Sa femme idéale

*


Je le vois bien
il la dessine
aux creux des songes qui l’illuminent

Il la découpe dans l’azur,
lui donne la forme de ses visions
la tisse le soir de ses fêlures
pour affronter ses illusions


Dans les lagunes de la mort
il fut retenu par le temps
la désira dans le néant,
rien ne pouvait être plus fort


Contre le sort il déploya
les bannières blanches de ses folies
sa femme idéale modela
et cela lui rendit la vie


Elle l’a sauvé, l’a rassuré,
quand il sombrait vers le lointain
ce fut un astre de beauté
qui lui ouvrit des lendemains

Il la para de ses chimères
des fils d’or de ses rêves,
la fit échouer sur la grève
de son superbe imaginaire


C’était les flots qui le hantaient
c’est dans la mer qu’il l’a fit naître
dans une goutte de soleil
intraveinée de lumière verte

Depuis ce jour il ne craint plus
les miroirs troubles qui le brouillent
Car dans le fond des tourbillons
elle éternise la Passion

Et ses cascades de lumière
déversent en lui leur transparence
pour le délivrer de ses fers
lorsqu'il se perd dans la souffrance


*