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Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture)

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Message  Invité Sam 27 Nov 2010 - 9:44

< Texte supprimé à la demande de l'auteur.
La Modération. >

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Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture) Empty Re: Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture)

Message  Procuste Sam 27 Nov 2010 - 10:22

J'aime beaucoup le texte n° 2, parce que l'histoire reste ouverte. En revanche le n° 1, oh là là, la valise à sanglots ! Le pauvre alcoolique battu cocu méprisé, et la froideur des statistiques et des étiquettes, le refus de voir en l'autre un être humain, c'est plein de bons sentiments, mais quelle accumulation de clichés ! Cela affadit considérablement le propos.
Une remarque, si vous écrivez les textes correspondant aux autres personnages : je me dis que, si vous vous cantonnez à une narration à la première personne, individu par individu, cela risque d'être vite monotone et ennuyeux. Peut-être serait-il intéressant d'imaginer par exemple une narration qui mette en relation plusieurs personnes dans le tableau.

Mes remarques :
« pas un pilier qui soutient »
« je m'appelle « je », mais on m'appelle « Jean-Marc ». : manquent des guillemets fermants (souvent, si on veut employer des guillemets à l’intérieur de guillemets, on recourt aux guillemets anglais à l’intérieur de français)
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Message  Invité Sam 27 Nov 2010 - 10:39

Encore une fois, Procuste, je vous rejoins à 100% dans vos commentaires. Pour le texte 1, je sentais bien le cliché, mais je pensais que ça passait quand même avec de l'humour. Mais il faut croire que non.

Pour les autres personnages, j'ai surtout pensé à un jeu de correspondances, chassés-croisés, pour effectivement que ce ne soit pas monotone. Ou écrire des textes avec des tons très différents.

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Message  Jano Sam 27 Nov 2010 - 12:56

Les textes passent bien mais je préfère la peinture. Le monologue du fumeur debout m'intéresserait, il semble reluquer la carmen en rouge.
Qui n'a pas fréquenté un bar espagnol vers 2h du matin ne peux comprendre leur atmosphère unique. J'en ai écumé quelques uns à San Sebastian, Zaragoza et, ma foi, j'ai rarement vu telle effervescence !
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Message  Rebecca Sam 27 Nov 2010 - 15:31

Je préfère de beaucoup le deuxième texte moi aussi avec cette idée de l'ombre sur laquelle on peut projeter ce que l'on désire...Un personnage en creux qui ouvre sur d'infinies perspectives.
Avec le personnage du 1 on a la sensation que tout est écrit et déjà joué. En même temps c'est vrai qu'il y a des vies comme ça, qu'on pourrait résumer par un froid constat d'échec. Enfermées qu'elles sont dans la triste répétition de séquences clichés.
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Message  Kash Prex Sam 27 Nov 2010 - 16:10

Les deux textes ont chacun leur message, leur ton qui se complètent bien.

J'aime bien l'amertume du premier et je suis totalement d'accord avec sa réticence pour cette obsession de la catégorisation qui nous hante. En revanche, j'ai un problème avec ta manière d'écrire tout ça. On dirait que tu tentes de retranscrire le fil des pensées d'un ivrogne aux idées floues et complètement déstructurées... Mais que ça se voit trop. On voit trop que c'est écrit par un autre que le personnage lui-même, ça sonne faux. Ça manque d'inattendu, c'est trop cohérent, organisé.

En ce qui concerne le second texte, j'aime beaucoup le poids que tu donnes à cette silhouette, la manière dont tu en fais le centre du tableau. Tu arrives à nous faire voir la scène entière autrement en ne parlant que d'elle. Je n'ai même pas de critique particulière... Joli texte =)
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Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture) Empty Du texte, du sujet, de l'auteur...

Message  ubikmagic Sam 27 Nov 2010 - 17:44

C'est vrai qu'il y a ce qu'on peut appeler des "clichés" dans le texte 1. Remarquez, difficile d'éviter les clichés, parce qu'un ivrogne qui ne tituberait pas, serait bien propre et rasé de frais, ce serait étrange. Il y a, je crois, des limites à tout. Je le vois bien à travers mon roman, j'aurai beau me creuser le citron, un SS ne ressemblera jamais à un rat de l'opéra, et inversement. Faudrait se demander ce qu'on aurait fait, si ç'aurait été tellement mieux, parce que les clichés, d'une certaine façon, on s'appuie dessus, quand même. Il y a des moments aussi où on les contourne, mais tout dépend le sujet. Question aussi, importante, que le débat soulève : l'auteur est-il au service de son sujet ? Autrement dit, faut-il chercher à briller, quitte à contourner tous les clichés, mêmes langagiers, au point qu'on ne sache plus de quoi on parle, ou bien faut-il s'effacer derrière son sujet, le servir de son mieux ? Vaste question... Il faut avoir l'honnêteté de reconnaître qu'un alcoolique comporte des signes distinctifs, statistiques, qui reviennent par-delà les différences inter-individuelles et qu'on retrouve chez tous, et qu'on ne peut pas éviter tous ces signes, on est bien obligé d'en afficher un ou deux.

Moi j'ai bien aimé l'histoire du pilier de bar qui parvient à peine à se tenir debout. C'est vrai que ça, c'est assez amusant. Il y quelques raccourcis, quelques formulations marrantes. Par contre, l'histoire de pas de nom, ça se répète un peu trop à mon goût.

Le second, je n'ai pas eu envie de le lire. Un par soir, ça me suffira. Je préfère concentrer mon commentaire sur un que me diluer... c'est comme le pastis, trop dilué, pas bon, pouah !

Dans mon patelin, il y a un bar qui s'appelle justement "le pilier". J'essaierai de le mitrailler en douce, sans me faire plomber, et je posterai la photo ( si je suis foutu de comprendre comment on fait ).

J'ai moi-même une idée, mais elle ne correspond à aucun personnage, je pense. Alors...

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Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture) Empty Re: Le bar du cul-de-sac (textes à partir d'une peinture)

Message  Maryse Sam 27 Nov 2010 - 17:48

J'ai adoré les deux ...
Oui le second est plus original mais "le pilier" m'a beaucoup plu... Bien rendu avec un bel humour.
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Message  Invité Dim 28 Nov 2010 - 13:04

Je repense aux critiques vis-à-vis du texte 1 et pense que j'éliminerai certains éléments pour garder juste le thème du "pilier" qui ne veut pas s'appeler la bitte, soutien de famille d'un bar sans nom. En supprimant l'histoire personnelle (je m'appelle Jean-Marc) et en essayant de réécrire comme si c'était un homme complètement bourré qui parlait... J'essaierai de publier le résultat, si j'ai le temps. En attendant, le premier texte, en guise d'intro. S'il ne convainc pas vraiment, j'abandonne l'idée.

Texte d'introduction

Finalement, je me suis peint moi-même, au fond du bar, attablé, la gueule attrapée dans un bock. C'est le dernier élément que j'ai peint avant de terminer ce tableau. Le premier que j'achève en deux ans. Oui, ça fait deux ans que je ne fais plus rien, ni en dessin ni dans la vie, que je n'ai plus aucune idée, aucune inspiration, qu'il n'y a rien qui m'anime. Deux ans que je suis en panne sèche, que je cherche désespérément à faire le plein des sens à grands coups de pressions dans les bars, en espérant me remettre à flots. Deux ans que je bois. Sans raison véritable.

Et puis voilà qu'au bout de deux ans, la première peinture qui sort de mes doigts, c'est justement un bar. Mon bar. Celui du cul de sac, au fond d'une rue sans nom qui ne mène à rien, dans cette ville sans histoire. C'était pourtant évident que ma seule source d'inspiration, c'était ce bar, mais étrangement, j'ai mis deux ans à le comprendre. A moins que... Oui, inconsciemment, je devais le savoir depuis le début, dès que j'ai commencé à traîner mes guêtres dans ce local, que je devais absolument le peindre si je voulais un jour sortir de ce trou, de ce cul de sac où j'étais fourré, qu'il fallait coûte que coûte que je jette sur la toile toute ma déchéance, que c'était l'acte salutaire dont j'avais besoin pour me débarrasser de cette humeur de chien qui ne me lâche pas depuis deux ans.

Et maintenant, ça y est. J'ai devant les yeux mon reflet décadent, je me vois vraiment, sans fards, à peine caricaturé, et je comprends enfin où j'en suis, qui je suis à présent. Pour peindre ce tableau, je suis resté trois nuits chez moi. Sans mettre un pied dans le bar. Et pourtant la tentation était grande... Ne serait-ce que pour vérifier la lumière, la perspective, le visage des clients. Mais j'ai résisté. Je ne savais que trop bien qu'y aller signifiait siroter une bière, ou deux, ou dix, jusqu'à la fermeture. Non, je ne devais sortir sous aucun prétexte. Et j'ai tenu bon, pendant trois jours, je suis resté chez moi, seul, sans boire une goutte, cloué à ce tableau. Et je l'ai terminé, malgré ma main qui tremblait, malgré les relents d'éther qui troublaient ma vue, et la migraine qui me trépanait lentement.

Trois jours sans boire. Trois jours. Autant dire rien si je pense à tous les autres jours qu'il me reste encore à purger à partir d'aujourd'hui. A partir d'aujourd'hui commence ma vie sans alcool. Je ne retournerai plus au bar du cul de sac, ni dans aucun autre bar. Plus jamais. Mais déjà ma volonté vacille. Je viens de finir ce tableau et je me sens vidé. Avant, avec mes pinceaux, j'avais l'esprit et les mains occupées, mais maintenant, avachi sur mon canapé, j'ai les doigts qui se crispent sur un verre imaginaire et la tête sirupeuse. Je bois des cafés, je fume des cigarettes, mais je ne parviens pas à tromper le manque. J'essaie de dormir, mais je n'y arrive pas, je me réveille aussitôt en sursaut. Ça doit être à cause du café.

Alors je reste là, pendant des heures, à fixer mon tableau, posé sur le rebord de l'étagère. J'essaie de concentrer mon esprit pour oublier l'alcool, je m'attarde sur chacun des personnages, j'essaie de le cerner, de deviner ce qu'il pense. Il y a huit personnages, ce sont tous des habitués du bar du cul de sac, mes compagnons de beuverie depuis deux ans. Oui, ce sont tous de vraies personnes, que j'ai décidé du jour au lendemain d'effacer de ma vie, mais que paradoxalement je viens d'immortaliser, et que je n'arrête pas d'observer, de scruter, que je cherche à comprendre vraiment, peut-être pour la première fois en deux ans.

Huit personnages. Avec moi, neuf. Bien sûr, je ne pouvais pas manquer à ce portrait de famille, même si je n'ai eu l'idée de faire mon autoportrait qu'à la toute fin. Je me suis peint en train de boire, évidemment. Comme j'ai le bas du visage attrapé dans mon verre et déformé par son reflet, ça me fait une grande gueule qui me permet d'ingurgiter des quantités insoupçonnées d'alcool. Mais cette grande gueule, ce n'est qu'un reflet, une illusion. Derrière le cristal, il n'y a rien, un être famélique et transparent. C'est moi. Voilà mon portrait craché. C'est drôle, je ressemble beaucoup plus à moi même à travers ce miroir déformant.

Distordue, ma gueule, comme le reste du tableau d'ailleurs. Comme je ne pouvais pas aller au bar, je l'ai peint de mémoire, et j'ai dû le réinventer. Oui, il est déformé, lui aussi. C'est étrange, j'ai passé toutes mes soirées dans ce bar pendant deux ans, mais je n'ai pas été fichu de me rappeler la forme du tireur de la pression, ce qu'il y avait derrière le comptoir, ni même le visage du serveur. Alors je l'ai peint de dos.

Je regarde attentivement mon tableau. A présent que j'ai du recul, je le vois dans son intégralité, je discerne toutes les erreurs, toutes les supercheries. Et c'est juste maintenant que je me rends compte que malgré toutes ces couleurs que j'ai balancées, malgré ces deux tubes de jaune que j'ai écrasés sur la toile, ce rouge pur que j'ai laissé gicler, ce fond ocre agressif, le tableau reste terne, opaque et sombre. C'est maintenant que je vois que tous ces personnages, au delà de leurs rires et de leurs singeries, sont tristes et taciturnes, que malgré toutes cette gestuelle et cette agitation, il n'y aucun mouvement sur ce tableau, aucune interaction entre les personnages, aucun regard qui se croise, aucune main qui se touche. Je voulais peindre un portrait de famille, joyeux, festif, et le résultat est une nature morte. Comme le bar du cul de sac. Finalement, je crois que toutes ces erreurs m'ont servi à saisir la vraie atmosphère qui règne dans là-bas, toute cette réalité déformée par l'alcool. A l'image de ces proportions totalement faussées, de ce sol beaucoup trop haut et de cette perspective de fuite inexistante. Après tout, un cul de sac n'a pas de perspective de fuite, c'est un mur, une impasse, rien de plus.

Je regarde un à un chaque personnage et j'essaie de m'en souvenir. Je récapitule les moments que j'ai passé avec lui, je retrace sa vie... Je sais, ça peut paraître étrange d'essayer de résister à l'alcool en regardant fixement pendant des heures l'image d'un bar, mais je sens qu'au contraire, c'est ce dont j'ai besoin tout de suite. Comment dire... Je me dis que si les gens boivent pour oublier, arrêter de boire c'est pour se souvenir.

Ça fait quatre heures maintenant que je reste sans rien faire, vautré dans mon canapé, à dévisager tous ces fantômes... Mon esprit ne tient plus en place, mes envies de dehors deviennent intenables. Le bar doit être en train d'ouvrir, à cette heure. Il faut absolument que je résiste, que je trouve une occupation, vite. Mais je crois que j'ai déjà trouvé: je vais écrire toutes ces histoires, celle de ces huit personnages, ça occupera de nouveau mes mains et ma tête. Oui, c'est décidé, je ne sortirai que lorsque j'aurai fini mes huit récits. Après, j'irai dehors pour m'asseoir sur un banc et respirer l'air pur, et décider comment je vais occuper mes journées maintenant que je ne peux plus les remplir d'alcool. Et ce récit, je le conserverai. Ce sera le témoignage de ma vie révolue, le rappel d'une promesse que je viens de me faire.

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Message  elea Dim 28 Nov 2010 - 13:55

C’est une bonne idée pour lier entre eux les textes sur chaque personnage, le bar ne me semblait pas un fil directeur suffisant, alors que ce personnage qui a peint le tableau et qui va raconter les autres est parfait.
En revanche dans le texte lui-même je trouve qu’il y a quelques redites (comme par exemple le fait qu’il s’est peint en dernier, qui revient deux fois) et qu’il faudrait le resserrer un peu.

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Message  Rebecca Dim 28 Nov 2010 - 15:38

L'histoire d'un tableau et à travers lui des personnages qui le composent et pour commencer du peintre lui-même . Excellente idée je trouve. Avec une mise en abyme intéressante, le narrateur achevant en écriture son auto-portrait en peinture.
Oui comme éléa je pense que tu devrais moins diluer (d'alcool?) ton texte pour le rendre plus percutant. En même temps , c'est vrai que la pensée d'une personne noyée dans les vapeurs éthyliques ou le manque est plutôt filandreuse et répétitive, obsessionnelle.
Une démarche que je suivrai avec intérêt.
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Message  Procuste Dim 28 Nov 2010 - 16:42

Je suis d'accord, la mise en abyme est intéressante, et j'aime beaucoup cette introduction à partir de "Je regarde attentivement mon tableau" ; avant, j'ai trouvé le texte chiant, prêchi-prêcha ; complaisant. Le narrateur se complaît à expliquer comment qu'il a été trop fort pour s'arracher à l'alcool (c'est ce que j'ai ressenti à la lecture, on est d'accord). Je pense que quelques phrases suffiraient à donner les informations nécessaires sans donner dans le moralisme à tout crin...

Mes remarques :
"je ressemble beaucoup plus à moi-même (trait d'union)"
"au-delà (trait d'union) de leurs rires et de leurs singeries"
"Mais je crois que j'ai déjà trouvé:" : typographie, une espace avant les deux points
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Message  Lifewithwords Lun 29 Nov 2010 - 11:19

Je trouve le premier texte très moyen, au niveau du contenu, c'est très entendu, et sur la forme, même si c'est bien écrit, cela ne m'a pas vraiment intéressée. J'ai bien aimé l'idée de la femme qui part avec son nom de famille, c'est tout...

Le deuxième en revanche m'a beaucoup plus fait réagir, j'ai trouvé l'idée originale. Les répétitions ne sont pas trop lourdes, les formulations sont justes.

L'idée de l'exercice est très intéressante en tout cas ! Et je pense que le choix de chacun sur les personnages doit être assez révélateur !

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