Un soir

La bise s'essouffle à perte d'espoir
et fermant les poings des blancs néfliers
elle fait pleurer sa mandore noire
dans les bras de l'arbre... et le fait pleurer
à perte d'espoir.
 
Ce chant semble-t-il vient de chez les morts
tant il est navrant et mélancolique
l'air qui vient plaquer ses rauques accords
sur l'arbre perclus... et dont la musique
s'en vient de chez les morts.
 
Le soir alourdi d'une larme veuve
cherche le recours des yeux de la nuit
le vent se souvient et l'arbre s'abreuve
au sanglot du soir... qui suspend le fruit
d'une larme veuve.

Poème grave, un peu noir, mais dont j'aime la mélancolie.
Une petite remarque : à la fin de la 2ème strophe, j'enlèverais "s'en" pour avoir juste le nombre de pieds nécessaire.
Une broutille. Tout le reste me plait vraiment beaucoup.

J'aime énormément ! Toute une ambiance en quelques mots simples... Comme embellie, j'aurai un bémol sur le dernier vers de la deuxième strophe.

Magnifique. Grave, et pourtant... je le trouve si vivant à la fois. Tu aurais dû choisir le jour de la Toussaint pour le poster.

Oui vraiment très beau, j’aime beaucoup cette mélancolie très sombre.

On entend autant qu'on voit. C'est bien de saison.
Une grosse préférence pour la deuxième strophe.

Comme une complainte d'outre-tombe. Glaçant. Donc réussi.

Un rythme parfait, des images magnifiques qui traduisent avec une élégance infinie la mélancolie du poème. J'aime tout particulièrement cette répétition en fin de strophe qui substitue l'hexamètre à l'alexandrin en rompant la monotonie de celui-ci et accentuant l'image. Vraiment un très beau poème.
(Je pense que le s'en a échappé à une ultime correction, ça arrive !)

Beau poème, comme on l'à déjà dit. Mais j'ai été gêné par la répétition première rime de la strophe/dernière rime de la strophe. Peut-être que certains trouvent que ça renforce le côté lancinant du rythme... tant pis pour moi.

Pincées comme les cordes de la mandore dans les bras de l'arbre, la mort!
J'ai aimé jusqu'aux frissons!
Ce texte nous ramène tous à la sève de l'arbre.

On se laisse pleurer avec ces mots et ce rythme envoutant.

Merci aux "anciens" et nouveaux pour vos commentaires et conseils à la néophyte en poésie que je suis.
Clin d'oeil à Embellie !
Oui Arielle, le copié/collé est "piégeux", j'en fais regulièrement l'expérience, incorrigible que je suis...

Superbe.

Quel superbe texte, Croisic !
Une beau dramatisme que tu déclines avec des répétitions dosées à point et une technique qui donne pas mal de résonnance à l'ensemble. Vraiment séduite. Merci !

Le jeu des personnifications laisse entrevoir un paysage état d'âme bouleversant marqué par la perte de l'être cher que suggère la dédicace du titre. Le champ lexical de l'ouïe ("bise", "mandore", "l'air", "plaquer", "rauques accords", "musique", "le vent", "sanglot") suggère, entre douceur ("fait pleurer") et violence ("vient plaquer"), les divers degrés d'intensité du souvenir. L'arbre semble bien symboliser ici la locutrice qui égrène ("dans les bras") un chapelet extrêmement douloureux ("perclus"), indispensable au travail de deuil ("s'abreuve"). La violence de la perte s'éprouve en particulier au vers 2 où les arbres en fleurs, au printemps ("blancs néfliers", image probable d'autres êtres chers perdus prématurément) sont renvoyés à la clôture de l'hiver ("fermant les poings"). Ce qui rend cette douleur particulièrement poignante au lecteur, c'est l'image de ce fruit suspendu, incapable, pour l'instant, d'atteindre le mûrissement, analogie probable au chagrin profond que l'on porte longtemps en soi sans parvenir à y poser les mots qui apaisent. Il en va de même pour la métonymie ("larme veuve") qui souligne l'étendue immense de la peine ressentie. La personnification "yeux de la nuit" semble désigner le sommeil sous la forme d'un oracle ("recours") capable de donner des clés, de soulager, à sa manière, ce puits de souffrance.

one more time jfmoods !
tu fais de la spéléo c'est ça ?
tu te mets au diapason, des fois que tu serais passé à côté de certaines perles...
(euh, fouille dans mon catalogue, y'a des trucs pas mal non plus ah ah ah)
Bon je ne suis pas CROISIC, c'est sûr, mais je travaille, je travaille ))))

là, je suis en phase avec ce texte que j'épouse et fais mien.
je me pacse avec lui, et je prends tout.
c'est mon univers, ma langue...
rien à dire d'autre.