Exo schaltiniennes : Sans tambour ni trompette

C’est un vieillard qui va vers la promesse brève
de la mort attentive à sa viande avariée
il appelle son chien d’une voix éraillée
et l’animal vaincu péniblement se lève

On dirait à les voir deux monstres empaillés
que la vague a craché par hasard sur la grève
ridicules dansant sur un disque rayé

Il s’arrête et brandit sa canne comme un glaive
tout espoir a rejoint depuis longtemps le rêve

Insouciante la mer vient leur lécher les pieds




La poésie est-elle autre chose qu’un rêve
l’envie folle de dire au-delà de l’aubier
ce qui touche le centre et vibre dans la sève
et vibrant nous permet parfois de nous délier

Elle est vague qui tend elle est vague qui lève
l’écume et fait jaillir les mots comme voiliers
embrasant des soleils que la nuit seule achève

Face à la mort elle est notre seule alliée
ce chant rauque et jazzy cette voix éraillée

Ailée toujours elle est ce qui vaincu se lève

Zenobi, pourriez-vous indiquer un titre (global) pour vos schaltiniennes, pour l'encodage au catalogue ? Merci.

sans tambour ni trompette

Pas mal du tout. Je trouve cependant "la viande avariée" totalement étrange au style et lourdingue (est-il tant besoin de sacrifier à la mode du glauque? alors-même que la mort attentive ou la promesse brève, l'animal vaincu suffisent largement à installer la nostalgie et l'ambiance crépusculaire. Ces expressions illustrent d'ailleurs votre puissance poétique (sans doute trop souvent épuisée à commenter?).

Il me semble que le second texte, un peu trop riche en enjambements ou rejets ce qui lui confère une certaine artificialité, serait aidé par quelques virgulettes après "qui tend" ou après "Ailée".

J'ai bien aimé le motif de ce qui vaincu se lève (en dépit de la lecture freudienne primaire que je ne résiste guère à faire, à fortiori en association avec vieillard).

A propos de cette figure du vieillard que vous plantez au tout départ, je m'étonne qu'un Zénobi d'ordinaire très exigeant ait cédé à la formule "C'est un ... qui". Puis-je pour respecter les sonorités sans muter gravement le sens vous proposer "C'est en vieillard qu'il va vers la promesse brève" ? et à la place de "viande avariée" quelque chose comme " attentive à sa vie sans varier" ?. Ce qui donnerait, même si ce n'est pas encore le top :
C’est en vieillard qu'il va vers la promesse brève
de la mort attentive à sa vie sans varier
il appelle son chien d’une voix éraillée
et l’animal vaincu péniblement se lève".

Bon je sais que je vais me faire écharper...

Même s'il me semble que vous n'avez pas respecté toutes les contraintes (FMMF), je suis enchantée de ces deux schaltinienne.
on sent bien sûr la maîtrise de la poésie classique, donc merci pour cette lecture.

Voyez l'avantage d'être sensible à toute forme de poésie, c'est que j'ai bien plus de belles rencontres que vous.

Très amicalement, zenobi.
éclaircie

éclaircie a écrit:Même s'il me semble que vous n'avez pas respecté toutes les contraintes (FMMF), je suis enchantée de ces deux schaltinienne.
on sent bien sûr la maîtrise de la poésie classique, donc merci pour cette lecture.

Voyez l'avantage d'être sensible à toute forme de poésie, c'est que j'ai bien plus de belles rencontres que vous.

Très amicalement, zenobi.
éclaircie

éclaircie
Il y a, me semble-t-il, une (1) liberté prise sur l'ensemble des deux poèmes- ou alors j'ai mal lu les contraintes. Ce qui est possible.

Contrairement à ce que vous avancez, je ne suis pas uniquement préoccupé de poésie "classique", loin s'en faut. Ponge, par ex., tient une grande place pour moi. En revanche, et, là non plus, contrairement à des propos idiots tenus ici, (pas par vous, non, non, non!) je ne confonds pas jeux sonores et rimes, mais une poésie sans musicalité ne m'intéresse pas.
J'ai exprimé mon opinion, déjà. (Les effets de mode, les facilités, la pauvreté lexicale, le manque de maîtrise du "rythme" cf. Meschonnic, l'épate-bourgeois, tout ça...) Elle a été mal comprise, tant pis. Probablement aurais-je dû enrober mes propos, mais je ne sais pas le faire, je garderai donc dorénavant mes commentaires par devers moi.
Il n'y a pas mort d'homme.

Pour ce qui est des rencontres, je préfère peut-être en faire moins, ne pas ouvrir mon cœur à tous les vents. Quand tout se vaut, vivent les veaux.
Merci de votre lecture et de votre commentaire.
Idem pour...
Marvejols.
Écharper? Par la modération ?
Je crois que je commentais moins que vous, alors, pour l'épuisement... Je ris.
Pour ma part, on peut bien jouer comme on veut avec mes textes- et, ce, d'autant plus quand il ne s'agit pas de poésie mais seulement d'exercices ! On est dans l'immédiateté, là, le vite fait, vite torché. La poésie, c'est autre chose. ça se lèche, ça se goûte, ça mature comme un bon vin.
Enfin:
vos propositions ne sont pas inintéressantes, mais je voulais quelque chose de simple et de mauvais goût.

Oui, prosodie impeccable, du tout bon (et ce, sans complaisance).
J'ai préféré la première, j'y trouve la progression implacable et logique et l'utilisation de la schaltinienne particulièrement adaptée.

"Vite fait, vite torché" mais sur deux rimes... à deux reprises, quelle classe !

Le premier exercice me déçoit un peu après le quatrain que je trouve magistral, je n'arrive pas à préciser pourquoi mais ces deux monstres empaillés rejetés par la mer me semblent assez artificiels et théatreux.

Je préfère le second exercice qui, en dépit d'une irrégularité mineure (rimes croisées du quatrain) est beaucoup plus musicale et m'enlève avec légèreté vers ce dernier vers que je trouve splendide :

Ailée toujours elle est ce qui vaincu se lève

Merci à vous deux.
(Oui, j'ai ajouté une contrainte, par défi bébête.)

[Arielle, vous avez réfléchi à votre "ont/sont" poussé() ?}

"La poésie est-elle autre chose qu’un rêve"
Il suffit parfois d'une phrase pour être touché par un poème, parce que cette simple phrase verbalise des émotions ressenties sur lesquelles on cherchait des mots.
Et, pour que la suite me parle davantage, je me suis permis de légèrement vous modifiez.

La poésie est-elle autre chose qu’un rêve,
L’envie jamais vaincue d'exprimer l'au-delà ?

[ô modération, pardonne ce coup du cœur, cette excessive réponse!]

Oui, je suis totalement en phase avec vous.
Mais une tentative, seulement.
Une illusoire et mythique victoire.
Merci infiniment, vous m'avez touché.

J'ai bien aimé le double exercice et, comme Arielle, je préfère le second, encore que la mer qui lèche les pieds ne me laisse pas indifférente.
Bref, je trouve l'exercice réussi (je ne parle pas de mon commentaire, cela s'entend!)

Pour les trois derniers vers, je vous vote à l'unanimité un smack de très mauvais goût!
Le reste n'est pas mal non plus, cela dit...

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