question svp (si vous avez 10 secondes)

En lisant l'intro de "La riviere Esperance" de Christian Signol, que je ne vous ferais pas l'affront de vous recopier, je me pose une question un peu complexe.

Qu 'est ce qui autorise un écrivain a intégrer de la prose si lourde (et magnifique d'ailleurs) dans le cadre d'un roman?
Dans l'esprit d'une écriture mixte roman/poésie, existe t 'il des règles (établies) à respecter ?ordre, fréquence, répartition?

J' ai noté en lisant vos nombreux texte que peu d'entres vous s'aventurent sur ce terrain miné.

Merci de vos quelques reponses si vous avez deux minutes,
ou de m indiquer les sites internet qui sont utiles a propos d' ecriture.

merci beaucoup

sait pas mais curieux de savoir s'il existe une réponse ...

On peut avoir l'intro ? Non parce que perso je suis pas une encyclopédie littéraire…

Je veux bien aussi que tu recopies l'intro ou un bout de l'intro de "La Rivière Espérance" que je ne connais pas du tout. Voici un avis à l'emporte pièce :

Qu 'est ce qui autorise un écrivain a intégrer de la prose si lourde (et magnifique d'ailleurs) dans le cadre d'un roman?
Un écrivain a droit de tout faire. Je n'aime pas bien la prose "lourde", ça a souvent une connotation très XIXème. Et si c'est pour faire "magnifique"... Je me méfie aussi du magnifique. Généralement à ceux qui écrivent pour "faire beau", je préfère ceux qui écrivent pour nous dire ce qu'eux seuls peuvent nous dire (comme je l'avais entendu plus ou moins je ne sais où).

Dans l'esprit d'une écriture mixte roman/poésie, existe t 'il des règles (établies) à respecter ?ordre, fréquence, répartition?
Veux-tu parler de roman "poétiques" (par exemple "la liberté ou l'amour" de Desnos, un des seuls exemples qui me vient en tête) ? De roman contenant des passages de poésie ?
Je pense qu'il n'y a pas de règle générale, sauf que l'auteur doit s'en inventer une, de règle, qu'il va suivre, disons, plutôt qu'une règle, une structure...

peu d'entres vous s'aventurent sur ce terrain miné.
C'est possible. Ca dépend ce que tu entends par poésie...
Voici un texte écrit à 4 mains par Yali et Kilis qui mèle à mon sens la poésie et la prose (à mon avis une très grande réussite) :

http://www.vosecrits.com/Forum-vos-ecrits-f1/Je-ne-sais-pas-ou-ca-va-replay-t269.htm

Dans le cas de Signol,J entend par poésie intègree au roman, de grande phrases lyriques qui semble en dehors du style choisi pour le roman dans son entier, une sorte de performance , de démonstration , pour introduire ou soutenir le reste du roman.

Extraits : Premier chapitre:

notez la cassure de style

L'aube était loin et pourtant la rivière étincelait.Au dessus de la frise des bois palissait une frange de ciel ou s'étaient diluées les etoiles.Plus bas, sous un torrent de pluie, de fins ilots de brumes scintillaient en dormant.Plus bas encore, assoupies au flanc des collines, de lourdes flaques de nuit croupissaient sur les chênes dont les masses touffues se projetaient sur le miroir des eaux.

(la cela bascule en phrase simple et courtes:)

"De belles eaux" songea Benjamin Donadieu debout derriere sa fenêtre.Et il les connaissait bien, les eaux de la Dordogne, même si ses treize ans ne lui en avaient pas encore enseigne tous les dangers.(...)Pourtant si benjamin n' etait pas ne sur la rivière, il ne vivait que pour elle.depuis toujours(...)Il avait cru que son pere, trahissant sa promesse, allait partir sans lui "pour tes treize ans je t'emmènerai"avait il dit.Quelle promesse!
Comment Benjamin eut-il pu l'oublier?

(ici sa redémarre en phrases longues et imagées)

C'était l' ete, l'époque des basses eaux,des éperviers jettes sur les gravieres, des coulis de lune sur les rives, des siestes dans les prairies chaudes, des aubes perlées dans la rosée, des jours sans fin passes a la pèche sur le velours des eaux.Il s'en souvenait comme on se souvient de ses rêves au matin, quand la nuit vous dépose sur le rivage de l' éveil avec la douceur d'une vague.

(ensuite, l'écriture se stabilise au style du 2 eme paragraphe.)


Pour moi c est clair, l'auteur a segmenté le texte en paragraphes poétiques ou non. A moins que ma lecture soit faussée par une hyper sensibilité. Qu en pensez vous ?

merci pour le lien, le texte me plait bien aussi, dans l'esprit du Bouquin de Richard Boringer.
C est dans se sens que j'aimerais travailler.

pandaworks a écrit:En lisant l'intro de "La riviere Esperance" de Christian Signol, que je ne vous ferais pas l'affront de vous recopier, je me pose une question un peu complexe.

Qu 'est ce qui autorise un écrivain a intégrer de la prose si lourde (et magnifique d'ailleurs) dans le cadre d'un roman?
Dans l'esprit d'une écriture mixte roman/poésie, existe t 'il des règles (établies) à respecter ?ordre, fréquence, répartition?

J' ai noté en lisant vos nombreux texte que peu d'entres vous s'aventurent sur ce terrain miné.

Merci de vos quelques reponses si vous avez deux minutes,
ou de m indiquer les sites internet qui sont utiles a propos d' ecriture.

merci beaucoup

Salut PW

Il est difficile de répondre à ta question. Tout le monde sait ce que sont un roman ou un poème. Il s'agit, pour être pédant, d'objets culturels, régis par un certain nombre de règles généralement admises. En revanche, il est bien plus ardu de définir ce que sont la littérature et la poésie. Il s'agit de concepts sur lesquels les bons esprits s'escriment depuis belle lurette, et nul n'en a donné de définition irréfutable (cf par exemple "qu'est-ce que la littérature", de Sartre, ou "l'espace lttéraire", de Maurice Blanchot")

Ta question, en fait, recèle deux interrogations :

1) Est-il possible d'intégrer des poèmes dans un roman ?

2) Peut-on concevoir une écritre romanesque qui soit aussi poétique ?

A la première question, je réponds, oui, évidemment. Il suffit pour cela de trouver un artifice d'intrigue qui permette de citer un poème (par exemple, le faire lire ou déclamer par un des personnages, le placer dans une correspondance entre deux d'entre eux, etc...) C'est un peu artificiel, justement, mais ça peut marcher. Bien entendu, la qualité des poèmes en question variera selon le talent de leur auteur...

La deuxième question mérite une réponse plus approfondie. Elle sous-entend qu'il existe une différence entre l'écriture poétique et l'écriture tout court. Cela reste à débattre. Il existe cependant des textes d'apparence romanesque - c'est-à-dire qui respectent les régles usuelles de la narrration romanesque - et qui sont pourtant de nature peu ou prou poétique. Cela tient avant tout à un propos délibéré de l'auteur, qui se sert du roman pour véhiculer des images poétiques. L'un des exemples les plus fameux en est Edgar Poe, mais on pourrait en citer des tas d'autres. Parmi les auteurs français contemporains, c'est sans doute Muriel Cerf qui illustre le mieux cette tendance, qui se présente elle-même comme un auteur déguisant sa poésie sous des allures romanesques pour abuser son éditeur (on sait que la poésie "pure" est sensée se vendre très mal et bien mal nourrir ses auteurs)

Qu'est-ce qui fait qu'un roman aura un caractère poétique ? Le lyrisme, avant tout. Je ne parle pas d'une écriture ampoulée, dans laquelle les ficelles lexicales et syntaxique masquent mal la sécheresse de l'inspiration, mais d'une respiration de la phrase, d'une ampleur du souffle, du choix délibéré des mots et de leur arrangement non seulement en fonction de leur utilité pour la compréhension et la progression de l'intrigue, mais aussi de leur sonorité, de leur scansion, de leur densité, de leur couleur, de leur résonance affective, bref de tous les critères qui caractérisent l'écriture poétique. Dure besogne...

Cela répond-il un peu à ta question ?

Amitiés

Gobu

PS : si tu en as l'occase, va boire un Tom Collins à ma santé et à celle de Kipling (un autre romancier poète) au bar du Raffles...

Assez d'accord avec Gobu !

Concernant le texte, je pense que tu es sensible aux descriptions lyriques. Signol doit être (du peu que j'en ai vu) un écrivain qui aime sa région et qui la chante... Est-ce que ces passages ne correspondent pas toujours aux descriptions ? Je n'ai pas lu le bouquin, mais je verrai le parti pris de l'auteur dans ce sens (ainsi il pose l'action dans une nature "lyrique")...

* * *

Je me permets d'élargie un peu le débat à propos de la poésie :

Comme dit Gobu, la poésie, c'est plein de choses, quant à moi, je suis j'avoue très très peu sensible à ce genre de lyrisme. Je lui trouve d'une part classicisme très XIXème (voire XVIIème en l'occurrence avec l'exhaltation de la nature) et un côté terriblement cliché (la rivage de l'éveil, les aubes perlées dans la rosée, tout ça...). Et c'et aussi un peu le genre de poésie qui ne manipule que des choses qui sont sensées être belles et grandes et délicates, etc. (les roses, le ciel -voire les nues-, les oiseaux, l'âme,...), ou alors le contraire, le diable, le noir, la mort...

Mais je sais que c'est justement ce que certains lecteurs apprécient et trouvent beau...

Donc à mon sens (mais c'est un avis très personnel que je donne, je précise bien, et je suis conscient aussi que c'est de la provocation ) :
Il s'en souvenait comme on se souvient de ses rêves au matin, quand la nuit vous dépose sur le rivage de l' éveil avec la douceur d'une vague.
N'a que l'apparence de la poésie. Parler de rivage, de vague, pour moi n'est pas poétique : c'est juste une figure de style, une métaphore, et qui plus est, une métaphore maritime, qui a été tellement utilisée qu'elle en devient obsolète.

Je crois que j'ai lu récemment un truc du genre "les vagues font comme un bruit de Mobylette". C'est aussi juste une image, mais je trouve ça plutôt poétique, et je soupçonne que certains pensent exactement le contraire :-)

Bien entendu, il n'est pas question de chercher qui a raison, personne n'a raison, chacun a sa sensibilité, c'est tout !

un grand merci pour vos commentaire qui cadrent exactement avec mes requetes. Je suis en revanche soucieux a propos de l'obsolescence des grande thématiques. Il va falloir creuser.

Pas de problème pour le Tom Collins au Raffles, c est une bonne idee.
En revanche, si j'ai deux minutes je vous ferais un ptit article sur le Gin,
dont l'histoire est passablement originale, et la composition loin d'être noble.


Après le douzième tom collins,
j' me prend pour Sir Raffles
ça doit être le citron...
j' lis mes vers à la rivière
sous les vapeurs de mercure,
lyre à la main, langue à la bouche,
j'engrènerai
les notes poésiques,
ça doit être les glaçons...


amities.pw