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Silent utopia

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Message  sophia Mer 1 Juin 2011 - 15:21

Des cendres de ma plume solitaire, j’écris.

Douce quiétude, douce frayeur entre les murs de ma prison. Agréable pénombre, lourde atmosphère, ténèbres austères presque palpables, à laquelle mes yeux se sont déjà habitués. Ils ne cherchent plus à fuir la terreur qui leur fait face, ils ont cessé d’espérer accueillir les parcelles timides de la lumière. Non, l’espoir n’a plus sa place en ces lieux. Mes ongles ensanglantés ayant tenté plusieurs fois de se frayer un chemin à travers ces murs rudes et glaciaux, peuvent s’enorgueillir de l’expérience. Je vis dans mon cauchemar et j’ai les yeux bien ouverts. Ce monde est noir, silencieux, froid, et aujourd’hui il est mien. Je baigne délicieusement dans l’écume de ses débris, je respire savoureusement le relent écœurant de ma solitude morale, j’évolue au rythme des battements d’un cœur affolé, en perdition.

Je n’ai que ma plume. Je suis seule, et j’écris.

Ma terreur est vivante et m’inspire. Je l’aime, je la haie, elle me pousse à bout, à effleurer la folie, à célébrer la peur, d’en faire ma compagne, ma confidente, ma seule amie. Elle me fascine, elle m’enlève. Elle me condamne à l’exil, à sortir de moi, à goûter du bout des lèvres à l’encre qui s’écoule de ma plume, le goût est doux et amer. Ce sang de mes veines, desquelles ma plume creuse profondément et sans scrupules ses mots, faisant saigner mon cœur déjà meurtri.
Mon monde est méchant, mon monde est cruel. Mais à mes yeux il reste beau. Il suffit de les raser.
Oui. Je suis peut être seule, mais bien trop entourée. D’ailleurs les voilà qui arrivent, ces petites bestioles affamées, petites gloutons sauvages et sans aucune sympathie. Elles viennent ronger mon esprit, le dévorer. Monstrueux goinfres voraces. Elles viennent d’abord sournoisement toquer à ma porte, insistent violemment, poussent des cris désagréables et grossiers, crissant en échos contre les parois de mes réflexions déjà pourries sous l’influence de tous ces « anti- douleurs » qui ne servent qu’à faire vivre dans le brouillard… mais ce n’est pas grave, je ne vis presque plus.

Les cris continuent, intimident, menacent. Je suis ivre de fatigue, le vertige déséquilibre mes pas. Bientôt, c’est une douleur insupportable qui traverse mon corps las et épuisé. Je sens mes os craquer, mon cœur se serrer, mes intestins cramer sous le poids affligeant de leur méchanceté. Je sens l’odeur du brulé, elle attise encore plus leur impatience. Elles savent qu’elles finiront par entrer, mais elles veulent d’abord jouer. Elles adorent ça. Elles vont énerver, tourner finement autour des mots, pousser à bout, épuiser, me voir faiblir jusqu’à me faire courber l’échine sous le poids de la douleur, me faire vomir mes plaintes et mon angoisse. Mais elles me veulent vivante, pour cela, elles feront semblant de m’épargner un peu jusqu’au prochain épisode.
Et à chaque fois, je suis une nouvelle personne, toute neuve. Faite de colère, de déceptions, d’amertume. Que suis-je ? Suis-je vraiment ce corps qui se décompose et qui pue, mais refuse de finir en miettes ? Le cœur est las et des fois il hoquette. À des sursauts de lucidité, Il éclate en épines acérées, tel un hérisson belliqueux. Il traverse la cage, enfonce la chair. La douleur est vive, intense. Il m’étouffe, je suffoque, je crache du sang. Il s’en moque. Il se veut dur. Il est fou de rage, il crie, hurle, vocifère sans censures. Il a mal. Une énorme cicatrice laide lui traverse la figure, elle y restera gravée à tout jamais. Piégé en soi et dans soi, il ne peut que continuer à battre, à me battre. Je l’ai trahi, je lui ai tourné le dos, je n’ai pas su prendre soin de lui.
Que j’ai pitié de lui. Que j’ai pitié de moi.

Mais bientôt l’indifférence m’entraine. Elle me soulage, et je me laisse aller aux grés de sa marrée. Je l’aime aussi. Elle ne pense à rien, elle ne ressent rien. C’est alors un autre silence, plus léger, moins exigent. Il fait toujours noir, mais l’indifférence me couvre et me couve. Elle me protège, elle me défend contre ces minables petites bestioles. Elle, ne me dicte pas quoi faire. N’essaie pas de me convaincre, ne tente pas de me dissuader. Elle, s’en fout de me voir vivante ou morte. Elle, se contente de me regarder en souriant. Elle ne m’écoute pas, ne me parle pas. Qu’il est bon de penser que l’on n’y peut rien, que dans notre faiblesse l’on ne peut que céder. On est justifié, on est excusé, on est délaissé… je deviens peu à peu habituée au cynisme, douce cachette à mes peurs et à mes crises de panique, image fourbe de force et de puissance. Je le sais, je n’y peux rien, j’en ai besoin.

Je peux alors décider d’en finir, de tout arrêter.

Et que l’on m’arrache sauvagement la chair, tels des chiens affamés, qu’elle se déchiquette en morceaux, et que mon sang coule sans retenue que je puisse voir clairement se distinguer les ossements de ce corps fragile, qu’ils périssent en poussières, que je puisse enfin m’évader de cette prison, que mon âme puisse rejoindre Celui vers qui elle se languissait jadis d’attente.
Mais misère ! À peine ai-je frôlé le sommeil profond, que voilà qu’elles m’assaillent et m’embêtent.
Drôles de créatures que ces petites bêtes. Elles ont un bon sens assez curieux. Elles ont le don de décider de quel côté faire pencher la balance. Et elles y arrivent bien. Elles susurrent en voix suave, tel un diable séducteur. Elles étalent les « raisons » et les « avantages ». Et je fais ainsi le tour de toutes les peines que l’on m’a fait, de toutes les injustices dont je fus victime. Je les écoute, et j’ai l’impression qu’elles me comprennent, qu’elles connaissent mieux que quiconque ma douleur. Elles approuvent mon indignation. Elles m’aiment, elles me donnent raison.

Les voix continuent, merveilleuse mélodie de plaintes, de pleurs, de souvenirs cruellement vivaces. Qui a dit que l’ignorance est une bénédiction ? Non, ce n’est pas vrai. C’est l’ignorance, cette stupide naïveté qui a détruit mon cœur jadis bon et innocent. Mes larmes et mes cris résonnent encore dans ma tête, comme me provenant d’un vieux rêve, ou d’un semblant de déjà-vu.
Je sens peu à peu la rage grandir en superbes flammes, l’envie de tout haïr submerger mon âme, et mon cœur qui continue ses cris en échos, sombre dans une déprime accueillante et se noie encore dans un désespoir sordide et pitoyable.
Je cherche à trouver un réconfort dans ce chagrin maudit, mais la nostalgie me prend, et je regarde derrière moi. J’observe mon moi passé, négligé, égaré, perdu. Et je le contemple avec tristesse et regret. Qu’il est beau, qu’il est pur, qu’il est bon. Adorable créature de Dieu, attachante petite personne. Mon innocence, ma paix, mon respect et mon amour envers moi se décomposent à mesure que je découvre le gouffre qui nous sépare.

Est-ce déjà trop tard ? Ne peut-on supprimer toute cette tristesse ?


sophia

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Message  Miinda Mer 1 Juin 2011 - 20:15

Bilan mitigé pour ce texte.
Je l'ai lu plusieurs fois avant de pouvoir me faire une idée. Les descriptions que vous faites de ces passages entre indifférence, souffrance, vie ou mort me crispent. Je me suis sentie exclue, spectatrice qui peine à comprendre le fil du texte, qui ne parvient pas à saisir la réelle émotion qui s'en dégage. Et pourtant, c'est sincère et ça heurte . Sans doute que c'est la violence même du texte qui paralyse mon analyse, je n'en sais rien. J'entends par violence ces sentiments décrits avec une noirceur particulièrement grisante.
Je relève cependant quelques phrases qui m'ont séduite:
j’évolue au rythme des battements d’un cœur affolé, en perdition.
Je n’ai que ma plume.
Cette phrase simple m'a touchée. J'ai trouvé qu'elle évoquait clairement le sentiment de solitude et d'attachement à l'écriture. J'ai compris en tout cas quelque chose de cette phrase, sa simplicité m'a permis de rentrer un peu mieux dans le texte.
Cela dit, ça reste évidemment un avis, et des impressions.
J'attendrai votre prochain texte !
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Message  sophia Mer 1 Juin 2011 - 21:19

Bonjour, je vous remercie pour votre réponse.

En effet, les mots dans le texte sont issus d’émotions assez violentes, plusieurs transitions entre différentes états d’âme.
Le texte est un peu déprimant je l’avoue, mais j’apprécie l’idée que le lecteur se laisse entrainer par toutes ces émotions.



< Comme on le demande à chaque auteur : prière de ne pas répondre systématiquement à chaque commentaire mais plutôt de regrouper vos réponses, ceci afin d'éviter de faire remonter ou de maintenir votre propre texte en haut de page au détriment des textes des autres auteurs.
Merci de votre compréhension.
La Modération >

.

sophia

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Message  elea Jeu 2 Juin 2011 - 21:33

Je ne suis pas entrée dans le texte, l’émotion censée s’en dégager ne m’a pas touchée. Sans doute parce que l’écriture, les mots, me semblent plus dans la réflexion que sous le coup de l’émotion immédiate. Et le ton est le même qu’il s’agisse d’indifférence ou de souffrance, peut-être que j’aurai aimé la ressentir dans une écriture différente, saccadée, heurtée, je ne sais pas, autre en tout cas.
Mais il y a de belles images et de belles phrases, et même si je ne me suis pas laissée embarquer dans les émotions elles affleurent sans aucun doute.

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Message  midnightrambler Jeu 2 Juin 2011 - 22:05

Bonsoir,

Une promenade au bord de la falaise en compagnie de toutes ces petites bêtes qui vous embêtent ... une auto-thérapie ?
Du déjà lu ... je ne me suis pas senti très concerné, désolé.

Amicalement,
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Message  sophia Mar 7 Juin 2011 - 14:52

Bonjour tout le monde,

Je vous remercie pour vos remarques et suggestions, elles me seront surement utiles pour mon prochain récit.


< Voir notre remarque 2 messages plus haut !
La Modération >

sophia

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Message  sophia Mer 8 Juin 2011 - 10:59

Et voilà une nouvelle tentative ou plutôt une suite de silent utopia. En attendant vos remarques, bonne lecture!


« Respire...
Qu’est-ce que le bonheur.
Souris…
Qu’est-ce que la joie. »

Ton ironique, ton moqueur… ton sincère.

Je me laisse tourbillonner au gré de ces bestioles. Saurais-je bientôt les apprivoiser, ces petites voix, ces pensées si fugaces et si dures. Ne puis-je être assez forte pour mener une révolte contre ce monde pervers et ingrat. Mon monde… gracieusement affreux.
Je mènerais ma meute, invincible et téméraire, la guiderais à travers l’étroitesse de cet esprit, les ténèbres de ce cœur pollué. Je détruirais enfin les murs de cette cellule crasseuse. J’entreverrais peut être quelques gouttes de lumière enfin.

« Elles t’aveugleront… »

Je serais forcée de fermer ces yeux habitués aux ombres. Ils ont trop longtemps été martyrisés devant toutes ces formes obscures et inhumaines qui imposent leur présence comme bon leur semble. J’hésiterais longtemps devant cet éclat.

« L’accepterais-je... »

Si je me laisse faire, je sentirais peut être une douce chaleur se répandre sur mon corps froid, triste, éteint.
La lumière sera infinie, et ne s’épuisera jamais. Elle sera clémente et généreuse, me cueillera, essuiera mes larmes figées sur ma peau, entourera de sa chaleur ce cœur qui grelotte et qui claque sous le poids de la solitude.

« Ramène-moi à la vie… »

Je ne serais plus seule à lutter contre mes démons, ces fauves sanguinaires qui me garde prisonnière. Elle me serrera secrètement dans ses bras surs, forts, tendres. Elle me cachera de ces bestioles.

« Existe-t-elle…
Pour de vrai ? »

Elle sera infinie et ne s’épuisera jamais…
Elle guérira mes marques, ces meurtrissures, tous ces coups encaissés à vouloir défendre un monde bon, beau et pur. Elle soutiendra mon âme fracturée, m’entourera de sa bonté naturelle.
Petites bestioles s’agitent. Les voix susurrent.

«Abandonne….
Abandonne…
Abandonne-toi.»

Ont-elles peur que je les abandonne elles ?
Mes amies, mangeuses de volontés, gardiennes fidèles de mes tourments, attentives à mes malaises.

« Pour toujours…
et à jamais. »
La lumière…

« … n’existe pas. »

Mon cœur bredouille, bafouille.

« Oublie…
Oublie…
Oublie-toi. »

Je suis étourdie et tourne comme une bête nerveuse dans de ma prison. Les portes sont emmurées, elles ne s’ouvriront plus jamais.

« Solitude…
Solitude…
quand tu me tiens.»

Un tas gît par terre, il se soulève au rythme d’une respiration pénible. Mon corps, magnifique reflet de ruines en décadence. Le sol est rude, le sol est froid, il me transperce de ses lames telles des aiguilles venimeuses. Le venin se répand. Je ne sens plus rien, je ne suis plus rien, je vous laisse faire de ma dépouille comme bon vous semble.
Célébrez ma mort, réjouissez-vous en. Délectez- vous de mes nuits insomniaques, goûtez aux restes de mes vomissures, savourez les.

« Relève-toi…
Bat-toi… »

Il n’y aura pas d’affrontement sanglant ce soir, je suis essoufflée, agacée par la douleur. Je reste immobile.
Les bestioles recommencent à me ronger.
Cela n’a plus d’importance. Je ferme les yeux. Je suis presque en paix.

sophia

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