Exo schaltinienne : Bibliothèque verte

On nous disait "l'eau de lessive
est bonne, arrose les radis".
Nous murmurions, les interdits
paraient toute humeur subversive.

Le baume du pérou soignait
nos brûlures, l'ombre excessive
de leur soucis nous éloignait.

De saison en saison l'école
apprivoisait notre parole.

Feu sous la peau, le sang cognait.
***

Merci à Alex d'avoir proposé cet exercice.
Précision technique: on récupérait effectivement l'eau de lessive pour arroser le jardin, et maintenant je sais pourquoi: elle apporte des phosphates.

Rose ou verte, une jolie bibliothèque de souvenirs revisités. La narratrice semble un peu limitée par la contrainte de taille des 10 vers, moi aussi, j'aurais bien croqué quelques radis de plus avec ou sans phosphates...

"Feu sous la peau, le sang cognait", une belle image pour suggérer la révolte enfantine qui gronde en silence.

Pas simple de ne pas comparer les divers poèmes à l'occasion de cet exercice proposé.
J'aime beaucoup le thème de cette schaltinienne, on sent l'auteur un peu moins à l'aise du fait des contraintes.
mais bravo, j'ai voulu tenter, j'ai calé.
Le dernier vers marque la fin de la bibliothèque verte, début de révolte ou d'adolescence s'affirmant. J'ai aimé.

Je trouve particulièrement audacieux le choix des octosyllabes, il imprime au texte un rythme particulier et évocateur. Une forme ici ramassée (la schaltinienne l'est déjà), qui pourrait-on croire confine le texte à la superficialité, mais qui, au contraire (pour moi) condense le propos au maximum. Il y a une volonté manifeste de ne pas se fondre complètement dans le moule "classique" de l'exercice (les minuscules en début de vers en témoignent).

Mention pour le dernier vers, très réussi. Bémol en revanche pour la partie "Nous murmurions, les interdits // paraient toute humeur subversive" que je trouve un peu forcée.