Mi-nuit

De ses accrocs de lumière
le ciel ajouré n'éclaire pas les pas.
Dans l'allée cavalière
flotte le parfum puissant des instincts à vif
un rien d'humus, de bois qui prend fleur
un minuit d'arpenteur

Voûtes végétales
mémoires de soupente
troublante nuée de fées ébouriffées
valse muette de souffles éthérés
un minuit d'apesanteur

Ballade à la dérobée
chiffonade de tissu répandu
dans l'allée un peu cavalière
se joue l'harmonie des accords à corps perdus... éperdus
vertes déferlantes à portée de cœurs
vertige de bord de fenêtre
rougeoyantes pâmoisons
un minuit d'enchanteur

J'aime l'évocation répétée de l'allée cavalière, bien coquine dans le contexte, mais regrette un côté languissant au poème, un peu maniéré à mon goût : "le parfum puissant des instincts à vif" (mais j'aime bien le "bois qui prend fleur"), les "fées ébouriffées", la tarte à la crème des "corps perdus... éperdus", et
"portée de cœurs
vertige de bord de fenêtre
rougeoyantes pâmoisons".

Au total, je trouve le texte tout simplement trop pudibond ; à force de vouloir faire dans le suggestif, j'ai le sentiment qu'il manque d'intensité.

"chiffonnade de tissu répandu", que j'aime ces mots, dans ce poème un peu trop précieux à mon goût.