6 août 1945

6 août 1945

La ville s’éveillait d’une nuit ordinaire
Mais tout était trop calme en ce matin d’été.
Le soleil était haut déjà sur l’horizon
Les reines de la nuit regagnaient leur futon.

Des bonzes têtes nues sortaient d’une pagode,
Un vieil homme chantait un haïku en ode
Au Bouddha protecteur de l’Empire des sens.
Partout dans l’air flottait le parfum de l’encens.

Des femmes aux miroirs tressaient leurs cheveux noirs
Avec au bout des doigts des peignes en ivoire.
Dans un parc, sur un banc, deux amoureux assis
Se juraient en tremblant un amour pour la vie.

On entendit au loin le vol d’un gros bourdon
L’air se chargea soudain d’une lourdeur de plomb
Et le feu s’abattit sur la foule en hurlant.

Il ne reste plus rien de la ville d’antan
Sinon ce Genbaku sans poumons ni viscères
Et la désolation partout sur cette terre.


embellie

Avant toute analyse, pourquoi donc le premier vers ne rime-t-il pas ? ^^

Un poème qui emporte. Pas géniallissime mais très correct, pour moi : )

Ton texte Embellie est une petite bombe artisanale à ne pas désamorcer qui fait bien renaître toute le paisible et l'horreur de l'après.

Le thème m'est plus que cher, j'aurais mauvais jeu de ne pas souscrire à ce poème. A ce propos, je me permets de mentionner le très beau livre de Ph. Forest, Sarinagara, ces mots me l'ont instantanément remis en mémoire.
Rien à redire sur le fond, donc.

Sur la forme... Je suis gênée par les fausses rimes de la deuxième strophe ( j'ai d'ailleurs allègrement dérapé sur "ode", que j'ai prononcé comme "pagode" ; cela dit je me demande s'il ne s'agit pas d'une histoire d'accent - mon accent - parce que la vérification phonétique indique bien la même prononciation d'un "o" ouvert... N'empêche : "sens" et "encens" ne riment pas.)
Autre vers qui me pose problème : Et le feu s’abattit sur la foule en hurlant., la construction est douteuse : le feu hurlant ? ou la foule hurlant(e) ?