Questions
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Questions
Un jour, j'ai arrêté de me poser des questions.
De ce fait, je ne connais, évidemment, pas le pourquoi du comment. Je sais juste que ça m'a pris un lundi, plus précisément un lundi matin.
En sortant de la maison, j'ai senti qu'il flottait un léger parfum de printemps et j'ai pensé : ce matin, il flotte un léger parfum de printemps. J'ai respiré profondément, j'étais heureuse. Et c'est tout. Mes pensées se sont arrêtées là.
En d'autres temps, je serais sorti de chez moi, dans l'air aurait flotté un léger parfum de printemps et au lieu de m'imprégner de la douceur ambiante, j'aurais pensé : un 5 mars, ça n'est pas un peu tôt ? Est-ce que je ne suis pas trop couverte? Et je me serais inquiétée de ma transpiration, du réchauffement climatique, du prix des fruits cet été si les arbres se mettaient à fleurir trop tôt et qu'une gelée tardive, et cætera, et cætera.
Car une question en appelle une autre, c'est comme ça que fonctionne la société des questions. Je les ai étudiées, longuement, je sais de quoi je parle. La société des questions est un savant mélange de communautarisme à l'exemple des fourmis et d'individualisme comme chez les tiques.
Nous l'ignorons mais nous sommes cernés par les questions. Elles sont des millions à guetter le moindre mouvement, à attendre, à se faire écho. Il y a danger, danger imminent. Déjà, elles phagocytent le langage. Tenez par exemple bonjour, le simple bonjour, bouffé par la question "commentçava?" et son pendant "çavaettoi?" suivi du petit dernier "t'espasaucourant?"
La question peut rester en l'air, pendant des mois, voire des années, et tout à coup, profitant d'un moment d'inattention, elle tombe et se pose sans ménagement sur sa victime : "Qui était vraiment la Joconde?", "Le suaire de Turin : vrai ou faux?" ou encore plus récemment "Qui a tuer JFK ?" avec un K comme question! Car, en plus, elles se moquent de nous, elles nous ridiculisent, elles nous prennent pour des kons.
Si l'on s'en tient à l'Histoire, la première invasion des questions eut lieu à Thèbes. Œdipe réussit à vaincre le fléau. On pensait le mal éradiqué. Il n'en fut rien. La question reprit du poil de la bête. Longuement pratiquée par l'Eglise "Reconnais-tu tes fautes?" (finalement, l'Eglise opta pour la secte des Certitudes), elle titilla les philosophes "Qui suis-je", les psychiatres " D'où viens-je" et les marchands de biens "Dans quelle étagère?". Les médias, infiltrés, relayèrent les messages. Ainsi furent diffusés des questions pour un champion qui devait savoir combien ça coûte. La politique s'en mêla. Les questions à l'assemblée furent votées tandis que les droits de réponse restaient lettres mortes ou pour le moins agonisantes. On vit également apparaître une souche de questions vicieuses faisant face à d'autres sans queue ni tête.
C'est dans cet environnement, pour le moins défavorable, que naquit mon bien-être.
Alors, toi, mon semblable, mon frère, vis, vis tant que tu peux, sans te poser de question. De tout façon, tu n'auras jamais de réponse!
De ce fait, je ne connais, évidemment, pas le pourquoi du comment. Je sais juste que ça m'a pris un lundi, plus précisément un lundi matin.
En sortant de la maison, j'ai senti qu'il flottait un léger parfum de printemps et j'ai pensé : ce matin, il flotte un léger parfum de printemps. J'ai respiré profondément, j'étais heureuse. Et c'est tout. Mes pensées se sont arrêtées là.
En d'autres temps, je serais sorti de chez moi, dans l'air aurait flotté un léger parfum de printemps et au lieu de m'imprégner de la douceur ambiante, j'aurais pensé : un 5 mars, ça n'est pas un peu tôt ? Est-ce que je ne suis pas trop couverte? Et je me serais inquiétée de ma transpiration, du réchauffement climatique, du prix des fruits cet été si les arbres se mettaient à fleurir trop tôt et qu'une gelée tardive, et cætera, et cætera.
Car une question en appelle une autre, c'est comme ça que fonctionne la société des questions. Je les ai étudiées, longuement, je sais de quoi je parle. La société des questions est un savant mélange de communautarisme à l'exemple des fourmis et d'individualisme comme chez les tiques.
Nous l'ignorons mais nous sommes cernés par les questions. Elles sont des millions à guetter le moindre mouvement, à attendre, à se faire écho. Il y a danger, danger imminent. Déjà, elles phagocytent le langage. Tenez par exemple bonjour, le simple bonjour, bouffé par la question "commentçava?" et son pendant "çavaettoi?" suivi du petit dernier "t'espasaucourant?"
La question peut rester en l'air, pendant des mois, voire des années, et tout à coup, profitant d'un moment d'inattention, elle tombe et se pose sans ménagement sur sa victime : "Qui était vraiment la Joconde?", "Le suaire de Turin : vrai ou faux?" ou encore plus récemment "Qui a tuer JFK ?" avec un K comme question! Car, en plus, elles se moquent de nous, elles nous ridiculisent, elles nous prennent pour des kons.
Si l'on s'en tient à l'Histoire, la première invasion des questions eut lieu à Thèbes. Œdipe réussit à vaincre le fléau. On pensait le mal éradiqué. Il n'en fut rien. La question reprit du poil de la bête. Longuement pratiquée par l'Eglise "Reconnais-tu tes fautes?" (finalement, l'Eglise opta pour la secte des Certitudes), elle titilla les philosophes "Qui suis-je", les psychiatres " D'où viens-je" et les marchands de biens "Dans quelle étagère?". Les médias, infiltrés, relayèrent les messages. Ainsi furent diffusés des questions pour un champion qui devait savoir combien ça coûte. La politique s'en mêla. Les questions à l'assemblée furent votées tandis que les droits de réponse restaient lettres mortes ou pour le moins agonisantes. On vit également apparaître une souche de questions vicieuses faisant face à d'autres sans queue ni tête.
C'est dans cet environnement, pour le moins défavorable, que naquit mon bien-être.
Alors, toi, mon semblable, mon frère, vis, vis tant que tu peux, sans te poser de question. De tout façon, tu n'auras jamais de réponse!
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: Questions
Un texte trés sympa que les deux dernières phrases affadissent considérablement.
Tu aurais du aller à l'essentiel en bouclant à la fin en reprenant ta première phrase: "Un jour j'ai arrété de me poser des questions" . Point barre. Une chute vers un nouveau départ en quelque sorte. Après le developpement , une confirmation du bien fondé de son parti pris .Plutôt qu'une chute comme un conseil moraliste doublé d'une affirmation un peu péremptoire et qui risque de soulever du reste ....des questions ...et des réponses oiseuses.
Mais bon je suis un peu culottée de prétendre te souffler une nouvelle fin.
Tu aurais du aller à l'essentiel en bouclant à la fin en reprenant ta première phrase: "Un jour j'ai arrété de me poser des questions" . Point barre. Une chute vers un nouveau départ en quelque sorte. Après le developpement , une confirmation du bien fondé de son parti pris .Plutôt qu'une chute comme un conseil moraliste doublé d'une affirmation un peu péremptoire et qui risque de soulever du reste ....des questions ...et des réponses oiseuses.
Mais bon je suis un peu culottée de prétendre te souffler une nouvelle fin.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Questions
Profitant du fait que je sois en haut de page et que cela ne dérangera pas trop, je voudrais juste faire une mise au point afin d'éviter tout malentendu.
Peut-être que cela n'est pas très explicite mais quand je dis "ne te pose pas de question, tu n'auras pas de réponse' question et réponse sont au singulier. En fait je parle de la mort, LA grande qestion.
Mais effectivement, je réalise que ma fin peut laisser libre cours à d'autres interprétations. Emportée par l'écriture, je n'en avais pas pris conscience.
Merci de m'avoir donné ton avis dont je tiendrai compte.
Peut-être que cela n'est pas très explicite mais quand je dis "ne te pose pas de question, tu n'auras pas de réponse' question et réponse sont au singulier. En fait je parle de la mort, LA grande qestion.
Mais effectivement, je réalise que ma fin peut laisser libre cours à d'autres interprétations. Emportée par l'écriture, je n'en avais pas pris conscience.
Merci de m'avoir donné ton avis dont je tiendrai compte.
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: Questions
J'ai trouvé le texte bien écrit cependant il ne m'a pas beaucoup interpelée, ni interrogée (pardon pour le côté plaisanterie de cette remarque...^^). Je veux dire que c'est assez vaste comme questionnement (encore pardon) donc ça me paraît flou.
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: Questions
Il est sympa, ce texte, il nous interroge sans nous prendre la tête (teutê), il ouvre la boîte de la soeur de Pandore (moins emplie), et permets, par extension de développer sa propre attitude face aux questions qui nous assaillent.
Parfois, je fais un peu le guide touristique, j'ai des groupes de visiteurs qui écoutent poliment mes discours (conférences). A la fin de chaque blabla, je leur dis : "avez-vous des questions ....... de préférence pour lesquelles j'ai les réponse !" ;-)
Parfois, je fais un peu le guide touristique, j'ai des groupes de visiteurs qui écoutent poliment mes discours (conférences). A la fin de chaque blabla, je leur dis : "avez-vous des questions ....... de préférence pour lesquelles j'ai les réponse !" ;-)
Yfig- Nombre de messages : 72
Age : 75
Date d'inscription : 06/06/2011
Re: Questions
Un jour, j'ai arrêté de me poser des questions.
De ce fait, je ne connais, évidemment, pas le pourquoi du comment. Je sais juste que ça m'a pris un lundi, plus précisément un lundi matin.
En sortant de la maison, j'ai senti qu'il flottait un léger parfum de printemps et j'ai pensé : ce matin, il flotte un léger parfum de printemps. J'ai respiré profondément, j'étais heureuse. Et c'est tout. Mes pensées se sont arrêtées là.
En d'autres temps, je serais sorti de chez moi, dans l'air aurait flotté un léger parfum de printemps et au lieu de m'imprégner de la douceur ambiante, j'aurais pensé : un 5 mars, ça n'est pas un peu tôt ? Est-ce que je ne suis pas trop couverte? Et je me serais inquiétée de ma transpiration au bureau, du réchauffement climatique, du prix des fruits cet été si les arbres se mettaient à fleurir trop tôt et qu'une gelée tardive, et cætera, et cætera.
Car une question en appelle une autre, c'est comme ça que fonctionne la société des questions. Je les ai étudiées, longuement, je sais de quoi je parle. La société des questions est un savant mélange de communautarisme à l'exemple des fourmis et d'individualisme comme chez les tiques.
Nous l'ignorons mais nous sommes cernés par les questions. Elles sont des millions à guetter le moindre mouvement, à attendre, à se faire écho. Il y a danger, danger imminent. Déjà, elles phagocytent le langage. Tenez par exemple bonjour, le simple bonjour, bouffé par la question "commentçava?" et son pendant "çavaettoi?" suivi du petit dernier "t'espasaucourant?"
La question peut rester en l'air, pendant des mois, voire des années, et tout à coup, profitant d'un moment d'inattention, elle tombe et se pose sans ménagement sur sa victime : "Qui était vraiment la Joconde?", "Le suaire de Turin : vrai ou faux?" ou encore plus récemment "Qui a tuer JFK ?" avec un K comme question! Car, en plus, elles se moquent de nous, elles nous ridiculisent, elles nous prennent pour des kons.
Si l'on s'en tient à l'Histoire, la première invasion des questions eut lieu à Thèbes. Œdipe réussit à vaincre le fléau. On pensait le mal éradiqué. Il n'en fut rien. La question reprit du poil de la bête. Longuement pratiquée par l'Eglise "Reconnais-tu tes fautes?" (finalement, l'Eglise opta pour la secte des Certitudes), elle titilla les philosophes "Qui suis-je", les psychiatres " D'où viens-je" et les marchands de biens "Dans quelle étagère?". Les médias, infiltrés, relayèrent les messages. Ainsi furent diffusés des questions pour un champion qui devait savoir combien ça coûte. La politique s'en mêla. Les questions à l'assemblée furent votées tandis que les droits de réponse restaient lettres mortes ou pour le moins agonisantes. On vit également apparaître une souche de questions vicieuses faisant face à d'autres sans queue ni tête… Enfin, pour les derniers récalcitrants, on organisa des micro-trottoirs. Les questions étaient sur toutes les lèvres.
Puis, il y eut ce fameux lundi où soudainement les questions ont lâché prise. J'avais, en quelque sorte, développé une immunité. Je n'en ai bien évidemment parlé à personne.
Inutile qu'on s'interroge…
De ce fait, je ne connais, évidemment, pas le pourquoi du comment. Je sais juste que ça m'a pris un lundi, plus précisément un lundi matin.
En sortant de la maison, j'ai senti qu'il flottait un léger parfum de printemps et j'ai pensé : ce matin, il flotte un léger parfum de printemps. J'ai respiré profondément, j'étais heureuse. Et c'est tout. Mes pensées se sont arrêtées là.
En d'autres temps, je serais sorti de chez moi, dans l'air aurait flotté un léger parfum de printemps et au lieu de m'imprégner de la douceur ambiante, j'aurais pensé : un 5 mars, ça n'est pas un peu tôt ? Est-ce que je ne suis pas trop couverte? Et je me serais inquiétée de ma transpiration au bureau, du réchauffement climatique, du prix des fruits cet été si les arbres se mettaient à fleurir trop tôt et qu'une gelée tardive, et cætera, et cætera.
Car une question en appelle une autre, c'est comme ça que fonctionne la société des questions. Je les ai étudiées, longuement, je sais de quoi je parle. La société des questions est un savant mélange de communautarisme à l'exemple des fourmis et d'individualisme comme chez les tiques.
Nous l'ignorons mais nous sommes cernés par les questions. Elles sont des millions à guetter le moindre mouvement, à attendre, à se faire écho. Il y a danger, danger imminent. Déjà, elles phagocytent le langage. Tenez par exemple bonjour, le simple bonjour, bouffé par la question "commentçava?" et son pendant "çavaettoi?" suivi du petit dernier "t'espasaucourant?"
La question peut rester en l'air, pendant des mois, voire des années, et tout à coup, profitant d'un moment d'inattention, elle tombe et se pose sans ménagement sur sa victime : "Qui était vraiment la Joconde?", "Le suaire de Turin : vrai ou faux?" ou encore plus récemment "Qui a tuer JFK ?" avec un K comme question! Car, en plus, elles se moquent de nous, elles nous ridiculisent, elles nous prennent pour des kons.
Si l'on s'en tient à l'Histoire, la première invasion des questions eut lieu à Thèbes. Œdipe réussit à vaincre le fléau. On pensait le mal éradiqué. Il n'en fut rien. La question reprit du poil de la bête. Longuement pratiquée par l'Eglise "Reconnais-tu tes fautes?" (finalement, l'Eglise opta pour la secte des Certitudes), elle titilla les philosophes "Qui suis-je", les psychiatres " D'où viens-je" et les marchands de biens "Dans quelle étagère?". Les médias, infiltrés, relayèrent les messages. Ainsi furent diffusés des questions pour un champion qui devait savoir combien ça coûte. La politique s'en mêla. Les questions à l'assemblée furent votées tandis que les droits de réponse restaient lettres mortes ou pour le moins agonisantes. On vit également apparaître une souche de questions vicieuses faisant face à d'autres sans queue ni tête… Enfin, pour les derniers récalcitrants, on organisa des micro-trottoirs. Les questions étaient sur toutes les lèvres.
Puis, il y eut ce fameux lundi où soudainement les questions ont lâché prise. J'avais, en quelque sorte, développé une immunité. Je n'en ai bien évidemment parlé à personne.
Inutile qu'on s'interroge…
Clarisse- Nombre de messages : 227
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Date d'inscription : 10/03/2011
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