Des mots

Des mots
des mots
des mots
des ripailles de mots
rongés jusqu'au noyau
à s'y casser les dents
Trouer l'amer
l'amande
pour en téter l'azur
pour narguer le futur qui nous guette au tournant

Des mots
des mots
des mots
éclusés tord-boyau
qui grincent dans les os
et poussent des racines
sous nos ongles grouillants

Des mots cogne-au-carreau
en poignées de gravier qui réveillent
ivres-mots
des muffées de torpeur

des mots même-pas-peur
mots rumeur
mots tumeur
et des points sur les hanches
pour frimer fier-à-bras
en dégoisant encore
juste avant d'être à sec

En tout dernier ressort
pour la route
… un bon mot
juste avant que la mort nous tire par la manche
en nous clouant le bec

Le thème a fortement tendance à m'agacer, et le traitement ne me convainc pas... pas pour moi cette fois, désolée.

Je dirais pareil que Procuste, même si le rythme est assez séduisant.

Je trouve que sur deux ou trois strophes il y a vraiment de belles sonorités, des tournures bien trouvées. Hélas, j'ai l'impression de l'avoir lu dejà cent fois, ce texte.

Mon avis rejoint celui des autres commentateurs.
J'aimais assez le rythme également, bien que certaines choses m'agacent (la répétition de "des mots" notamment).

Eh bien personnellement j'aime ce rythme, aussi échevelé que la cadence à laquelle les mots viennent envahir l'esprit à longueur de vie. A cet égard, ces vers me plaisent tout particulièrement :

Des mots cogne-au-carreau
en poignées de gravier qui réveillent
ivres-mots
des muffées de torpeur

J'aime aussi les "mots tumeur" mais regrette l'absence de "mots tueurs". Ils sont partout ces mots, envahissants, jusque "sous nos ongles grouillants". Oui, ça m'a plu - sans me renverser.

A l'exception de la dernière strophe qui s'essouffle un peu, j'ai apprécié la "virevoltance" de l'ensemble (ça se dit ça? Heu... sans doute que non :-)
Je trouve que le tourbillon des mots est joliment mis en valeur par ce rythme soutenu et que les répétitions font ressortir pas mal d'éléments intéressants, qui donnent du corps et du charme au poème. Les mots deviennent palpables, êtres à part entière, bâtisseurs d'un tout qui leur échappe, quoi qu'il en soit.
Et puis, il y a quelques associations bien trouvées, pertinentes, des mots qui se marient et dessinent toutes sortes d'images sans qu'il faille trop en dire.