Le jeu des hypothèses

Dans la série des exercices éphémères, voici un nouveau petit jeu.

Je vous donne une situation, en quelques lignes.
Le but est que chacun rédige, à partir de ce fait, une hypothèse, de la plus farfelue à la plus plausible, expliquant la scène.
Tous les styles sont les bienvenus, des textes courts, l'intérêt étant d'inventer toutes sortes d'hypothèses autour d'une même situation.
Pas de délai, on joue quand bon nous semble, et plusieurs fois si on le souhaite!

A vos crayons!

La scène:

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme.

Si l'on pose l'hypothèse que le chien en question est un teckel nain, étant également entendu que l'urine de teckel nain a un effet fortement corrosif amplifié par les chaleurs printanières, on peut en déduire que le chien est sans doute en train de cisailler l'arbre en lui levant la pate dessus. Ce qui aurait pour effet de provoquer la chute du dit arbre au préalable fragilisé par la tempête de 2000 et la sécheresse de 2003, la femme s'inquiètant alors soit du sort de l'homme assis, soit de la statue napoléonienne rappelant à l'avance la stature magistrale du président sur le point d'être élu.

CQFD

– Hého ! Chériiii ?! Il va faire nuit ! Quand tu auras fini ta cigarette, tu pourras aller attacher le chien s’il te plaît ? Comme ça le chat descendra peut-être du cerisier… Et puis tu couperas aussi l’eau de la fontaine, je crois que la cruche a assez coulé aujourd’hui. Je t’attends, on dîne dans cinq minutes !

Il ne sait trop ce qu’il fait-là, ne sait pas non plus à qui appartient le chien pissant contre un arbre, sait encore moins ce que représente la statue trônant en plein milieu du parc : soldat inconnu, homme illustre, un prélat, un saint… Il s’en tape, se souvient juste que sur ce banc ils s’étaient assis tous les deux.
Plus loin, une matrone ouvre ses fenêtres, engueule son homme de rentrer si tard.
C’est le soir.
Et les pigeons s’entassent sur les toits, se serrent comme pour figer sa mélancolie.

« Pourtour de l’oubli », un chien, un homme, un arbre, un banc, une statue, une femme qui gueule qu’il faut marcher en rang.
« Pourtour de l’oubli » nul ne se souvient, ni le banc, ni le chien, ni l’arbre, ni la sattue, ni même l’homme qui rentre dans le rang, de qui ils étaient avant, de comment c’était avant le « Pourtour de l’oubli ».
« Pourtour de l’oubli » s’appelle aussi :
« Clinique Montplaisir »
Et en plus petit :
« Asile Psychiatrique »
Enfin ça c’est ce que prétend la gueularde en blanc ;
Parce qu’à dire vrai, ils savent bien eux :
Le banc,
L’homme
Le chien, l’arbre
Et la statue
Qu'elle est timbrée l'autre gueularde.
Alors forcément.
Alors forcément, tout ça c’est des conneries…

Le chien a besoin de faire pipi. Alors il regarde d'un air envieux l'arbre. Puis la statue. L'arbre et la statue... Sa tête va de gauche à droite. Lequel choisir... Aucun. Parce qu'il y a l'homme. Et l'homme, il doit le surveiller. C'est le mari de celle qui gueule là-haut. Elle a ordonné au chien de surveiller son homme. Parce que son homme a tendance à aller au bistrot qui se trouve de l'autre côté de la place. Si il se lève pour prendre une autre direction que celle de la maison, le chien doit aboyer comme un fou pour prévenir la bonne femme hurlante. Qui descendra lui casser la figure (à l'homme, pas au chien) avec ce qui lui tombera sous la main.
Oui mais voilà, le chien a vraiment besoin de faire pipi. Et comme il est un peu myope, si il s'éloigne...
Reste bien le banc. Mais il y a l'homme dessus. Et qui dit pipi contre le banc dit coup de pied aux fesses du chien de la part de l'homme.
Pas grave. Le chien va aller contre le banc, se prendra un coup de pied et aboiera très fort pour se venger.

On le dit mou, éternel perdant. Il est fatigué, la voix cassé, plus la force de rappeler Médor qui pisse avec entrain sur arbres et statue. Encore quelques jours à tenir, passer les plats, servir de faire valoir. Et puis, il retrouvera sa place. Enfin, peut-être ... Au pire, ils iront passer l'été chez un vieil ami du côté de la Rochelle ! Bien sûr, elle n'aura pas forcément le moral mais après tout, ils ne paieront bientôt plus l'ISF, pourront transmettre leur fortune à leurs enfants sans impôts ...

Médor essaie d'atteindre la statue de Napoléon derrière l'arbre, elle lui rappelle l'affiche numéro 12 devant la mairie qu'il a inondé la veille au soir. Au premier étage, une fenêtre s'ouvre :

- François, Viens vite remettre un peu d'ordre juste dans la cuisine !

Sous les frondaisons d’un vieux tilleul sont assis un homme et un chien. Ses feuilles se balancent au-dessus de ces deux-là. De ces cinq-là, si l’on compte la statue : vierge à l’enfant.
Une fenêtre s’ouvre.
La voix d’une femme s’élève.
C’est le printemps.
Une fenêtre se referme.
La voix s’éteint, portée plus loin par le vent cependant que quelques tuiles au teins pales s’étiolent sous le soleil.

Il a tout planifié. Aujourd'hui est le grand jour. Pas après pas, alors que l'homme commençait à somnoler sur son banc, il a reculé jusqu'à la l'arbre. Sans bruit, encore quelques pas jusqu'à la statue et il sera libre. La rue est calme et l'homme continue de s'enfoncer dans le sommeil. Il y est presque. Une fois passée cette fichue statue il pourra enfin faire demi tour à l'abri des regards et courir.
Liberté.
Quelques pas qui l'éloignent un peu plus des coups de savate, des bouillies informes, de la femme qui vrille les tympans et de leurs petits qui tirent les oreilles le montent comme un cheval.

Quelques pas et Liber....

- Roberrrrrrt ! Ramène ton clébard et tes fesses ! Le repas est prêt !

L'homme sursaute, se retourne et soupire en se levant.

- Allez viens Filou, la patronne nous attend.

Raté.

L’arbre
— Et si je te pissais dessus moi ?
La statue
— Et si je te pissais dessus moi ?
Le banc
— Et si je te pissais dessus moi ?
La femme à sa fenêtre
— Et si je te pissais dessus moi ?
L’homme
— Gentil le toutou.
C’est ainsi qu’un mâtin — de Naples — devint le meilleur ami de l’homme.

Le jour s’avançait, ordinaire.
D’entre les herbes couchées par le vent, seul, résistait un banc.
Ce qui lui passait par la tête à ce banc-là, nul ne le saura jamais.
Y’avait trop de vent pour ça.
Ses idées s’en allaient d’un accoudoir à l’autre…

Le jour s’avançait, ordinaire.
D’entre les herbes couchées par le vent, poussa inopinément une statue
Fallait voir comme elle était jolie, sculpturale et tout et tout…
Mais vu qu’elle ne trouva aucune raison d’être là
En rond de bosse, elle se fondit dans le paysage

Le jour s’avançait, ordinaire.
D’entre les herbes couchées par le vent hurlait une femme
Pas de plaisir ni rien de la sorte, non, c’est juste que
« Putain les gosses, si vous vous ramenez pas illico
Les piques nique c’est fini ! »

Le jour s’avançait, ordinaire.
D’entre les herbes couchées par le vent marchaient un homme et un chien
Mais eux ne sont là pour presque rien
Eux comptent jour après jour : les bancs, les statues naissantes et disparaissantes, les mamans en colère…
Tandis qu'un arbre, encore et toujours, mesure la force du vent.

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme.

L'homme sur le banc, c'est François.
Le chien, c'est Nicolas.
Et la femme qui crie, c'est Ségolène.
La statue, c'est Jacques déguisé en général.

Nous ne sommes pas dans la réalité. Mais sur une scène. Au milieu d'un décor. Celui d'une pièce de théâtre. Une mauvaise pièce.
Mauvaise parce que...

Le chien dans la pièce reste assis sans grogner ni montrer les dents.
L'homme sur le banc ne tourne pas la tête de gauche à droite et de droite à gauche.
La femme à l'étage hurle de manière spontanée et naturelle.
La statue est toujours debout.

Le titre de la pièce, c'est "Mascarade - Français, comment on s'est bien foutus de votre gueule!".

Allez…viens je te dis, mais non, laisse cette statue tranquille,
Oui je sais elle est belle, va jouer près de l’arbre ce sera mieux,
Sinon dans cinq minutes tu vas entendre un grand cri de qui tu sais
Moi je vais m’asseoir sur le banc, quoi ? Qu’est-ce que tu a encore
Ton oreille te fait mal, la prochaine fois tu n’embêteras pas le petit voisin,
Il t’a tirer l’oreille, c’est bien fait pour toi, allez file jouer plus loin

Chériiiieeeeeee…….pourquoi tu tourne autour de l’arbre
Alors que le chien est assis sur le banc ????
Vous avez pété un plomb au quoi… !!!
Ah tu vois je te l’avais dit tu as trop tourné autour de la statue

A les hommes des que vous voyez une femme même en statue pas possible,
faut que vous alliez voir de près.

c'est marrant vos chiens ont presque tous envie de faire pipi contre l'arbre :0) j'ai remonté le fil pour vérifier si ce n'était pas donné dans l'énoncé!

Lyra will a écrit:c'est marrant vos chiens ont presque tous envie de faire pipi contre l'arbre :0) j'ai remonté le fil pour vérifier si ce n'était pas donné dans l'énoncé!

Pas le mien ! J'y ai pensé, comme toi, et j'ai fait exprès, mais après il a continué à pisser :-)))

Lyra will a écrit:c'est marrant vos chiens ont presque tous envie de faire pipi contre l'arbre :0) j'ai remonté le fil pour vérifier si ce n'était pas donné dans l'énoncé!

Bon alors pour Lyra, une histoire où le chien n'a pas envie de faire pipi ! :-)

* * *

Hypothèse que le chien n'a pas envie de faire pipi


Le chien, il a pas envie de faire pipi, mais alors pas du tout.
L'homme est assis sur le banc, il prend du bon temps, par cette après-midi ensoleillée de printemps.
Le chien, il a toujours pas envie, alors il renifle autour de l'arbre, comme ça.
L'homme, lui, se dit que décidément il doit faire trop chaud sous le soleil, que l'ombre de cet arbre est une aubaine, et que finalement il s'occupe très bien à ne rien faire.
Le chien, il pas envie, d'autant qu'il a fait pipi sur la moquette juste avant de descendre, et que son inconscient de chien lui indique qu'il va se prendre la rouste de sa vie dès le retour au bercail.
L'homme fait semblant de pas entendre sa femme qui doit lui crier qu'il faut rentrer. Il prétextera qu'il était pas là, qu'elle a dû le confondre avec la statue de Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665). Qu'elle devra reprendre rendez-vous chez l'occuliste.
Le chien lance un regard inquiet vers l'homme dont la femme crie quelquechose comme : "Monte voir, ton con de chien a encore sali le tapis !"
Si elle s'énerve, il lui répondra que ça le tue qu'elle ne veuille pas admettre qu'elle ait pu le confondre avec un mec super brillant comme Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665), et que de toutes façons elle passe son temps à le considérer comme un nul.

-Allez pépére, on va rester là encore une petite demi-heure, dit l'homme au chien.

Hypothèse myco-paranormo-danbrownienne :

L'homme a fini par s'asseoir sur le banc, vaguement désespéré.
L'aurait-on trompé en lui révélant que juste en bas de chez lui, au pied de la statue de Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665), il y avait un coin à truffes ? Ou alors, est-ce son chien qui n'a pas su les trouver ? Ca aurait peut-être été plus facile avec un cochon, mais un cochon, en appartement...

"A table" lui crie sa femme de la fenêtre, et il n'ose pas répondre que l'omelette, il faudra la manger nature. Il reste encore un instant quand : "bing".

Il se retourne. Une chataigne vient de lui tomber sur le crâne. Il en ramasse quelques unes, le sourire lui revient, ils les feront griller pour le dessert.

En repassant devant la statue, il s'aperçoit avec stupéfaction qu'il ne s'agit pas de la statue de Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665), mais de celle d'Isaac Newton (scientifique, 1643-1727).

Hypothèse d'assonance et autre jeu de mot pourri autour de Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665), sans citer ce dernier.

- Chérie, n'oublie pas de passer chercher du pain !
- Oui...
- Ah prends aussi du beurre, et si tu vois madame Duchon, tu lui dis que c'est d'accord pour demain... Et recompte bien la monnaie, la dernière fois il manquait deux euros !
- Hein ?
- Et puis fais attention que Dodor fasse bien pipi avant de remonter !
-...

Dodor, c'est le nom du chien, il est seize heures, l'heure de la promenade, et l'homme s'est réfugié sous l'arbre, parce qu'il n'en peut plus de répondre.

- Parce que la dernière fois, il nous a encore fait pipi sur la moquette.

Franchement, elle est obligée de crier ça par la fenêtre ? Elle croit que ça intéresse les voisins ?

Il est seize heure zéro une. "Ferme-la", il a envie de crier, mais au lieu de ça, il décide de s'en aller. Il passera au bar se prendre une seize-soixante-cinq, comme dit le barman quand il remplit le demi à ras bord.

Et elle, elle pourra toujours continuer à parler à la statue de pierre.

(Bon j'abuse un peu, mais j'adore ce truc, c'est le quatrième et le dernier !).

Hypothèse : reconstitution historique d'un épisode de la vie de Pierre de Fermat (mathématicien, etc.)


Pierre de Fermat passe son après midi sur le banc, il médite sous un arbre, il s'amuse à regarder son chien jouer en glandouillant paisiblement . Lorsque lui vient une idée de génie, et ce, sans qu'une pomme lui soit tombé sur la tête, ce qui démontre entre parenthèse sa supériorité - par anticipation - sur Isaac newton (1643-1727). Pierre de Fermat vient de trouver la démonstration du théorême de lui-même !

- Chérie je t'aime !

Le rayon du soleil tombe sur sa femme qui l'appelle de la fenêtre, et qui est si jolie qu'il s'empresse de la rejoindre ; et au moment précis où il franchit le seuil de la maison, il en oublie sa démonstration.

Si je l'avais notée, se dira t-il plus tard, j'aurais peut-être eu ma statue sur cette place, mais que voulez-vous, l'amour ne m'a jamais laissé de marbre.

Loupbleu a écrit:Il prétextera qu'il était pas là, qu'elle a dû le confondre avec la statue de Pierre de Fermat (mathématicien, 1601-1665). Qu'elle devra reprendre rendez-vous chez l'occuliste.
Le chien lance un regard inquiet vers l'homme dont la femme crie quelquechose comme : "Monte voir, ton con de chien a encore sali le tapis !"

:-))))))

On dirait bien que cet exo vous inspire, il y a de super textes dis donc!

.
Rahan s’ennuie.
Rahan ronchonne.
Rahan est puni.
Une nouvelle fois viré de la grotte.
Pour éviter les morsures des fourmis-manioc il a inventé le banc, vite fait.
Et il s’est assis dessus.
Et pourquoi il est puni Rahan ? Pour avoir une nouvelle fois reniflé d’un peu trop près la peau de bête d’une belle étrangère. Ben quoi, c’est pas tous les jours qu’on peut caresser une jupette en toison de chauve-souris. Et pour ce qui est de la grande souris qui était dedans, euh…
Rahan ne comprend pas cette notion de propriété.
Pourquoi est-ce que Maëlys se comporte comme si Rahan lui appartenait ?
Rahan, lui, n’empêcherait pas Maëlys de fricoter avec les autres gros bras de la tribu si elle en avait envie. Alors ?
Par exemple Modestine, sa fidèle mygale, elle n’est pas à lui. S’il lui prend l’envie d’aller passer sas nuits ailleurs que dans son slip en fourrure il ne lui en voudrait pas.
D’ailleurs tiens, le chien qui gueule là, à côté, il est à personne. Je le chope, je lui casse la tête sur le tronc de l’arbre et je lui bouffe un cuisseau. Personne dira rien.
Rahan soupire.
Ca lui a donné faim tout ça.
Il chope le chien et il fait comme il a dit.
Les lèvres sanguinolentes Rahan vérifie que Maëlys ne le regarde pas par le trou du rocher, se lève, saisit le marteau qu’il a inventé hier, tape sur un bout de ferraille pour inventer le burin et s’attaque à un bloc de pierre, derrière l’arbre.
Maëlys gueule dans la caverne, ça résonne. Il sait pas pourquoi elle gueule Maëlys. Peut-être le bruit des coups de burin. Ou parce que Modestine veut goûter la soupe.
En trois minutes Rahan a taillé une forme, avec plein d'autres formes, là où il faut. Un petit effort d’imagination et on pourrait reconnaître Maëlys.
Voilà, il a trouvé, Rahan, il a inventé un métier : la statuaire.
Et un moyen de raccourcir sa punition : offrir la statue à son modèle…
.

MDR Mentor!!! HAHAHAHAHAHAHAHA!!!!! C'est super!

- C'est quand même fort abstrait !
- Mais non, on voit bien ce qu'il a voulu peindre quand même !
- Ah oui ? Ben, moi je vois rien !
- On l'entendrait pour peu !
- Qui ça ?
- La femme à la fenêtre, tiens!
- Et tu vois une fenêtre, toi ?
- Evidemment, là sur la gauche, la tache plus foncée avec un peu de rose au milieu ! Pfff
- D'accord. Bien pour te faire plaisir. Pffff.
- De mauvaise foi, tu es ! Prends du recul. Va t'asseoir là, sur le banc près du monsieur !
- T'es fou, il a pas l'air commode du tout, ce type !
- Juste l'air triste je dirais...un peu comme s'il avait perdu son chien
- Non, j'y vais pas, j'en ai assez vu ici
- Tu t'en vas ?
- Non, je passe dans la salle d'à côté. Je vois d'ici des statues qui ont l'air qu'elles ont et pas celui qu'on imagine. Ciao.On se retrouve à la Cafet.

Ce jeu est super bien, il faudra reprendre l'idée pour un exercice en direct !!!

Loupbleu a écrit:Ce jeu est super bien, il faudra reprendre l'idée pour un exercice en direct !!!

oui, ça peut donner un truc chouette!!

Sahkti a écrit:

Loupbleu a écrit:Ce jeu est super bien, il faudra reprendre l'idée pour un exercice en direct !!!

oui, ça peut donner un truc chouette!!

Bon ben on a l'idée, reste plus qu'à fixer la date !

Sinon j'ai pas trouvé le temps de participer mais je vous ai lu et je me suis bien marrée :-)

A l’hombre de l’arbre à came

Un homme est assis sur un banc de sardines. C’est un homme-requin.C’est un homme vil. Entre parenthèses : il est espagnol. C’est pas pour ça qu’il est vil, non. Mais c’est un fait. C’est un Hombre, un vrai. Il a des trucs, des cojones…
Soit. C’est un vil hombre requin. Pour faire plus court : un vilbrequin.
Soit : un machin qui fore des trous.
Z’avez d’jà fait des trous dans un banc de sardines, vous ? c’est pas zézé. No es facil.
Bon. Et le chien ?
Quoi le chien ?
Où ça le chien ?
Ah ? Vous ?
J’avais pas remarqué , mais maintenant que vous le dites… c’est vrai que vous m’avez l’air un peu cabot… cabot hautin même. Pour faire plus court, disons : cabotin.
Et puis…
Il y a un arbre. Un arbre assis près du chien.
L’arbre est assis, enfin non, plutôt accroupi. Il pisse. Oui. Il pisse accroupi, enfin « elle », c’est une femelle. C’est donc « une » arbre. Une arbre qui fait de l’ombre à l’hombre.
Et la statue…
Elle fait quoi la statue ? Elle fait la tête. Et y’a de quoi ! Ces foutus pigeons l’ont toute vitriolée.
Bon, va falloir que vous rentriez, non ? Depuis le temps que votre femme s’époumone à la fenêtre.
A demain alors ? Même heure, même endroit.
Oui, je déconne, je suis nulle, c’est vrai.
Vous aussi.
N’empêche… que voulez-vous, on s’attache.

J’ai froid
On s’assied sur un banc, mains nues posées sur les genoux, c’est le printemps. Vient un chien qu’on baptise, puis un arbre qui perd ses feuilles, une fille qui devient femme et qui gueule, qu’on défenestrait volontiers, sans parler qu’au lit dans le genre statue elle sait y faire.
On s’assied sur un banc, mains sous mitaines et posée sur une canne, c’est l’hiver, et on en serait presque à regretter les saisons qui passent.
J’ai froid

Tout bas :
-Tu as vu la femme assise sur le banc, Huguette ?( un café brulant entre les mains)
- Comment ça la femme ? ah tu veux dire monsieur rhabillier...
- Non non, regarde, jupe mauve, cheveux blond et collants couleur chair, près de la statue... il pourrait la rafistoler d'ailleurs cette Vénus depuis qu'elle est là à moisir, bon sang...
- Monsieur rhabillier, oui, mini-jupe mauve, perruque blonde et collants filés c'est bien lui pas de doute, il vient toujours s'asseoir ici, même heure, même jour, même déguisement.
- ...
(par la fenêtre, une voix rauque brise le silence)
- Filou ! Viens ici mon chien, allez viens tu gènes, mon trésor !
-...
-Quand je pense qu'il n'ont toujours pas fini de tourner leur scène de film, cette statue en arrière plan, bouh ça me fait froid dans le dos, et puis ce monsieur qui médite sur le banc pour le rôle. Pauvre garçon. Dur métier quand même.
-... (Aie 'me suis brûlée...)

Le chien remue la queue, qui balaie quelques graviers, fait le tour de l'arbre, lève la patte, se reprend, lève l'autre patte, lance une giclée sur la statue, renifle et repart.
L'homme, à son tour, se dresse, trébuche, bouche ouverte, lève la tête, regarde fixement la statue, l'oeil caressant les seins d'albâtre, soupire, étalé dans les graviers. Merde ... 10 ans après sa mort, faut qu'elle gueule encore...

L'homme assis sur le banc etait aveugle et le chien lui appartenait, il lui permettait de se reperer. Le chien intrigué par un oiseau dans l'arbre, s'approcha donc de ce dernier. La statue etait en fait un mime et la femme commenca a crier lorsqu'elle cru voir la statue bouger.


DESOLE POUR LES ACCENTS CAR J'AI UN CLAVIER AMERICAIN ET IL N'Y PAS DE LETTRES A ACCENTS.

Lunatiic a écrit:L'homme assis sur le banc etait aveugle et le chien lui appartenait, il lui permettait de se reperer. Le chien intriguépar un oiseau dans l'arbre, s'approcha donc de ce dernier. La statue etait en fait un mime et la femme commenca a crier lorsqu'elle cru voir la statue bouger.
DESOLE POUR LES ACCENTS CAR J'AI UN CLAVIER AMERICAIN ET IL N'Y PAS DE LETTRES A ACCENTS.

toi non plus, tu peux pas accentuer ?? Et le "intrigué" ci-dessus, il vient d'où ? Y a de ces mystères ! :-))

LE PRECURSEUR

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme

C’était le matin du lundi suivant l’érection de la statue d’Hégésippe Simon, l’illustre Précurseur. Dans le square municipal de la commune de Poil, département de la Nièvre. Des confettis piétinés parsemaient d’une rosée multicolore le gravier de l’allée. Des serpentins déroulés se balançaient aux branches du platane telles des toiles d’araignées schizophrènes déchiquetées par l’aile d’une chauve-souris. Cà et là, des tubes de carton noircis pleuraient le souvenir de leur fulgurante ascension vers la voûte céleste et leur chute accompagnée d’une pluie d’étoiles. Une grande banderole tricolore à demi décrochée faseyait sous la gifle du vent d’automne. La pluie avait délavé toutes choses et la brume de l’aube s’effilochait en lambeaux de barbe à papa contre la grille à la peinture squameuse.

Assis au pied de l’arbre, un corniaud d’un roux incertain, au poil détrempé, grattait d’une patte fiévreuse l’abcès qui enflammait son flanc droit, tout en louchant du blanc de l’œil vers l’entrée du square, par lequel à chaque instant pouvait surgir l’odieux gardien dispensateur de coups de pieds. L’homme assis sur le banc tendait la main vers sa tête pour le caresser, mais l’animal repoussait ses avances d’un grognement dissuasif. Le quidam n’avait pas l’air bien méchant, mais on ne sait jamais, avec les hommes. Tel qui vous nourrit vendredi dimanche vous rossera.

A la fenêtre d’une roulotte échouée contre la grille, une forte femme aux cheveux enserrés dans un fichu écarlate tendait une face couperosée en levant le poing vers le ciel d’asphalte. Elle hurlait dans une langue improbable des malédictions ancestrales. Une main masculine, fortement velue et garnie de bagues scintillantes, la tirait vers l’intérieur par le col de son peignoir de taffetas râpé pour que ses imprécations ne courroucent pas le voisinage.

L’homme assis sur le banc frissonnait. Il relevait le col de sa redingote et enfouissait ses mains dans ses poches. Son regard s’attardait sur la statue, dont la barbe de bronze avait autrement plus fière allure que la sienne, désormais clairsemée par l’âge et déteinte par le souci. La banderole continuait de claquer sous l’aigre bourrasque. La plaque de marbre scellée dans le piédestal du monument proclamait : « A Hégésippe Simon, Précurseur, la Patrie reconnaissante ». L’homme soupirait en rentrant la tête dans les épaules. A Poil, on ne l’avait pas reconnu.

Gobu

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme.


Ses cris, déchirés par le vent qui s’est levé soudain, la rumeur de la circulation automobile, ne sont plus que haillons d’une parole perdue.
L’homme contemple l’arbre. S’y perd, s’y noie jusqu’à la nausée. Toutes ces racines… Et qu’en est-il de l’hêtre, hein, au fond ?
- Héraclite ! Oublie pas ma bouteille, en rentrant

La chaine acier relie le cou de l'homme à l'encolure du chien, tourne autour du tronc de l'arbre et s'enchasse dans la gueule ouverte du plâtreux Cupidon.
"Connard!" hurle la femme dont l'œil se place avec difficulté derrière la visée placée au dessus du canon . Son coude prend appuis sur le rebord de la fenêtre.

Sa vieille main rugueuse caresse les planches, écaillées et légèrement disjointes, du banc. Ses yeux vont du banc à l’arbre, un hêtre chenu. Il perçoit des vérités premières, des vérités universelles, là, tout contre cette paume.
Croyant sentir une présence, il se retourne. Non, Charles, là-haut, sur sa stèle, n’a pas parlé, d’ailleurs, quand il est mort, il ne parlait déjà plus beaucoup.
Et le vieux Castor, à part pisser… Alors ?

Soudain ce cri, ce chant.

Une sirène, sans doute, pour l’empêcher de comprendre, l’empêcher de retenir cette vérité entrevue, entraperçue- caressée !
Une intervention des forces du mal : le hasard, la bêtise, la méchanceté plus rarement.
Une femme. Une femme qui crie, à sa fenêtre, au troisième étage. Il a besoin d’un peu de temps pour accommoder, ça y est, il l’écoute. Il appelle le chien, remets la laisse, sors du parc, la tête en l’air, tentant de comprendre ce que dit la femme, son message, un message sacré
La voiture les a renversés. Ils sont mort sur le coup, sans souffrir dira le médecin.

L'homme assis se pisse dessus à la lecture de l'almanach , le chien, la truffe levée vers la statue que dissimule la largeur d'un chêne se pisse sur la jambe de concert au son des "je te quitte !" qui proviennent de la fenêtre béante.
Le ciel est comme une rivière jaune et tiède.

La scène:

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme.



(Une vie sans aile et sans ciel sous la forme d'un début de scénario)

Fraîcheur irréfutable de la lune si ronde ce soir.
Une ombre se traîne dans la pénombre du parc Chabrières à Oullins.
C'est l'ombre d'une femme, petite brune.
Elle se porte difficilement sur ses jambes engourdies, hésitante.
Son grand manteau cache mal son état de femme enceinte.
De femme enceinte sur le point d'accoucher, un tel point en suspension que la pesanteur va oeuvrer sans plus tarder..
Elle se faufile derrière un buisson de buis très épais.
Son souffle est saccadé, haletant.
Après avoir quitté sa culotte souillée des eaux, elle reste accroupie et pleure en pressant son ventre. Elle s'assène des coups de poing violents.
Elle se relève s'appuie contre le tronc d'un chêne.
Elle souffre, crie, troue le silence du parc.
De l'immeuble voisin, une personne à sa haute fenêtre, en son costume de bain, interpelle l'écho dans le lointain.
Notre femme torturée s'accroupit à nouveau.
Relève sa robe jusqu'au cou et la serre sous le menton.
Elle pousse la main droite qui appuie fort contre l'écorce de l'arbre
Elle souffle, pleure se tape à nouveau le ventre, rageuse d'entre les dents serrées, crie à nouveau, se crispe, pousse, halète. relève ses cheveux défaits d'un coup d'avant-bras, car ses mains sont gluantes.
Elle s'étouffe de douleur.
Elle saisit la tête qui émerge enfin.
Elle pousse fort, tire, tombe sur le côté, ne peut plus arrêter ses contractions.
Alors, son hurlement déchire la nuit du parc vide, éclairé des seuls lampadaires silencieux.
Non pas vide : on distingue un homme, assis sur un banc, qui surveille son chien.
Le cri les surprend.
Ils restent tout deux en attente, à l'écoute, se consultant. Ils épient les fourrés, s'inquiètent.
Le promeneur appelle son chien, presse le pas, mais le chien tend la laisse en sens opposé.
Quelle horreur, on aurait dit l'agonie d'un animal mourant
« J'ai pas trop envie de rester là. Dit-il à son chien.Viens on rentre »
Mais Pinki le cabot tire si fort que le maître lâche la poignée.
Il le poursuit avec ses Viens-là ! Ecoute-moi ! inutiles.
Le chien en arrêt devant le buis, ne bouge plus d'un poil.
Le maître saisit la cordelette et doucement regarde à travers le fourré.
Il voit la femme extraire le bébé.

La femme porte le nouveau-né frippé vers son visage jeune.
Le sien est sillonné de larmes sourdes.
Dans un sanglot contenu, elle saisit le cordon et l'enroule autour du cou du bébé

L'enfant, les yeux collés, ouvre la bouche pour respirer ou brailler.
Il n'émet aucun son.
Son corps proteste, il bouge, remue, se débat des pieds et des mains. Il sursaute.
Ses petits doigts s'ouvrent et se referment comme pour saisir le vide, le vent, la vie devant.
Elle pleure sectionne le cordon avec son couteau.
Elle pleure, rage, peste, presse l'enfant contre elle puis le dépose délicatement dans un sac poubelle
Un temps passe, un moustique avec.
L'homme sidéré devant la scène très crue est tombé dans les pommes.
Son crâne a heurté le rebord de la statue Ferdinand de Lesseps...
Son chien lui lèche le visage.
Il se réveille.
Se ressaisit, se souvient de tout en apercevant la femme qui s'éloigne avec son sac poubelle
Il crie « Madame ! »
Il trébuche devant le lieu du crime, observe la flaque de sang et le paquet de délivrance gonflé par les cotylédons encore fumants. Une enveloppe déchirée est tombée à terre.
« Madame attendez ! Je vais vous aider » Elle, paniquée, jette le sac dans une caisse et s'enfuit en courant.
« Je veux vous aider ! »
Il stoppe devant le container ouvre le couvercle.
Le chien aboie.
« Tais-toi »
L'homme saisit le sac avec effroi, se précipite pour bien s'assurer de la réalité du cauchemar, souffle sans retenue dans la bouche du nourrisson.
Il court jusqu'à la clinique Claude Bernard (très proche du parc)
Aux urgences, il remet l'enfant s'assied et tombe à nouveau dans les pommes.

(caméra plan serré sur l'objet tenu par la main estropiée de l'homme) : la lettre trouvée est une facture EDF. (à suivre)

Un homme est assis sur un banc. Il y a un arbre. Et aussi un chien, assis près de l'arbre. Derrière l'homme, l'arbre et le chien, une statue.
Et puis des cris, puissants, qui sortent d'une fenêtre. C'est une voix de femme.



« Je me promène donc je suis une promenade » Hobbes

Je me souviens d’un homme, d’un banc, d’un chien, d’un arbre. Je m’en souviens sans lien autre que de contigüité. Je sais que je suis l’un d’entre eux. Pas le banc, non. L’homme, l’arbre ou le chien. Mais ce savoir lui-même s’effrite, peut-être ne suis-je qu’un regard porté sur eux.
Des cris de femme, il y avait aussi des cris de femme.

Du sens. Il doit y avoir du sens. Il le faut. Sinon…

Des cris de femme, non, je ne suis pas ces cris de femme. Je les entends. Mais ils me demeurent incompréhensibles. Des cris puissants et féminins qui n’acceptent nul autre qualificatif.
Je ne suis pas ces cris. Ni le banc.
Non plus le chien, ça me revient, le chien flairait, vieux chien aux passions consommées, soudain figé, comme intrigué.
L’homme ou le fayard. Séculaire, le hêtre ombreux, serein, ou l’homme impénétrable assis sur le banc ?
Je ne peux pas bouger. Que j’aie des branches ou des membres, je ne sens rien. Que le sang ou la sève m’abreuve, je l’ignore, de même mes racines… Mon cœur, de pierre, me semble s’engourdir…

Je pense. Je suis quelque chose qui pense. Et je sens que ce penser vacille, déjà défaille, que déjà je me manque.