MST 2: 2001: La cravate de l'espace
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MST 2: 2001: La cravate de l'espace
Richard se lève à 7h12, chaque jour de la semaine, et ce depuis vingt-deux ans. Ses journées sont réglées comme du papier à musique. Richard est employé de banque, c’est dire si la routine, ça le connaît. Il est guichetier. Chez Rothschild & Cie, s’il vous plait. Et Richard estime que la couleur de ses cravates doit être à la hauteur de la réputation de l’établissement. Alors chaque matin, il choisit avec minutie, en fonction de son humeur du jour et des cours de la bourse. Et donc, systématiquement, c’est au moment où Jean-Pierre Gaillard entame sa chronique quotidienne et débite sa litanie d’indices et cotations que Richard opte pour la cravate bleue mer du sud, verte réséda ou jaune bouton d’or.
Richard est heureux. Enfin il croit. A vrai dire, il ne se pose pas tellement la question. Il existe et c’est déjà pas si mal.
Un matin de juin 2001, Richard se lève, à 7h12, comme tous les jours, appuie machinalement sur le bouton « on » de la machine à expresso, comme tous les jours, se douche, s’habille, attend l’intervention de Jean-Pierre Gaillard pour choisir sa cravate, attend toujours, attend encore…
Il suffit de pas grand-chose parfois : une chronique qui ne vient pas, jamais, disparue, engloutie… et c’est toute une vie qui bascule.
Richard en reste comme deux ronds de flan : Jean-Pierre Gaillard évincé, balayé, détrôné, ça s’est jamais vu. Pas de cours, pas d’indices aujourd’hui, juste un flash info spécial : On aurait découvert un nouveau satellite en orbite autour de la terre. Ou quelque chose comme ça. Richard n’écoute que d’une oreille. La vie des astéroïdes il s’en fiche, des extra-terrestres aussi. Et c’est bien de ça dont il s’agit. Le journaliste lui apprend qu’une forme de vie aurait été détectée sur le satellite en question. Ou l’astéroïde. Il sait pas. Sait plus. Richard est perdu.
Tout le petit monde de la cosmologie est en branle, les scientifiques sont perplexes, les adeptes de Raël frôlent l’apoplexie et Richard reste scotché. Scotché devant son armoire à cravates. Sans les cours du jour, il peut pas choisir, n’y arrive pas. Il bloque. Débloque. En sort une, la jette, une autre, pareil, et vide frénétiquement le contenu de la penderie sur la moquette. Il n’en reste qu’une, tout au fond. Ce sera celle-là.
Et Richard part travailler, sans même éteindre la machine à café, avec autour du cou plein de petits Mickeys qui se baladent sur la cravate que sa fille, Alice – 10 ans, lui a offerte pour la fête des pères.
Il aime conduire, il aime regarder la ville. Même si ce n’est jamais plus qu’avec un œil distrait. Imagine cette vieille trop maquillée ou ce petit couple sourire-aux-lèvres se préparer à venir ouvrir un compte ou faire un dépôt à son guichet.
Parfois, il imagine même la jolie blonde qui passe venir l’interroger sur un plan épargne et lui, lui proposer une soirée en tête à tête pour tout lui expliquer. Lui expliquer comment il a déjà mis pas mal de côté dans sa vie amoureuse.
Mais là, Richard n’y pense pas. Il y a quelque chose qui cloche dans son environnement proche. Il n’en revient tout simplement pas de partager son rétroviseur avec Mickey.
Sur sa droite, il aperçoit qu’on s’attroupe face à un magasin d’électroménagers, que sur les écrans de télévision, LCD ou Plasma multi promotionnels, un homme fait repasser un spaghetti par sa narine sur l’un et, sur un autre, se succèdent des photos satellites infra-rouges entrecoupées du visage d’un homme grisonnant aux lunettes monture écaille que Richard trouve de très mauvais goût.
Montures-écaille est remplacé par une manifestation anti-mondialisation. Enfin, c’est ce qu’il suppose.
Rien d’anormal, quoi.
Alors Richard regarde de nouveau devant lui, le feu est orange. Il serait déjà passé au vert ? Ca devait être pour ça, les coups de klaxons.
Ca doit être pour ça aussi que quelqu’un frappe à sa vitre, ouvre la portière, s’assoit sur le siège passager et que ce quelqu’un, plutôt semblable à une quelqu’une, porte un bandeau violet sur la tête.
Richard (et Mickey ne semble pas le contredire) préfère se dire que c’est pour ça.
Richard est heureux. Enfin il croit. A vrai dire, il ne se pose pas tellement la question. Il existe et c’est déjà pas si mal.
Un matin de juin 2001, Richard se lève, à 7h12, comme tous les jours, appuie machinalement sur le bouton « on » de la machine à expresso, comme tous les jours, se douche, s’habille, attend l’intervention de Jean-Pierre Gaillard pour choisir sa cravate, attend toujours, attend encore…
Il suffit de pas grand-chose parfois : une chronique qui ne vient pas, jamais, disparue, engloutie… et c’est toute une vie qui bascule.
Richard en reste comme deux ronds de flan : Jean-Pierre Gaillard évincé, balayé, détrôné, ça s’est jamais vu. Pas de cours, pas d’indices aujourd’hui, juste un flash info spécial : On aurait découvert un nouveau satellite en orbite autour de la terre. Ou quelque chose comme ça. Richard n’écoute que d’une oreille. La vie des astéroïdes il s’en fiche, des extra-terrestres aussi. Et c’est bien de ça dont il s’agit. Le journaliste lui apprend qu’une forme de vie aurait été détectée sur le satellite en question. Ou l’astéroïde. Il sait pas. Sait plus. Richard est perdu.
Tout le petit monde de la cosmologie est en branle, les scientifiques sont perplexes, les adeptes de Raël frôlent l’apoplexie et Richard reste scotché. Scotché devant son armoire à cravates. Sans les cours du jour, il peut pas choisir, n’y arrive pas. Il bloque. Débloque. En sort une, la jette, une autre, pareil, et vide frénétiquement le contenu de la penderie sur la moquette. Il n’en reste qu’une, tout au fond. Ce sera celle-là.
Et Richard part travailler, sans même éteindre la machine à café, avec autour du cou plein de petits Mickeys qui se baladent sur la cravate que sa fille, Alice – 10 ans, lui a offerte pour la fête des pères.
Il aime conduire, il aime regarder la ville. Même si ce n’est jamais plus qu’avec un œil distrait. Imagine cette vieille trop maquillée ou ce petit couple sourire-aux-lèvres se préparer à venir ouvrir un compte ou faire un dépôt à son guichet.
Parfois, il imagine même la jolie blonde qui passe venir l’interroger sur un plan épargne et lui, lui proposer une soirée en tête à tête pour tout lui expliquer. Lui expliquer comment il a déjà mis pas mal de côté dans sa vie amoureuse.
Mais là, Richard n’y pense pas. Il y a quelque chose qui cloche dans son environnement proche. Il n’en revient tout simplement pas de partager son rétroviseur avec Mickey.
Sur sa droite, il aperçoit qu’on s’attroupe face à un magasin d’électroménagers, que sur les écrans de télévision, LCD ou Plasma multi promotionnels, un homme fait repasser un spaghetti par sa narine sur l’un et, sur un autre, se succèdent des photos satellites infra-rouges entrecoupées du visage d’un homme grisonnant aux lunettes monture écaille que Richard trouve de très mauvais goût.
Montures-écaille est remplacé par une manifestation anti-mondialisation. Enfin, c’est ce qu’il suppose.
Rien d’anormal, quoi.
Alors Richard regarde de nouveau devant lui, le feu est orange. Il serait déjà passé au vert ? Ca devait être pour ça, les coups de klaxons.
Ca doit être pour ça aussi que quelqu’un frappe à sa vitre, ouvre la portière, s’assoit sur le siège passager et que ce quelqu’un, plutôt semblable à une quelqu’une, porte un bandeau violet sur la tête.
Richard (et Mickey ne semble pas le contredire) préfère se dire que c’est pour ça.
Re: MST 2: 2001: La cravate de l'espace
Voilà. Je suis vraiment, vraiment désolée pour ce retard, et pour m'être si peu manifestée. Pas trop ma volonté.
Merci pour m'avoir évité l'humiliation des coups de bâton. ;-)
Merci pour m'avoir évité l'humiliation des coups de bâton. ;-)
Re: MST 2: 2001: La cravate de l'espace
Une suite qui coule de source. Le décalage entre Richard et les évènements est mené d'une manière intelligente même si je crains qu'au fil des épisodes, le personnage ne prenne une dimension "jobarde" trop poussée (mais ça c'est ma faute sans doute...)
Je regrette aussi un peu que tu n'aies pas pris davantage de risques dans cette suite mais en même temps, c'est peut-être l'une des conditions indispensable à une homogénéité d'ensemble.
Je regrette aussi un peu que tu n'aies pas pris davantage de risques dans cette suite mais en même temps, c'est peut-être l'une des conditions indispensable à une homogénéité d'ensemble.
Re: MST 2: 2001: La cravate de l'espace
Qu'entends-tu par là? Nous, on trouve en tout cas que le personnage nous est plus que jamais présenté avec une sorte de condescendance, qui nous gêne un peu. Sinon c'est vif, comme ton début -mêmes qualités et mêmes défauts, pourrait-on dire. La personne qui prendra la suite n'aura pas la tâche facile car ce genre de récit, au bout du compte, dépend entièrement de l'inventivité narrative dont sauront faire preuve ses auteurs...Krystelle a écrit:une dimension "jobarde" trop poussée.
Re: MST 2: 2001: La cravate de l'espace
oui, oui, ça coule de source et le personnage, surtout l'ambiance se dessinent un peu plus.
quelques phrases en début de suite n'auraient pas passé le test d'une relecture à tête reposé, mais dans l'ensemble j'aime bien cette suite.
Pour le détail, il manque peut-être la répétition de "richard" (employée à bon escient dans la première partie) pour conserver la distanciation vis à vis de l'action et du personnage.
quelques phrases en début de suite n'auraient pas passé le test d'une relecture à tête reposé, mais dans l'ensemble j'aime bien cette suite.
Pour le détail, il manque peut-être la répétition de "richard" (employée à bon escient dans la première partie) pour conserver la distanciation vis à vis de l'action et du personnage.
grieg- Nombre de messages : 6156
Localisation : plus très loin
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: MST 2: 2001: La cravate de l'espace
Une suite qui se différencie pas mal du début, mais ce n'est bien sûr que mon avis...
Dans le premier texte, j'envisageais, à tort peut-être, Richard comme un être froid, dans le sens mécanique, routinier. A cause de son boulot, à cause de ses petites manies, à cause de sa manière de s'en remettre à autrui pour le choix de sa cravate, par exemple.
Or dans la suite, on démarre avec un Richard présenté comme quelqu'un d'empathique, attentif et soucieux des autres, ça ne cadre plus avec l'idée que je m'en faisais.
Il manque aussi une dimension importante quand il est dans la rue: celle de la panique et de l'excitation. Les gens sont certes agglutinés mais sans plus. Pourtant, c'est une nouvelle qui a fait l'effet d'une bombe, au point d'annuler la sacro-sainte chronique boursière. Là encore, rupture avec l'image donnée dans le texte précédent.
Enfin, la distance très présente dans le premier texte me manque dans le second, le personnage n'est plus présentée en acteur de fond autour de qui tout évolue mais en acteur de premier plan qui va intervenir et diriger. A voir donc comment ça peut évoluer par la suite et quel choix devra être fait pour cadrer ou recadrer.
Dans le premier texte, j'envisageais, à tort peut-être, Richard comme un être froid, dans le sens mécanique, routinier. A cause de son boulot, à cause de ses petites manies, à cause de sa manière de s'en remettre à autrui pour le choix de sa cravate, par exemple.
Or dans la suite, on démarre avec un Richard présenté comme quelqu'un d'empathique, attentif et soucieux des autres, ça ne cadre plus avec l'idée que je m'en faisais.
Il manque aussi une dimension importante quand il est dans la rue: celle de la panique et de l'excitation. Les gens sont certes agglutinés mais sans plus. Pourtant, c'est une nouvelle qui a fait l'effet d'une bombe, au point d'annuler la sacro-sainte chronique boursière. Là encore, rupture avec l'image donnée dans le texte précédent.
Enfin, la distance très présente dans le premier texte me manque dans le second, le personnage n'est plus présentée en acteur de fond autour de qui tout évolue mais en acteur de premier plan qui va intervenir et diriger. A voir donc comment ça peut évoluer par la suite et quel choix devra être fait pour cadrer ou recadrer.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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