Du bout des doigts

Du bout des doigts

C'est enfin du dedans
Que je verrai le monde,
Déchiffrant sa substance
Au regard de mes doigts,
Quand mes yeux finiront.

Elle rôde alentour
la ténèbre écarlate,
Comme un fleuve en silence inondant les reliefs,
Et le ciel à l'envers y noiera l'infini
De ses bleus inutiles.

Les formes et couleurs ne me seront assaut,
Dans ce donjon sans faille
Où veillent les aveugles.
Je n'aurai des lumières que leur goût sur ma peau,
Quand mes yeux finiront.

Qu'il me tarde d'enfouir en l'humus de vos corps
Mon regard en racine
Et vous étreindre alors,
Délivré des surfaces,
Caressant la beauté en me souvenant d'elle.

Poignant ! Une grande dignité. Bravo.

Magnifique.

Je ne sais pas trop commenter ce texte, excusez-moi.

C'est enfin du dedans
Que je verrai le monde,
Déchiffrant sa substance
Au regard de mes doigts,
Quand mes yeux finiront.

-> tout est dit. C'est à la fois extrêmement explicite et extrêmement poétique. Un sens de la formule ébouissant. Bravo

Superbe, Hellian, on ne peut que s'incliner avec respect devant un tel renoncement. On sent une telle envie de vivre au delà du handicap que l'émotion se teinte d'admiration.

J'ai particulièrement aimé ces deux alexandrins:

Je n'aurai des lumières que leur goût sur ma peau

Caressant la beauté en me souvenant d'elle.

A la fois sensible et percutant
c'est du grand Hellian !
Je n'aime pas un passage en particulier, j'aime tout cet ensemble, sa délicatesse, son harmonie

Je me joins au concert de louages : c'est vraiment de toute beauté. Une composition de haute volée.

Autant, en effet, rentrer dans le sombre qui nous guette sans s'aveugler, je n'aurais pas mieux dit sur la " chambre obscure ".

la prochaine fois qu'on me demande ce qu'est la gravité, je citerai ce texte

merci Héllian

J'ai beaucoup aimé.

Paradoxalement (?), un poème serein et plein d'avenir. Compensation ?

Joli titre.

Touchée par l'évocation de cette beauté palpable...

Hellian, ton poème est d'une beauté inouïe. Poignant, sobre, humain. Forme simple, pure, irréprochable.
Oh, comme je comprends les interrogations qu'il exprime !
Une de mes grand-mères est devenue aveugle. Enfant, j'étais cruellement intriguée par cette particularité pour moi aberrante.
Toutefois, j'avais l'impression qu'elle avait un œil au bout de chaque doigt tant elle était devenue habile.
Titre tout à fait adéquat.
Merci pour ce partage. Je suis bouleversée.

Très difficile pour moi de commenter ce beau texte...
Depuis que j'ai 22 ans, je sais que c'est ce qui m'attend aussi. Chaque visite chez l'ophtalmo... :-/

Poignant. Et pourtant, léger ... Merci .

Je suis touchée par la beauté simple et poignante de cette plainte si pudique, Hellian.

Je suis revenue plusieurs fois depuis que tu as posté ce texte, sans savoir que dire... touchant, fort, et dur aussi.

Bonjour Hellian,

Je trouve très beau votre poème.
Je suis gênée cependant par le rythme de votre dernière strophe.
Je pense que cela a été volontaire de votre part mais "Délivré des surfaces" pour moi reste trop en suspension, et, du coup, j'ai l'impression que le dernier vers doit avec trop d'effort se raccrocher au wagon...

Voici ce que j'aurais fait :
"Qu'il me tarde d'enfouir
en l'humus de vos corps
Mon regard en racine délivré des surfaces,
Caresser la beauté, et vous étreindre alors,
En me souvenant d'elle."

en essayant d'y penser vraiment, j'imagine que ce doit être encore bien plus terrible de cesser de voir que de n'avoir jamais vu
superbe

Un beau texte, élégant et sobre.

Commentaires élogieux mais mérités.
Rares sont tes textes qui ne me donnent pas un goût âpre...

Un poème touchant et une dernière strophe magnifique.

quand la beauté tragique se pare d'élégance et de froide lucidité

mais surtout derrière les mots il ya un homme de tripes et de sang à qui on a envie de mettre la mettre sur l'épaule, comme un papillon d'amitié

et pourtant seuls les mots nous ont fait nous croiser


Embellie a bien fait de me parller de ton texte

ascenceur...pour la beauté pure

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