus vaste et mes amis tout autour plus petits, plus loin. À l'évidence, j'étais bien seul à me dissoudre en contemplation. Mélina attrapa une chaise. Elle glissa ses mains derrière ses cuisses et fit courir le tissu de sa robe en se baissant pour s'asseoir. Ses cheveux se balancèrent avec bonheur de chaque côté de son visage, ouvrant un rideau sur une expression mélangée de délice et de désinvolture. Et son regard brillant et sans-gêne parcouru le public.
Dans le ciel bleu de midi, la foudre tomba, amorale, brutale, méchante. Sur moi. Vidé de toute pensée pertinente, je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le coeur battant de ma vie, mon coeur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair. Mélina s'apprêtait à sortir de l'enfance pour délivrer au monde la poitrine inconnue qui naissait sous sa petite robe fauve. Et moi, je sortais à peine d'un âge où quelques mois plus tôt, j'aurais encore bénéficié, j'en étais certain, de la grâce nécessaire pour capturer l'attention de cette jeune beauté, suspendue dans son élan romantique. Mais à l'instant où elle souriait en prononçant au ralenti le mot "bonjour", je savais qu'il en était autrement. L'espace-temps s'était ouvert sur le reflet des dents de Mélina. Et la petite panoplie de mon identité obsolète disparaissait aussitôt, engloutie dans le rose inédit et le mouvement liquide de ses lèvres.
Mélina, prénom grec. Meli, melitos. Le miel. Dans un an, deux ans, quand le feu monterait en tournoyant de son bassin jusqu'à ses joues, je ne serais plus qu'un vieux. Un vieux à ses yeux. Un lointain monsieur. Elle n'était pas encore là et je n'étais déjà plus là. Son futur, à jamais, ignorerait le mien. Dans le rôle du jeune homme, j'étais foutu. Mélina venait de ranimer une braise tout au fond de moi, au fond du labyrinthe de mon être engourdi où se cachait encore un petit garçon de son âge. Mais l'adulte immobile et bien trop civilisé que j'étais devenu n'était plus en mesure de jouir comme avant, sans présomption et sans remords, du brasier des sensations fortes de l'enfance. Pas plus qu'il ne m'était donné d'assumer les lendemains d'un incendie de bois mort. C'était le début et la fin.
C'est à ce moment mauvais que je fis la rencontre de Mélina. Elle était la fille d'Anne Menclore, une amie d'amis. Mélina était une enfant âgée de seulement 12 ans et jamais auparavant, je ne l'avais remarqué. Anne rejoignit la table ensoleillée où nous déjeunions en terrasse avec mes amis, et Mélina l'accompagnait. Je compris bien plus tard où le drame allait se nouer: dans le balancement des bras de l'enfant, dans sa façon de tourner la tête vers la rue, dans le réflexe de ses doigts grattant son épaule. Il émanait de Mélina une beauté orientale, solaire et piquante dont le spectacle m'inondait de plaisir autant qu'il s'enroulait durement autour de ma gorge. Ce tourbillon des détails les plus minuscules de son attitude était un cadeau empoisonné par une émotion violente et crue. En réalité, j'avais perdu toute clairvoyance et sans le comprendre dans l'instant, je contemplais une féerie particulière, les prémisses d'une explosion primordiale. L'efflorescence de cette fillette au seuil de la nubilité. Et maintenant en compagnie du diable, j'allais revivre dans sa pureté la plus cruelle cette émotion que j'avais abandonnée avec la faillite de mon enfance.
Un bourdonnement de chaleur m'envahit de la tête aux pieds. Le zénith incandescent avait chassé de la terrasse les gorgées d'air frais que mes poumons réclamaient et la table du déjeuner me semblait soudain plus vaste et mes amis tout autour plus petits, plus loin. À l'évidence, j'étais bien seul à me dissoudre en contemplation. Mélina attrapa une chaise. Elle glissa ses mains derrière ses cuisses et fit courir le tissu de sa robe en se baissant pour s'asseoir. Ses cheveux se balancèrent avec bonheur de chaque côté de son visage, ouvrant un rideau sur une expression mélangée de délice et de désinvolture. Et son regard brillant et sans-gêne parcouru le public.
Dans le ciel bleu de midi, la foudre tomba, amorale, brutale, méchante. Sur moi. Vidé de toute pensée pertinente, je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le coeur battant de ma vie, mon coeur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair. Mélina s'apprêtait à sortir de l'enfance pour délivrer au monde la poitrine inconnue qui naissait sous sa petite robe fauve. Et moi, je sortais à peine d'un âge où quelques mois plus tôt, j'aurais encore bénéficié, j'en étais certain, de la grâce nécessaire pour capturer l'attention de cette jeune beauté, suspendue dans son élan romantique. Mais à l'instant où elle souriait en prononçant au ralenti le mot "bonjour", je savais qu'il en était autrement. L'espace-temps s'était ouvert sur le reflet des dents de Mélina. Et la petite panoplie de mon identité obsolète disparaissait aussitôt, engloutie dans le rose inédit et le mouvement liquide de ses lèvres.
Mélina, prénom grec. Meli, melitos. Le miel. Dans un an, deux ans, quand le feu monterait en tournoyant de son bassin jusqu'à ses joues, je ne serais plus qu'un vieux. Un vieux à ses yeux. Un lointain monsieur. Elle n'était pas encore là et je n'étais déjà plus là. Son futur, à jamais, ignorerait le mien. Dans le rôle du jeune homme, j'étais foutu. Mélina venait de ranimer une braise tout au fond de moi, au fond du labyrinthe de mon être engourdi où se cachait encore un petit garçon de son âge. Mais l'adulte immobile et bien trop civilisé que j'étais devenu n'était plus en mesure de jouir comme avant, sans présomption et sans remords, du brasier des sensations fortes de l'enfance. Pas plus qu'il ne m'était donné d'assumer les lendemains d'un incendie de bois mort. C'était le début et la fin.
solean- Nombre de messages : 6
Age : 59
Localisation : North by Northwest
Date d'inscription : 04/06/2010
Re: Le début et la fin
Et son regard brillant et sans-gêne parcourut le public.
Un texte que je trouve superbe ! Une langue fluide, agréable et un thème
émouvant, forcément émouvant. La beauté de l'enfance quand elle va être quittée, le temps, ce qu'il fait de nous, le désir qui nous traverse parfois à contre-courant.
Bienvenue sur Vos écrits !
Un texte que je trouve superbe ! Une langue fluide, agréable et un thème
émouvant, forcément émouvant. La beauté de l'enfance quand elle va être quittée, le temps, ce qu'il fait de nous, le désir qui nous traverse parfois à contre-courant.
Bienvenue sur Vos écrits !
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Le début et la fin
Le dernier paragraphe est superbe ! Avant, je trouve que le texte s'enlise un peu, que votre écriture tournicote, complique inutilement les choses, peine à trouver la clarté qui illumine ce dernier paragraphe. Je cite ci-dessous une phrase qui me paraît typique de ce point de vue.
Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !
Mes remarques :
« jamais auparavant, (pourquoi une virgule ici ?) je ne l'avais remarquée (Mélina) »
« où le drame allait se nouer: » : typographie, une espace avant les deux points
« son regard brillant et sans-gêne parcourut le public »
« je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le cœur battant de ma vie, mon cœur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair » : je trouve le style de cette phrase trop chargé, trop fleuri, limite mièvre
Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !
Mes remarques :
« jamais auparavant, (pourquoi une virgule ici ?) je ne l'avais remarquée (Mélina) »
« où le drame allait se nouer: » : typographie, une espace avant les deux points
« son regard brillant et sans-gêne parcourut le public »
« je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le cœur battant de ma vie, mon cœur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair » : je trouve le style de cette phrase trop chargé, trop fleuri, limite mièvre
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Perso, le sujet me met particulièrement mal à l'aise. Sinon, l'écriture est en effet du côté grandiloquent et précieux(un exemple parmi tant d'autres, le premier sur lequel je tombe : Le deux qui soutenait avec légèreté mon âge depuis une décennie venait de tomber, glissant sous le socle d'un trois assez solennel et bourgeois.), tout en me faisant cependant l'effet d'être assez naturelle, je veux dire sans recherche consciente d'affèterie. En tout cas, cette particularité apporte au texte une force, une profondeur qui ne font que renforcer mon trouble de lectrice. Et finalement je crois que j'aime assez, surtout la lucidité du personnage, telle qu'elle nous est donnée à comprendre.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Merci pour vos commentaires et corrections.
@Rebecca : C'est le tout premier texte que je poste dans un forum d'écriture. Par superstition de comptoir, je crois au pouvoir magique d'une première réaction. La tienne est positive et touchante. Je la pose sur le bar et j'offre une tournée. Merci pour ton accueil !
@socque : Ta remarque est pertinente. Je cherche à sécher mon style mais le naturel me rattrape au galop. Il est si plaisant de se tartiner des jolis mots sur de bonnes tranches de métaphores et de les bouffer jusqu'à en perdre le plus élémentaire discernement. Celui qui ne manque jamais au lecteur...
@Easter(Island) : Tu indiques le fait que le sujet te mets mal à l'aise et c'est très intéressant. Quel est le sujet pour toi ? Pour moi il est : Qui est sexué, qui ne l'est pas ? A quel moment de la vie un individu en vient-il à acquérir une dimension, une identité sexuelle aux yeux d'un autre individu et/ou de la société ? A quel moment entre-t-il en possession d'une charge érotique ? Et que se passe-t-il quand tel autre individu en est privé ?
Les enfants ne sont pas exactement sexués (sauf aux yeux de malades ou de déviants). Les personnes âgées pas vraiment non plus. Mais les obèses ne le sont guère davantage... Une belle jeune fille se surprendra rarement à fantasmer dans le bus sur un jeune homme de 160 kg, ou sur un homme svelte mais marqué par la laideur ou la pauvreté. Toute cette population est comme transparente. D'un point de vue de séduction, elle n'est généralement pas envisagée. On ne la voit pas.
Et probablement chacun a vécu ou vivra un jour dans son intimité ce drame, cette exclusion. Et cet événement peut arriver même à quelqu'un de jeune, beau et brillant. C'est ce dont j'avais envie de parler dans ce texte.
@Rebecca : C'est le tout premier texte que je poste dans un forum d'écriture. Par superstition de comptoir, je crois au pouvoir magique d'une première réaction. La tienne est positive et touchante. Je la pose sur le bar et j'offre une tournée. Merci pour ton accueil !
@socque : Ta remarque est pertinente. Je cherche à sécher mon style mais le naturel me rattrape au galop. Il est si plaisant de se tartiner des jolis mots sur de bonnes tranches de métaphores et de les bouffer jusqu'à en perdre le plus élémentaire discernement. Celui qui ne manque jamais au lecteur...
@Easter(Island) : Tu indiques le fait que le sujet te mets mal à l'aise et c'est très intéressant. Quel est le sujet pour toi ? Pour moi il est : Qui est sexué, qui ne l'est pas ? A quel moment de la vie un individu en vient-il à acquérir une dimension, une identité sexuelle aux yeux d'un autre individu et/ou de la société ? A quel moment entre-t-il en possession d'une charge érotique ? Et que se passe-t-il quand tel autre individu en est privé ?
Les enfants ne sont pas exactement sexués (sauf aux yeux de malades ou de déviants). Les personnes âgées pas vraiment non plus. Mais les obèses ne le sont guère davantage... Une belle jeune fille se surprendra rarement à fantasmer dans le bus sur un jeune homme de 160 kg, ou sur un homme svelte mais marqué par la laideur ou la pauvreté. Toute cette population est comme transparente. D'un point de vue de séduction, elle n'est généralement pas envisagée. On ne la voit pas.
Et probablement chacun a vécu ou vivra un jour dans son intimité ce drame, cette exclusion. Et cet événement peut arriver même à quelqu'un de jeune, beau et brillant. C'est ce dont j'avais envie de parler dans ce texte.
solean- Nombre de messages : 6
Age : 59
Localisation : North by Northwest
Date d'inscription : 04/06/2010
Re: Le début et la fin
Très beau texte mais qui me met également mal à l'aise. Pour toi ton texte traite de "Qui est sexué, qui ne l'est pas ?" pour moi ce n'est pas forcément ce qui ressort en premier.
Plutôt un regain d'amertume sur une jeunesse qui n'est plus. Je pense cela vu que c'est ce dont tu traites pleinement dans ton premier paragraphe.
J'aime ton écriture fluide, certaines phrases sont un peu longue à mon goût. Par exemples :
"Mais semaine après semaine, l'absence de cette jeune décimale toute en panache, renversée en l'espace d'une nuit, distillait une nostalgie qui remontait par capillarité dans les fondations altérées de ma conscience"
"Vidé de toute pensée pertinente, je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le coeur battant de ma vie, mon coeur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair"
Il y a des phrases très joliment trouvées et tournées ( "Le deux qui soutenait avec légèreté mon âge depuis une décennie venait de tomber, glissant sous le socle d'un trois assez solennel et bourgeois." ).
Plutôt un regain d'amertume sur une jeunesse qui n'est plus. Je pense cela vu que c'est ce dont tu traites pleinement dans ton premier paragraphe.
J'aime ton écriture fluide, certaines phrases sont un peu longue à mon goût. Par exemples :
"Mais semaine après semaine, l'absence de cette jeune décimale toute en panache, renversée en l'espace d'une nuit, distillait une nostalgie qui remontait par capillarité dans les fondations altérées de ma conscience"
"Vidé de toute pensée pertinente, je regardai cette enfant jeter son insouciance dans le coeur battant de ma vie, mon coeur soudain projeté en arrière et fixé par une dague en charge de me transmettre un message clair"
Il y a des phrases très joliment trouvées et tournées ( "Le deux qui soutenait avec légèreté mon âge depuis une décennie venait de tomber, glissant sous le socle d'un trois assez solennel et bourgeois." ).
evaetjean- Nombre de messages : 408
Age : 44
Localisation : Entre ici et nulle part...
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Le début et la fin
Un joli texte. Pour ce qui est du sujet, rien ne me gêne — mais ne suis-je pas le première homme à commenter ? Alors peut-être…
Je rejoins socque à propos du style, il faudrait épurer pour plus de pertinence et pour augmenter l'impact.
Je rejoins socque à propos du style, il faudrait épurer pour plus de pertinence et pour augmenter l'impact.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le début et la fin
J'ai trouvé ton texte très intéressant. Pour le style, le côté baroque peut-être à mon sens une qualité comme un défaut. Je crois que si tu veux sécher ça, tu risques de sécher tout court. En écrivant beaucoup, à mon avis, ça devrait se fondre dans le simple plaisir d'écrire. En attendant, à ta place, je ne ferais pas attention et privilégierais le plaisir.solean a écrit:@Easter(Island) : Tu indiques le fait que le sujet te mets mal à l'aise et c'est très intéressant. Quel est le sujet pour toi ? Pour moi il est : Qui est sexué, qui ne l'est pas ?
J'ai eu du plaisir à te lire parce que j'ai trouvé du style et du caractère.
Pour le sujet, c'est intéressant. Mais sur le fond, je trouve le thème balbutié.
Pour moi, la position est convenue en ce sens que le personnage est "politiquement correct" et "consensuellement coupable". je veux dire qu'il n'est pas présenté comme capable de passer à l'acte (cf les personnages de Nabokov qui passent à l'acte et se damnent, Camera Obscura est un exemple emblématique, plus encore que Lolita). et puis, sans passer à l'acte, il se sent coupable : de vieillir, de désirer une enfant, d'être fasciné par l'interdiction.
Voila ce qui me dérange un peu sur le fond : le fait que la question posée du vieillissement soit enfermée dans une nostalgie du passé, un regret de non avenir, plutôt que dans un avenir plein de promesses (donc érotique).
Selon moi, qui ai largement passé la quarantaine, je peux te dire que c'est un âge où il est vraiment trop tôt pour renoncer. D'ailleurs, il est toujours trop tôt pour renoncer. Quand à croire que les enfants, les vieillards et les obèses n'ont pas de sexualité, c'est bien mal connaître la vie !
Voilà. Mais le seul fait que tu m'aies fait penser au délicieux Vladimir Nabokov est dans ma bouche un immense compliment.
Dernière chose : ton titre. Le début de la fin ! J'aurai préféré "Début", tout court.
"Je ne croyais pas que celà puisse encore m'arriver : quelle joie, quelle souffrance !"
Alors qu'il est si simple de comprendre que l'acte étant socialement répréhensible, il est bien sage de prendre alors plaisir à se noyer "dans la claire pureté d'un visage" (comme dit Barthe qui, homo, adorait contempler les jeunes filles) et d'attendre six ans ! 36 ans et 18 ans, c'est socialement acceptable ! Et puis d'ici là, ton personnage sera certainement passé à autre chose car si la gamine n'a pas décidé de le capturer, il va se lasser très vite. C'est simple au fond. Encore une fois, ce sujet est traité à fond par Nabokov.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Bien leché. En tant que deuxième homme, j'objecte que les enfances ne sont probablement pas si sexuées que vous semblez le déclarer. Je fais la moue à votre commentaire qui amalgame la corpulance, l'état de santé et l'ésthétique. C'est très léger tout-ça, très obtu.
La nouvelle se lit bien, le contenu me déplait, je n'ai plus beaucoup de tolérance pour ces circonvolutions autour du désir, de la séduction, allez faire un tour à Pattaya, on y rencontre ces gens un peu hors d'âge, qui questionnent leur capacité à retrouver leur pouvoir d'appel sur les jeunes filles aux seins naissants. Notre héro est tellement sur de lui, de son bon droit, du bien fondé de sa mélancolie, de sa nostalgie. Il me fait penser aux vieux de Pattaya, oui, qui sont à la recherche du temps perdu, encore, parce que la période qui s'est intercallée entre le début et la fin à été d'une pauvreté remarquable ou une succession d'echecs. J'aime bien Clémanceaux, il avait bien "lu" cette pourriture romantique à venir dans les sociétés modernes intelligentes et instruites : de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation. J'ai beaucoup aimé le texte, par ailleurs, le style correspond à mes attentes de lecteur en rythme, en stylistique. J'espère vous lire bientôt sur un autre thème et bienvenue sur VE.
La nouvelle se lit bien, le contenu me déplait, je n'ai plus beaucoup de tolérance pour ces circonvolutions autour du désir, de la séduction, allez faire un tour à Pattaya, on y rencontre ces gens un peu hors d'âge, qui questionnent leur capacité à retrouver leur pouvoir d'appel sur les jeunes filles aux seins naissants. Notre héro est tellement sur de lui, de son bon droit, du bien fondé de sa mélancolie, de sa nostalgie. Il me fait penser aux vieux de Pattaya, oui, qui sont à la recherche du temps perdu, encore, parce que la période qui s'est intercallée entre le début et la fin à été d'une pauvreté remarquable ou une succession d'echecs. J'aime bien Clémanceaux, il avait bien "lu" cette pourriture romantique à venir dans les sociétés modernes intelligentes et instruites : de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation. J'ai beaucoup aimé le texte, par ailleurs, le style correspond à mes attentes de lecteur en rythme, en stylistique. J'espère vous lire bientôt sur un autre thème et bienvenue sur VE.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Alors ça, c’est vraiment l’enfer pavé de bonnes intentions mon cher Pandawork (qui triche évidemment sur son age, 20 ans, mon œil !)pandaworks a écrit: (…) Il me fait penser aux vieux de Pattaya, oui, qui sont à la recherche du temps perdu, encore, parce que la période qui s'est intercallée entre le début et la fin à été d'une pauvreté remarquable ou une succession d'echecs. J'aime bien Clémanceaux….
Il faut bien distinguer le vieux pervers baveux qui appartiennent à la faune des fréquenteurs de prosttuées (qui consomment les enfants comme une marchandise) des respectables vieilllards qui se font séduire par des gamines perverses. Ce sont deux sujets différents : “L’ange Bleu”, “La femme et le Pantin”, “Lolita”, évidemment. Je ne sais plus dans quel film du décalogue de Kiesovski il y a une enfant qui harcèle son propre père… qui à bien du mal à résister. C’est un autre thème me semble-t-il. On est d’accord, les vieux déguelasses sont déguelasses. Mais de là à considérer que tout est comparable à cette seule réalité, c’est une vision morbide et réductrice.
Quand à Clémanceaux je ne sais pas qui c’est. Est-ce de Clémenceaux que tu veux parler : je ne savais pas qu’il était une référence en matière d’analyse sociale futuriste (rire).
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Ben, en fait, il l'est , c'est surprenant, pour un militaire hein ?
Sinon, j'ai fait un commentaire adressé à un adulte, je pense qu'il peut prendre note de ce que je dis sans problèmes.
Sinon, j'ai fait un commentaire adressé à un adulte, je pense qu'il peut prendre note de ce que je dis sans problèmes.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
@evaetjean : Effectivement, je mentionne le sujet "qui est sexué, qui ne l'es pas ?" et je le traite davantage par sa conséquence : un homme jeune déstabilisé dans son pouvoir de séduction et qui prend conscience des limites inéluctables que lui impose le temps. Il est "avalé" par la nostalgie pour amortir le choc.
@Narbah : Je voulais un personnage assez convenu et politiquement correct, assujetti par le carcan moral qui nous contraint tous, à divers degrés. il n'a en aucun cas le panache suicidaire du héros de Nabokov (Je te remercie pour cette allusion que je savoure avec l'humilité du jeune poussin auquel j'ai pensé hier soir en mangeant des oeufs brouillés.)
@pandaworks : En traitant de la naissance chez un individu de son identité sexuelle au yeux des autres, je sais que je pose le pied sur un terrain miné. Mais l'intérêt est d'aborder ici ce sujet fondamental sous l'angle de la création littéraire.
En tant que citoyen, et en tant qu'adulte et parent, je condamne sans ambiguïté et avec force tout abus quel qu'il soit ou tout comportement équivoque à caractère sexuel commis par un adulte sur un enfant. Il s'agit d'une atteinte à l'intégrité de l'individu qui aura des conséquences dévastatrices sur la suite de son existence. Et en cela il est essentiel de mon point de vue que ces comportements soient considérés par toute personne responsable et par la société comme criminels. De même, pour leur sécurité, je tente d'apprendre à mes enfants à discerner les agissements éventuellement dangereux pour eux afin qu'ils soient en mesure de s'en défendre.
Maintenant, que peut-on raconter de la nature humaine et de son intimité sur ce sujet ? Ces noeuds dramatiques de l'existence sont particulièrement riches et il est bon d'écrire là-dessus. L'enjeu est primordial et nous concerne tous. A la fin de son enfance, l'être humain est emporté, qu'il le veuille ou non, dans le jeu féroce de la sexualité, et il doit composer avec ce bouleversement et le trouble qu'il engendre. Tout comme il lui faut assumer la reconfiguration du monde qui l'entoure en fonction de cette nouvelle donne. Il est donc intéressant de l'évoquer, tout comme il est vital de ne pas laisser le déni faire son hold-up sur cette part infernale (et tout en paradoxes) de nous-même.
Merci à tous pour vos remarques.
@Narbah : Je voulais un personnage assez convenu et politiquement correct, assujetti par le carcan moral qui nous contraint tous, à divers degrés. il n'a en aucun cas le panache suicidaire du héros de Nabokov (Je te remercie pour cette allusion que je savoure avec l'humilité du jeune poussin auquel j'ai pensé hier soir en mangeant des oeufs brouillés.)
@pandaworks : En traitant de la naissance chez un individu de son identité sexuelle au yeux des autres, je sais que je pose le pied sur un terrain miné. Mais l'intérêt est d'aborder ici ce sujet fondamental sous l'angle de la création littéraire.
En tant que citoyen, et en tant qu'adulte et parent, je condamne sans ambiguïté et avec force tout abus quel qu'il soit ou tout comportement équivoque à caractère sexuel commis par un adulte sur un enfant. Il s'agit d'une atteinte à l'intégrité de l'individu qui aura des conséquences dévastatrices sur la suite de son existence. Et en cela il est essentiel de mon point de vue que ces comportements soient considérés par toute personne responsable et par la société comme criminels. De même, pour leur sécurité, je tente d'apprendre à mes enfants à discerner les agissements éventuellement dangereux pour eux afin qu'ils soient en mesure de s'en défendre.
Maintenant, que peut-on raconter de la nature humaine et de son intimité sur ce sujet ? Ces noeuds dramatiques de l'existence sont particulièrement riches et il est bon d'écrire là-dessus. L'enjeu est primordial et nous concerne tous. A la fin de son enfance, l'être humain est emporté, qu'il le veuille ou non, dans le jeu féroce de la sexualité, et il doit composer avec ce bouleversement et le trouble qu'il engendre. Tout comme il lui faut assumer la reconfiguration du monde qui l'entoure en fonction de cette nouvelle donne. Il est donc intéressant de l'évoquer, tout comme il est vital de ne pas laisser le déni faire son hold-up sur cette part infernale (et tout en paradoxes) de nous-même.
Merci à tous pour vos remarques.
solean- Nombre de messages : 6
Age : 59
Localisation : North by Northwest
Date d'inscription : 04/06/2010
Re: Le début et la fin
Voila un bel exemple d'un fil qu'il faudrait déplacer ailleurs, je persiste : les disussions nuisent a l'autonomie d'un texte
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 60
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le début et la fin
Pour une fois qu'on parle du contenu (forme et fond) d'un texte !Yali a écrit:Voila un bel exemple d'un fil qu'il faudrait déplacer ailleurs, je persiste : les disussions nuisent a l'autonomie d'un texte
Ce sont des critiques constructives me semble-t-il, avec un auteur qui répond et argumente.
Je trouve au contraire que c'est très bien.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
Alors dans ce cas, il faut rouvrir le fil "Réponses" ?!!!!!! J'y perds mon vélien, moi !Yali a écrit:Voila un bel exemple d'un fil qu'il faudrait déplacer ailleurs, je persiste : les disussions nuisent a l'autonomie d'un texte
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
moi c'est ça http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-poesie-f3/bof-t6949.htm#223302 qui me donne envie de débloquer le fil REPONSES AUX COMMENTAIRES...Easter(Island) a écrit:Alors dans ce cas, il faut rouvrir le fil "Réponses" ?!!!!!! J'y perds mon vélien, moi !Yali a écrit:Voila un bel exemple d'un fil qu'il faudrait déplacer ailleurs, je persiste : les disussions nuisent a l'autonomie d'un texte
C'est vrai qu'ici on atteint presque le même niveau.
.
Re: Le début et la fin
Pour la poésie "Bof" de Henri D, entièrement d'accord. Mais pas ici...
De manière générale, je suis quand même pour la réouverture du fil "Réponses aux commentaires" qui laisse une bien plus grande marge de manœuvre... Là, on est comme contraint à ne rien dire de peur de remonter son précieux texte.
De manière générale, je suis quand même pour la réouverture du fil "Réponses aux commentaires" qui laisse une bien plus grande marge de manœuvre... Là, on est comme contraint à ne rien dire de peur de remonter son précieux texte.
Invité- Invité
Re: Le début et la fin
y en a à qui ça fait pas peur, crois-moialex a écrit:Là, on est comme contraint à ne rien dire de peur de remonter son précieux texte.
tions et badinages
Mais il y a un fil qui se nomme conversations et badinage et qui offre en plus l'avantage que les auteurs participent à la vie du site : exo, reflexion…Easter(Island) a écrit:Alors dans ce cas, il faut rouvrir le fil "Réponses" ?!!!!!! J'y perds mon vélien, moi !Yali a écrit:Voila un bel exemple d'un fil qu'il faudrait déplacer ailleurs, je persiste : les disussions nuisent a l'autonomie d'un texte
Yali- Nombre de messages : 8624
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Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le début et la fin
Tu ne penses pas que ça risque de se perdre au milieu de tout le blabla ? Pire encore que dans le cas d'un fil de réponses aux commentaires ?Yali a écrit:Mais il y a un fil qui se nomme conversations et badinage et qui offre en plus l'avantage que les auteurs participent à la vie du site : exo, reflexion…
pas simple...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
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