Je reste avec vous

Je reste avec vous





Je suis le spectateur qui arrache à tes rêves
Leur clameur incertaine ainsi que leurs couleurs;
Comme une épaisse veine embastillant ton coeur,
Je presse chaque songe et j'en suce la sève.

Dans mon pays la lune est un long cimeterre
Dont on voit le sang blanc couler dans l'air du soir,
Et la mort va et vient à travers les miroirs
Comme une abeille à l'oeuvre en sa ruche de verre.

Chaque homme au crépuscule, en voyant son reflet,
Voudrait du bout des doigts saisir l'éternité
Et trouver dans la nuit sa secrète serrure...

Toi qui fus insouciant au gré de tes bonheurs,
L'as-tu donc oublié, compagnon de douleur?
Le ciel ne peut qu'offrir sa lente déchirure.


Aurélien Clause

Belle allure pour ce sonnet dont le réagencement des mots de la citation s'opère avec habileté et naturel. Le second quatrain est splendide, de même que le premier tercet d'ailleurs.

Pour chipoter je dirais que j'ai un peu de mal à prononcer ce vers :
Je presse chaque songe et j'en suce la sève.
un peu comme les chaussettes de l'archiduchesse... mais j'ai peut-être la langue un peu sèche ce matin ;-)

La rime reflet-éternité est un peu faible, c'est dommage pour l'ensemble du poème qui joue avec bonheur du classissisme et du romantisme sans larmoyer et avec beaucoup de classe.

Exercice de style intéressant. Bien foutu. Mais ça reste de l'exercice de style. Il me semble- mais ce n'est que mon avis et je vais peut-être en faire bondir certains- qu'on ne peut plus écrire comme ça.
Ceci dit, il est évident (si tu as vraiment 21 ans) que tu maitrises bien ton sujet. Ca me rappelle cette phrase de Picasso : Quand j'avais 12 ans, je peignais comme Velasquez, il m'a fallu toute une vie pour peindre comme un enfant"

Une grande maîtrise du sonnet que je ne saurais que féliciter ! Je vous (te ?) trouve moins d'emphase que d'habitude et cela te va bien.

Oui, aux alentours de la soixantaine, tu nous écriras peut-être de jolies comptines....! ;-))

Mais c'est très bien fait, j'ai beaucoup aimé le deuxième quatrain et le dernier vers me touche très juste. ( c'est pas français, je sais. Mais j'aime bien dire ça comme ça.)

Je dois admettre être plutôt séduite, moi qui ne prise plus trop la poésie classique. Il serait injuste de dire que c'est uniquement par la grâce de Cocteau. Bien joué, oui.

Moi aussi je suis plutôt séduis. Et pourtant je suis très dur avec les tentatives de versification classique.
Après on voit bien quelques poètes qui influencent l'ensemble. Mais bon... Non, vraiment, c'est pas mal.

Très maitrisé ! Les vers semblent prendre beaucoup d'ampleur, ça monte, descend, remonte... Toute cette réflexion, alors que je n'ai pas l'age pour ressentir ces choses, me semble si vraie ! Ça prouve c'est réussi.