Lettre chair

lettre chair

L’anarchiste et l’acharné
S’amusent de l’alternance
Des consonnes de l'aîné
Aux mots le masque et l’assonance

À l'aube arrive l’abbé
Accompagné d'abondance
L'adolescent adoubé
De s'amie désire accointance

La rieuse ambiguïté
Les joies de l'ambivalence
Conjurent l'absurdité
Des démons de l'appartenance

Rien pané cette fois, j'ai eu l'impression d'un jeu gratuit sur les sonorités...

Agréable à lire mais manque un peu de chair à mon goût cette fois !

La longueur m'a pourtant parue fort juste (par réaction aux précédents commentaires).
C'est un poème d'honnête qualité ; il s'engage dès le premier vers à s'imager lui-même et le fait par l'intermédiaire d'un rythme vif, d'allitérations et d'assonances pointues.
Tu aurais cependant pu exploiter davantage l'image de l'abbé qui arrive à l'aube en choisissant un autre verbe que celui "d'accompagner"
Cette seconde strophe, quoiqu'agréable à lire manque de logique dans sa construction.
En revanche pour les deux strophes qui l'entourent je n'ai rien à dire, la troisième strophe est particulièrement forte.

Me vient à l'esprit : " L'habit ne fait pas le moine "
Je ne comprends pas le titre.

Puisque le texte est en haut j'en profite pour répondre

Le titre: évidemment une homophonie sur l'être cher; mais aussi de sous entendus sur le verbe et la chair, la chair et l'esprit, l'esprit et la lettre... enfin le titre à proprement parler du poème qui est un délire (que j'ai voulu joyeux) dont les mots (=lettre) , sont les personnages (=chair).

Cette comédie raconte que les mots se cherchent des compagnons, par voisinage de sens ou de son. 1° strophe, 2 frères qui rigolent parce que l'ainé a mis sa culotte à l'envers (ou sa chemise, ou ses chausettes)
2° strophe, un abbé qui s'amène bras dessus bras dessous avec une madame abondance et un jeune puceau qui voudrait bien amener sa miss au collage.

Les mots comme les gens s'avancent masqués, on n'est jamais sûr de tenir quelque chose. Appartenance est aussi à double sens: ce qu'on croit posséder (mon coeur, mon amour, ma poésie), ce dont on s'imagine être partie (mon pays, mon groupe).

Un poème qui appelle plus d'explication qu'il ne contient de vers, doit il être tenu pour raté?

A mon humble avis, une grande aisance, de grandes qualités, mais très obscur. Raté ? Qui pourrait bien le dire ? Pas moi en tous cas.

embellie a écrit:Me vient à l'esprit : " L'habit ne fait pas le moine "
Je ne comprends pas le titre.

L'aube de l'abbé -> l'aube est un habit liturgique aussi. Il y avait peut-être un jeu de mot supplémentaire à faire ? Et avait la "coule" du moine, encore plus ^^

Moi j'ai bien aimé l'exercice, le problème étant qu'au niveau du sens, on pense qu'il s'agit de quelque chose d'anti-clérical ou au contraire d'anti-anarchiste, et ce n'est pas par là qu'il faut regarder. Du coup, selon moi, tout tombe à l'eau. Dommage

L'extrême concision de ce texte est cause, à mon avis, de la difficulté de compréhension.
Je ne le tiens pas pour raté, on pouvait l'apprécier ne serait-ce que pour le travail sur les sonorités, mais j'avoue que je le comprends mieux après explications, et qu'en fait il se révèle beaucoup plus riche.
Et il est vrai que deux mots aux sens forts et opposés, anarchiste et abbé, pouvaient nous aiguiller vers de fausses pistes.
Ah, l'écriture n'est pas une mince affaire !

Un sentiment de trop-plein dans ce poème, de là à parler de raté il y a de la marge.
De manière assez paradoxale, je me suis sentie enfermée par l'auteur sur un chemin de lecture qui me laissait peu de liberté et en même temps je n'avais pas assez d'éléments pour comprendre le message. Mais, c'est surtout cette impression de devoir suivre un raisonnement tracé qui me pose problème dans un poème.

Ce poème a été très critiqué, je l'ai largement retravaillé, c'est pourquoi je m'autorise à y revenir aujourd'hui. Que dit la modération?
*
lettre chair +

L’anarchiste et l’angélus
Sont proches dans le lexique
Où « adieu » recouvre « à plus »
D'un sombre masque académique

Devant eux passe l’abbé
Accompagné d'abondance
Quand le sens est dérobé
L'imagination entre en danse

La rieuse ambiguïté
Les joies de l'ambivalence
Conjurent l'absurdité
Des démons de l'appartenance
***

J'ai gardé l'idée de faire représenter l'ambiguïté et l'ambivalence du langage (ambi=deux) par des couples de mots.
Mais j'ai clairement exposé que la proximité de ces couples est uniquement lexicographique (anarchiste/acharné a disparu, donc plus d'assonnance), et clairement exposé qu'il ne faut pas chercher un jugement dans ces rapprochements.
Certains ont voulu y voir une critique antireligieuse, je répète que ce n'est pas le cas: que l'abbé amène avec lui l'abondance c'est plutôt mieux que la pénurie, non?

Oui, là je comprends mieux... Le sujet me paraît sans grand intérêt ; vous le déclinez avec élégance, mais je crois avoir lu infiniment mieux de vous. Un bon rythme, dansant.

Je préfère de loin la spontanéité de la première version. Pourquoi vouloir donner forcément un sens à la poésie ? La musique formée par les associations de mots peut être suffisante.

Ah, je préfère aussi la première version.

J'ai pas mal de réticence à commenter un poème, tellement cette forme de poésie me semble du domaine du "subjectif", de l'intime (celui de l'auteur, mais aussi celui du lecteur suivant sa perception propre)

J'ai les deux versions pour les déclinaisons en A, et Ah ! que je préfère la première ! plus spontanée (il me semble) où les sonorités se jouent du sens premier ou caché. Tandis que le deuxième me semble un exercice imposé plus laborieux(que je ne trouve pas très heureux).

Je suis en haut, j'en profite!
C'est amusant de voir que les corrections que j'ai apportées suite aux critiques de quelques uns, déplaisent à quelques autres!
Moi je ne sais plus laquelle choisir, j'ai déjà supprimé la première dans mes archives perso... mais finalement je suis contente de la rerouver sur le forum.

Procuste (ou Socque je crois qu'il s'agit de la même personne...) vos critiques me touchent particulièrement, mais en somme ai-je raison d'en tenir compte?

P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non... ce que je dis correspond à mes attentes de lectrice, qui ne sont pas forcément en adéquation avec ce que vous avez voulu faire comme auteur. Je pense que ce serait une grave erreur de vouloir plaire à tout le monde (cf. Le meunier, son fils et l'âne) ! Si ce que vous disent les lecteurs éveillent un écho en vous, oui, c'est intéressant d'en tenir compte ; sinon, vous êtes l'auteur, non ? Souveraine sur votre texte.

Ben, le problème avec Procuste, c'est qu'elle a une foutue culture et un regard vachement affuté. Elle est comme ces vieux juges malins, chargés à fond de jurisprudence et qui, du coup, se trompent rarement.