Kateya, grand-mère du Nord (1)
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Kateya, grand-mère du Nord (1)
Lorsque l’on ne veut pas que nos pensées meurent avec nous, il y a urgence de les coucher sur papier, de les extérioriser dans la signature du temps avec ses propres empreintes.
Il y a les pensées fugitives qui trottent dans la tête par un matin de solitude tel cette petite fille en robe blanche, cheveux dans le vent, courant dans les hautes herbes folles près d’une mer venteuse qui crache son écume sur le sable mouillé. Elle cueille en riant les quelques rares fleurs qui colorent ce magnifique tableau. Puis la pensée se porte vers une vieille grange au-dessus d’une butte. Raconter son histoire n’est qu’un jeu d’enfant, le jeu d’un enfant dans l’esprit d’un grand. Il était une fois, il y a de cela fort longtemps…
Son prénom voulait dire trace de pas dans le sable. Elle s’appelait Kateya. Qui peut se souvenir d’elle? Tous ceux et celles qui, comme moi, porte encore dans leur esprit sa dernière trace de pas. C’était avant tout une femme, une femme de la terre et une grand-mère du Nord. J’ai appris, accueilli et suivi son enseignement comme une philosophie menant à l’autonomie, à la sérénité et à une certaine prise de position sur le fait d’être une femme à part entière sur cette terre en profond changement. Nous seuls, les êtres humains sur cette planète, avons le pouvoir d’apporter la paix et l’équilibre dans ce monde tourmenté.
J'aimais beaucoup l'écouter lorsqu'elle disait que le corps de la femme n’était pas un poids qu’il fallait traîner toute la vie, ni une bête de trait. C’est plutôt une série de portes, de rêves, de poèmes grâce auxquels la femme peut apprendre et connaître l’infinité. Le corps doit élever la femme et lui prouver qu’elle existe en lui donnant conscience de son poids réel et du sol sous ses pieds.
Le corps est la fusée de lancement et dans le nez de cette fusée, l’âme contemple par le hublot la nuit constellée d’étoiles. Le corps protège, contient, soutient et enflamme l’esprit et l’âme qu’il renferme. Il aide à s’adapter à la vie du monde extérieur. C’est le reposoir de la mémoire et pour cela le respect lui est dû.
Le corps est une mère pour une mère en chaque femme. Il s’agit maintenant d’agir de même pour lui. Le corps féminin doit être capable de résister aux déguisements. La femme doit aller à la rencontre de la vraie femme en elle. Celle-ci a des hanches, une poitrine et une taille et une manière de se mouvoir qui lui est propre. Elle communique différemment de l’homme avec les essences de l’essentiel. Elle n’est pas dans son corps, elle est son corps. Sa réalité charnelle fait partie de sa vie intérieure. Ses amours, ses angoisses, ses rires la traversent à fleur de peau, parce que sa peau vibre elle-même à fleurs d’amour, à fleur d’angoisse et de bonheur. La courbe de ses seins, les méandres de ses épaules, les zones sombres de sa nudité, recèlent des douceurs de mère et des violences d’amantes qu’elle écrit comme un roman sur des feuillets ocres de son épiderme.
La femme se doit d’aimer son corps, son mutisme et ses fiertés, ses aveux et ses ombres, ses amours et ses peines. La femme est dépositaire de parfums, de couleurs et de regards qu’elle garde en secret comme une figure dans un miroir. Le corps de la femme, c’est son deuxième visage et tous les miroirs du monde reflètent ces lettres d’amour écrites juste pour elles.
La femme devra faire appel un jour à la flamme du feu qui l’habite. Rouge, claire ou bleuâtre, celle-ci peut-être vacillante, ondoyante, dansante selon ce qui l’habite. Dans un endroit protégé par les grands vents, si elle ferme simplement les yeux en se concentrant sur cette petite flamme, elle reprendra vitalité en oubliant les soupirs de l’âme épuisée et souvent cernée par l’obscurité. En décontractant chacune des molécules de son corps et en ralentissant sa respiration, une division de cette flamme sera visible derrière ses yeux et illuminera son regard sombre. Ces deux flammes constituent le feu intérieur et doivent être toutes les deux allumées ensembles dans le cœur de la femme. Elles seront jeunes et maturité dans ce même cœur. Réunies, ces flammes porteront alors d’autres noms : enthousiasme, idéal, éclat, ardeur, passion.
Et c’est certainement au passage d’une femme aux flammes réunies que Victor Hugo s’est senti obligé de dire :
``De longues flammèches s’envolaient au loin et rayaient l’ombre, et l’on eût dit des comètes combattantes``.
Voilà ce qu'elle m'a dit la grand-mère du Nord ce jour-là.
Il y a les pensées fugitives qui trottent dans la tête par un matin de solitude tel cette petite fille en robe blanche, cheveux dans le vent, courant dans les hautes herbes folles près d’une mer venteuse qui crache son écume sur le sable mouillé. Elle cueille en riant les quelques rares fleurs qui colorent ce magnifique tableau. Puis la pensée se porte vers une vieille grange au-dessus d’une butte. Raconter son histoire n’est qu’un jeu d’enfant, le jeu d’un enfant dans l’esprit d’un grand. Il était une fois, il y a de cela fort longtemps…
Son prénom voulait dire trace de pas dans le sable. Elle s’appelait Kateya. Qui peut se souvenir d’elle? Tous ceux et celles qui, comme moi, porte encore dans leur esprit sa dernière trace de pas. C’était avant tout une femme, une femme de la terre et une grand-mère du Nord. J’ai appris, accueilli et suivi son enseignement comme une philosophie menant à l’autonomie, à la sérénité et à une certaine prise de position sur le fait d’être une femme à part entière sur cette terre en profond changement. Nous seuls, les êtres humains sur cette planète, avons le pouvoir d’apporter la paix et l’équilibre dans ce monde tourmenté.
J'aimais beaucoup l'écouter lorsqu'elle disait que le corps de la femme n’était pas un poids qu’il fallait traîner toute la vie, ni une bête de trait. C’est plutôt une série de portes, de rêves, de poèmes grâce auxquels la femme peut apprendre et connaître l’infinité. Le corps doit élever la femme et lui prouver qu’elle existe en lui donnant conscience de son poids réel et du sol sous ses pieds.
Le corps est la fusée de lancement et dans le nez de cette fusée, l’âme contemple par le hublot la nuit constellée d’étoiles. Le corps protège, contient, soutient et enflamme l’esprit et l’âme qu’il renferme. Il aide à s’adapter à la vie du monde extérieur. C’est le reposoir de la mémoire et pour cela le respect lui est dû.
Le corps est une mère pour une mère en chaque femme. Il s’agit maintenant d’agir de même pour lui. Le corps féminin doit être capable de résister aux déguisements. La femme doit aller à la rencontre de la vraie femme en elle. Celle-ci a des hanches, une poitrine et une taille et une manière de se mouvoir qui lui est propre. Elle communique différemment de l’homme avec les essences de l’essentiel. Elle n’est pas dans son corps, elle est son corps. Sa réalité charnelle fait partie de sa vie intérieure. Ses amours, ses angoisses, ses rires la traversent à fleur de peau, parce que sa peau vibre elle-même à fleurs d’amour, à fleur d’angoisse et de bonheur. La courbe de ses seins, les méandres de ses épaules, les zones sombres de sa nudité, recèlent des douceurs de mère et des violences d’amantes qu’elle écrit comme un roman sur des feuillets ocres de son épiderme.
La femme se doit d’aimer son corps, son mutisme et ses fiertés, ses aveux et ses ombres, ses amours et ses peines. La femme est dépositaire de parfums, de couleurs et de regards qu’elle garde en secret comme une figure dans un miroir. Le corps de la femme, c’est son deuxième visage et tous les miroirs du monde reflètent ces lettres d’amour écrites juste pour elles.
La femme devra faire appel un jour à la flamme du feu qui l’habite. Rouge, claire ou bleuâtre, celle-ci peut-être vacillante, ondoyante, dansante selon ce qui l’habite. Dans un endroit protégé par les grands vents, si elle ferme simplement les yeux en se concentrant sur cette petite flamme, elle reprendra vitalité en oubliant les soupirs de l’âme épuisée et souvent cernée par l’obscurité. En décontractant chacune des molécules de son corps et en ralentissant sa respiration, une division de cette flamme sera visible derrière ses yeux et illuminera son regard sombre. Ces deux flammes constituent le feu intérieur et doivent être toutes les deux allumées ensembles dans le cœur de la femme. Elles seront jeunes et maturité dans ce même cœur. Réunies, ces flammes porteront alors d’autres noms : enthousiasme, idéal, éclat, ardeur, passion.
Et c’est certainement au passage d’une femme aux flammes réunies que Victor Hugo s’est senti obligé de dire :
``De longues flammèches s’envolaient au loin et rayaient l’ombre, et l’on eût dit des comètes combattantes``.
Voilà ce qu'elle m'a dit la grand-mère du Nord ce jour-là.
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 78
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Je m'attendais à lire l'histoire de Kateya, j'ai été déçue mais alors vraiment déçue de lire cette succession d'affirmations, de généralités présentées comme argent comptant. En dépit d'une certaine poésie et du soin apporté à l'écriture, il y a là sous-jacent un ton péremptoire, une démonstration sans appel auxquels je ne peux souscrire.
Visiblement il y aura un deuxième passage, je reviendrai voir si le récit se développe.
Visiblement il y aura un deuxième passage, je reviendrai voir si le récit se développe.
Invité- Invité
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Il y a de jolies choses, par exemple : "Le corps est la fusée de lancement et dans le nez de cette fusée, l’âme contemple par le hublot la nuit constellée d’étoiles ".
"Raconter son histoire n’est qu’un jeu d’enfant, le jeu d’un enfant dans l’esprit d’un grand."
Mais le discours de la grand-mère nous est assené d'une façon dogmatique, comme un discours inébranlable et indiscutable , comme si sa pensée était monolithique et obsessionnelle , et cela ne nous permet pas de la voir vivante . On n'a pas de visuel , de contexte dans lequel inscrire cet échange avec sa petite fille, et donc on n'entre pas vraiment dans une histoire , on ne peut s'attacher aux personnages , leur donner de la réalité et de l'épaisseur.
Je pense que faire vivre ce texte sous forme de dialogue rendrait l'ensemble plus intéressant et sans doute plus touchant.
Et il faudrait éviter cette répétition incessante de "la femme ceci" "la femme cela" qui personnellement m'irrite au plus haut point.
Mais je reviendrai lire la suite car je pense qu'il y a de la matière.
"Raconter son histoire n’est qu’un jeu d’enfant, le jeu d’un enfant dans l’esprit d’un grand."
Mais le discours de la grand-mère nous est assené d'une façon dogmatique, comme un discours inébranlable et indiscutable , comme si sa pensée était monolithique et obsessionnelle , et cela ne nous permet pas de la voir vivante . On n'a pas de visuel , de contexte dans lequel inscrire cet échange avec sa petite fille, et donc on n'entre pas vraiment dans une histoire , on ne peut s'attacher aux personnages , leur donner de la réalité et de l'épaisseur.
Je pense que faire vivre ce texte sous forme de dialogue rendrait l'ensemble plus intéressant et sans doute plus touchant.
Et il faudrait éviter cette répétition incessante de "la femme ceci" "la femme cela" qui personnellement m'irrite au plus haut point.
Mais je reviendrai lire la suite car je pense qu'il y a de la matière.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Belle réflexion toute en poésie sur la relation corps/âme de la femme, bien enracinés dans les éléments naturels et où le corps prime dans son destin.
J'ai particulièrement souligné:
Le corps protège, contient, soutient et enflamme l’esprit et l’âme qu’il renferme.
À contrario, Platon disait:
Le corps est le tombeau de l'âme.
Extrait de Cratyle
Par expérience personnelle, j'ai tendance à penser que l'un et l'autre sont en synergie, en relation dialectique, et donc que l le corps, quand il meurt, tue l'âme, ce qui semble être la philosophie de Grand-Mère-du-Nord, qui n'est pas spécifiquement féminine, à mes sens.
J'ai beaucoup aimé cette vision sensuelle du Grand Tout Féminin. Grand-Mère vivait-elle dans une contrée sans Dieu ?
Entre parenthèse (), il peut aussi y avoir une vision sensuelle du Grand Tout Masculin (voir mon rapport avec le Saintes Dunes, présent sur le site).
Mais au fond:
La vie n'est supportable que lorsque le corps et l'âme vivent en parfaite harmonie, qu'il existe un équilibre naturel entre eux, et qu'ils ont, l'un pour l'autre, un respect réciproque.
David Herbert Lawrence
J'ai particulièrement souligné:
Le corps protège, contient, soutient et enflamme l’esprit et l’âme qu’il renferme.
À contrario, Platon disait:
Le corps est le tombeau de l'âme.
Extrait de Cratyle
Par expérience personnelle, j'ai tendance à penser que l'un et l'autre sont en synergie, en relation dialectique, et donc que l le corps, quand il meurt, tue l'âme, ce qui semble être la philosophie de Grand-Mère-du-Nord, qui n'est pas spécifiquement féminine, à mes sens.
J'ai beaucoup aimé cette vision sensuelle du Grand Tout Féminin. Grand-Mère vivait-elle dans une contrée sans Dieu ?
Entre parenthèse (), il peut aussi y avoir une vision sensuelle du Grand Tout Masculin (voir mon rapport avec le Saintes Dunes, présent sur le site).
Mais au fond:
La vie n'est supportable que lorsque le corps et l'âme vivent en parfaite harmonie, qu'il existe un équilibre naturel entre eux, et qu'ils ont, l'un pour l'autre, un respect réciproque.
David Herbert Lawrence
Kateya, grand-mère du Nord
Ce jour-là s'inscrivit en lettres indélébiles dans la mémoire de mes quinze ans.
Près du rocher où j'étais assise maintenant, le même torrent dévalait la montagne à une vitesse vertigineuse et me faisait voir tout le chemin que j'avais parcouru. Kateya n'y était plus mais je la sentais tout près de moi comme un monument de l'Ile de Pâques. Revenir à la source s'avère toujours un peu terrifiant. Cette peur de ne plus être à la hauteur du passé et l'étrangeté de faire des constats bons ou mauvais sur le parcours d'une vie remet vite le questionnement à sa juste valeur. Je suivais des yeux le petit sentier de mon enfance et j'observais attendrie, sous la lumière éclatante de juillet remplie d'odeurs de muguets, toutes ces petites clochettes rayonnantes sous le soleil. Je ne puis m'empêcher, comme le faisait toujours ma grand-mère, de confectionner un petit bouquet sans oublier d'y ajouter quelques branches de fougère. Bizarrement, je me sentais le cœur léger et j'avais envie de crier ma joie d'être là tout simplement. Je dénouai mes cheveux et m'ébouriffait la tête comme un jeune chiot. Je partis d'un grand éclat de rire car mon geste venait de déranger un couple de tourterelles qui s'envolèrent en protestant tristement.
``Brille et envole-toi`` avait-elle dit encore.
Et le lendemain, je prenais un train avec le petit être qui se développait en moi. Je ne l'ai plus jamais revue mémé Kateya mais, j'ai marché dans ses traces de pas et parfois aux heures difficiles, elle me portait et m'aidait à m'envoler à nouveau.
Comme elle avait raison quand elle disait que le pardon est un acte de création. Celui-ci est une œuvre de longue haleine. Il a plusieurs strates, plusieurs saisons. Pardonner, ce n’est pas faire semblant qu’il ne s’est rien passé mais c’est le début d’un long chemin en marchant un pas après l’autre. Ce qui importe, c’est le départ surtout et la persévérance. Par la suite, tout vient en son temps...
Aujourd'hui je suis sur la montagne de ma liberté et j'ai atteint l'âge de la retraite. Tout ça pour dire que j'ai encore le goût de m'envoler et de briller encore à l'intérieur tant que j'aurai un souffle de vie.
Merci à toi, Kateya.
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 78
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Un très beau concentré de vie, j'ai beaucoup aimé ce passage simple, allusif, qui en dit bien plus à mon avis que le précédent.
Invité- Invité
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Heu...Je n'ai pas très bien saisi le rapport avec Kateya 1 ou peut-être que je n'ai pas saisi le sens de Kateya 1 ?
Cette partie est toute légère, toute fraîche, toute "bocagère", malgré le poids de l'aphorisme: Comme elle avait raison quand elle disait que le pardon est un acte de création : de la création ? du Créateur ? (hihi) En tout cas c'est vrai que c'est souvent compliqué.
En résumé:
Tous les hommes ont été des enfants mais peu s'en souviennent
Antoine de Saint Saint-Exupéry (Le petit prince)
Cette partie est toute légère, toute fraîche, toute "bocagère", malgré le poids de l'aphorisme: Comme elle avait raison quand elle disait que le pardon est un acte de création : de la création ? du Créateur ? (hihi) En tout cas c'est vrai que c'est souvent compliqué.
En résumé:
Tous les hommes ont été des enfants mais peu s'en souviennent
Antoine de Saint Saint-Exupéry (Le petit prince)
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Merci Easter Island pour ton commentaire. Le deuxième texte est complémentaire au premier en ce sens que grâce à la présence un jour de Kateya dans sa vie, cette femme a pu s'en sortir. Parfois des gestes ou des mots au bon temps et au bon moment sont déterminants pour la suite des choses...
Merci Denis. En effet le pardon est un acte de création en ce sens qu'il faut le créer et vouloir le créer. De nombreuses personnes et cela bien avant vingt ans ont connu mille morts car on leur a coupé la route et du même coup, coupé les ailes de leurs espoirs et de leurs rêves. Elles peuvent pour et à cause de cela mener une vie bonace et ergoter sur une vie poussiéreuse mais à l’intérieur, elles souffrent d’une hémorragie interne et derrière le masque, ça saigne à mort. Elles peuvent aussi mener une vie secrète parce que la vraie vie n’a pas de place pour s’épanouir mais elles seront toujours affamées, captives et prisonnières.
Souvent les individus se nourrissent et subsistent grâce à des miettes et à quelques goulées d’air pur et…ils ne respirent jamais normalement. Pourquoi se font-il si petits en rampant et en pleurant pour avoir une vie qui pourtant leur appartient entièrement? Pourquoi acceptent-ils de se faire amputer le membre qui ne se conforme pas aux règles imposées par la société? Ils ne devraient pas chercher refuge dans le silence amer, dans la froideur austère ou dans tous les placebos inutiles que la vie offre et qui détruisent plutôt que d’aider.
Toujours, il faudra se battre pour la liberté. Alors il faut être rebelle et efficace tout en entamant le processus du pardon sinon…c’est la mort à petit feu. Un loup harcelé ne va pas dire : encore. Non, il va bondir, courir, plonger, faire le mort…et sauter à la gorge de l’ennemi et…gagner de vivre encore.
Il est certain que le deuil reste à faire. Toutes les tragédies doivent être pleurées. Il ne faut jamais oublier mais se souvenir tout en laissant reposer en paix. Écouter sa douleur, sa souffrance. Nier n’est d’aucune efficacité. Mais heureusement, toutes les blessures finissent par former des tissus cicatriciels.
Tous devraient connaître les quatre étapes du pardon :
1- Aller de l’avant en laissant les choses derrière soi.
2- S’abstenir en évitant de punir et de se punir.
3- Refuser de s’appesantir sur les souvenirs
4- Lâcher-prise en faisant abandon de la dette.
Éprouvez du chagrin plutôt que de la fureur c'est être à mon avis dans la voie du pardon. On devient plus libres de nos mouvements car plus de chaînes à nos chevilles. L’énergie vitale revient à la surface et la sève recommence à couler librement.
Cette femme a eu le grand privilège d'avoir Kateya qui, dans un amour inconditionnel et dans une philosophie dogmatique mais qui a porté fruits, lui a montré le chemin de sa liberté... en lui faisant prendre conscience que son corps de femme lui appartenait et qu'elle devait briller et s'envoler avec lui.
Merci Denis. En effet le pardon est un acte de création en ce sens qu'il faut le créer et vouloir le créer. De nombreuses personnes et cela bien avant vingt ans ont connu mille morts car on leur a coupé la route et du même coup, coupé les ailes de leurs espoirs et de leurs rêves. Elles peuvent pour et à cause de cela mener une vie bonace et ergoter sur une vie poussiéreuse mais à l’intérieur, elles souffrent d’une hémorragie interne et derrière le masque, ça saigne à mort. Elles peuvent aussi mener une vie secrète parce que la vraie vie n’a pas de place pour s’épanouir mais elles seront toujours affamées, captives et prisonnières.
Souvent les individus se nourrissent et subsistent grâce à des miettes et à quelques goulées d’air pur et…ils ne respirent jamais normalement. Pourquoi se font-il si petits en rampant et en pleurant pour avoir une vie qui pourtant leur appartient entièrement? Pourquoi acceptent-ils de se faire amputer le membre qui ne se conforme pas aux règles imposées par la société? Ils ne devraient pas chercher refuge dans le silence amer, dans la froideur austère ou dans tous les placebos inutiles que la vie offre et qui détruisent plutôt que d’aider.
Toujours, il faudra se battre pour la liberté. Alors il faut être rebelle et efficace tout en entamant le processus du pardon sinon…c’est la mort à petit feu. Un loup harcelé ne va pas dire : encore. Non, il va bondir, courir, plonger, faire le mort…et sauter à la gorge de l’ennemi et…gagner de vivre encore.
Il est certain que le deuil reste à faire. Toutes les tragédies doivent être pleurées. Il ne faut jamais oublier mais se souvenir tout en laissant reposer en paix. Écouter sa douleur, sa souffrance. Nier n’est d’aucune efficacité. Mais heureusement, toutes les blessures finissent par former des tissus cicatriciels.
Tous devraient connaître les quatre étapes du pardon :
1- Aller de l’avant en laissant les choses derrière soi.
2- S’abstenir en évitant de punir et de se punir.
3- Refuser de s’appesantir sur les souvenirs
4- Lâcher-prise en faisant abandon de la dette.
Éprouvez du chagrin plutôt que de la fureur c'est être à mon avis dans la voie du pardon. On devient plus libres de nos mouvements car plus de chaînes à nos chevilles. L’énergie vitale revient à la surface et la sève recommence à couler librement.
Cette femme a eu le grand privilège d'avoir Kateya qui, dans un amour inconditionnel et dans une philosophie dogmatique mais qui a porté fruits, lui a montré le chemin de sa liberté... en lui faisant prendre conscience que son corps de femme lui appartenait et qu'elle devait briller et s'envoler avec lui.
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 78
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Mon dieu, l'image de la femme dans la première partie m'a glacé ! J'avais l'impression d'être tout petit devant une immense statue d'Athéna.
Ce texte me fait plus l'effet d'une accumulation de sermons et de certitudes qu'une réelle remise en question. Je suis très gêné par la dimension quasi mystique qui émane de tes propos. J'ai eu parfois le sentiment de lire le discours illuminé d'un gourou : "le pardon est un acte de création en ce sens qu'il faut le créer et vouloir le créer",
"Tous devraient connaître les quatre étapes du pardon :
1- Aller de l’avant en laissant les choses derrière soi.
2- S’abstenir en évitant de punir et de se punir.
3- Refuser de s’appesantir sur les souvenirs
4- Lâcher-prise en faisant abandon de la dette."
Qu'est-ce que c'est que ce salmigondis ? Les Quatres Saintes Vérités de Bouddha !?
Non, vraiment, je regrette ici l'absence de modestie et de juste mesure. C'est de la littérature engagée qui perd toute neutralité, qui veut convaincre, qui sert une idéologie obscure et ça je ne peux pas l'accepter.
Ce texte me fait plus l'effet d'une accumulation de sermons et de certitudes qu'une réelle remise en question. Je suis très gêné par la dimension quasi mystique qui émane de tes propos. J'ai eu parfois le sentiment de lire le discours illuminé d'un gourou : "le pardon est un acte de création en ce sens qu'il faut le créer et vouloir le créer",
"Tous devraient connaître les quatre étapes du pardon :
1- Aller de l’avant en laissant les choses derrière soi.
2- S’abstenir en évitant de punir et de se punir.
3- Refuser de s’appesantir sur les souvenirs
4- Lâcher-prise en faisant abandon de la dette."
Qu'est-ce que c'est que ce salmigondis ? Les Quatres Saintes Vérités de Bouddha !?
Non, vraiment, je regrette ici l'absence de modestie et de juste mesure. C'est de la littérature engagée qui perd toute neutralité, qui veut convaincre, qui sert une idéologie obscure et ça je ne peux pas l'accepter.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 55
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Bonsoir Jano,
Merci pour votre commentaire et soyez assuré que je respecte votre opinion qui me semble l'expression d'une certaine honnêteté de votre part. Le discours illuminé selon vous de Kateya, que vous qualifiez de ``salmigondis``( définition de Larousse: ragoût fait de restes de viandes ou mélange, assemblage disparate et incohérent) a dans cette prose basée sur des faits réels, sauvé la vie d'une personne, une femme. Ma littérature n'a aucun engagement si ce n'est un peu de sagesse et de valorisation de la femme qui en a grandement besoin dans ce siècle où la morale se confond souvent avec la viande sur le marché.
Pour vous remettre un peu de votre lecture, je vous donne donc la recette préférée de cette grand-mère et j'espère que vous ne penserez pas que Bouddha la lui a dictée: (sourire)
Ingrédients du ragoût de pattes de cochon:
2 pattes de porc
1 gros oignon
1 branche de céleri
2 c. à table d'huile d'olive
1 c. à table de gros sel
1/4 c. à thé de poivre
1/2 c. à thé de cannelle
1/4 c. à thé de clou de girofle moulu
1/8 c. à thé de muscade
1/8 c. à thé de sel d'ail
Boulettes:
700 grammes de porc haché (ou 454 grammes de porc et 454 grammes de boeuf haché)
1 petit oignon haché finement
2 c. à table de persil
1/4 c. à thé de cannelle
1/4 c. à thé de clou de girofle
1/4 c. à thé de gingembre
1/4 c. à thé de moutarde sèche
1/4 c. à thé de sel et poivre
1/2 tasse de farine grillée
Méthode de préparation
1. Ragoût: Nettoyer les pattes. Sectionner les pattes en gros morceaux, les rouler dans le mélange d'épices et faire revenir dans un chaudron à fond épais, jusqu'à une couleur dorée. Verser de l'eau à l'égalité, ajouter l'oignon et le céleri, et laisser cuire jusqu'à ce que la chair se détache des os. À ce moment, couler le bouillon, ajouter les morceaux de maigre de pattes et les boulettes, épaissir avec de la farine grillée et laisser mijoter environ 30 minutes.
2. Boulettes: Bien mélanger la viande hachée et les assaisonnements, façonner en boulettes, passer dans la farine grillée et faire revenir dans de l'huile. Lorsque dorées, ajouter à la première préparation. (Méthode alternative de cuisson des boulettes: façonner les boulettes, et les faire cuire au four, sur une plaque que vous aurez recouverte d'un papier parcheminé.
J'espère que ce ragoût se digèrera mieux que ma prose.
Carpe Diem
Merci pour votre commentaire et soyez assuré que je respecte votre opinion qui me semble l'expression d'une certaine honnêteté de votre part. Le discours illuminé selon vous de Kateya, que vous qualifiez de ``salmigondis``( définition de Larousse: ragoût fait de restes de viandes ou mélange, assemblage disparate et incohérent) a dans cette prose basée sur des faits réels, sauvé la vie d'une personne, une femme. Ma littérature n'a aucun engagement si ce n'est un peu de sagesse et de valorisation de la femme qui en a grandement besoin dans ce siècle où la morale se confond souvent avec la viande sur le marché.
Pour vous remettre un peu de votre lecture, je vous donne donc la recette préférée de cette grand-mère et j'espère que vous ne penserez pas que Bouddha la lui a dictée: (sourire)
Ingrédients du ragoût de pattes de cochon:
2 pattes de porc
1 gros oignon
1 branche de céleri
2 c. à table d'huile d'olive
1 c. à table de gros sel
1/4 c. à thé de poivre
1/2 c. à thé de cannelle
1/4 c. à thé de clou de girofle moulu
1/8 c. à thé de muscade
1/8 c. à thé de sel d'ail
Boulettes:
700 grammes de porc haché (ou 454 grammes de porc et 454 grammes de boeuf haché)
1 petit oignon haché finement
2 c. à table de persil
1/4 c. à thé de cannelle
1/4 c. à thé de clou de girofle
1/4 c. à thé de gingembre
1/4 c. à thé de moutarde sèche
1/4 c. à thé de sel et poivre
1/2 tasse de farine grillée
Méthode de préparation
1. Ragoût: Nettoyer les pattes. Sectionner les pattes en gros morceaux, les rouler dans le mélange d'épices et faire revenir dans un chaudron à fond épais, jusqu'à une couleur dorée. Verser de l'eau à l'égalité, ajouter l'oignon et le céleri, et laisser cuire jusqu'à ce que la chair se détache des os. À ce moment, couler le bouillon, ajouter les morceaux de maigre de pattes et les boulettes, épaissir avec de la farine grillée et laisser mijoter environ 30 minutes.
2. Boulettes: Bien mélanger la viande hachée et les assaisonnements, façonner en boulettes, passer dans la farine grillée et faire revenir dans de l'huile. Lorsque dorées, ajouter à la première préparation. (Méthode alternative de cuisson des boulettes: façonner les boulettes, et les faire cuire au four, sur une plaque que vous aurez recouverte d'un papier parcheminé.
J'espère que ce ragoût se digèrera mieux que ma prose.
Carpe Diem
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 78
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
D'accord, mais maintenant que le personnage est présenté, il va bien lui arriver une petite aventure, banale ou exceptionnelle peu importe, non ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
- Code:
ces flammes porteront alors d’autres noms : enthousiasme, idéal, éclat, ardeur, passion.
Et la vie prend alors un tout autre sens, mais ne faut-il pas le décider avant d'agir dans cette direction,je crois que c'est un engagement envers la vie, l'idéal ne forme qu'un ensemble de conditions auxquelles nous devons préalablement apporter des garanties, c'est à dire méditer sur le bien fondé de notre action. L'enthousiasme.
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La modération
Invité- Invité
Re: Kateya, grand-mère du Nord (1)
Aujourd'hui je suis sur la montagne de ma liberté et j'ai atteint l'âge de la retraite. Tout ça pour dire que j'ai encore le goût de m'envoler et de briller encore à l'intérieur tant que j'aurai un souffle de vie.
Mais de quelle longueur sera ce souffle de vie?
Lorsque j'entendis le médecin prononcer le mot ``sarcome``, tout mon sang se figea dans mes veines. Je crus pour un instant que le sol s'entrouvrirait et m'engloutirait. Je serrai les bras métalliques du fauteuil avec une telle vigueur que mes jointures blanchirent de peur. Mon cerveau bien organisé m'envoyait des images de survie et les fleurs les plus belles s'imposèrent dans mon esprit. Je me vis avec mon vieux chapeau de paille enfoncé sur la tête et mes gants souillés de terre, à quatre pattes, dans mon jardin. D'une voix, se voulait ferme, Je demandai:
-Combien de temps, docteur?
- Un an maximum.
Tous les autres mots du médecin se perdirent dans la brume qui venait de m'envahir. Je me retrouvai à l'extérieur. Sur la première marche de l'escalier, me tenant d'une main à la rampe, je poussai de longs soupirs comme pour implorer le ciel de m'épargner cette fois. Je déchantai rapidement car celui-ci était au diapason de ce que je vivais: sombre et lourd comme mon pauvre coeur.
-Il va pleuvoir aujourd'hui...me dis-je en essayant de reprendre contact avec des préoccupations plus terre-à-terre. ``La bourgeoisie des habitudes`` comme le disait si bien Victor Hugo. Par ce même phénomène, je me dirigeai vers ma voiture et y trouvai sur le pare-brise un billet de contravention. La goutte! Je l'examinai longuement sans vraiment le voir puis, lentement je me mis à pleurer plaçant une main devant ma bouche pour étouffer les sons. Une jeune femme passant près de moi me regarda sans retenue et en colère, je m'écriai:
-Vous n'avez jamais vu quelqu'un attraper une contravention. Vous voulez une photo peut-être? Aujourd'hui, madame, c'est mon jour de chance de merde!
Sur ce, j'enlevai prestement le papillon sur le pare-prise, montai dans ma voiture sans rien ajouter de plus et démarrai en trombe.
Je m'obligeai à garder toute ma concentration sur la route devant moi et me retrouvai bientôt en dehors de la ville. Remarquant un sentier pédestre longeant le fleuve, je décidait d'aller y marcher. Le soleil tentait de percer à travers les nuages que le vent déplacait aussitôt. Je me sentis frileuse et boutonnai mon manteau court, en cuir souple, jusqu'au ras le cou. J'aimais le fleuve et j'aimais marcher. L'union de ces deux éléments me procurait toujours une certaine détente et je fus rapidement en mesure de mieux orienter mes pensées. Quand avais-je pris des vacances pour la dernière fois? Je ne pouvais m'en souvenir. J'avais toujours été quelque part dans un but précis. Incroyable de passer une vie sans jamais penser à soi: à moi, de moi, pour moi seulement, par amour pour moi.
-Non, non, et non.
Je ne pouvais l'admettre. J'avais une envie folle de crier ma rage, ma colère. Mais pourquoi ne le ferais-je pas? Me tournant vers le fleuve, regardant vers la ligne d'horizon, ma voix émit un son perçant comme une longue plainte, un douloureux gémissement. Je criai à l'injustice, dénonçant ce coup du sort, maudissant le bouleversement de ma vie entière et de celle de ceux que j'aimais tant. Je ne méritais pas ça, point à la ligne. Le fleuve accepta toutes mes confidences en me berçant comme la mère que je n'avais jamais connue. Épuisée, je m'assis sur une grosse roche et sur mon visage inerte, impuissante, de nouvelles rides se creusèrent: celles de la peur.
Après un certain laps de temps, je me relevai lentement et je pris ma première décision de condamnée à mort: prendre des vacances quelque part. Un peu réconfortée par ce projet qui semblait reculer l'échéance, je repris la route pour aller en femme ordonnée, planifier mes premières...et dernières vacances.
Mais de quelle longueur sera ce souffle de vie?
Lorsque j'entendis le médecin prononcer le mot ``sarcome``, tout mon sang se figea dans mes veines. Je crus pour un instant que le sol s'entrouvrirait et m'engloutirait. Je serrai les bras métalliques du fauteuil avec une telle vigueur que mes jointures blanchirent de peur. Mon cerveau bien organisé m'envoyait des images de survie et les fleurs les plus belles s'imposèrent dans mon esprit. Je me vis avec mon vieux chapeau de paille enfoncé sur la tête et mes gants souillés de terre, à quatre pattes, dans mon jardin. D'une voix, se voulait ferme, Je demandai:
-Combien de temps, docteur?
- Un an maximum.
Tous les autres mots du médecin se perdirent dans la brume qui venait de m'envahir. Je me retrouvai à l'extérieur. Sur la première marche de l'escalier, me tenant d'une main à la rampe, je poussai de longs soupirs comme pour implorer le ciel de m'épargner cette fois. Je déchantai rapidement car celui-ci était au diapason de ce que je vivais: sombre et lourd comme mon pauvre coeur.
-Il va pleuvoir aujourd'hui...me dis-je en essayant de reprendre contact avec des préoccupations plus terre-à-terre. ``La bourgeoisie des habitudes`` comme le disait si bien Victor Hugo. Par ce même phénomène, je me dirigeai vers ma voiture et y trouvai sur le pare-brise un billet de contravention. La goutte! Je l'examinai longuement sans vraiment le voir puis, lentement je me mis à pleurer plaçant une main devant ma bouche pour étouffer les sons. Une jeune femme passant près de moi me regarda sans retenue et en colère, je m'écriai:
-Vous n'avez jamais vu quelqu'un attraper une contravention. Vous voulez une photo peut-être? Aujourd'hui, madame, c'est mon jour de chance de merde!
Sur ce, j'enlevai prestement le papillon sur le pare-prise, montai dans ma voiture sans rien ajouter de plus et démarrai en trombe.
Je m'obligeai à garder toute ma concentration sur la route devant moi et me retrouvai bientôt en dehors de la ville. Remarquant un sentier pédestre longeant le fleuve, je décidait d'aller y marcher. Le soleil tentait de percer à travers les nuages que le vent déplacait aussitôt. Je me sentis frileuse et boutonnai mon manteau court, en cuir souple, jusqu'au ras le cou. J'aimais le fleuve et j'aimais marcher. L'union de ces deux éléments me procurait toujours une certaine détente et je fus rapidement en mesure de mieux orienter mes pensées. Quand avais-je pris des vacances pour la dernière fois? Je ne pouvais m'en souvenir. J'avais toujours été quelque part dans un but précis. Incroyable de passer une vie sans jamais penser à soi: à moi, de moi, pour moi seulement, par amour pour moi.
-Non, non, et non.
Je ne pouvais l'admettre. J'avais une envie folle de crier ma rage, ma colère. Mais pourquoi ne le ferais-je pas? Me tournant vers le fleuve, regardant vers la ligne d'horizon, ma voix émit un son perçant comme une longue plainte, un douloureux gémissement. Je criai à l'injustice, dénonçant ce coup du sort, maudissant le bouleversement de ma vie entière et de celle de ceux que j'aimais tant. Je ne méritais pas ça, point à la ligne. Le fleuve accepta toutes mes confidences en me berçant comme la mère que je n'avais jamais connue. Épuisée, je m'assis sur une grosse roche et sur mon visage inerte, impuissante, de nouvelles rides se creusèrent: celles de la peur.
Après un certain laps de temps, je me relevai lentement et je pris ma première décision de condamnée à mort: prendre des vacances quelque part. Un peu réconfortée par ce projet qui semblait reculer l'échéance, je repris la route pour aller en femme ordonnée, planifier mes premières...et dernières vacances.
gaeli- Nombre de messages : 417
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Date d'inscription : 21/05/2011
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