Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
coline Dé, délicieusement absurde ! J'ai adoré. Un texte inspirer ! Remarqués, "dombasliser" et "carlatiser".
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Inspiré ! (Vive les corrections automatiques sur téléphone...)
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Les neiges du Kilimandjaro
Il fait vraiment de plus en plus froid dans cette voiture hein ? Même avec le chauffage à plein régime. Et tombe la neige, sans discontinuer, en gros morceaux de coton couvrant tout de moelleux. La campagne molletonnée, ça en jette, hein ?
Mais que fait donc cette satanée pelleteuse, faudrait quand même qu‘elle arrive avant que le toit ne soit recouvert d’étoiles des neiges hein ?
Et cet andouille de Denis qui est sorti en laissant l’autoradio gueuler à plein poumons ses chansons barbares et nostalgiques d’un temps que les moins de vingt ans… Zut alors hein ? Pas moyen de me sortir ces refrains de la tête, la plupart sont de circonstance en plus, ils ont de l’humour les programmateurs radio hein ?
Et lui il est là, dehors, sous les trombes blanches, à examiner les traces de dérapage, plongeant presque son nez sous les roues pour voir ce qui a cloché. Pas besoin de regarder de si près, c’est lui la cloche.
« Je vais te faire un virage à la Fangio : contrôlé », tu parles hein ? Il a loupé le virage d’un bon mètre, on ne peut pas dire qu’il ait le compas dans l’œil celui-là. Il a paniqué un moment avant de réagir, je l’aurai bien giflé mais je ne saute pas assez haut. Il faudrait que je change de chauffeur, de mari je ne peux pas, mais avec les indemnités du procès, pourquoi pas une jolie berline avec chauffeur.
En attendant j’ai mes démangeaisons qui reprennent, ça me titille mais impossible de me gratter le nez avec mes mains sur les hanches. Déjà que je ne peux pas les bouger, des mains mortes hein ?
Pour ne pas que les doigts bleuissent, Denis leur a mis des moufles bariolées, rouges avec le pouce jaune. Pratique pour faire du stop sous la neige si la pelleteuse n’arrive pas, un vrai gilet réfléchissant, il suffira de me déhancher en rythme sur sa musique de sauvage dès qu’une voiture approchera.
Une tête de bonhomme de neige s’encadre par la fenêtre, les flocons ont recouvert les cheveux et les cils, la barbe et la moustache. Il a l’air malin avec sa tronche de père noël, c’est pourtant pas un cadeau cet homme-là. M’enfin à l’époque où je l’ai épousé je ne pouvais pas prétendre à mieux hein ? Qui aurait voulu d’une femme sans mains ? Ben Denis en a voulu, j’avais pas mieux sous le moignon, j’ai pris hein ?
Je me rappelle encore le ridicule à la mairie quand il a voulu passer l’alliance à mon oreille, il avait eu cette idée idiote de la faire transformer en mini créole pour que je puisse la porter. Il a mis deux heures à trouver le trou dans le lobe, il trouverait pas une main dans un bouquet de poignées. D’ailleurs il a perdu la route, c’est pourtant à sa portée de suivre une route normalement hein ? C’est quasi impossible à semer une route, il suffit de garder les pneus sur l’asphalte et de suivre la ligne blanche sans la mordre. Et ce n’est pas une excuse que la route soit devenue une grande ligne blanche en trente minutes de tempête de neige. Au contraire même, la ligne était plus grosse, il n’aurait pas dû la louper et nous planter dans le décor hein ?
Le fait qu’il soit devenu à moitié manchot en me faisant don de ses mains n’est pas un alibi valable non plus hein ?
De toute façon, c’est lui qui a refusé qu’on recommence la greffe : « Chérie, maintenant que c‘est fait, moi je trouve ça mignon, et puis tu sais, au procès, ce sera plus apitoyant de te voir en vrai que sur photos, tu n’oubliera pas de te tenir de profil. On va toucher le pactole mimine ! Et ensuite je t‘en paierais des jolies des mains, avec les ongles longs et vernis, de vraies mains de femme, alors s‘il te plait : laisse mes mains sur tes hanches »
Ah ! Denis et sa fichue musique !
Hein ?
Il fait vraiment de plus en plus froid dans cette voiture hein ? Même avec le chauffage à plein régime. Et tombe la neige, sans discontinuer, en gros morceaux de coton couvrant tout de moelleux. La campagne molletonnée, ça en jette, hein ?
Mais que fait donc cette satanée pelleteuse, faudrait quand même qu‘elle arrive avant que le toit ne soit recouvert d’étoiles des neiges hein ?
Et cet andouille de Denis qui est sorti en laissant l’autoradio gueuler à plein poumons ses chansons barbares et nostalgiques d’un temps que les moins de vingt ans… Zut alors hein ? Pas moyen de me sortir ces refrains de la tête, la plupart sont de circonstance en plus, ils ont de l’humour les programmateurs radio hein ?
Et lui il est là, dehors, sous les trombes blanches, à examiner les traces de dérapage, plongeant presque son nez sous les roues pour voir ce qui a cloché. Pas besoin de regarder de si près, c’est lui la cloche.
« Je vais te faire un virage à la Fangio : contrôlé », tu parles hein ? Il a loupé le virage d’un bon mètre, on ne peut pas dire qu’il ait le compas dans l’œil celui-là. Il a paniqué un moment avant de réagir, je l’aurai bien giflé mais je ne saute pas assez haut. Il faudrait que je change de chauffeur, de mari je ne peux pas, mais avec les indemnités du procès, pourquoi pas une jolie berline avec chauffeur.
En attendant j’ai mes démangeaisons qui reprennent, ça me titille mais impossible de me gratter le nez avec mes mains sur les hanches. Déjà que je ne peux pas les bouger, des mains mortes hein ?
Pour ne pas que les doigts bleuissent, Denis leur a mis des moufles bariolées, rouges avec le pouce jaune. Pratique pour faire du stop sous la neige si la pelleteuse n’arrive pas, un vrai gilet réfléchissant, il suffira de me déhancher en rythme sur sa musique de sauvage dès qu’une voiture approchera.
Une tête de bonhomme de neige s’encadre par la fenêtre, les flocons ont recouvert les cheveux et les cils, la barbe et la moustache. Il a l’air malin avec sa tronche de père noël, c’est pourtant pas un cadeau cet homme-là. M’enfin à l’époque où je l’ai épousé je ne pouvais pas prétendre à mieux hein ? Qui aurait voulu d’une femme sans mains ? Ben Denis en a voulu, j’avais pas mieux sous le moignon, j’ai pris hein ?
Je me rappelle encore le ridicule à la mairie quand il a voulu passer l’alliance à mon oreille, il avait eu cette idée idiote de la faire transformer en mini créole pour que je puisse la porter. Il a mis deux heures à trouver le trou dans le lobe, il trouverait pas une main dans un bouquet de poignées. D’ailleurs il a perdu la route, c’est pourtant à sa portée de suivre une route normalement hein ? C’est quasi impossible à semer une route, il suffit de garder les pneus sur l’asphalte et de suivre la ligne blanche sans la mordre. Et ce n’est pas une excuse que la route soit devenue une grande ligne blanche en trente minutes de tempête de neige. Au contraire même, la ligne était plus grosse, il n’aurait pas dû la louper et nous planter dans le décor hein ?
Le fait qu’il soit devenu à moitié manchot en me faisant don de ses mains n’est pas un alibi valable non plus hein ?
De toute façon, c’est lui qui a refusé qu’on recommence la greffe : « Chérie, maintenant que c‘est fait, moi je trouve ça mignon, et puis tu sais, au procès, ce sera plus apitoyant de te voir en vrai que sur photos, tu n’oubliera pas de te tenir de profil. On va toucher le pactole mimine ! Et ensuite je t‘en paierais des jolies des mains, avec les ongles longs et vernis, de vraies mains de femme, alors s‘il te plait : laisse mes mains sur tes hanches »
Ah ! Denis et sa fichue musique !
Hein ?
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Vous êtes trop fort.
Je tiens un bon sujet, mais peu présentable en l'état.
Merci pour l'animation et à demain.
Je tiens un bon sujet, mais peu présentable en l'état.
Merci pour l'animation et à demain.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Il neigeait bien correctement depuis déjà six jours, et ça n'arrêtait pas. Lorsqu'il fut officiellement annoncé que nous étions bloqués en nos demeures, je fus prise d'un abominable mal aux pieds, la douleur étant telle que j'implorai ma mère sur le champ de m'amener chez un médecin.
- Tu choisis bien ton moment pas vrai ? dit-elle en soupirant, et pour se venger, elle me tira les cheveux.
Quand ma petite soeur Lisette apprit que nous quittions la maison, elle insista pour venir. La pauvre gosse avait en permanence les mains agitées de TIC, et elle avait tendance à ne pas pouvoir les empêcher de se fourrer au fond de sa gorge, ce qui avait failli plus d'une fois lui coûter la vie. Il fallait pour la tirer d'affaire lui titiller le palais avec la langue : le chatouillis qui en résultait avait un effet immédiat sur ses mimines.
- Moi aussi je suis malade, moi aussi je suis malade ! gueula-t-elle, et pour être plus convaincante encore, elle s'enfonça le poing dans la bouche. Cela fonctionna très bien puisque Maman lui tira les cheveux à elle aussi.
- Il faudrait une pelleteuse pour enlever toute cette neige !
- Oh oui maman, commença à rêver Lisette, une pelleteuse rouge, ce serait joli sur toute cette neige blanche. Avec un ciel si bleu, un soleil si jaune...
Un tic malencontreux la força à se taire, à notre grand plaisir. Notre grande maman forte et courageuse parvint à sortir la voiture du garage, et à peine dix minutes plus tard, nous étions sur la route.
Lisette insista pour écouter son CD favori, une musique de barbare qui déchirait les tympans même écoutée au volume le plus bas. Je tins le choc cinq secondes avant de mordre ma cadette à pleine dents, et de plonger vers la radio pour en extirper l'album et le casser en deux. Lisette se mit à pleurer, je fis remarquer que c'était pour moi qu'on avait quitté la maison.
- Tu devrais m'être reconnaissante, Lili, si je n'avais pas eu si mal aux pieds, tu serais encore dans ta chambre en train de t'ennuyer.
Lili prit conscience de la vérité que je lui assénais là, et sauta dans mes bras pour me couvrir de baisers. Elle ne s'arrêta pas jusqu'à ce que nous arrivions chez le docteur. Sitôt qu'il apparut, elle me délaissa à son profit. Il faut dire qu'elle le connaissait vraiment bien.
- Ma fille a mal aux pieds, décréta ma mère.
Le médecin ôta doucement mes chaussures, et examina les coupables de tant de douleur.
- Ils sont tout abîmés ma pauvre petite. C'est ce froid, assurément, qui les a fait geler jusqu'à devenir complètement inutiles. Vous ne pourrez plus vous en servir. Mais si vous le souhaitez, je peux vous en donner d'autres. Les gamins de l'atelier poterie m'ont fourni quelques pieds de terre cuite la semaine dernière, je suis certain qu'ils vous plairont !
- Vous n'avez pas aussi des mains ? demanda Lisette, peut-être que si j'en avais de nouvelles, je ne mes les enfoncerai plus dans la gorge ?
- Je pense que ce TIC est purement psychologique, dit le docteur, de nouvelles mains n'y changeront rien.
- C'est une expérience à tenter ! décida ma mère, allons, greffez !
- Je dois faire quelques schémas et... enfin... c'est un peu compliqué... comment vous dire, j'ai un peu honte mais... mais j'ai perdu mon compas.
- Oh ! s'écria ma mère, et nous rigolâmes toutes en choeur, mais monsieur le docteur, votre compas est dans votre oeil !
Surpris, il l'en extirpa et se joignit à nous dans notre hilarité.
- Suis-je bête, seigneur, mais suis-je bête !
Il s'empressa de nous endormir, et nous opéra toutes les deux simultanément. Et sans doute parce que l'un de ses yeux était un peu crevé, il commit une erreur. Je me réveillai sans plus avoir mal aux pieds, puisqu'il y avait à la place les deux mains de Lisette, qui elle avait au bout des poignets les pieds de terre-cuite qui m'étaient destinés. Nous restâmes silencieux un long moment. Puis, Lisette tenta à nouveau de s'étouffer.
- Cette petite mérite une punition, dit le docteur, elle vous a fait croire à des réactions incontrôlées de ses mains alors que c'est sa tête qui contrôle tout. Elle ne fait rien d'autre que de jouer les intéressantes.
L'excellent docteur venait de tout comprendre. Nous le payâmes avec bonheur, et rentrâmes en chantant. Puis, une fois à la maison, maman laissa Lisette s'étouffer avec son pied d'argile.
- Il faut toujours punir tes gamins, me dit-elle en faisant cuire sa pâte à pain. Bute-les s'il le faut ma fille, jamais mère n'aura meilleur conseil à te donner.
Je me blottis contre elle, ravie d'avoir pour génitrice une femme aussi juste.
- Tu choisis bien ton moment pas vrai ? dit-elle en soupirant, et pour se venger, elle me tira les cheveux.
Quand ma petite soeur Lisette apprit que nous quittions la maison, elle insista pour venir. La pauvre gosse avait en permanence les mains agitées de TIC, et elle avait tendance à ne pas pouvoir les empêcher de se fourrer au fond de sa gorge, ce qui avait failli plus d'une fois lui coûter la vie. Il fallait pour la tirer d'affaire lui titiller le palais avec la langue : le chatouillis qui en résultait avait un effet immédiat sur ses mimines.
- Moi aussi je suis malade, moi aussi je suis malade ! gueula-t-elle, et pour être plus convaincante encore, elle s'enfonça le poing dans la bouche. Cela fonctionna très bien puisque Maman lui tira les cheveux à elle aussi.
- Il faudrait une pelleteuse pour enlever toute cette neige !
- Oh oui maman, commença à rêver Lisette, une pelleteuse rouge, ce serait joli sur toute cette neige blanche. Avec un ciel si bleu, un soleil si jaune...
Un tic malencontreux la força à se taire, à notre grand plaisir. Notre grande maman forte et courageuse parvint à sortir la voiture du garage, et à peine dix minutes plus tard, nous étions sur la route.
Lisette insista pour écouter son CD favori, une musique de barbare qui déchirait les tympans même écoutée au volume le plus bas. Je tins le choc cinq secondes avant de mordre ma cadette à pleine dents, et de plonger vers la radio pour en extirper l'album et le casser en deux. Lisette se mit à pleurer, je fis remarquer que c'était pour moi qu'on avait quitté la maison.
- Tu devrais m'être reconnaissante, Lili, si je n'avais pas eu si mal aux pieds, tu serais encore dans ta chambre en train de t'ennuyer.
Lili prit conscience de la vérité que je lui assénais là, et sauta dans mes bras pour me couvrir de baisers. Elle ne s'arrêta pas jusqu'à ce que nous arrivions chez le docteur. Sitôt qu'il apparut, elle me délaissa à son profit. Il faut dire qu'elle le connaissait vraiment bien.
- Ma fille a mal aux pieds, décréta ma mère.
Le médecin ôta doucement mes chaussures, et examina les coupables de tant de douleur.
- Ils sont tout abîmés ma pauvre petite. C'est ce froid, assurément, qui les a fait geler jusqu'à devenir complètement inutiles. Vous ne pourrez plus vous en servir. Mais si vous le souhaitez, je peux vous en donner d'autres. Les gamins de l'atelier poterie m'ont fourni quelques pieds de terre cuite la semaine dernière, je suis certain qu'ils vous plairont !
- Vous n'avez pas aussi des mains ? demanda Lisette, peut-être que si j'en avais de nouvelles, je ne mes les enfoncerai plus dans la gorge ?
- Je pense que ce TIC est purement psychologique, dit le docteur, de nouvelles mains n'y changeront rien.
- C'est une expérience à tenter ! décida ma mère, allons, greffez !
- Je dois faire quelques schémas et... enfin... c'est un peu compliqué... comment vous dire, j'ai un peu honte mais... mais j'ai perdu mon compas.
- Oh ! s'écria ma mère, et nous rigolâmes toutes en choeur, mais monsieur le docteur, votre compas est dans votre oeil !
Surpris, il l'en extirpa et se joignit à nous dans notre hilarité.
- Suis-je bête, seigneur, mais suis-je bête !
Il s'empressa de nous endormir, et nous opéra toutes les deux simultanément. Et sans doute parce que l'un de ses yeux était un peu crevé, il commit une erreur. Je me réveillai sans plus avoir mal aux pieds, puisqu'il y avait à la place les deux mains de Lisette, qui elle avait au bout des poignets les pieds de terre-cuite qui m'étaient destinés. Nous restâmes silencieux un long moment. Puis, Lisette tenta à nouveau de s'étouffer.
- Cette petite mérite une punition, dit le docteur, elle vous a fait croire à des réactions incontrôlées de ses mains alors que c'est sa tête qui contrôle tout. Elle ne fait rien d'autre que de jouer les intéressantes.
L'excellent docteur venait de tout comprendre. Nous le payâmes avec bonheur, et rentrâmes en chantant. Puis, une fois à la maison, maman laissa Lisette s'étouffer avec son pied d'argile.
- Il faut toujours punir tes gamins, me dit-elle en faisant cuire sa pâte à pain. Bute-les s'il le faut ma fille, jamais mère n'aura meilleur conseil à te donner.
Je me blottis contre elle, ravie d'avoir pour génitrice une femme aussi juste.
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Ah, j'aime ! Alex tu as une originalité qui ne cesse de s'affirmer !
De trois gueuses les trois gueuses : bières ou filles ?
Et bravo pour ce melliflue qui me remplis de jubilation !
De trois gueuses les trois gueuses : bières ou filles ?
Et bravo pour ce melliflue qui me remplis de jubilation !
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
< Retiré à la demande de l'auteur.
La Modération. >
La Modération. >
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
@ coline : Trois méchantes petites pucelles ! (Je suis très cruel ce soir !)
Merci pour ton commentaire chaleureux.
Merci pour ton commentaire chaleureux.
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
elea, un texte décalé qui m'a fait sourire à plusieurs reprises. Une jolie réussite !
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Alex : très joli, musical et avec de belles images. Un petit bijou. Désolée de ne pas en dire plus, la poésie n'est pas mon fort, mais j'ai aimé.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Quelle chute inattendue ! Un joli conte, mené tambour battant, où je distingue pour ma part de jolis élans de tendresse du narrateur envers son personnage. Je félicite !
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Coline : excellent ! A déguster sans modération, je suis toujours aussi fan de ton inventivité, un peu décalée, et de ta capacité à créer un monde, des personnages, un visuel et là un auditif en quelques lignes avec autant d’apparente facilité.
elea- Nombre de messages : 4894
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Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Primaires sur fond blanc
Du blanc.
Du blanc à perte de vue, dessus, dessous, devant, derrière.
Elle, Lui, Tibou.
Trois mots sur une page blanche.
Elle vêtue d’un anorak jaune citron, Lui d’un anorak rouge et Tibou d’une combinaison matelassée bleu Cyan. De vrais Télétubies au festival des flocons.
Et ça tombait, ça tombait, ça n’arrêtait pas.
Ils revenaient vers la route. Ils avaient hâte de se réchauffer.
De la neige était rentrée dans ses bottes et elle ne sentait plus ses pieds. Lui ne sentait plus ses mains parce qu’il avait perdu ses gants en voulant absolument casser une branche pour s’en faire une canne.
Tibou, ça allait, il ne se plaignait de rien, cependant, on entendit clairement ses dents claquer quand il chevrota :
— Êêêêlle est oùùù, alooors, la vvvoiture, ppp’pa ?
— Sous le sapin, là-bas, mon chéri.
Elle :
— Je ne vois rien, moi. Quel sapin ? Il n’y a que ça, des sapins au bord de cette putain de route.
— On va la trouver, t’inquiète. C’est gros une BMW, il a pas pu neiger au point de la recouvrir entièrement. Et puis j’ai mon bip.
— Et bien, bippe alors ;
— Mais, qu’est-ce que tu crois, je ne fais que ça.
— Éééécoutez ! Dddde la musique ! Vous entendez pas ? C’est ton CD papa, çui qu’est dans la bagnole que maman elle dit que c’est de la musique barbare.
Elle :
— Ah oui ! Et là… là, notre voit…
— Où ? Quoi ?
— Notre voiture qui… passe.
Non, non ça ne tient pas debout, cette histoire. Personne ne se fait voler une voiture dans une tempête de neige. Tu dois pouvoir faire mieux, allons. Recommence.
Bon.
« Du blanc.
Du blanc à perte de vue, dessus, dessous, devant, derrière.
Elle, Lui, Tibou.
Trois mots sur une page blanche.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Il avait perdu quelque chose. Il savait qu’il avait perdu quelque chose, mais impossible de se rappeler la chose en question. Ça le titillait. Il ne vivait plus. Cela faisait quatre jour qu’il ne faisait plus que ça, tourner, virer, toucher, sentir, observer, chercher partout, et en vain, ce qu’il devait retrouver. Ce qu’il avait perdu. Il avait donc mis au point une technique imparable. Oui, il s’était dit qu’il allait retourner la cuisine, puis le salon, puis la maison et même le globe s’il le fallait, jusqu’à tomber sur une association d’idée, persuadé qu’un beau jour, un objet, une forme, un son, une couleur, allait soudain faire ressurgir en lui l’objet et la raison de sa quête acharnée. Il s’imagina un instant retournant le globe, comme une boule à neige, le secouant d’une main puissante, avec entrain, à la fois rageur et amusé. Puis seulement rageur. Il en chutait des objets-flocons de toutes les couleurs, des canapés rouges, des cocotes minutes bleues, des pelleteuses jaunes. Et au creux des pelleteuses une myriade d’objets pré-ratissés, des escarpins, des bicyclettes, des océans, des pissenlits. Des brosses à dents aussi. Mais sans doute que la circonférence de la terre, ça foutait quand même un sacré compas dans l’œil. Il fallait délimiter un champ d’action à échelle humaine.
Il se replongea alors dans l’introspection domestique, et examina minutieusement les pièces de la maison. Il mangeait des yeux chacun des objets, et ça en devenait presque douloureux d’écarquiller comme ça les yeux. D’y faire passer le lit, d’y faire entrer les bibelots de porcelaines et les pieds de chaises. Ça lui mordait les paupières. Qu’importe, il se disait, de toutes manières il ne mangerait, ne dormirait, ne travaillerait pas avant d’avoir retrouvé quelque chose, ou quelque chose qui lui rappelait ce qu’il devait retrouver.
Tandis qu’il s’auto-encourageait, il entendit un bruit. Et puis un deuxième son similaire. Il ne l’identifiait pas mais il sentit quelque chose frémir sur le bout de sa langue, comme un morceau de mémoire, quelque chose qui lui revenait du fond de quelque part. C’était tout prêt, oui c’était sur ça allait ressurgir là maintenant, là… dans une ou deux secondes, il l’avait, c’était là, un rapport avec le son oui, ou quelque chose qui s’y rapporte, ou physiquement dans l’espace, quelque chose qui en est proche, dans la pièce, dans le… un vacarme assourdissant le soutira violemment de sa recherche-torpeur, et, reprenant ses esprits en deux secondes, il vociféra quelque chose du genre « Mais pauvre connard ! Tu vas m’éteindre ta putain de musique de merde !». Les nerfs avaient mangé sa courtoisie. Ce flot de mots le surprenait, ce n’était pas lui. Sur que ce n’était pas lui. C’était comme si quelqu’un jouait de ses cordes vocales. Oui, ou comme si on lui avait greffé la langue au bout des nerfs. Que tout était maintenant relié sans qu’il en soit l’intermédiaire. Mais il se disait, et c’était compréhensible, c’est vrai, l’idée que, peut-être, l’espoir de retrouver l’objet perdu venait de s’envoler, là, quelque part sur le pallier du dessus, entre le voisin et un tube de Sardou. Ça le rendait quasiment fou. Il priait pour que la musique s’arrête, que le son revienne et réveille encore sa mémoire. La musique s’arrêta.
Il tira très fort sur ses oreilles, déposa toute la concentration contenue dans son corps dans l’infime conduit auditif. Mais rien. Il n’entendait rien. Il les approchait de chacun des objets, les étirant de ses mains. À quatre pattes, rampant, installant des échafaudages pour atteindre plafonds, greniers, corniches et façades. Il avait posé des enregistreurs dans chaque recoin au cas où. Mais rien. Désespérément rien. Il se morfondait, se laissait dépérir et délirait, s’imaginait de nouvelles stratégies. Il pourrait se faire poser des oreilles. Plein d’oreilles. Ou construire une banque de sons. Avec quantités de données et d’analystes travaillant pour lui. Une banque de tous les objets de la vie aussi. Un scan qui radiographie chaque objet et collecte, liste, trie toutes les histoires qui nous lient. Ou un château de post-it. Il reposa brièvement un pied sur terre, et pour la première fois depuis des semaines sorti de la maison. Dans la ville, des boules à neige poussaient partout. C’était noël, et il avait perdu la raison.
Il se replongea alors dans l’introspection domestique, et examina minutieusement les pièces de la maison. Il mangeait des yeux chacun des objets, et ça en devenait presque douloureux d’écarquiller comme ça les yeux. D’y faire passer le lit, d’y faire entrer les bibelots de porcelaines et les pieds de chaises. Ça lui mordait les paupières. Qu’importe, il se disait, de toutes manières il ne mangerait, ne dormirait, ne travaillerait pas avant d’avoir retrouvé quelque chose, ou quelque chose qui lui rappelait ce qu’il devait retrouver.
Tandis qu’il s’auto-encourageait, il entendit un bruit. Et puis un deuxième son similaire. Il ne l’identifiait pas mais il sentit quelque chose frémir sur le bout de sa langue, comme un morceau de mémoire, quelque chose qui lui revenait du fond de quelque part. C’était tout prêt, oui c’était sur ça allait ressurgir là maintenant, là… dans une ou deux secondes, il l’avait, c’était là, un rapport avec le son oui, ou quelque chose qui s’y rapporte, ou physiquement dans l’espace, quelque chose qui en est proche, dans la pièce, dans le… un vacarme assourdissant le soutira violemment de sa recherche-torpeur, et, reprenant ses esprits en deux secondes, il vociféra quelque chose du genre « Mais pauvre connard ! Tu vas m’éteindre ta putain de musique de merde !». Les nerfs avaient mangé sa courtoisie. Ce flot de mots le surprenait, ce n’était pas lui. Sur que ce n’était pas lui. C’était comme si quelqu’un jouait de ses cordes vocales. Oui, ou comme si on lui avait greffé la langue au bout des nerfs. Que tout était maintenant relié sans qu’il en soit l’intermédiaire. Mais il se disait, et c’était compréhensible, c’est vrai, l’idée que, peut-être, l’espoir de retrouver l’objet perdu venait de s’envoler, là, quelque part sur le pallier du dessus, entre le voisin et un tube de Sardou. Ça le rendait quasiment fou. Il priait pour que la musique s’arrête, que le son revienne et réveille encore sa mémoire. La musique s’arrêta.
Il tira très fort sur ses oreilles, déposa toute la concentration contenue dans son corps dans l’infime conduit auditif. Mais rien. Il n’entendait rien. Il les approchait de chacun des objets, les étirant de ses mains. À quatre pattes, rampant, installant des échafaudages pour atteindre plafonds, greniers, corniches et façades. Il avait posé des enregistreurs dans chaque recoin au cas où. Mais rien. Désespérément rien. Il se morfondait, se laissait dépérir et délirait, s’imaginait de nouvelles stratégies. Il pourrait se faire poser des oreilles. Plein d’oreilles. Ou construire une banque de sons. Avec quantités de données et d’analystes travaillant pour lui. Une banque de tous les objets de la vie aussi. Un scan qui radiographie chaque objet et collecte, liste, trie toutes les histoires qui nous lient. Ou un château de post-it. Il reposa brièvement un pied sur terre, et pour la première fois depuis des semaines sorti de la maison. Dans la ville, des boules à neige poussaient partout. C’était noël, et il avait perdu la raison.
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Elea, j'ai ri pour huit jours ( et pourtant, je suis grosse consommatrice !)
La progression dans le texte est absolument implacable, c'est du grand comique !
La progression dans le texte est absolument implacable, c'est du grand comique !
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
M-arjolaine : absurde à souhait, cruel aussi, ce qui est assez rigolo voire jouissif ! Pauvre petite fille qui marchera sur les mains, heureusement que sa mère ne perd pas la tête !
elea- Nombre de messages : 4894
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Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Kilis : "Non, non ça ne tient pas debout, cette histoire. Personne ne se fait voler une voiture dans une tempête de neige. Tu dois pouvoir faire mieux, allons. Recommence.
Bon.
« Du blanc.
Du blanc à perte de vue, dessus, dessous, devant, derrière.
Elle, Lui, Tibou.
Trois mots sur une page blanche." Excellent ! Je ne m'attendais pas à ce retournement de situation... Une petite histoire fort sympathique, style impeccable comme toujours.
Bon.
« Du blanc.
Du blanc à perte de vue, dessus, dessous, devant, derrière.
Elle, Lui, Tibou.
Trois mots sur une page blanche." Excellent ! Je ne m'attendais pas à ce retournement de situation... Une petite histoire fort sympathique, style impeccable comme toujours.
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Easter(Island) : joli conte, beaucoup aimé le début, je l’ai vu ce petit toqué à sa fenêtre. Et la chute est totalement inattendue. Le tout avec des touches de poésie et plein de délicatesse, très chouette.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Je corrige l'orthographe (enfin j'essaye) et j'arrive
abstract- Nombre de messages : 1127
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Marjolaine, j'ai a-do-ré ! Cela faisait longtemps que je n'avais pas retrouvé cet humour décapant qui me plaisait tant dans tes écrits ! Il est ici poussé à son paroxysme, tout comme le cynisme et l'absurde dont tu fais toujours preuve.
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Kilis : j’adore ! Tu joues avec le texte et les mots, de manière parfaitement maîtrisée et surprenante. Belle mise en abîme.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Je lirai les derniers textes demain (ma migraine me fatigue trop !). J'ai passé en tout cas une excellente soirée en votre compagnie et trouve que la récolte est particulièrement fructueuse cette fois...
Invité- Invité
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Bonne nuit, alex.
Oui, hein les textes sont bons, il me semble.
Allez, je poursuis ma lecture et vous commenterai tous demain.
Oui, hein les textes sont bons, il me semble.
Allez, je poursuis ma lecture et vous commenterai tous demain.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Poulet piquant
Je coupe toujours par le parc. Ce n’est pas plus court, mais j’ai appris à l’école qu’il était traversé par le 50e parallèle Nord. En plein dans son milieu, entre un séquoia et un mélèze.
Deux fois par jour, je suis la ligne invisible. Le matin vers 6h30 et le soir quand il fait déjà nuit. Je suis toujours seul, j’en déduis que les autres n’aiment pas les arbres, ils doivent avoir perdu le goût de la liberté. Une planète sectionnée en tranches parfaites c’est comme ça que les longitudes et les latitudes sont représentées dans le vieil atlas que j’ai conservé. Je n’arrive pas à comprendre à quoi ça peut servir, mais ça me titille.
Depuis qu’il a neigé, le parallèle s’est matérialisé. Comme je prends soin de déposer mes pieds dans mes propres pas, au fil des jours une sorte de sentier glacial s’est tracé. Je connais le chemin par coeur, derrière le banc, à gauche de la poubelle, il faut fixer le séquoia pour garder le cap et traverser la pelouse. Si on le continue ,on devrait pouvoir atteindre l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine et puis je ne sais plus exactement. C’est étonnant parce qu’ainsi tassée par mes aller-retour au travail la neige a pris une couleur bleutée alors que le reste du parc est enveloppé dans la lumière jaune de l’éclairage public.
Ça va paraître idiot, mais j’y tiens à mon parallèle, même si je sais qu’à un moment les pelleteuses passeront par là pour dégager le passage. J’ai le sentiment d’avoir enfin créé quelque chose, de laisser un témoin de ma vie ici.
En tout cas, je voudrais bien le montrer à Mohamed.
Mohamed, c’est la caissière du snack où je vais chercher mon sandwich poulet piquant tous les midis. Je connais son nom, car il est indiqué sur le ticket. 3,20 €, vous avez été servi par Mohamed. C’est immuable, je prends à chaque fois la même chose. Elle a le plus beau sourire que je n’ai jamais vu et un frisson parcourt tout mon corps quand elle me rend la monnaie.
Je voudrais l’inviter au parc, lui tenir la main et remonter mon chemin comme si l’on avait décidé de partir loin tous les deux. Et puis avec elle je sais que tout sera possible, parce que le fait que Mohamed soit une jolie blonde aux yeux bleus, c’est un truc qui va révolutionner l’humanité bien plus que tous les parallèles et méridiens de la Terre.
Je coupe toujours par le parc. Ce n’est pas plus court, mais j’ai appris à l’école qu’il était traversé par le 50e parallèle Nord. En plein dans son milieu, entre un séquoia et un mélèze.
Deux fois par jour, je suis la ligne invisible. Le matin vers 6h30 et le soir quand il fait déjà nuit. Je suis toujours seul, j’en déduis que les autres n’aiment pas les arbres, ils doivent avoir perdu le goût de la liberté. Une planète sectionnée en tranches parfaites c’est comme ça que les longitudes et les latitudes sont représentées dans le vieil atlas que j’ai conservé. Je n’arrive pas à comprendre à quoi ça peut servir, mais ça me titille.
Depuis qu’il a neigé, le parallèle s’est matérialisé. Comme je prends soin de déposer mes pieds dans mes propres pas, au fil des jours une sorte de sentier glacial s’est tracé. Je connais le chemin par coeur, derrière le banc, à gauche de la poubelle, il faut fixer le séquoia pour garder le cap et traverser la pelouse. Si on le continue ,on devrait pouvoir atteindre l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine et puis je ne sais plus exactement. C’est étonnant parce qu’ainsi tassée par mes aller-retour au travail la neige a pris une couleur bleutée alors que le reste du parc est enveloppé dans la lumière jaune de l’éclairage public.
Ça va paraître idiot, mais j’y tiens à mon parallèle, même si je sais qu’à un moment les pelleteuses passeront par là pour dégager le passage. J’ai le sentiment d’avoir enfin créé quelque chose, de laisser un témoin de ma vie ici.
En tout cas, je voudrais bien le montrer à Mohamed.
Mohamed, c’est la caissière du snack où je vais chercher mon sandwich poulet piquant tous les midis. Je connais son nom, car il est indiqué sur le ticket. 3,20 €, vous avez été servi par Mohamed. C’est immuable, je prends à chaque fois la même chose. Elle a le plus beau sourire que je n’ai jamais vu et un frisson parcourt tout mon corps quand elle me rend la monnaie.
Je voudrais l’inviter au parc, lui tenir la main et remonter mon chemin comme si l’on avait décidé de partir loin tous les deux. Et puis avec elle je sais que tout sera possible, parce que le fait que Mohamed soit une jolie blonde aux yeux bleus, c’est un truc qui va révolutionner l’humanité bien plus que tous les parallèles et méridiens de la Terre.
abstract- Nombre de messages : 1127
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Je ne suis même plus fatiguée, je vais vous lire.
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Lyra : une forte ambiance, on entre dans la tête et les pensées folles de cet obsessionnel de la perte, de mémoire, de raison. La montée dans l’intensité est là, implacable.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Abstract : belle ligne invisible alimentant l’imaginaire, voyages, amour, un fil de vie qui relie les hommes. Ce ne sont pas les pas qui tracent le chemin mais la terre qui défile sous les pas, très joli.
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Merci collectif pour cette bonne soirée, m'a fait du bien.
Bonne nuit à tous et à demain pour en remettre une couche... de neige !
Bonne nuit à tous et à demain pour en remettre une couche... de neige !
elea- Nombre de messages : 4894
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Bonne nuit tout le monde, ma couette me fait de l'œil.
Kilis- Nombre de messages : 6085
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Elea
J’ai toujours un peu de mal à entrer dans ce type d’histoire, mais j’apprécie l’horreur sous-jacente que tu mets dans les relations humaines. Derrière le grain de folie, il y a généralement une bonne observation de nos méchancetés et rancoeurs quotidiennes.
Coline
Je ne suis pas une bonne cliente pour l’absurde et l’humour. J’admire quand même la capacité que tu as à nous offrir une mini nouvelle en si peu de temps. Et puis tes néologismes sont vraiment savoureux.
Alex
Bonne idée de proposer un poème, il fallait oser, tu ouvres peut-être une voie.
L’ensemble est perfectible, la faute aux contraintes, mais j’aime bien cette prise de risques parfaitement réussie.
J’ai été séduite par :
J’ai toujours un peu de mal à entrer dans ce type d’histoire, mais j’apprécie l’horreur sous-jacente que tu mets dans les relations humaines. Derrière le grain de folie, il y a généralement une bonne observation de nos méchancetés et rancoeurs quotidiennes.
Coline
Je ne suis pas une bonne cliente pour l’absurde et l’humour. J’admire quand même la capacité que tu as à nous offrir une mini nouvelle en si peu de temps. Et puis tes néologismes sont vraiment savoureux.
Alex
Bonne idée de proposer un poème, il fallait oser, tu ouvres peut-être une voie.
L’ensemble est perfectible, la faute aux contraintes, mais j’aime bien cette prise de risques parfaitement réussie.
J’ai été séduite par :
et surtoutLes flocons bleus mordront des semaines, des mois
Titille la neige bleue ce paysage futur
Tandis que nos consciences, incongrues, ne sont plus.
Une musique barbare triomphe sur l'azur.
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
A demain les amis
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Bonne nuit les courageux inspirés ;o)
Pas pu participer, ce sera pour la prochaine...
Pas pu participer, ce sera pour la prochaine...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
La montagne au coin de cheminée
Il faisait froid, ce vendredi soir, à l'Isle-Saint-Georges. Un bon gros froid de canard, à geler les langues qui sortent un peu trop des bouches. Du coup, personne ne disait rien. Même ceux qui n'avaient pas froid, bien au chaud devant un bon feu de cheminée. La tante Lu, sur sa chaise à bascule, les yeux mi-clos, avait les doigts plongés dans son dernier ouvrage, un début d'écharpe en tricot qu'elle faisait pour sa petite-fille chérie. La petite-fille chérie, elle, était assise sur le tapis, un tapis rouge et ambre, à jouer avec des cubes, avec une lettre majuscule sur une face, un tigre ou une girafe sur une autre. Léo, pourtant rarement silencieux, ne faisait pas exception à la tranquillité de l'atmosphère, où seuls régnaient les crépitements du feu. Touillant le fond de son café décaféiné sans vraiment y faire attention, il regardait Amélie. Il venait de faire ce constat que lui-même était de loin la personne la plus jeune à sa connaissance à boire du café et qu'Amélie, elle, devait être la petite fille la plus âgée de toute l'école à jouer encore avec des cubes. Il trouvait ce constat assez surprenant et, s'il n'y avait entre sa cousine et lui ce lien qu'il ne parvenait pas à s'expliquer, il se sentirait à des années-lumières de l'enfance qui entassait des cubes devant ses yeux.
« Tu es pensif, mon Léo. »
L'intéressé sursauta en entendant la voix de sa tante qu'il pensait assoupie.
« Grand-mère, tu as raison, mais je ne saurais pas te dire pourquoi ».
La tante Lu eut un petit rire qui ressemblait à une toux.
« Regarde-là, cette petite. Crois-tu qu'elle serait sortie pour faire une bataille de boules de neiges avec les fils du voisin. Mais non, elle n'a pas quitté ses cubes et son ours en peluche. »
Amélie semblait ne pas entendre et, un imperturbable sourire aux lèvres, envoyait valser la moitié de sa construction.
« Oui grand-mère, je la regarde. C'est drôle, ça me semble tellement loin, ces petits jeux, prendre ses mains tantôt pour des grues de constructeur, tantôt pour des pelleteuses qui rasent tout, qui refont page blanche. Voir le sourire qu'une chose aussi simple que ça, aussi simple qu'une marée qui monte et qui descend et qui remonte et qui redescend, voir le sourire qu'une chose aussi simple que ça peut donner, ça me redonne confiance en l'avenir de l'humanité. »
La tante Lu eut un nouvel éclat de rire toussé, la petite quant à elle troquait les cubes pour les crayons de couleur qu'elle avait éparpillé un peu partout et, cherchant une feuille blanche, s'obstinait à vouloir faire disparaître le moindre centimètre carré qui ne serait pas recouvert de bleu, de jaune ou de rouge.
« Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça. C'est stupide. »
« Pour avoir l'air intelligent mon Léo, quoi d'autre ? »
« Oui, sûrement. »
« Tu vois Léo, toi aussi tu es encore jeune. »
« Tu crois ? »
« Mais oui. Il faut être jeune pour parler de confiance en l'avenir de l'humanité. À mon âge, il n'y a que le passé qui vous intéresse. »
« C'est triste, dit comme ça... »
« Non, bien sûr que non ce n'est pas triste. Il y a encore des tas et des tas d'histoires à raconter. Ce n'est pas parce que j'arrive au bout d'un chemin que je ne vais pas en emprunter un autre. As-tu déjà escaladé une montagne, mon Léo ? »
« Non. »
« Ah ! Alors un jour, il faudra. Moi, j'en ai déjà grimpé une, il y a longtemps, avec ton père. C'était le Mont Perdu, je crois bien. Une vue absolument magnifique : le Lac glacé du Marboré et la vallée d'Ordesa d'un côté, le Cirque de Gavarnie de l'autre. Mais grands dieux, quel calvaire que ce pierrier. Tu prierais pour qu'un chirurgien te greffe des mains à la place des pieds tellement il est difficile de faire confiance à son corps dans de tels moments. Pourtant, on le veut ce sommet, ce n'est presque que pour lui qu'on a grimpé. Et une fois au milieu du pierrier, il ne sert plus à rien de reculer. On serait bien déçu, sinon. Alors on continue, péniblement, éventuellement on s'arrête pour observer un gypaète barbu qui titille de l'oeil, mais on se remet vite à la tâche, aveuglément. On veut toucher le ciel, et le ciel se rapproche, petit à petit, il n'y a plus rien entre nous et lui. Et tout autour, le monde à perte de vue. Il n'y a que de cette façon que l'on perçoit la splendeur et l'immensité de notre terre. On est entre deux, entre la terre en dessous, entre le ciel au dessus, entre les hommes en bas, entre les dieux en haut. Un moyen terme, à l'étage où, quand le paradis les ennuie, les anges viennent se distraire. On en voit même un, parfois, qui se cache derrière un nuage ou un rayon de soleil. Plutôt rayon de soleil, d'ailleurs, parce qu'à cette altitude, les nuages ne sont pas nombreux. Et toi tu es allongé à la cîme de la montagne, immobile comme une marmotte en hiver, sauf que ton terrier c'est le grand air et la caresse du vent d'été – il faudrait être fou pour s'y rendre à une autre saison ! Alors, mordu de brise ensoleillée, que fais-tu ? Une sieste, bien sûr, après l'effort, et pourquoi pas une petite bouteille de cidre emportée dans le sac à dos tout spécialement. Je me rappelle, ton oncle en aurait bu la moitié si ton père n'avait pas menacé de lui cacher ses souliers pendant la sieste. Qu'est-ce qu'on avait ri ! Mais enfin, après tout ça. Il faut bien redescendre. Quelques heures auparavant, le sommet était le seul but, la fin des fins, et à présent, eh bien ! On peut redécouvrir la route dans l'autre sens, oui. Mais le mieux, selon moi, c'est prendre un autre chemin, découvrir une autre voie. On est parti d'Aragon, eh bien on finira dans nos Pyrénées françaises ! Ce qu'on a fait. Et, une fois arrivés en bas de l'autre versant, près de la grande cascade de Gavarnie, nous nous sommes retournés. Il nous a semblé que c'était une autre montagne. Qu'elle n'avait rien à voir avec celle que nous avions si hardiment escaladée. Oui, ce sommet, on l'avait perdu dans notre mémoire. Aujourd'hui je m'y revois comme si c'était hier, et pourtant, côté espagnol, côté français, c'étaient deux vies différentes. Comme le goût d'un bon cognac qui sent l'abricot au premier quart d'heure, et la cannelle au second. »
La vieille dame poussa un profond soupir et, à nouveau, le crépitement des flammes ressurgit du silence, accompagné du gratouillis des crayons d'Amélie.
« Grand-mère... Tu penses qu'on vit plusieurs fois dans une seule existence ? »
« Allons mon petit, ne me fais pas tousser derechef. Je te dirai seulement que tu as un compas dans l'oeil. Et maintenant, va donc me chercher un verre d'eau, parler aussi longtemps à mon âge, ça épuise. »
Léo s'exécuta.
Un étage plus bas, au ras du sol, Amélie étouffa un cri.
« Tonton Léo ! Tonton Léo ! »
« Qu'y a-t-il ma poupée ? »
« Regarde, sur le dessin il y a toi avec un monsieur qui joue du ukulélé. »
« Tu sais ce que c'est qu'un ukulélé ? »
« Euh, non, mais il en joue quand même, c'est pas grave ! »
« C'est juste que ton ukulélé ressemble à une pelleteuse. »
« Pourquoi, ça ressemble à quoi normalement ? »
« À une petite guitare. Mais ce n'est pas grave, garde la pelleteuse, demain tu pourras remplir une nouvelle page blanche. »
Il faisait froid, ce vendredi soir, à l'Isle-Saint-Georges. Un bon gros froid de canard, à geler les langues qui sortent un peu trop des bouches. Du coup, personne ne disait rien. Même ceux qui n'avaient pas froid, bien au chaud devant un bon feu de cheminée. La tante Lu, sur sa chaise à bascule, les yeux mi-clos, avait les doigts plongés dans son dernier ouvrage, un début d'écharpe en tricot qu'elle faisait pour sa petite-fille chérie. La petite-fille chérie, elle, était assise sur le tapis, un tapis rouge et ambre, à jouer avec des cubes, avec une lettre majuscule sur une face, un tigre ou une girafe sur une autre. Léo, pourtant rarement silencieux, ne faisait pas exception à la tranquillité de l'atmosphère, où seuls régnaient les crépitements du feu. Touillant le fond de son café décaféiné sans vraiment y faire attention, il regardait Amélie. Il venait de faire ce constat que lui-même était de loin la personne la plus jeune à sa connaissance à boire du café et qu'Amélie, elle, devait être la petite fille la plus âgée de toute l'école à jouer encore avec des cubes. Il trouvait ce constat assez surprenant et, s'il n'y avait entre sa cousine et lui ce lien qu'il ne parvenait pas à s'expliquer, il se sentirait à des années-lumières de l'enfance qui entassait des cubes devant ses yeux.
« Tu es pensif, mon Léo. »
L'intéressé sursauta en entendant la voix de sa tante qu'il pensait assoupie.
« Grand-mère, tu as raison, mais je ne saurais pas te dire pourquoi ».
La tante Lu eut un petit rire qui ressemblait à une toux.
« Regarde-là, cette petite. Crois-tu qu'elle serait sortie pour faire une bataille de boules de neiges avec les fils du voisin. Mais non, elle n'a pas quitté ses cubes et son ours en peluche. »
Amélie semblait ne pas entendre et, un imperturbable sourire aux lèvres, envoyait valser la moitié de sa construction.
« Oui grand-mère, je la regarde. C'est drôle, ça me semble tellement loin, ces petits jeux, prendre ses mains tantôt pour des grues de constructeur, tantôt pour des pelleteuses qui rasent tout, qui refont page blanche. Voir le sourire qu'une chose aussi simple que ça, aussi simple qu'une marée qui monte et qui descend et qui remonte et qui redescend, voir le sourire qu'une chose aussi simple que ça peut donner, ça me redonne confiance en l'avenir de l'humanité. »
La tante Lu eut un nouvel éclat de rire toussé, la petite quant à elle troquait les cubes pour les crayons de couleur qu'elle avait éparpillé un peu partout et, cherchant une feuille blanche, s'obstinait à vouloir faire disparaître le moindre centimètre carré qui ne serait pas recouvert de bleu, de jaune ou de rouge.
« Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça. C'est stupide. »
« Pour avoir l'air intelligent mon Léo, quoi d'autre ? »
« Oui, sûrement. »
« Tu vois Léo, toi aussi tu es encore jeune. »
« Tu crois ? »
« Mais oui. Il faut être jeune pour parler de confiance en l'avenir de l'humanité. À mon âge, il n'y a que le passé qui vous intéresse. »
« C'est triste, dit comme ça... »
« Non, bien sûr que non ce n'est pas triste. Il y a encore des tas et des tas d'histoires à raconter. Ce n'est pas parce que j'arrive au bout d'un chemin que je ne vais pas en emprunter un autre. As-tu déjà escaladé une montagne, mon Léo ? »
« Non. »
« Ah ! Alors un jour, il faudra. Moi, j'en ai déjà grimpé une, il y a longtemps, avec ton père. C'était le Mont Perdu, je crois bien. Une vue absolument magnifique : le Lac glacé du Marboré et la vallée d'Ordesa d'un côté, le Cirque de Gavarnie de l'autre. Mais grands dieux, quel calvaire que ce pierrier. Tu prierais pour qu'un chirurgien te greffe des mains à la place des pieds tellement il est difficile de faire confiance à son corps dans de tels moments. Pourtant, on le veut ce sommet, ce n'est presque que pour lui qu'on a grimpé. Et une fois au milieu du pierrier, il ne sert plus à rien de reculer. On serait bien déçu, sinon. Alors on continue, péniblement, éventuellement on s'arrête pour observer un gypaète barbu qui titille de l'oeil, mais on se remet vite à la tâche, aveuglément. On veut toucher le ciel, et le ciel se rapproche, petit à petit, il n'y a plus rien entre nous et lui. Et tout autour, le monde à perte de vue. Il n'y a que de cette façon que l'on perçoit la splendeur et l'immensité de notre terre. On est entre deux, entre la terre en dessous, entre le ciel au dessus, entre les hommes en bas, entre les dieux en haut. Un moyen terme, à l'étage où, quand le paradis les ennuie, les anges viennent se distraire. On en voit même un, parfois, qui se cache derrière un nuage ou un rayon de soleil. Plutôt rayon de soleil, d'ailleurs, parce qu'à cette altitude, les nuages ne sont pas nombreux. Et toi tu es allongé à la cîme de la montagne, immobile comme une marmotte en hiver, sauf que ton terrier c'est le grand air et la caresse du vent d'été – il faudrait être fou pour s'y rendre à une autre saison ! Alors, mordu de brise ensoleillée, que fais-tu ? Une sieste, bien sûr, après l'effort, et pourquoi pas une petite bouteille de cidre emportée dans le sac à dos tout spécialement. Je me rappelle, ton oncle en aurait bu la moitié si ton père n'avait pas menacé de lui cacher ses souliers pendant la sieste. Qu'est-ce qu'on avait ri ! Mais enfin, après tout ça. Il faut bien redescendre. Quelques heures auparavant, le sommet était le seul but, la fin des fins, et à présent, eh bien ! On peut redécouvrir la route dans l'autre sens, oui. Mais le mieux, selon moi, c'est prendre un autre chemin, découvrir une autre voie. On est parti d'Aragon, eh bien on finira dans nos Pyrénées françaises ! Ce qu'on a fait. Et, une fois arrivés en bas de l'autre versant, près de la grande cascade de Gavarnie, nous nous sommes retournés. Il nous a semblé que c'était une autre montagne. Qu'elle n'avait rien à voir avec celle que nous avions si hardiment escaladée. Oui, ce sommet, on l'avait perdu dans notre mémoire. Aujourd'hui je m'y revois comme si c'était hier, et pourtant, côté espagnol, côté français, c'étaient deux vies différentes. Comme le goût d'un bon cognac qui sent l'abricot au premier quart d'heure, et la cannelle au second. »
La vieille dame poussa un profond soupir et, à nouveau, le crépitement des flammes ressurgit du silence, accompagné du gratouillis des crayons d'Amélie.
« Grand-mère... Tu penses qu'on vit plusieurs fois dans une seule existence ? »
« Allons mon petit, ne me fais pas tousser derechef. Je te dirai seulement que tu as un compas dans l'oeil. Et maintenant, va donc me chercher un verre d'eau, parler aussi longtemps à mon âge, ça épuise. »
Léo s'exécuta.
Un étage plus bas, au ras du sol, Amélie étouffa un cri.
« Tonton Léo ! Tonton Léo ! »
« Qu'y a-t-il ma poupée ? »
« Regarde, sur le dessin il y a toi avec un monsieur qui joue du ukulélé. »
« Tu sais ce que c'est qu'un ukulélé ? »
« Euh, non, mais il en joue quand même, c'est pas grave ! »
« C'est juste que ton ukulélé ressemble à une pelleteuse. »
« Pourquoi, ça ressemble à quoi normalement ? »
« À une petite guitare. Mais ce n'est pas grave, garde la pelleteuse, demain tu pourras remplir une nouvelle page blanche. »
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
La mienne aussi. Je vous lis demain, et pourquoi pas, donne rendez-vous aux absents du soir ou ceux qui seront encore en forme, pour un spécial noël ?Kilis a écrit:Bonne nuit tout le monde, ma couette me fait de l'œil.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Quel boulot que ces aventures !
Jolie avalanche.
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Ba- Nombre de messages : 4855
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Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Alex : Du coup c'est la deuxième mouture que j'ai lu. À la première (hier 1h du mat') j'avais pas trop capté, mais là ce matin, c'est parfait. Et bref, je suis un mauvais commentateur en matière de poésie, alors je ne dirai que bravo.
Coline : Ah, les joies de l'absurde ! Dur dur, j'imagine, en effet, de recoudre celle qu'on voudrait déshabiller... Remarquées, les dombaslisées et les carlatisées. Sympatoche !
Elea : Un régal au niveau du dessert. Je ne voyais pas trop où tu voulais en venir au début, mais à la fin, oui, très drôle ! « Garde mes mains sur tes hanches » et cette histoire de lobe, magnifique !
M-arjolaine : En parlant d'absurde, mon coup de coeur, vraiment très bon. Surtout cette implacable fin, l'admiration de la mère tellement raisonnable quand elle parle de buter ses mômes...
Easter : C'est mignon tout plein, ça, un vrai conte de Noël ! Comme quoi les choses les plus simples peuvent être particulièrement belles.
Kilis : Un peu pénible, ce môme qui répète plusieurs fois les lettres en un seul mot... Sinon que du bonheur ! C'est peut-être juste un peu court pour une histoire sans fin ?
Lyrette : N'ai pas réussi à entrer dedans, embêtant ça. Pourtant il y a bien une ambiance, une montée en intensité et un personnage qui communique quelque chose, malheureusement pour moi je ne suis pas parvenu à accrocher. Ce sera pour la prochaine !
Abstract : Oh, j'ai adoré celui-là. Cette jolie Mohamed et son soupirant enneigé, j'ai l'impression d'un Eternal Sunshine of the Spotless Mind dans ce parallèle bleuté. Je le redis, j'ai adoré.
Coline : Ah, les joies de l'absurde ! Dur dur, j'imagine, en effet, de recoudre celle qu'on voudrait déshabiller... Remarquées, les dombaslisées et les carlatisées. Sympatoche !
Elea : Un régal au niveau du dessert. Je ne voyais pas trop où tu voulais en venir au début, mais à la fin, oui, très drôle ! « Garde mes mains sur tes hanches » et cette histoire de lobe, magnifique !
M-arjolaine : En parlant d'absurde, mon coup de coeur, vraiment très bon. Surtout cette implacable fin, l'admiration de la mère tellement raisonnable quand elle parle de buter ses mômes...
Easter : C'est mignon tout plein, ça, un vrai conte de Noël ! Comme quoi les choses les plus simples peuvent être particulièrement belles.
Kilis : Un peu pénible, ce môme qui répète plusieurs fois les lettres en un seul mot... Sinon que du bonheur ! C'est peut-être juste un peu court pour une histoire sans fin ?
Lyrette : N'ai pas réussi à entrer dedans, embêtant ça. Pourtant il y a bien une ambiance, une montée en intensité et un personnage qui communique quelque chose, malheureusement pour moi je ne suis pas parvenu à accrocher. Ce sera pour la prochaine !
Abstract : Oh, j'ai adoré celui-là. Cette jolie Mohamed et son soupirant enneigé, j'ai l'impression d'un Eternal Sunshine of the Spotless Mind dans ce parallèle bleuté. Je le redis, j'ai adoré.
Chako Noir- Nombre de messages : 5442
Age : 34
Localisation : Neverland
Date d'inscription : 08/04/2008
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Alex:
Contente de lire un poème (tiens faudrait reprendre les soirées sonnet!) cela dit suis restée un peu hermétique, je ne sais pas pourquoi, peut-être un peu trop ampoulé pour moi, manquant de naturel. Ce style n'est pas souvent ma tasse de thé...
Coline :
drôle et inventif, j’aime bien, moi, ce petit bar pelleteuse ! et les vitrines assassines.
Elea :
« il a voulu passer l’alliance à mon oreille » « laisse mes mains sur tes hanches » j’aime bien ce petit clin d'œil musical! Parfois le retour fréquent des « hein » m’a un peu gêné, mais sinon, ça se lit tout seul !
M-arjolaine :
Ahah, c’est tellement bon cet humour noir ! Et tout passe avec tellement d’aisance, que c’en est déconcertant :0) tu nous fais passer les pires horreurs avec, de la répulsion oui, mais toujours ce sourire en coin, et cette distance. Tu manies très bien l’absurde, l’insertion de phrases décalées et marquantes pile là où il faut… y a rien à redire, c’est vraiment super. Et les contraintes, tout juste dans tes thèmes de prédilection ;0)
Easter :
assez touchant ce petit bonhomme qui ne vit que dans l’attente de sortir sa pelleteuse. J’aime vraiment bien cette chute. Ça se lit bien, juste, à mon avis, l’insertion de la contrainte des couleurs, qui se fait un peu trop sentir.
Kilis :
ça m’amuse ce petit retour à la réalité à la fin, et l’histoire qui recommence. Je le trouve bien ce début, on s’attache à ces trois personnages à la recherche d’une bmw sous les sapins blancs :0) c’est amusant parce que visuellement on (enfin je !) fait l’association d’idée avec le sapin de noël et une petite voiture dessous, + l'image des télétubbies, du coup ça crée un mélange d’images qui me plait bien
Abstract :
J’aime bien cette histoire de ligne, je trouve ça assez beau et visuel en plus ! ça fait très land art :0) j’aime aussi cette petite blonde aux yeux bleues qui s’appelle Mohamed, ça intrigue d'emblée et la fin qui y fait allusion est la bienvenue. Bien aimé ce texte !
Chako :
En fait j’aimais bien le début, je trouvais que le cadre était bien posé, les personnages aussi, c’était visuel, pas très chaleureux et justement, ça intrigue. Puis à partir du monologue de la tante/grand-mère j’ai décroché, trouvais la tirade assez convenue parfois, idem pour la fin, et dommage parce que ça partait bien tout ça !
Contente de lire un poème (tiens faudrait reprendre les soirées sonnet!) cela dit suis restée un peu hermétique, je ne sais pas pourquoi, peut-être un peu trop ampoulé pour moi, manquant de naturel. Ce style n'est pas souvent ma tasse de thé...
Coline :
drôle et inventif, j’aime bien, moi, ce petit bar pelleteuse ! et les vitrines assassines.
Elea :
« il a voulu passer l’alliance à mon oreille » « laisse mes mains sur tes hanches » j’aime bien ce petit clin d'œil musical! Parfois le retour fréquent des « hein » m’a un peu gêné, mais sinon, ça se lit tout seul !
M-arjolaine :
Ahah, c’est tellement bon cet humour noir ! Et tout passe avec tellement d’aisance, que c’en est déconcertant :0) tu nous fais passer les pires horreurs avec, de la répulsion oui, mais toujours ce sourire en coin, et cette distance. Tu manies très bien l’absurde, l’insertion de phrases décalées et marquantes pile là où il faut… y a rien à redire, c’est vraiment super. Et les contraintes, tout juste dans tes thèmes de prédilection ;0)
Easter :
assez touchant ce petit bonhomme qui ne vit que dans l’attente de sortir sa pelleteuse. J’aime vraiment bien cette chute. Ça se lit bien, juste, à mon avis, l’insertion de la contrainte des couleurs, qui se fait un peu trop sentir.
Kilis :
ça m’amuse ce petit retour à la réalité à la fin, et l’histoire qui recommence. Je le trouve bien ce début, on s’attache à ces trois personnages à la recherche d’une bmw sous les sapins blancs :0) c’est amusant parce que visuellement on (enfin je !) fait l’association d’idée avec le sapin de noël et une petite voiture dessous, + l'image des télétubbies, du coup ça crée un mélange d’images qui me plait bien
Abstract :
J’aime bien cette histoire de ligne, je trouve ça assez beau et visuel en plus ! ça fait très land art :0) j’aime aussi cette petite blonde aux yeux bleues qui s’appelle Mohamed, ça intrigue d'emblée et la fin qui y fait allusion est la bienvenue. Bien aimé ce texte !
Chako :
En fait j’aimais bien le début, je trouvais que le cadre était bien posé, les personnages aussi, c’était visuel, pas très chaleureux et justement, ça intrigue. Puis à partir du monologue de la tante/grand-mère j’ai décroché, trouvais la tirade assez convenue parfois, idem pour la fin, et dommage parce que ça partait bien tout ça !
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Impossible de revenir hier soir, à cause d'un ordi en phase de mort imminente... mais je vous lirai avec plaisir :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo live mardi 21 décembre 2010 à 20h30
Marjolaine: comme toujours c’est brillant et maîtrisé. Et, même si c’est très loin de ce que je recherche dans mes lectures, j’admire la qualité de ton écriture. Si j’ai un seul reproche à faire, c’est qu’il y a un côté systématique dans les histoires que tu racontes. Mais c’est aussi cela qu’on appelle avoir du style.
Easter : joli conte de noël, j’ai vraiment apprécié cette description de l’attente, c’est très bien rendu et surtout il y a justesse et une précision que j’aime beaucoup dans ton écriture. Dommage que tu te fasses si rare, c’est un moment très agréable que de te lire.
Kilis : j’aime bien le début puis ça part en c... ce truc. En fait, je ne comprends pas trop tes intentions avec ce texte. Un petit manque d’inspiration peut-être.
Lyra Will : j’ai eu un peu de mal à te suivre dans ce texte très dense. Peut-être trop dense pour moi. J’y ai rencontré une accumulation de substantifs sans comprendre où tu désirais me mener.
Chako : le début était prometteur avec
Easter : joli conte de noël, j’ai vraiment apprécié cette description de l’attente, c’est très bien rendu et surtout il y a justesse et une précision que j’aime beaucoup dans ton écriture. Dommage que tu te fasses si rare, c’est un moment très agréable que de te lire.
Kilis : j’aime bien le début puis ça part en c... ce truc. En fait, je ne comprends pas trop tes intentions avec ce texte. Un petit manque d’inspiration peut-être.
Lyra Will : j’ai eu un peu de mal à te suivre dans ce texte très dense. Peut-être trop dense pour moi. J’y ai rencontré une accumulation de substantifs sans comprendre où tu désirais me mener.
Chako : le début était prometteur avec
mais j’ai trouvé le reste trop bavard, et je me suis un peu perdue dans le récit.à geler les langues qui sortent un peu trop des bouches
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 55
Date d'inscription : 10/02/2009
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