Je suis un oiseau...

Je marche sur la grève. J'aime y revenir même si cela semble absurde
de poser ses pieds toujours au même endroit,
d'aller en ligne droite entre la mer et la terre.
Je fais partie du paysage.

Je recherche toujours ce coin pour m'isoler du reste du monde,
pour y voir clair en moi sans que personne me regarde.
J'entends, je vois les vagues, cette masse d'eau qui s'avance vers moi
et qui pourrait me submerger.
Les rondeurs de la mer et du ciel bleu se répondent.
J'ai comme un vertige spatial.

Tout ce décor semble m'appartenir.
Lorsque le vent fait fleurir les odeurs et le bruit des vagues,
mon passé file derrière mon dos et tout en douceur,
mon esprit se vide de son contenu immédiat.
Je me sens petite, à découvert, j'ai l'impression parfois
que je vais disparaître, me dissoudre dans toute cette variété de couleurs.
Le sable crisse sous mes pieds nus. Je tangue. Je suis entre deux eaux,
entre deux rêves. Je me sens pourtant en pleine possession de moi-même.
Tout mon être est tendu vers quelque chose de nouveau, d'ancien, qui revient.

C'est ici que je retrouve l'autre, la fantasque, la sauvage, celle qui ressent
les choses, qui n'explique rien, qui est perméable et en parfaite harmonie avec
tout ce qui se joue autour d'elle.
Je suis pendant un moment un oiseau.
J'essaie de me pénétrer de ce sentiment en faisant des gestes de la tête qui me font rire.
Je n'ai plus de mains mais des ailes, de longues pattes, des yeux perçants.
J'agis avec instinct et je m'envole de l'autre côté de l'horizon, dans ces odeurs de mer
et ces cris stridents du début du monde...

Désolé mais j'accroche pas trop..

C'est sûrement ridicule, mais le fait qu'il y ai tant de première personne, m'a laissé complètement en dehors du poème.

En tout cas, merci !
Cordialement,
Carcasse

C'est magnifique, ça! Tellement évident, entre le lyrisme des images et la simplicité du ton, j'adore.
Juste ça:

"celle qui ressent
les choses, qui n'explique rien, qui est perméable et en parfaite harmonie avec
tout ce qui se joue autour d'elle."

Pour moi c'est en trop ; ça fait genre réponse de test de personnalité style: vous ressentez énormément les choses, vous préférez vivre plutôt qu'expliquer pourquoi vous vivez, mais attention tout de même: vous êtes aussi extrêmement perméable, puisqu'en parfaite harmonie avec tout ce qui se passe autour de vous." J'exagère bien sûr, mais moi ça m'a fait cet effet, ça a un peu gêné ma lecture.

"C'est ici que je retrouve l'autre, la fantasque, la sauvage, celle qui ressent
Je suis un oiseau."

Je trouve que ça sonne mieux. Le "Je suis un oiseau" tout court casse le rythme, et marque la transformation, qui peut aussi bien avoir lieu dans la tête que physiquement. En plus ça crée un effet d’allitération en s, qui peut rappeler le sifflement des oiseaux.

J'ai aimé ce texte, mais je suis un peu d'accord avec le commentaire précédent, des choses en trop dans le dernier paragraphe, je l'aurais bien vu comme ça :

"C'est ici que je retrouve l'autre, la fantasque, la sauvage, celle qui ressent
les choses, qui n'explique rien, qui est perméable et en parfaite harmonie avec
tout ce qui se joue autour d'elle.
Je suis pendant un moment un oiseau.
J'essaie de me pénétrer de ce sentiment en faisant des gestes de la tête qui me font rire.
Je n'ai plus de mains mais des ailes, de longues pattes, des yeux perçants.
J'agis avec instinct et je m'envole de l'autre côté de l'horizon, dans ces odeurs de mer
et ces cris stridents du début du monde..."

Après une énième lecture :
"Je recherche toujours ce coin pour m'isoler du reste du monde,
pour y voir clair en moi sans que personne me regarde. "
J'aurais bien vu un truc de ce genre
"J'y reviens. Je reviens sur mon îlot trésor me regarder à l'abri du regard des autres"

Et sur ce coup-là, ça me donnerait presque envie de m'envoler moi aussi...


Mis à part ces petites choses, c'est un très beau texte, plein de douceur, de poésie, qui m'inspire... Merci !!
Sûr que je reviendrai le lire...

``Va retrouver dans l'air la volupté de vivre !
Va boire les baisers de Dieu, qui te délivre !
Ruisselant de soleil et plongé dans l'amour,
Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en ! Sauve-toi sans retour !``
(Marcelline Desbordes-Valmore)

Merci pour les commentaires. j'apprécie.

J'aime assez le genre.

J'avoue que je n'ai pu m'empêcher de penser à un de mes poèmes; intitulé : « Les oiseaux ».

une strophe:

« J'étais assis plus bas
Où la grève s'achève
Frontière de l'au-delà
Bouleversant est le rêve
Je ressentis un bras
Et la nuit me soulève... »


La fin:


« La seule chose que je sache

C'est qu'elle partit

En compagnie d'oiseaux ... »


L'avez-vous lu au hasard de qq clics sur le net ou autre ?? ou simple coincidence d'oiseau-poète ou poète-oiseau, ce n'est pas nouveau, certains avaient même des ailes de géant, parait-il que cela les empêchait de marcher...

Artnow: Je n'ai jamais eu l'occasion de lire votre poésie qui aborde le même thème que la mienne. Qui n'a jamais eu l'envie de s'envoler comme un oiseau et de visiter des mondes inconnus... J'adore la mer et surtout les pélicans me fascinent et c'est lors de ces promenades et en les observant que j'aimerais être comme eux. Baudelaire, Prévert etc...ont imaginé eux aussi les oiseaux à leur façon et c'est toujours une joie que de les lire...
``Va retrouver dans l'air la volupté de vivre !
Va boire les baisers de Dieu, qui te délivre !
Ruisselant de soleil et plongé dans l'amour,
Va-t-en ! Va-t-en ! Va-t-en ! Sauve-toi sans retour !``
(Marcelline Desbordes-Valmore)

``Il n'y a pas de hasard, il y a seulement des rendez-vous`` et j'ajouterais: avec les oiseaux.
Merci pour votre commentaire et heureuse de constater que votre pensée rejoint la mienne à ce sujet.



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J'aime beaucoup ce pluvier aux pattes fines. Mais attention, Icare s'est brûlé les ailes...
J'ai beaucoup apprécié cette intégration solitaire dans les éléments naturels, cette méditation d'anachorète, de sage, cette notion de cycle, propre à la nature: "tendu vers vers quelque chose de nouveau, d'ancien" (ta formule est remarquable), cette immersion dans sa propre nature d'avant la culture, son "ça" comme dirait tonton Freud.

Je pense assez comme toi: c'est en replongeant dans ses profondeurs archaïques que l'homme pourra reprendre un vol nouveau.

Merci Denis



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C'est vrai qu'il y a la barrière du "je" à outrance que je n'aime pas trop. Après, si on laisse ça de côté, cette légèreté rêveuse a quand même quelque chose qui vous emporte avec elle.