Le Conte de Nöel

Et bien messieurs-dames, je vais vous dire… un écrivain public comme moi ça devrait être capable d’ écrire un conte de Noël ! Et bien moi j’ y arrive pas… La vérité c’ est que je ne suis pas grand-chose, je ne pèse pas lourd… Autant dire une merde !... Moi, Ramsès Joseph, 45 ans, écrivain public, né à Alexandre, en Egypte, c’est à peine si j’ éxiste… Je te jure que s’ il y en avait un qui voudrait me dézinguer, il aurait pas grand-chose à faire : il aurait qu’ à déchirer ce papier et je ne serais plus là.

Et d’ abord qu’ est-ce que c’est que cette histoire de conte de Noël ? Pourquoi moi ? Moi, pourquoi moi, je dois écrire un conte de Noël ? …
Ah oui !... Je sais bien … C’est parce que la seule chose que je sais bien faire, c’est les enfants. J’en ai sept. Et chaque année à Noël toute la famille se réunit dans la cuisine : les enfants assis sur les bancs, moi dans mon fauteuil, ma femme à ses casseroles et je les fais tous pleurer et rire rien qu’ avec mes histoires…Enfin mes histoires…du moins c’ est ce que je leur fait croire…car c’est la vérité que je suis une merde…parce que ces contes…j’ en ai jamais écrit un seul. Je les vole à un anglais. Je les trouve dans un livre qu’un de mes clients m’ a donné et le livre, je le cache pour que les enfants ne sachent pas que je suis un voleur…
Mais demain c’est Noël et les enfants ils vont réclamer leur conte et voilà que ce putain d’ anglais, ce con de Dickens, oui c’est son nom Dickens, il m’ a laissé tomber au dernier moment…parce que ses histoires je les ai toutes racontées à ma famille, toutes celles du livre. Ils les savent par cœur. Il faut que j’en invente une autre… Ca fait au moins trois heures que j’ essaye et j’ y arrive pas. Je ne sais pas comment me sortir de cette embrouille. Par moment j’ ai envie de me faire sauter le caisson. Je pourrais me dézinguer tout seul : voilà le papier, voilà les ciseaux. Je n’ ai qu’ à couper…

(On frappe à la porte)
Qu’est-ce que c’est ? On a frappé ? Ah c’est un client…Entrez Monsieur…
Il entre alors le type : un grand nègre superbe avec babouches, seroual, gandoura, turban, le tout d’ une blancheur éclatante illuminant sa face d’ ébène. Il dépose près de la porte une espèce de panier recouvert d’ un voile et vient s’ asseoir devant moi. Il me salue d’ une inclinaison de la tête et il me dit :
_Allah y atik al khir ! Que Dieu te couvre de bienfaits !
Je lui explique alors que j’ en ai bien besoin. Et lui il insiste, il en rajoute :
-Parle ! Ne crains pas ! Dis moi quel est ton mal.

Et de fil en aiguille je lui raconte toute mon affaire : que je dois écrire un Contede Noël pour le lire demain à toute la famille réunie dans la cuisine…Et ça le fait rire
-Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Voilà une gageure qui me plait. Figure toi Joseph que je suis un griot célèbre dans toute l’ Afrique. J’ écris des chansons, des contes, des palabres. On va le faire ton conte. Tu vas voir. Dis moi d’ abord ce que tu avais commencé.
-Je voulais raconter les aventures de Jésus et de ses parents au cours de la Fuite en Egypte. J’ avais imaginé qu’ ils chercheraient à se mettre sous la protection de Nasser et du général Moubarak. Mais ça n’ avançait pas et puis ni Nasser ni Moubarak ne sont plus en situation. Après je voulais raconter Jésus quand il était petit et qu’ il allait à l’ école comment, pendant les récréations il faisait des miracles pour épater ses copains, comme de faire s’ envoler des oiseaux en terre glaise rien qu’en soufflant dessus. Mais ça n’ a pas marché non plus alors j’ ai éssayé de faire tout autre chose…
-Et quoi ? qu’ il a dit le grand noir en se fendant la pêche.
-Bon eh bien voilà. J’ ai pensé que toujours on le fait naitre le pauvre Jésus dans une étable entre le bœuf et l’ âne et qu’ on pourrait essayer d’ arranger l’ affaire autre part : quelque chose de mieux. Et je crois que j’avais trouvé un endroit bien bien…. Très comme il faut : La Nativité au tribunal ! Ca se passe à la Cour d’Assises : c’est un procès contre un homme qui s’ appelle Esprit, on l’ accuse d’ avoir violé une jeune fille. Il dit que non. Que ça n’ est pas vrai. Qu’ il n’ a rien fait. Il n’y a pas de preuves…Pas d’A.D.N. Rien que des soupçons. Celle qui préside la Cour d’Assises c’est une femme. L’ audience se prolonge. On voit que la Présidente n’ est pas bien. Elle souffre. Et juste au moment où la pendule a marqué minuit la séance a été brusquement interrompue. La présidente soudenue par l’ huissier de service est sortie de la Salle d’ Audience par la porte du fond. Le public attend en chuchotant. Que se passe-t-il ? On voit le procureur se lever et quitter son siège pour aller aux nouvelles. Il revient et dit en élevant la voix : -Y a-t-il un médecin dans la salle ?
-Oui ! Je suis médecin déclare un petit vieillard qui escalade les marches de l’ estrade en agitant sa trousse.
Le public murmure plus fort. Que se passe-t-il ?
Et tout à coup l’ huissier de service revient rayonnant et il se met à chanter : « Il est né le divin enfant, jouez hautbois résonnez musettes… »
C’est alors seulement qu’ on apprend que la Présidente s’ appelle Immaculée, Marie de son prénom et ses deux acolytes, les deux juges ont pour noms Monsieur Bœuf et Monsieur Cardichon. C’est elle, la Présidente, qui vient d’ accoucher d’ un fils pendant la suspension de l’ audience.
Esprit est acquitté et porté en triomphe. Les douze jurés chantent à plusieurs voix : «  Minuit Chrétiens c’est l’heure solennelle… »

Le grand nègre hoche la tête.
-Non ! Non ! Non ! Non ! Non !Isaïe dit « Toutes nos justices sont pareilles à un vêtement souillé ». Jé sus peut naître dans une écurie, pas dans un tribunal…Mais il peut naître dans l’ officine d’ un écrivain public, surtout quand il s’ appelle Joseph.
Le grand homme noir dénude alors son bras droit et place sa main sur la table qui nous sépare, la paume tournée vers le ciel. Il exhibe ainsi ses doigts larges, longs, puissants et toute la peau de ce côté est luisante et rose. Il dit alors d’ un ton solennel :
-Je couche lentement mon pouce sur la paume de ma main. C’est l’ image de l’ enfant Jésus, un bébé tout noir dont la tête est figurée par l’ ongle rose de mon pouce. On voit alors se dresser l’ auriculaire et l’ annuaire figurant la Sainte Vierge. Enfin l’ index et le majeur se dressent et se penchent ensemble sur Jésus pour le réchauffer de leurs souffles : ce sont l’ âne et le bœuf.
Regardez la bien cette petite scène illustrèe par vos mains…
-Et tout à coup la main éclate, les doigts séparés s’ élèvent vers le ciel : ce sont les anges qui chantent en volant au dessus de la crèche.
Le grand noir traverse la pièce en dansant et en chantant :
-Je suis l’ ange Gabriel !
J’ apporte les nouvelles du ciel !
Je te salue Ramses
Et je te laisse
Le COMTE DE NOËL

Et il franchit la porte dans le bouillonnement de ses vêtements blancs : je vois alors qu’il oublie le panier qu’il a posé tout à l’heure près de la porte en entrant :
-Monsieur ! Monsieur ! Vous oubliez votre panier !
Mais il a disparu…J’entends alors des petits cris venant du panier. Je soulève le voile. C’est un petit bébé noir que je prends dans mes bras.
Moi qui ai toujours espéré trouver un bébé abandonné dans une poubelle pour le sauver :

J’ai trouvé
Le comte de Noël
Le plus beau petit comte de Noël
Qu’ est-ce que je dis…
C’est le Sultan, le Maharadjah,
Le Roi des Rois
Le Tout Puissant.

Bonjour, François. Je suis désolée, ça n'a pas marché pour moi : je trouve que ça part dans tous les sens, avec des allusions à l'actualité, sans grandes relations avec Noël je trouve et j'avoue que j'ai cherché des sens cachés sans les découvrir... peut-être d'autres seront plus futés !

Pareil ici, j'ai aussi trouvé cela assez décousu. Dommage, il y avait quelque chose dans l'idée de départ avec ce cher Dickens...