Songes d’hiver

La porte grande ouverte à mes songes d’hiver
Laisse entrer doucement quelques froids moribonds
D’une nuit toute blanche. Et la sombre lumière
Du matin endormi m’éveille pour du bon.

La chambre est triste, le lit somnolant, ombrés
Comme un chant évanoui au dur klaxon du vent
Qui claque, qui claque contre le paravent
De ces rêves grisés et ces larmes figées.

Tout défait ! Tout fixe ! immobile !- C’est la mort…
-Non, l’hiver ! Et ainsi fait, j’ouvre la fenêtre,
Je l’ouvre toute grande et j’ouvre plus encore
Au loin, car la gelée glisse jusqu’aux hêtres !

Je ne peux que penser, je ne peux que maudire.
Et je m’assois sans but à laisser le vent faire
Derrière la fenêtre, à laisser le vent faire
Et contempler aussi ce que je crois maudire.

Et bien sûr, je le sais. Par hasard, je le vois
Traînant dans la forêt, mêlé à la gelée
Aux nuages glacés, aux ombres envoûtés.
Et bien sûr, je l’entends ! Sans bruit, mais je l’entends !
C’est le temps…

Et vous, l’entendez-vous ? Et vous, le voyez-vous
Etendre son calvaire ? Cette face endort
Sous l’apparence pourpre d’une tendre aurore.

Mais l’hiver est bien rude et le temps qui le cause
Est, lui, bien trop étroit. Il ne sait que passer
Toujours trop long, trop vite, il ne sait qu’engendrer,
Toujours trop court pourtant. Prendra-t-il une pause ?...

Oui ! Car, voyez ! : Hêtres morts, la nuit aussi clair
Que le matin naissant, l’après-midi pareil
À chaque instant, pareil ! Avec le froid mobile
Au dessus de mon lit ; et cette vieille horloge :
Son aiguille immobile.

Mais quel calme ! rien ne bouge, rien ne luit ! Presque
Qu’encore un peu j’aurais cru que rien ne vit…
Si ce n’est cet hiver que dessine ma fresque
Encore et encore, si ce n’est cet hiver
Cet hiver que je vis.

La porte grande ouverte à mes songes d’hiver
Laisse entrer doucement quelques froids moribonds
D’une nuit toute blanche. Et la sombre lumière
Du matin endormi m’éveille pour du bon.

Les répétitions qui scandent le poème lui donnent un aspect psalmodique qui finalement colle bien au sens des vers. Néanmoins, à l’issue de la lecture, je me sens un peu assommée par le poids des redites et la morosité du thème.
D’autre part, si quelques images sortent un peu du lot, il me semble que tes vers restent, pour la plupart, englués dans un imaginaire collectif qui manque d’audace.

Tu traites ce thème classique de manière manquant un peu de personnalité: c'est-à-dire qu'il manque un petit quelque chose d'émotion, un petit plus dans le traitement;
par contre - et c'est le plus important - tu maîtrises parfaitement la forme et tu n'écris pas de manière niaise. C'est sobre, clair, mesuré, formellement net. Continue dans ce sens tout en t'appropriant le thème!!

Dommage pour l'emploi du mot klaxon qui heurte quelque peu mon oreille.

Sinon que dire, si ce n'est que j'aime beaucoup le lyrisme et le classicime que tu as insufflés à ton texte. Je ne sais pas si techniquement c'est parfait, je n'ai pas compté les vers ni les pieds, j'ai juste humé cette mélodie qui se dégage de ton texte et ça me plaît. Un petit côté triste comme chez certains poètes du 19e lorsqu'ils évoquent leur mal-être, avec de l'emphase et une sonorité agréable.