Souvenir marin

Illusion calme plat de la terre natale
Tu fixes sur ma bouche un sourire apaisant
Oserais-je crier ma rancune fatale
Mais j’entends le murmure au loin de l’océan

Une brume sans âge envahit le vieux port
Où percent les rayons de l’aurore écumante
Cependant que la mer aux larges vagues d’or
S’allonge tendrement sur les roches dormantes

Et la pluie abattant comme de lourdes lames
Les milliers de cristaux du firmament brisé
Inonde mon image et entaille mon âme

Or tandis que le lent aquilon se déploie
tandis que voiliers et désirs prennent l’eau
Telle une ancre je suis sur la berge qui ploie

Quel est ce souvenir d’une vie à paraître
Le long du quai brumeux un marcheur solitaire
Un homme à la frontière et de l’ombre et de l’être
Les horizons tournés vers l’astre délétère

Illusion grand miroir aux reflets transparents
Tu glaces sous mes yeux une larme candide
Oserais-je souffler la pesanteur du vent
Au-delà du pays de ma présence vide.

Un peu trop d'emphase, à mon goût, dans les descriptions "les rayons de l'aurore écumante", "la mer aux larges vagues d'or", "le lent aquilon se déploie"... J'aime bien, pourtant, "Et la pluie abattant comme de lourdes lames Les milliers de cristaux du firmament brisé Inonde mon image et entaille mon âme"
Ce sont les deux derniers mots qui m'ont donné envie de commenter. J'y ressens la poignante inutilité d'être.
Je comprends que l'on puisse avoir envie, un jour, d'écrire ce genre de poème. Merci pour l'émotion ressentie.

Une certaine emphase qui n'est pas pour me déplaire. Elle convient assez à ce vieil homme ou loup de mer qui traîne sur le port.

J'aime particulièrement ces deux vers:

"Le long du quai brumeux un marcheur solitaire
Un homme à la frontière et de l’ombre et de l’être"
Oui, c'est beau, ça!

De belles choses, emphatiques, oui, sans doute.
Quelques couacs rythmiques, aussi, comme: "tandis que voiliers 5 et désirs prennent l’eau 6"

Dans l’ensemble, il est ici pour ma part une lecture de plutôt bonne qualité.

Les passages appréciés :

« Et la pluie abattant comme de lourdes lames
Les milliers de cristaux du firmament brisé
Inonde mon image et entaille mon âme »

«Quel est ce souvenir d’une vie à paraître
Le long du quai brumeux un marcheur solitaire
Un homme à la frontière et de l’ombre et de l’être
Les horizons tournés vers l’astre délétère »


Mais personnellement, il y a plusieurs utilisations et expressions qui me semblent trop convenues poétiquement ; par exemple :

« Une brume sans âge »
« Où percent les rayons de l’aurore écumante »
« Or tandis que le lent aquilon se déploie » me semble de + peu judicieux et juste ; l’aquilon étant un vent, le sens de formulation me convainc assez peu.

Ici :

« Inonde mon image et entaille mon âme

Or tandis que le lent aquilon se déploie
tandis que voiliers et désirs prennent l’eau »

L’enchaînement entre 2 strophes me semble peu naturel, un « rajout ».
Le « or » et les « tandis » ajoutant une certaine lourdeur à l’écriture.

Egalement l’emploi doublé de « brume » / « brumeux » ; une fois de trop pour moi.

De plus, l’absence de ponctuation, sans doute un choix.
Néanmoins, il peut en aider à marquer la lecture et les rythmes.
Personnellement, j’en percois un manque d’expression et de construction ; ne serait-ce pour ce passage entre 2 strophes :

« Telle une ancre je suis sur la berge qui ploie

Quel est ce souvenir d’une vie à paraître »


Et pour finir sur mes impressions, j’ai bien aimé là :

« Oserais-je souffler la pesanteur du vent » (belle image poétique)
« Au-delà du pays de ma présence vide. »

Est-ce parceque j'aime aussi le spectacle de la mer et de ses rivages ?
Toujours est-il que j'ai beaucoup aimé ce poème, où j'ai retrouvé sans peine, une atmosphère et des réflexions, souvent ressenties en pareilles circonstances, et ici, fort bien restituées.

Beaucoup de charme dans cette lecture ...

Mychelc

Jean a écrit:
Le long du quai brumeux un marcheur solitaire
Un homme à la frontière et de l’ombre et de l’être
....
Oserais-je souffler la pesanteur du vent
Au-delà du pays de ma présence vide.

La mer, j'aime en lire les descriptions ; elle inspire tant !
J'ai beaucoup apprécié les quatre vers que j'ai cités. D'ailleurs, j'aurais bien vu le poème commençant par cet homme marchant sur le quai.
Cet avis est tout personnel, l'auteur peut avoir besoin d'un autre cheminement.