Heathen, Fresque de Frasque

Quelle est donc cette chose, révoltante ?
Lacrimosa dans les oreilles, je criais dans mon coussin,
ci-joint la symphonie d'une femme à bout de nerfs,
Nervurée jusqu'au bout du bout des bouts de mes vaisseaux.
En voilà, une belle mixture, celle de la nature et du cosmos.

-Que se passe-t-il ?
- Rien. Laisses-moi, 5 secondes, je suis en Flashback.

Revêtue d'un bois aux couleurs profondes.
On aurait dit que le paysage alentour, si visible aux travers des longues fenêtres -celles-ci embrassant
presque le plafond- était présent depuis toujours dans le décors somptueux de sa structure.
Le tout formait une note parfaitement harmonieuse entre la verdure et l'alcôve.

Ma douce chambre. Ton plancher écorché à quelques endroits, rappelait les accrocs
cumulés : l'âge prit, que l'on ne daigne plus cacher.
Tes rideaux si sales, souillés d'un orangé-poussiéreux, tanné.
Tes objets hétéroclites, et la marbrure de ta cheminée condamnée, que je ne me lassais pas de frôler.
Un large drap rouge-turc flottait devant sa devanture, on aurait dit un autel
qui siégeait entre tes deux ouvertures.

Au sol, des craquèlements sous mes pieds, résonnant dans tout l'espace,
qui s'arrêtaient, reprenaient, sous mes mouvements plantureux.
J'adorais avoir le ventre vide et entendre sous tes grincements les
gargouillements de mon estomac, digne d'un concerto- tumultueux.
Je laissais les cadavres de mes esquisses recouvrir le parterre, j'envoyais le papier de mes échecs
d'un geste agressif, dans des spirales incarnées au bois, de vrais-trous-noirs.
Les feuilles étant de l'arbre sa création mais du bitume sa négation.
Et puis, sur une table improvisée, à savoir : une planche, deux tréteaux. Simple, efficace.
Je me mettais à recommencer encore et encore.

Les meubles luisants que je prenais soin d'entretenir au fil des saisons étaient d'une vivacité prodigieuse.
Ils portaient leur appellation à merveille : Commode, Armoire, Lit Baldaquin, Fauteuil du style Victorien.
Etagère, supportant des livres. Rien ne parjurait, tout était à l'unisson.
Même les quelques plumes de cet édredon, flasque, impérial, corpulent, qui gisant sur le matelas sublimaient
leur porteur.


Je me souviens, de ton petit cabinet isolé du reste.
J'avais mis tant de temps à dégrader cet évier. Il me servait de cendrier,
d'écoulement aux essais de peinture, que je ne nettoyais jamais.
Cette abîme si répugnante pour n'importe qui s'osant à violer mes lieux, devenait
l'objet de mes études.
La propreté, et la blancheur ne devait siéger nulle part dans cette place. Le blanc, c'est l'infini.
Je ne voulais pas de l'infini, dans les recoins de mon orgueilleux palace.

Ta tapisserie d'époque, décharnée, quelque fois, unique à mes yeux, car jamais je ne touchais aux murs.

Et puis l'odeur.
Odeur qui habitait dans mes narines, embrun fertile à l'éveil des sens.
Tout était poli par la cire, et la pièce éternellement parfumée des arbustes devant la demeure,
qui, au printemps adoucissait quiconque serait aigris habituellement par les embruns
des ruelles servant d'urinoir.


Je laissais toujours les volets entre-ouverts d'un côté,
Comme le caractère insondable d'une personne, la pénombre ambiante me séduisait.
Et ceci, donnant naissance à un jeu de lumière dont l'ivresse des rayons traversait la pièce dans un ballet scintillant de poussière.

Comment un endroit, ne peut-il donc pas, être aussi enivrant que les premiers émois éprouvés pour un être humain ?


Je me souviens de tout, voilà la différence avec les choses oubliées.

Je me souviens de tout, et aujourd'hui pour la première fois, je me rappelle,
que tout a disparu, gaiement,




En un feu-de-joie.

Picasso disait " la poussière ennoblit" et j'ai aimé cette description d'une chambre disons... "patinée" ! Tant que je me contente de lire, je peux y trouver le charme que mes allergies m'interdiraient.
Toutefois, si certaines imges sont poétiques, je n'ai pas vraiment trouvé que le texte se suffisait à lui-même. Est-ce un fragment de quelque chose de plus long ?

Abîme est masculin. Je n'imagine pas une abîme !

Image

Oh oui !

Merci pour la remarque, je re-édite le post avec la correction.
C'est la première fois que je me jette à l'eau , c'est le texte d'une nuit où je me suis souvenue. Mais oui, il sera retravaillé
De manière à obtenir quelque chose de plus fort, plus intense.

Très belle citation. Encore merci pour ton avis.

(Et oui, C'est un fragment.)

Déçue de ne rien trouver dans ce texte qui corresponde à la promesse du titre : heathen... Mais s'il s'agit d'un fragment, ceci explique cela.
Pour ce passage, donc... Une préciosité dans l'écriture, des lourdeurs qui semblent pourtant contribuer à donner tout son relief à la pièce, ou plutôt à bien la refléter, ce à quoi elle ressemble, son atmosphère. Je me demande ce que ça donnerait retranscrit en termes plus simples, si l'impression transmise serait la même...