Échec
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Carmen P.
Rêvelin
Hellian
zenobi
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Échec
Excepté le désir légitime du beau
comment donc osons-nous exposer ces souillures
ces pauvres graffitis dégoulinant d’égo
sur le banc virginal des pages et des murs
Nous habillons de mots nos craintes d’éphémères
et singeons en boitant les vers de nos ancêtres
Ces vaines parodies de bègues sans mystères
ne font pas oublier l’absurdité de naître
L’imbécile imagine apporter quelque épice
par des termes anglais un peu d’obscurité
le besogneux copie des sanglots hérités
nul et le sachant je suis ce chien qui pisse
incapable qu’il est d’apporter une pierre
nouvelle à l’édifice.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Échec
La question étant donc de savoir s'il n'y a pas quelque complaisance perverse à dénoncer sa propre impuissance en se donnant l'illusion d'y soustraire un résidu de lucidité assaisonné d'une once de talent. Ainsi puisque vous faite jeu d'appeler cette sorte de critique, je m'en voudrais de m'y livrer. On peut avoir du talent à dénoncer son absence, auquel cas l'échec est total, c'est l'unique occasion que l'on a de s'en féliciter.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Échec
Parfois le découragement devant la page blanche ou l'absence d'inspiration nous ferait dire n'importe quoi !
Le poème est une création exigeante où l'imagination a du mal à se laisser tranformer par les outils poétiques.
Nous sommes rarement satisfaits par nos écrits ; impression d'avoir obtenu une construction bancale.
L' important n'est pas d'apporter une pierre nouvelle à l'édifice mais d'éprouver notre persévérance en se remettant à la tâche, tant que nous avons quelque chose à découvrir par l'écriture...
Le poème est une création exigeante où l'imagination a du mal à se laisser tranformer par les outils poétiques.
Nous sommes rarement satisfaits par nos écrits ; impression d'avoir obtenu une construction bancale.
L' important n'est pas d'apporter une pierre nouvelle à l'édifice mais d'éprouver notre persévérance en se remettant à la tâche, tant que nous avons quelque chose à découvrir par l'écriture...
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 70
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: Échec
Hellian,
Vous m’expliquerez, à l’occasion, en quoi la lucidité, même résiduelle, effacerait l’impuissance, ou, inversement, en quoi l’impuissance exempterait de la lucidité. Mes lectures me donneraient à penser que, tout au contraire, elles vont souvent de pair. Ne dit-on pas que la chouette de Minerve ne s’envole qu’à la nuit tombée ?
Quant au « talent », ce n’était pas exactement le propos de ce texte, lequel, par conséquent, et au vu de la qualité habituelle de vos lectures, a donc doublement échoué. Il me semble même, relisant votre première phrase curieusement structurée, que je vous ai irrité. Je le regrette, croyez-le, ce n’était pas non plus la cible de cette flèche mal lancée.
Enfin, la complaisance ne m’animait pas. Tout juste bouillonnait la conscience dépitée de ne porter aucune pierre nouvelle, pas même un petit caillou.
Pour les deux autres commentateurs, je voudrais juste ajouter qu’on n’attend pas toujours un « ça m’a plu » et que, cette fois, un « ben oui » m’aurait suffi.
(Merci, Carmen.)
Vous m’expliquerez, à l’occasion, en quoi la lucidité, même résiduelle, effacerait l’impuissance, ou, inversement, en quoi l’impuissance exempterait de la lucidité. Mes lectures me donneraient à penser que, tout au contraire, elles vont souvent de pair. Ne dit-on pas que la chouette de Minerve ne s’envole qu’à la nuit tombée ?
Quant au « talent », ce n’était pas exactement le propos de ce texte, lequel, par conséquent, et au vu de la qualité habituelle de vos lectures, a donc doublement échoué. Il me semble même, relisant votre première phrase curieusement structurée, que je vous ai irrité. Je le regrette, croyez-le, ce n’était pas non plus la cible de cette flèche mal lancée.
Enfin, la complaisance ne m’animait pas. Tout juste bouillonnait la conscience dépitée de ne porter aucune pierre nouvelle, pas même un petit caillou.
Pour les deux autres commentateurs, je voudrais juste ajouter qu’on n’attend pas toujours un « ça m’a plu » et que, cette fois, un « ben oui » m’aurait suffi.
(Merci, Carmen.)
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Échec
Non,non, vous vous méprenez/
D'abord, la référence au talent n'est pas hypocrite. Votre texte est loin d'en être dénué et c'est ce qu'en creux, je voulais souligner. Le reste n'est qu'un jeu ( comme ce qu'a dit Rêvelin, me semble-t-il ), le vôtre d'ailleurs (et là c'est bien fait pour vous !) : " Ce n'est pas parce que je n'ai rien à dire que je vais fermer ma gueule " et en plus " regardez comme je chante faux...tout en chantant juste "...Avouez que le commentaire devient alors périlleux. C'est le risque de cette thématique par nature perverse. Pour ne rien vous cacher, c'est le thème choisie qui m'irrite, à l'instar de tout poème sur la poésie et son impuissance, version en négatif de l'oeuf et de la poule.:
Je vous répondrai plus tard sur l'impuissance et la lucidité.
D'abord, la référence au talent n'est pas hypocrite. Votre texte est loin d'en être dénué et c'est ce qu'en creux, je voulais souligner. Le reste n'est qu'un jeu ( comme ce qu'a dit Rêvelin, me semble-t-il ), le vôtre d'ailleurs (et là c'est bien fait pour vous !) : " Ce n'est pas parce que je n'ai rien à dire que je vais fermer ma gueule " et en plus " regardez comme je chante faux...tout en chantant juste "...Avouez que le commentaire devient alors périlleux. C'est le risque de cette thématique par nature perverse. Pour ne rien vous cacher, c'est le thème choisie qui m'irrite, à l'instar de tout poème sur la poésie et son impuissance, version en négatif de l'oeuf et de la poule.:
Je vous répondrai plus tard sur l'impuissance et la lucidité.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Échec
Exact ...
Mon commentaire me semble tout à fait intéressant et s'il ne vous plait pas, c'est votre problème. Il me semble qu'avec ces quelques mots on touche à l'essence de votre texte.
A tête reposée je peux aller un peu plus loin : l'idée me plait, même si elle est galvaudée, j'aime bien les grands paradoxes. Pour autant, je n'aime pas trop ces figures rhétoriques qui vous font parler au nom d'un "on", ça perd de sa force, ça perd l'engagement, vous lave presque de toutes ces bêtises que vous attribuez et je trouve ça du coup très peu intéressant, ou très snob peut-être ...
Mon commentaire me semble tout à fait intéressant et s'il ne vous plait pas, c'est votre problème. Il me semble qu'avec ces quelques mots on touche à l'essence de votre texte.
A tête reposée je peux aller un peu plus loin : l'idée me plait, même si elle est galvaudée, j'aime bien les grands paradoxes. Pour autant, je n'aime pas trop ces figures rhétoriques qui vous font parler au nom d'un "on", ça perd de sa force, ça perd l'engagement, vous lave presque de toutes ces bêtises que vous attribuez et je trouve ça du coup très peu intéressant, ou très snob peut-être ...
Re: Échec
Il y a quelque chose qui m'a vraiment dérangé dans le ton de ce texte, un côté donneur de leçon et hautain, avec un avis tranché qui n'accepte pas la diversité d'opinions, et ça, pour moi, ça ne passe pas du tout au niveau de la lecture, désolé
Attention : je parle du texte exclusivement, je me garderai bien de parler de l'auteur, d'accord ?
Attention : je parle du texte exclusivement, je me garderai bien de parler de l'auteur, d'accord ?
Invité- Invité
Echec
Salut zenobi!
Tout a été dit sur l'éventuelle coquetterie d'une telle déclaration, j'en doute et je me contente de vous faire remarquer que le vers
"nul et le sachant je suis ce chien qui pisse"
ne compte que 11 syllabes. Est ce fait exprès?
Sinon je partage totalement votre amertume à propos de l'abondance de poèmes nombrilistes, et l'encouragement à persévérer de Carmen. Je trouve particulièrement juste la phrase "nous avons quelque chose à découvrir par l'écriture..."
Tout a été dit sur l'éventuelle coquetterie d'une telle déclaration, j'en doute et je me contente de vous faire remarquer que le vers
"nul et le sachant je suis ce chien qui pisse"
ne compte que 11 syllabes. Est ce fait exprès?
Sinon je partage totalement votre amertume à propos de l'abondance de poèmes nombrilistes, et l'encouragement à persévérer de Carmen. Je trouve particulièrement juste la phrase "nous avons quelque chose à découvrir par l'écriture..."
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Échec
Rêvelin, vous m’avez mal lu, je pense, car je n’ai émis aucune remarque négative sur votre jugement. Il me semble, également, que le texte dit nous, le plus souvent- et jamais « on » !
Je regrette que ces trois derniers commentaires me refusent la sincérité. Il n’y avait, pour moi, que ça d’intéressant dans ce texte.
Ce que Vincent (dont les propos sont fort civils au demeurant) reproche au texte, c’est le côté donneur de leçon. Je comprends la critique. C’est un texte sans nuance, tout en colère, animé par une envie de ranger définitivement sa plume. Il n’interdit pas, mais ailleurs, bien sûr, qu’on défende des thèses totalement opposées.
Voilà, je me tais, j’ai surabondamment répondu, veuillez m’en excuser.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
echec
"ces trois derniers commentaires me refusent la sincérité"
Bien que je sois hostile à ce genre de dialogue d'aveugles sur VE, il me semble être incluse dans ces trois et je me dois de protester puisque j'ai dit le contraire: j'ai parlé d'une "éventuelle coquetterie" et je l'ai révoquée en "doute".
Bien que je sois hostile à ce genre de dialogue d'aveugles sur VE, il me semble être incluse dans ces trois et je me dois de protester puisque j'ai dit le contraire: j'ai parlé d'une "éventuelle coquetterie" et je l'ai révoquée en "doute".
Annie- Nombre de messages : 1452
Age : 74
Date d'inscription : 07/07/2010
Re: Échec
Excusez moi, de fait, Zenobi, pour mon emportement : )
Oui, j'ai vu le nous, mais pour moi cela revient au même. Je ne vous refuse absolument pas la sincérité, mais je trouve que ce pluriel la gâche.
Oui, j'ai vu le nous, mais pour moi cela revient au même. Je ne vous refuse absolument pas la sincérité, mais je trouve que ce pluriel la gâche.
Re: Échec
(Je dis que je me tais, etc.) Pour éviter un malentendu: non, Annie, je ne vous avais ni compté- ni lu-, votre message est arrivé alors que je répondais. Je comprends fort bien votre critique, ma seule réponse efficace serait de ne plus "salir" ni les pages, ni les murs, ni les "écrans"... Mais la chair est faible... et, sans que cela soit acquis, vous pouvez craindre que je récidive.
Oui, Rêvelin, vous avez raison, il est clair que j'englobe, dans ma colère, bien d'autres écrivants. Je sais, c'est moche. Et pourtant.
Oui, Rêvelin, vous avez raison, il est clair que j'englobe, dans ma colère, bien d'autres écrivants. Je sais, c'est moche. Et pourtant.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 54
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Échec
.......La dureté de certains commentaires m'espante. Ceci dit je me suis agacé à la lecture de ce texte : lorsque la poésie devient réflexive, lorsqu'elle s'envahit de l'ego ou commence à gloser sur elle-même (comme ces artistes qui présentent leur chanson ou leur oeuvre et dont on se dit aussitôt que celle-ci parle cent fois mieux qu'eux), lorsque - et nul n'est ou ne sera épargné- le seul thème devient "écrire" ou pire "qu'écrire?", "comment écrire?", cette poésie m'inquiète. A quoi bon ? Si l'inspiration me quitte, si ma plume rechigne et butte, si elle me tue d'être toujours à ma main, si je n'ai un soir plus rien à dire ou mieux à partager, si je me taris ne dois-je pas mieux me taire? rentrer dans ma coquille, me refaire? Et attendre l'aurore qui toujours vient.
.......Et enfin, en quoi devrions-nous toujours avoir quelquechose à dire ou à écrire? Je hais ceux qui n'ont pas de silence. Les forums de poésie participent aussi de ce rouleau compressant du toujours être présent, sans cesse on doit au feu bourrer le fourneau de son charbon à peine de disparaître, d'être oublié. Sans cultiver (c'est aussi une stratégie de la visibilité) la rareté, n'y aurait-il pas quelque vertu à l'intermittence? Le stress de la modernité est cette impatience, cette injonction permanente de faire, de dire, d'exister, d'être dans le champ, hypervisible et passer devant. Heureux qui reste derrière, laisse filer, pleurant, le flot des pressés qui se ruent à consommer le temps. L'injonction, le devoir, tuent. Il faut alors aller rechercher la lenteur, replonger dans les temps, regarder vivre, s'éloigner des brailleurs et des boniments, il faut alors se diluer dans l'attente, rechercher le coeur dans les tumultes et attendre. Attendre le retour de notre regard lorsqu'il se posera sur l'oiseau, là sur le mur, sans qu'on s'attendît à ce cette renaissance. La douceur vient à ceux qui ont eu peur.
.......Et enfin, en quoi devrions-nous toujours avoir quelquechose à dire ou à écrire? Je hais ceux qui n'ont pas de silence. Les forums de poésie participent aussi de ce rouleau compressant du toujours être présent, sans cesse on doit au feu bourrer le fourneau de son charbon à peine de disparaître, d'être oublié. Sans cultiver (c'est aussi une stratégie de la visibilité) la rareté, n'y aurait-il pas quelque vertu à l'intermittence? Le stress de la modernité est cette impatience, cette injonction permanente de faire, de dire, d'exister, d'être dans le champ, hypervisible et passer devant. Heureux qui reste derrière, laisse filer, pleurant, le flot des pressés qui se ruent à consommer le temps. L'injonction, le devoir, tuent. Il faut alors aller rechercher la lenteur, replonger dans les temps, regarder vivre, s'éloigner des brailleurs et des boniments, il faut alors se diluer dans l'attente, rechercher le coeur dans les tumultes et attendre. Attendre le retour de notre regard lorsqu'il se posera sur l'oiseau, là sur le mur, sans qu'on s'attendît à ce cette renaissance. La douceur vient à ceux qui ont eu peur.
Re: Échec
Un talent indéniable. Et un propos auquel je souscris assez, malgré un côté "donneur de leçons" un peu appuyé mais déjà souligné par certains commentateurs avant moi. Oui !
Invité- Invité
Re: Échec
Ce n'est pas parce que ce texte semble coquille vide que je vais l'écraser sans la contempler, ce serait dommage : sa vacuité est bien élégante .Et puis un peu d'auto-dérision, même drapée en toge, n'est pas pour me déplaire .
Polixène- Nombre de messages : 3298
Age : 62
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Échec
Zénobi,
je ne voudrais pas que mon commentaire vous soit agressif et pardon s'il en fut ainsi. Non, je trouve fort pertinent votre propos et j'y vois, tout comme Alex, le signe d'un talent indéniable ; enfin, je vous sais trop fin pour ne pas avoir saisi qu'il y avait dans cet échange une part de jeu...
Quant à la lucidité et sa relation avec la puissance ou son contraire, il y à la, à mon sens deux positions possible, soit la lucidité est l'argument suprême de notre résignation ou le moteur premier de notre liberté. Je préfère opter pour la seconde offre.
je ne voudrais pas que mon commentaire vous soit agressif et pardon s'il en fut ainsi. Non, je trouve fort pertinent votre propos et j'y vois, tout comme Alex, le signe d'un talent indéniable ; enfin, je vous sais trop fin pour ne pas avoir saisi qu'il y avait dans cet échange une part de jeu...
Quant à la lucidité et sa relation avec la puissance ou son contraire, il y à la, à mon sens deux positions possible, soit la lucidité est l'argument suprême de notre résignation ou le moteur premier de notre liberté. Je préfère opter pour la seconde offre.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: Échec
La gigantesque bête étendue en ces palais,
Régnant de merde en merde en l'Époque DE LA MERDE
Avec miroirs de merde où refléter sa merde
Et des lettrés par rangs de vingt chantant : « GLOIRE À LA MERDE ! »
AR.
Régnant de merde en merde en l'Époque DE LA MERDE
Avec miroirs de merde où refléter sa merde
Et des lettrés par rangs de vingt chantant : « GLOIRE À LA MERDE ! »
AR.
Invité- Invité
Re: Échec
Voilà remis à sa juste place l'Artisss qui sommeille en chacun de nous entre le pédant et l'imbécile... De quoi faire grincer quelques quenottes ! Sur cette échelle très humaine le chien qui pisse trop haut risque de s'arroser la truffe, à chacun de viser le bon échelon.
Jolie fable désabusée impeccablement mise en vers.
"nul et le sachant (bien ?) je suis ce chien qui pisse..." Non ?
Jolie fable désabusée impeccablement mise en vers.
"nul et le sachant (bien ?) je suis ce chien qui pisse..." Non ?
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