La fin du début ou le début de la fin?

Aujourd’hui on se sépare, demain on va vivre un bonheur parfait, la journée suivante on va agir comme des adolescents et le dernier jour on va se croiser par hasard et tomber en amour au premier regard. Je me rappellerai toujours la surprise sur le visage de la plus belle femme que je n’ai jamais rencontrée de ma vie, celle-là même que je n’avais effectivement jamais rencontrée de ma vie, lorsque je suis allé la voir pour lui dire que c’était fini entre nous. Elle va en faire une tête demain lorsque je vais lui apporter le déjeuner au lit. Les relations aboutissent toujours à la même conclusion de toute façon. Moi, je préfère débuter par la rupture.

Je commence mes repas par le dessert, j'entame les livres à partir du dernier mot de la dernière page et j’ai eu mon doctorat avant de savoir compter jusqu’à trois. Le début fait peur, car il mène immanquablement à la fin. Je préfère encore commencer par l’inévitable et terminer par le mémorable. La plupart des gens se satisfont de leurs réalisations, car ils ont dû faire beaucoup pour y parvenir. Moi, je veux d’abord les résultats, ce qui vient avant viendra après.

Je me demande ce qui va arriver lorsque j’aurai atteint l’ultime début et qu’il me sera impossible de régresser davantage. Je ne peux pas retourner dans le ventre de ma mère tout de même, car celle-ci a déjà atteint sa fin il y a bien longtemps. Lorsque je serai arrivé à la fin du début, ou bien au début de la fin, il ne me restera qu’une chose à faire : recommencer au début ou à la fin.

Bon, ce déjeuner ne se préparera pas tout seul et ma dulcinée devrait bientôt se réveiller. J’espère qu’elle n’appellera pas la police, comme la dernière. Celle-ci c’est la bonne, je le sens. Sinon ce n’est pas grave, je peux toujours recommencer à finir. Une chose est sûre par contre, je ne finirai jamais de recommencer.

Et pour la vie c'est la même chose ? L'auteur commence par sa mort ? ;-)

Il existe un roman de Philip K. Dick qui traite de ce thème : A rebrousse-temps. Les gens y font tout à l'envers.

Que dire de ton texte ? Un bon début, mais ça finit abruptement. Ou une bonne fin, qui commence mal, à toi de voir.

Ubik.

Tiens, j'ai une petite chanson sans prétention sur le même thème...

"Ils vécurent heureux, ils eurent beaucoup d'enfants"
D'abord j'écris la fin, mais je n'sais pas comment
Dans le chapitre deux, je vais tuer les méchants
J'suis qu'un pauvre écrivain qui massacre un roman

Dans l'histoire de nos vies on ne sait que trop bien
Jamais rien n'est fini puis soudain tout s'éteint
Nos autobiographies devraient s'écrire d'abord
Mieux que par "je naquis", par "un jour je suis mort"

Bon, voilà mon roman. Pour toi j'y avais mis
Des dialogues épatants, et puis j'ai tout détruit
Oui, j'ai changé d'avis, j'ai pensé que ton rôle
Serait beaucoup plus drôle, si c'est toi qui l'écris

Me voilà en chemin vers le chapitre deux
L'intrigue, elle ne vaut rien, et le thème, il est creux
C'est l'histoire d'un humain qui essaie d'être heureux
C'est l'histoire d'un humain qui essaie d'être heureux (ad lib)



Beaucoup aimé le thème de ton texte, et certaines formules que j'ai jugées très très bonnes. Par contre, je trouve que ça retombe un peu sur le coup du dessert avant le plat principal, et sur la fin (enfin je me réfère au 4ème paragraphe, ici, fin n'est pas très logique comme appellation). Mais attention, pour moi, l'idée du 4ème paragraphe est très bonne: on sent le gars qui en a marre du précaire dans ses relations, très bien. Le problème, selon moi, c'est plutôt l'abus des formules parlées (type "bon", "ce n'est pas grave"), qui se marient mal avec les formules alambiquées de la fin du début et le retour vers le futur. Mais dans l'ensemble un bon texte, vraiment. Original.

Un texte bien dans la lignée de tes précédents, avec cette logique absurde si séduisante.

juste une remarque formalle :

Je me rappellerai toujours la surprise sur le visage de la plus belle femme que je n’ai jamais rencontrée de ma vie,

"Jamais" s'utilise ici sans la négation. Cela correspond au cas suivant : "Dans une prop. liée à un subst. désignant, sous l'effet du superl., une qualité à un degré absolu (par rapport à un ensemble de référence)". Donc : "Je me rappellerai toujours la surprise sur le visage de la plus belle femme que j'aie jamais rencontrée de ma vie,"

"formelle", évidemment.

J'ai modifié les paragraphes 2 et 3. Je vais peut-être essayé de rendre le 4e moins familier, mais le personnage se parle à lui-même, et les gens parlent ainsi, alors je verrai. Merci de vos commentaires, ils me sont très utiles.

Aujourd’hui on se sépare, demain on va vivre un bonheur parfait, la journée suivante on va agir comme des adolescents et le dernier jour on va se croiser par hasard et tomber en amour au premier regard. Je me rappellerai toujours la surprise sur le visage de la plus belle femme que j’aie jamais rencontrée de ma vie, celle-là même que je n’avais effectivement jamais rencontrée de ma vie, lorsque je suis allé la voir pour lui dire que c’était fini entre nous. Elle va en faire une tête demain lorsque je vais lui apporter le déjeuner au lit. Les relations aboutissent toujours à la même conclusion de toute façon. Moi, je préfère débuter par la rupture.

Le dernier repos fut mon premier, je commence mes repas par le dessert, j'entame les livres à partir du dernier mot de la dernière page et j’ai eu mon doctorat avant de savoir compter jusqu’à trois. Le début fait peur, car il mène immanquablement à la fin. Je préfère encore commencer par l’inévitable et terminer par le mémorable. La plupart des gens se satisfont de leurs réalisations, car ils ont dû faire beaucoup pour y parvenir. Moi, je veux d’abord les résultats, ce qui vient avant viendra après.

Lorsque je serai arrivé à la fin du début, ou bien au début de la fin, il ne me restera qu’une chose à faire : recommencer au début ou à la fin. La logique n'a aucun sens et la cohérence n'est pas rationnelle dans un monde qui a perdu le nord il y a de cela plusieurs lunes.

Bon, ce déjeuner ne se préparera pas tout seul et ma dulcinée devrait bientôt se réveiller. J’espère qu’elle n’appellera pas la police, comme la dernière. Celle-ci c’est la bonne, je le sens. Sinon ce n’est pas grave, je peux toujours recommencer à finir. Une chose est sûre par contre, je ne finirai jamais de recommencer.

Pour commencer par la fin il faut d'abord la connaitre, le début a ceci de bien qu'il permet l'infini des possibilités, pourquoi alors ne pas trancher entre les deux et choisir d'attaquer par le milieu ?

Petit texte très sympathique, rien de spécial à en dire, j'ai lu avec plaisir.

C'est un raccourci amusant, et court, ce qui ne gâte rien. Mais alors que le thème pourrait autoriser mille variations, on reste un peu sur sa faim, car la partoche sans l'altiste, ma foi, autant écouter un CD...

J'ai changé plusieurs trucs. Je crois que le texte a maintenant davantage une raison d'être et n'est pas juste là pour être là, mais je voudrais savoir si vous comprenez où j'ai voulu en venir ou s'il manque des détails pour rendre le tout cohérent. En passant, personne n'a fait la remarque alors je présume que vous êtes au courant, mais ici, le déjeuner c'est le repas du matin.


Aujourd’hui on se sépare, demain on va vivre un bonheur parfait, la journée suivante on va agir comme des adolescents et le dernier jour on va se croiser par hasard et tomber amoureux au premier regard. Je me rappellerai toujours la surprise sur le visage familier de la plus belle femme que j’aie jamais rencontrée de ma vie, celle-là même qui ne m’avait jamais rencontré de sa vie, lorsque je suis allé la voir pour lui dire que c’était fini entre nous. Elle va en faire une tête demain lorsque je vais lui apporter le déjeuner au lit. Les relations aboutissent toujours à la même conclusion de toute façon. Moi, je préfère débuter par la rupture.

Le dernier repos fut mon premier, je commence mes repas par le dessert, j'entame les livres à partir du dernier mot de la dernière page et j’ai eu mon doctorat avant de savoir compter jusqu’à trois. Le début fait peur, car il mène immanquablement à la fin. La fin fait mal, mais à partir de là, les choses ne peuvent que s’améliorer. Je préfère encore commencer par l’inévitable et terminer par le mémorable. La plupart des gens se satisfont de leurs réalisations, car ils ont dû faire beaucoup pour y parvenir. Moi, je veux d’abord les résultats, ce qui vient avant viendra après.

J’ai visité le milieu jadis, et ce que j’y ai trouvé m’a tellement plu que j’ai décidé d’y rester pendant un moment. J’y ai connu ce que certains appellent le Grand amour. L’attrait de la routine en compagnie de celle qui devait être la femme de ma vie a été plus fort que mon désir de changement et mon intérêt pour la nouveauté. J’ai passé quelques jours à me prélasser au milieu, sans bouger. Je pensais que rien n’allait changer et que j’allais pouvoir y rester pour l’éternité. C’était sans savoir que l’encroûtement dans la monotonie du quotidien représente le début de cette fatidique fin tant redoutée.

J’étais arrivé au début de la fin, il ne me restait donc plus qu’une chose à faire : recommencer au début ou à la fin. La logique n'a aucun sens et la cohérence n'est pas rationnelle dans un monde qui a perdu le nord il y a de cela plusieurs lunes.

Alors que le fil de mes pensées connait son aboutissement, je le rembobine et je réalise qu’il est l’heure d’aller faire la surprise à ma dulcinée, celle que j’ai rencontrée pour la première fois au milieu jadis, et avec qui je ne cesse de rompre avant que la routine ne nous mène à ce début si heureux. Je sais comment ça va finir, je sais comment ça a commencé, mais je ne veux pas passer à autre chose.

Pourquoi pas sur l'idée, mais je trouve le traitement un brin faiblard, par moments très lisse, presque gnagna alors qu'il pourrait se développer une cruauté bien plus forte si on exploitait cela autrement. Pas pour moi cette fois, désolée.