Les ombres du portemanteau
3 participants
Page 1 sur 1
Les ombres du portemanteau
C’est la lumière qui a tout fait flancher. Pour un chasseur illuminé, c’est à se demander si celle-ci n’a pas pris le dessus sur son petit jeu.
Au départ, il s’amusait à exciter ce léger plaisir, toujours plus loin, toujours prêt à renverser l’équilibre : les ombres ont contaminé tout son espace de protection. Celui qu’il s’était forcé à établir à la base, afin de maintenir une stabilité apaisante et nécessaire à son bien-être. À force, elles, qui matérialisaient sa silhouette, se sont emparées de toute sa personne. Elles ont alors réveillé en lui un combat manichéen perpétuel.
Au début de cette métamorphose, il y a cette part de lui-même, imperceptible et pourtant bien présente. Elle, qui s’arrache de son propre corps, pour sauter sur l’autre. Lui broyer les yeux, l’embrasser si violemment que le sang s’en dégage. Les larmes et la salive se mélangent formant, goutte à goutte l’image de ce personnage sale et rongé de l’intérieur. Son image, la véritable, celle de lui- même, celle que personne ne connaît, celle qu’il n’avouera jamais, celle qu’il est vraiment. Celle qui vibre et résonne en lui, chaque jour plus puissante, malgré toute l’énergie et la force qu’il réunit péniblement pour la dissimuler. Celle qui lui impose de vivre dans l’opprobre d’un souillon dévasté par la peur. La peur de lui- même. Lui, cet étranger à lui-même.
Il est, ils sont, tout en un, l’un vaillant, l’autre dissident. Et puis, il tâche d’oublier celui qui le nargue plein de malice, qui l’angoisse et qu’il espère réellement ne pas être : l’ombre de son mal-être. L’ombre, il l’accrochera sur son portemanteau, afin de gommer l’esquisse de ce qu’il est. Peut-être, détaché d’elle, arrivera-t-il à répondre à ce qu’il souhaite devenir ?
Rapidement, l’espace temps devient indéfinissable. Autour de lui, tout se consume, mais en lui, rien ne change : l’angoisse reste présente, tenace et menaçante. S’il laissait parler son lui rationnel, celui-ci lui dirait qu’à plusieurs, ils sont plus forts contre cette conspiration. Mais, contradictions après acceptations, de lui ou des autres ? Il n’y comprend plus rien, se perd parmi eux, si nombreux autour de lui, et se sent pourtant bien seul. Et, malgré lui, c’est cette solitude qui le pousse à revenir peu à peu. À saisir son ombre, au moment où il s’aperçoit que, sur les multiples barreaux du portemanteau, il avait déjà accroché toutes les autres.
Le besoin fait face à l’appréhension, les gestes surpassent le désir ; elles sont là, toutes, à l’appeler, le culpabiliser, sans elles il n’est plus rien. Juste lui ? Lui seul. Cela serait sûrement plaisant. Mais « seul » est un mot trop fort. Alors il s’en empare brusquement, animé par un sentiment plus vigoureux que son angoisse et s'enveloppe de ces gaines indétectables d’un passé un peu trop présent.
Et encore une fois ils, elles reviennent. Comment les caractériser ? Des êtres ou des ombres, des entités organiques ou des chimères ? Surtout dérangeantes et pourtant bien indispensables. Ce n’est pas un simple portemanteau qui l’en débarrassera.
Aujourd’hui, s’il n’a pas encore tout à fait compris, et tel est le plus grand tourment de ce malheur, ce qu’il a toutefois admis c’est qu’il a le devoir de faire un choix. Un choix plus qu’affligeant. Abandonner ce qui le compose, ce qui fait de lui un tout, ou ce qui fait de ce tout un être embrouillé, mais unique ?
Abandonner implique rester dans la peur, la peur de ne jamais les retrouver, celle du délaissement. Il peut aussi rester comme il est et admettre que la seule peur qui pourrait le hanter serait cette dernière et que garder l’essence de sa personne ferait de lui un être moins malheureux qu’un décomposé.
Évidemment, le choix est fait depuis longtemps, il a choisi de ne pas faire de choix, de peur d’avoir peur.
Au départ, il s’amusait à exciter ce léger plaisir, toujours plus loin, toujours prêt à renverser l’équilibre : les ombres ont contaminé tout son espace de protection. Celui qu’il s’était forcé à établir à la base, afin de maintenir une stabilité apaisante et nécessaire à son bien-être. À force, elles, qui matérialisaient sa silhouette, se sont emparées de toute sa personne. Elles ont alors réveillé en lui un combat manichéen perpétuel.
Au début de cette métamorphose, il y a cette part de lui-même, imperceptible et pourtant bien présente. Elle, qui s’arrache de son propre corps, pour sauter sur l’autre. Lui broyer les yeux, l’embrasser si violemment que le sang s’en dégage. Les larmes et la salive se mélangent formant, goutte à goutte l’image de ce personnage sale et rongé de l’intérieur. Son image, la véritable, celle de lui- même, celle que personne ne connaît, celle qu’il n’avouera jamais, celle qu’il est vraiment. Celle qui vibre et résonne en lui, chaque jour plus puissante, malgré toute l’énergie et la force qu’il réunit péniblement pour la dissimuler. Celle qui lui impose de vivre dans l’opprobre d’un souillon dévasté par la peur. La peur de lui- même. Lui, cet étranger à lui-même.
Il est, ils sont, tout en un, l’un vaillant, l’autre dissident. Et puis, il tâche d’oublier celui qui le nargue plein de malice, qui l’angoisse et qu’il espère réellement ne pas être : l’ombre de son mal-être. L’ombre, il l’accrochera sur son portemanteau, afin de gommer l’esquisse de ce qu’il est. Peut-être, détaché d’elle, arrivera-t-il à répondre à ce qu’il souhaite devenir ?
Rapidement, l’espace temps devient indéfinissable. Autour de lui, tout se consume, mais en lui, rien ne change : l’angoisse reste présente, tenace et menaçante. S’il laissait parler son lui rationnel, celui-ci lui dirait qu’à plusieurs, ils sont plus forts contre cette conspiration. Mais, contradictions après acceptations, de lui ou des autres ? Il n’y comprend plus rien, se perd parmi eux, si nombreux autour de lui, et se sent pourtant bien seul. Et, malgré lui, c’est cette solitude qui le pousse à revenir peu à peu. À saisir son ombre, au moment où il s’aperçoit que, sur les multiples barreaux du portemanteau, il avait déjà accroché toutes les autres.
Le besoin fait face à l’appréhension, les gestes surpassent le désir ; elles sont là, toutes, à l’appeler, le culpabiliser, sans elles il n’est plus rien. Juste lui ? Lui seul. Cela serait sûrement plaisant. Mais « seul » est un mot trop fort. Alors il s’en empare brusquement, animé par un sentiment plus vigoureux que son angoisse et s'enveloppe de ces gaines indétectables d’un passé un peu trop présent.
Et encore une fois ils, elles reviennent. Comment les caractériser ? Des êtres ou des ombres, des entités organiques ou des chimères ? Surtout dérangeantes et pourtant bien indispensables. Ce n’est pas un simple portemanteau qui l’en débarrassera.
Aujourd’hui, s’il n’a pas encore tout à fait compris, et tel est le plus grand tourment de ce malheur, ce qu’il a toutefois admis c’est qu’il a le devoir de faire un choix. Un choix plus qu’affligeant. Abandonner ce qui le compose, ce qui fait de lui un tout, ou ce qui fait de ce tout un être embrouillé, mais unique ?
Abandonner implique rester dans la peur, la peur de ne jamais les retrouver, celle du délaissement. Il peut aussi rester comme il est et admettre que la seule peur qui pourrait le hanter serait cette dernière et que garder l’essence de sa personne ferait de lui un être moins malheureux qu’un décomposé.
Évidemment, le choix est fait depuis longtemps, il a choisi de ne pas faire de choix, de peur d’avoir peur.
Autrement- Nombre de messages : 9
Age : 36
Date d'inscription : 28/12/2009
Re: Les ombres du portemanteau
Le sujet est archi-rebattu, selon moi, et la manière dont vous le déclinez, trop didactique, trop brutale à mon goût, pas assez subtile, ne fait pas grand-chose pour éveiller mon intérêt. L'idée d'ombres de soi-même au portemanteau est pas mal, mais pourquoi en expliciter les tenants et aboutissants ? Je pense que cela alourdit.
Par exemple : « Abandonner ce qui le compose, ce qui fait de lui un tout, ou ce qui fait de ce tout un être embrouillé, mais unique ? » Quelle tarte à la crème ! Plutôt que de balancer cette question à la tête de votre lecteur, je pense qu'il serait bien plus intéressant de l'amener à se la poser lui-même, ou à comprendre que c'est celle que se pose le narrateur...
Vous êtes inscrit(e) depuis longtemps sur Vos Écrits, mais je ne vous avais pas encore commenté(e). Bienvenue, à vous lire bientôt !
P.S. : vos accents circonflexes sont bizarres ; si vous avez du mal à les appliquer dans votre traitement de texte, vous pouvez récupérer les ê î ô û â à gauche de chacun de mes messages, à la rubrique "Localisation".
Mes remarques :
« celle de lui-même (et non « lui- même ») »
« La peur de lui-même (et non « lui- même ») »
« l’espace-temps (trait d’union) devient indéfinissable »
Par exemple : « Abandonner ce qui le compose, ce qui fait de lui un tout, ou ce qui fait de ce tout un être embrouillé, mais unique ? » Quelle tarte à la crème ! Plutôt que de balancer cette question à la tête de votre lecteur, je pense qu'il serait bien plus intéressant de l'amener à se la poser lui-même, ou à comprendre que c'est celle que se pose le narrateur...
Vous êtes inscrit(e) depuis longtemps sur Vos Écrits, mais je ne vous avais pas encore commenté(e). Bienvenue, à vous lire bientôt !
P.S. : vos accents circonflexes sont bizarres ; si vous avez du mal à les appliquer dans votre traitement de texte, vous pouvez récupérer les ê î ô û â à gauche de chacun de mes messages, à la rubrique "Localisation".
Mes remarques :
« celle de lui-même (et non « lui- même ») »
« La peur de lui-même (et non « lui- même ») »
« l’espace-temps (trait d’union) devient indéfinissable »
Invité- Invité
Re: Les ombres du portemanteau
Salut.
Effectivement, c'est très didactique, et plutôt indigeste.
Par contre, les phrases sont assez bien tournées, et quelques effets sont intéressants.
il a choisi de ne pas faire de choix, de peur d’avoir peur.-> par exemple
Effectivement, c'est très didactique, et plutôt indigeste.
Par contre, les phrases sont assez bien tournées, et quelques effets sont intéressants.
il a choisi de ne pas faire de choix, de peur d’avoir peur.-> par exemple
Invité- Invité
Re: Les ombres du portemanteau
Bonne écriture, mais j'ai trouvé le tout un peu lourd.
Sober- Nombre de messages : 48
Age : 43
Localisation : Montréal, Canada
Date d'inscription : 16/09/2010
Re: Les ombres du portemanteau
Merci pour vos réponses.
C'est vrai que je manque souvent de subtilité. Je vais tâcher de m’essayer à quelque chose de plus simple. Des phrases plus courtes seraient déjà un bon début je suppose ? Socque et vincent M., qu’entendez-vous par « didactique » ? Dans le sens trop « explicatif » ou bien « pompeux » ?
Alors à bientôt !
Et merci socque pour les accents.
C'est vrai que je manque souvent de subtilité. Je vais tâcher de m’essayer à quelque chose de plus simple. Des phrases plus courtes seraient déjà un bon début je suppose ? Socque et vincent M., qu’entendez-vous par « didactique » ? Dans le sens trop « explicatif » ou bien « pompeux » ?
Alors à bientôt !
Et merci socque pour les accents.
Autrement- Nombre de messages : 9
Age : 36
Date d'inscription : 28/12/2009
Re: Les ombres du portemanteau
Pour moi, c'est trop explicatif, trop explicite. Trop solennel, peut-être, aussi, mais cela me gêne moins, ça dépend de la manière de dire, du ton que l'auteur veut employer. Trop explicatif, cela ressort de la stratégie d'écriture, comment amener le lecteur dans son histoire.
Invité- Invité
Re: Les ombres du portemanteau
Pardon : "cela ressortit à la stratégie d'écriture", je me suis rappelé après avoir écrit mon commentaire les deux conjugaisons de ressortir.
Invité- Invité
Re: Les ombres du portemanteau
Ce serait pas mal d'entretenir une plus grande part de mystère et de ne pas en dire autant. L'écriture agréable et soignée s'y prêterait sans soucis, il s'agit avant tout d'un traitement appliqué à une idée déjà vue. L'originalité doit dès lors se placer dans la manière de narrer les choses puisque le reste est connu. Plus de mystère donc mais aussi de suggestivité, une évocation plus subtile que cette narration que je trouve un brin pesante.
Il n'est pas simplement question d'attirer le lecteur et de maintenir son attention éveillée (parce qu'alors, tel quel, c'est déséquilibré) mais aussi de lui ouvrir une porte afin que ces ombres, il les vive aussi, à sa façon. ici, on lui met la petite cuillère dans la bouche et il ne peut qu'avaler ce qu'on lui donne sans même faire une grimace. Dommage mais réversible.
Il n'est pas simplement question d'attirer le lecteur et de maintenir son attention éveillée (parce qu'alors, tel quel, c'est déséquilibré) mais aussi de lui ouvrir une porte afin que ces ombres, il les vive aussi, à sa façon. ici, on lui met la petite cuillère dans la bouche et il ne peut qu'avaler ce qu'on lui donne sans même faire une grimace. Dommage mais réversible.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum