Exo cinéma : le jour des morts-vivants
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Exo cinéma : le jour des morts-vivants
J’ouvre les yeux, l’esprit embrumé. Perclus de crampes, je me lève avec l’aisance d’un vieillard arthritique. Un goût de cuivre dans la bouche me provoque une nausée persistante. J’ai l’impression d’avoir passé douze rounds face à Joe Frazier avec une grippe carabinée.
La rue est déserte et toutes choses abandonnées : des voitures, portières ouvertes, sont échouées sur le bitume, un landau qui ne traversera jamais le passage clouté se balade au milieu de la route, les quelques boutiques installées aux alentours présentent des vitrines rendues opaques par la poussière. Des frissons m’électrocutent. Le vent balaie les trottoirs et s’infiltre dans les fenêtres brisées des immeubles inhabités. A l’intérieur de ma boîte crânienne, une chaudière fonctionne à plein régime.
Le ciel se consume, je marche en direction de cette boule orangée couvrant l’horizon. En contre-jour, il y a l’ombre d’un homme dégingandé se déplaçant avec lenteur devant moi. Ces foutus maux de tête me surinent le cerveau. Pense à marcher. Au bout de la rue, une femme en robe de mariée traîne la jambe. Mes souvenirs s’étiolent. Ma femme que j’ai connu blonde, ou était-ce brune. Mon fils. Je ne me rappelle pas en avoir eu un. Ma femme. Quelle femme ?
Une vieille dame à l’agonie près du caniveau rampe au ralenti, se vidant de ses chairs. Mes membres se raidissent, le ciment parcourant mes veines se solidifient. Au abords d’une demeure aux colonnes blanches, un tank s’est arrêté. Un soldat inanimé paraît s’extraire de l’écoutille. Il a le bras sectionné.
Je m’éloigne de la ville et emprunte un sentier traversant une colline sur laquelle s’élève un chêne massif. Le ciel chargé s’est obscurci et de lourds nuages couvrent définitivement l’azur. L’échos de coups de feux me parviennent. Bouge ta jambe droite, puis ta gauche.
Des hommes blessés et des femmes en lambeaux m’accompagnent telle une battue vers une maison perdue en lisière de forêt. Le visage d’une blonde aux longs cheveux hirsutes est emporté par une balle. Ces enfoirés nous tirent dessus. Mes bras ne répondent plus et bougent selon leur propre volonté Les plombs fusent, les corps tombent. J’ai l’impression d’assister à un débarquement de dépressifs sous lexomile. La jambe droite, la jambe gauche. Un monticule de terre se soulève lorsque la détonation précède l’impact à mes pieds.
La peur m’a définitivement quitté et les derniers vestiges de mon humanité se dérobent. Droite, gauche. Mon visage se fige, mes lèvres s’affaissent, je crache des dents, un morceau de langue, un bout de gencive. Un goût de pourriture emplit ma bouche. Mes pieds tracent leur sillon, charriant la terre visqueuse. Je sens l’odeur de la décomposition, elle m’enivre. Mes sens s’éteignent remplacés par l’instinct. J’ai besoin de manger.
L’air claque, mon épaule recule brutalement, transpercée, semble t-il. La maison est barricadée. J’ai faim. Chaque accès est couvert de planches en bois. Je sens la chaire fraîche, elle me guide car mon corps ne m’appartient plus. Les gueules m’entourant sont putrides et dégueulasses. Nos mains se lèvent et creusent la façade renforcée du bastion, laissant à nu la lunule infectée des doigts. Un bourdonnement sourd m’enveloppe, c’est la rumeur gutturale qui s’élève et m’emporte.
Je meurs. Puis me réveille : la faim.
La rue est déserte et toutes choses abandonnées : des voitures, portières ouvertes, sont échouées sur le bitume, un landau qui ne traversera jamais le passage clouté se balade au milieu de la route, les quelques boutiques installées aux alentours présentent des vitrines rendues opaques par la poussière. Des frissons m’électrocutent. Le vent balaie les trottoirs et s’infiltre dans les fenêtres brisées des immeubles inhabités. A l’intérieur de ma boîte crânienne, une chaudière fonctionne à plein régime.
Le ciel se consume, je marche en direction de cette boule orangée couvrant l’horizon. En contre-jour, il y a l’ombre d’un homme dégingandé se déplaçant avec lenteur devant moi. Ces foutus maux de tête me surinent le cerveau. Pense à marcher. Au bout de la rue, une femme en robe de mariée traîne la jambe. Mes souvenirs s’étiolent. Ma femme que j’ai connu blonde, ou était-ce brune. Mon fils. Je ne me rappelle pas en avoir eu un. Ma femme. Quelle femme ?
Une vieille dame à l’agonie près du caniveau rampe au ralenti, se vidant de ses chairs. Mes membres se raidissent, le ciment parcourant mes veines se solidifient. Au abords d’une demeure aux colonnes blanches, un tank s’est arrêté. Un soldat inanimé paraît s’extraire de l’écoutille. Il a le bras sectionné.
Je m’éloigne de la ville et emprunte un sentier traversant une colline sur laquelle s’élève un chêne massif. Le ciel chargé s’est obscurci et de lourds nuages couvrent définitivement l’azur. L’échos de coups de feux me parviennent. Bouge ta jambe droite, puis ta gauche.
Des hommes blessés et des femmes en lambeaux m’accompagnent telle une battue vers une maison perdue en lisière de forêt. Le visage d’une blonde aux longs cheveux hirsutes est emporté par une balle. Ces enfoirés nous tirent dessus. Mes bras ne répondent plus et bougent selon leur propre volonté Les plombs fusent, les corps tombent. J’ai l’impression d’assister à un débarquement de dépressifs sous lexomile. La jambe droite, la jambe gauche. Un monticule de terre se soulève lorsque la détonation précède l’impact à mes pieds.
La peur m’a définitivement quitté et les derniers vestiges de mon humanité se dérobent. Droite, gauche. Mon visage se fige, mes lèvres s’affaissent, je crache des dents, un morceau de langue, un bout de gencive. Un goût de pourriture emplit ma bouche. Mes pieds tracent leur sillon, charriant la terre visqueuse. Je sens l’odeur de la décomposition, elle m’enivre. Mes sens s’éteignent remplacés par l’instinct. J’ai besoin de manger.
L’air claque, mon épaule recule brutalement, transpercée, semble t-il. La maison est barricadée. J’ai faim. Chaque accès est couvert de planches en bois. Je sens la chaire fraîche, elle me guide car mon corps ne m’appartient plus. Les gueules m’entourant sont putrides et dégueulasses. Nos mains se lèvent et creusent la façade renforcée du bastion, laissant à nu la lunule infectée des doigts. Un bourdonnement sourd m’enveloppe, c’est la rumeur gutturale qui s’élève et m’emporte.
Je meurs. Puis me réveille : la faim.
Joseph- Nombre de messages : 19
Age : 41
Date d'inscription : 15/11/2010
Re: Exo cinéma : le jour des morts-vivants
Ah oui, j'aime bien ce genre d'ambiance !
Quelques remarques de langue :
« le ciment parcourant mes veines se solidifie (et non « solidifient »). Aux abords »
« L’échos de coups de feux me parviennent » : « L’echo de coups de feu me parvient », ou « Les échos de coups de feu me parviennent » ; toujours « coups de feu », en tout cas, « feu » est ici une quantité non dénombrable
« selon leur propre volonté (manque ici un point) Les plombs fusent »
« dépressifs sous Lexomil (et non « lexomile ») »
« transpercée, semble-t-il (premier trait d’union) »
« Je sens la chair (et non « chaire ») fraîche »
Quelques remarques de langue :
« le ciment parcourant mes veines se solidifie (et non « solidifient »). Aux abords »
« L’échos de coups de feux me parviennent » : « L’echo de coups de feu me parvient », ou « Les échos de coups de feu me parviennent » ; toujours « coups de feu », en tout cas, « feu » est ici une quantité non dénombrable
« selon leur propre volonté (manque ici un point) Les plombs fusent »
« dépressifs sous Lexomil (et non « lexomile ») »
« transpercée, semble-t-il (premier trait d’union) »
« Je sens la chair (et non « chaire ») fraîche »
Procuste- Nombre de messages : 482
Age : 62
Localisation : œ Œ ç Ç à À é É è È æ Æ ù Ù â  ê Ê î Î ô Ô û Û ä Ä ë Ë ï Ï ö Ö ü Ü – —
Date d'inscription : 16/10/2010
Re: Exo cinéma : le jour des morts-vivants
Moi aussi j'ai bien aimé. Toutefois, il y a un mélange dans ce texte entre humour (au début) et style plus recherché qui m'a un peu gêné.
Invité- Invité
Re: Exo cinéma : le jour des morts-vivants
Rien à ajouter à ce qui a déjà été dit. Belle ambiance puissantes images mais le premier paragraphe est un peu en décalage.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo cinéma : le jour des morts-vivants
Ambiance, visuel, tout est là.
Pas trop le genre de film que je regarde mais à lire c’est plutôt plaisant.
Pas trop le genre de film que je regarde mais à lire c’est plutôt plaisant.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo cinéma : le jour des morts-vivants
Très efficace ! Ambiance et décor bien plantés, descriptif clinique qui fonctionne très bien, on s' croit sans difficulté, bravo !
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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