Le bassin à poisson
+3
Terrains Vagues
Frédéric Prunier
Marine
7 participants
Page 1 sur 1
Le bassin à poisson
Un poème plus spontané que le précédent posté ici, pour lequel j'ai une affection particulière.
LE BASSIN A POISSONS
C'est un joli bassin tout de pierre vêtu
Au bord d'une terrasse inondée de soleil
Au coin d'un parapet et d'un bout de margelle
Epris du lierre vert sous la lumière des nues
Des mois auparavant des poissons ont pondu
À l'abri des regards et dans l'ombre paisible
De la vase et des algues dans les tréfonds tout nus
Vingt oeufs fragiles et blancs, aveugles et tremblants
En trente semaines le bassin s'est couvert
D'un écrin éclatant d'une verdure crue
D'un voile émeraude, de paille et de fétus
D'une mousse éphémère à un manteau d'hiver
Sous les nuages lourds d'un janvier assassin
Dans l'ombre disparue du peuplier tordu
La glace et le mistral ont volé au bassin
Son charme d'autrefois et son eau ingénue
Le printemps parvenu au gré de ses prières
À percer dans les cieux une trouée de lune
Dans le bassin tapi sous la crasse d'hiver
S'est échoué en vain à raviver sa lume
Mille fleurs égarées en lieux aquatiques
Des cadavres de mouche et de larves séchées
Sur le dos tâcheté de ventrues arachnides,
Pullulent à la surface de ce curieux guêpier ;
Les poissons sous ce ciel, invisibles à l'oeil,
De ne plus voir le jour et pris de cécité
Dans les algues obscures et entre ces écueils
Dans les abysses noires naviguent émerveillés
Il n'est pas d'eau plus claire et de refuge sûr
Pour ces rouges et argent qui frétillent tout bas
Que cet abîme sourd torpillé de souillures
Qu'à une fin heureuse ils n'aperçoivent pas...
On imagine alors la cruelle torture
Que ces êtres de l'ombre reçoivent à l'été
Du petit fils tendre et du grand-père mûr
Qui dans la cuve sombre amènent la clarté
Le bassin mystérieux sous le joug des saisons
Qui d'une eau verte sombre en neuf mois s'est empli
D'algues et de feuilles mortes, de débris et de pluie
Va d'une main osseuse recouvrir la raison
Le vieux qui de son gant fouille bientôt la vase
Va de son gris crochet retirer le bouchon
Et en peu de secondes dans le creux du siphon
Se coulent les trésors du coffre qu'on embrase
Le feu de la lumière dévore les tessons
Qui cavalcadent et dansent dans le peu d'eau croupie
Où s'affolent en choeur les tous derniers poissons
Qui échappent encore à l'épuisette fuie
Soudain dans le bassin ne reste que le bruit
D'un tourbillon impur qui râle en agonie
Dans les tuyaux voraces et le dédale gris
Où se meurent en cris les foetus de la nuit
L'eau pâle éclabousse les vertes moisissures
Qui tâchaient la beauté du bassin endormi
Et les poissons vermeils sans mémoire ou envie
Regagnent indifférents la prison de leur murs
Un glacis transparent décore le bassin
Qui d'une étoffe claire maintenant est vêtu
Et la surface lisse où on plonge la main
Scintille à nouveau de teintes éperdues
C'est un joli bassin tout de pierre vêtu
Au bord d'une terrasse inondée de soleil
Au coin d'un parapet et d'un bout de margelle
Epris du lierre vert sous la lumière des nues.
LE BASSIN A POISSONS
C'est un joli bassin tout de pierre vêtu
Au bord d'une terrasse inondée de soleil
Au coin d'un parapet et d'un bout de margelle
Epris du lierre vert sous la lumière des nues
Des mois auparavant des poissons ont pondu
À l'abri des regards et dans l'ombre paisible
De la vase et des algues dans les tréfonds tout nus
Vingt oeufs fragiles et blancs, aveugles et tremblants
En trente semaines le bassin s'est couvert
D'un écrin éclatant d'une verdure crue
D'un voile émeraude, de paille et de fétus
D'une mousse éphémère à un manteau d'hiver
Sous les nuages lourds d'un janvier assassin
Dans l'ombre disparue du peuplier tordu
La glace et le mistral ont volé au bassin
Son charme d'autrefois et son eau ingénue
Le printemps parvenu au gré de ses prières
À percer dans les cieux une trouée de lune
Dans le bassin tapi sous la crasse d'hiver
S'est échoué en vain à raviver sa lume
Mille fleurs égarées en lieux aquatiques
Des cadavres de mouche et de larves séchées
Sur le dos tâcheté de ventrues arachnides,
Pullulent à la surface de ce curieux guêpier ;
Les poissons sous ce ciel, invisibles à l'oeil,
De ne plus voir le jour et pris de cécité
Dans les algues obscures et entre ces écueils
Dans les abysses noires naviguent émerveillés
Il n'est pas d'eau plus claire et de refuge sûr
Pour ces rouges et argent qui frétillent tout bas
Que cet abîme sourd torpillé de souillures
Qu'à une fin heureuse ils n'aperçoivent pas...
On imagine alors la cruelle torture
Que ces êtres de l'ombre reçoivent à l'été
Du petit fils tendre et du grand-père mûr
Qui dans la cuve sombre amènent la clarté
Le bassin mystérieux sous le joug des saisons
Qui d'une eau verte sombre en neuf mois s'est empli
D'algues et de feuilles mortes, de débris et de pluie
Va d'une main osseuse recouvrir la raison
Le vieux qui de son gant fouille bientôt la vase
Va de son gris crochet retirer le bouchon
Et en peu de secondes dans le creux du siphon
Se coulent les trésors du coffre qu'on embrase
Le feu de la lumière dévore les tessons
Qui cavalcadent et dansent dans le peu d'eau croupie
Où s'affolent en choeur les tous derniers poissons
Qui échappent encore à l'épuisette fuie
Soudain dans le bassin ne reste que le bruit
D'un tourbillon impur qui râle en agonie
Dans les tuyaux voraces et le dédale gris
Où se meurent en cris les foetus de la nuit
L'eau pâle éclabousse les vertes moisissures
Qui tâchaient la beauté du bassin endormi
Et les poissons vermeils sans mémoire ou envie
Regagnent indifférents la prison de leur murs
Un glacis transparent décore le bassin
Qui d'une étoffe claire maintenant est vêtu
Et la surface lisse où on plonge la main
Scintille à nouveau de teintes éperdues
C'est un joli bassin tout de pierre vêtu
Au bord d'une terrasse inondée de soleil
Au coin d'un parapet et d'un bout de margelle
Epris du lierre vert sous la lumière des nues.
Re: Le bassin à poisson
Ca sent le vécu.
Peut être un peu long à mon gout mais je l'ai vu traverser l'année ton bassin.
Peut être un peu long à mon gout mais je l'ai vu traverser l'année ton bassin.
Terrains Vagues- Nombre de messages : 292
Age : 58
Date d'inscription : 10/09/2011
Re: Le bassin à poisson
Merci beaucoup à vous deux de vos commentaires
Oui Terrains Vagues, je voulais traduire un cycle
Oui Terrains Vagues, je voulais traduire un cycle
Re: Le bassin à poisson
Oui, un côté chantant et agréable, un conte de jardin.
Ce que j'apprécie particulièrement, c'est que le poème n'est pas statique et mièvre, non. Vous savez orienter la caméra, si j'ose dire.
Quelques maladresses cependant sur la forme, et sur quelques images.
Ainsi "Et en peu de secondes dans le creux du siphon" semble un peu léger.
"Où se meurent en cris les foetus de la nuit" ne me parle guère, de même que les "ventrues arachnides" peut-être choisies pour clore, un peu vite, l'alexandrin.
Continuez
Ce que j'apprécie particulièrement, c'est que le poème n'est pas statique et mièvre, non. Vous savez orienter la caméra, si j'ose dire.
Quelques maladresses cependant sur la forme, et sur quelques images.
Ainsi "Et en peu de secondes dans le creux du siphon" semble un peu léger.
"Où se meurent en cris les foetus de la nuit" ne me parle guère, de même que les "ventrues arachnides" peut-être choisies pour clore, un peu vite, l'alexandrin.
Continuez
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 37
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: Le bassin à poisson
Une écriture plutôt bien maitrisée.
Je relève aussi le passage « arachnides » :
« Des cadavres de mouche et de larves séchées
Sur le dos tâcheté de ventrues arachnides,
Pullulent à la surface de ce curieux guêpier »
à la fois pour la formulation du passage et l'emploi de « ventrues arachnides » qui ne me parle guère dans ce contexte de bassin.
Et comme je m'intéresse aux milieux aquatiques / mares / bassins ou autres, sur le fond et la richesse de traitement j'en reste un peu sur ma faim (même si le sujet et le texte m'ont tout de même intéressés). Un peu long / linéaire / manquant peut-être d'un peu de surprises et richesses (images / mots / transversales).
Mais félicitations tout de même pour l'ensemble.
Arnaud.
Je relève aussi le passage « arachnides » :
« Des cadavres de mouche et de larves séchées
Sur le dos tâcheté de ventrues arachnides,
Pullulent à la surface de ce curieux guêpier »
à la fois pour la formulation du passage et l'emploi de « ventrues arachnides » qui ne me parle guère dans ce contexte de bassin.
Et comme je m'intéresse aux milieux aquatiques / mares / bassins ou autres, sur le fond et la richesse de traitement j'en reste un peu sur ma faim (même si le sujet et le texte m'ont tout de même intéressés). Un peu long / linéaire / manquant peut-être d'un peu de surprises et richesses (images / mots / transversales).
Mais félicitations tout de même pour l'ensemble.
Arnaud.
Artnow- Nombre de messages : 286
Age : 47
Date d'inscription : 12/12/2010
Re: Le bassin à poisson
Tu as raison de l'aimer ton poème, il le mérite !!
Lisa Decaen- Nombre de messages : 199
Age : 58
Date d'inscription : 17/06/2011
Re: Le bassin à poisson
Bonsoir
Beau travail... quel souffle!!!
Il manque cependant, comme qui dirait une âme, une morale,
Belle lecture néanmoins.
Amicalement Philippe
Beau travail... quel souffle!!!
Il manque cependant, comme qui dirait une âme, une morale,
Belle lecture néanmoins.
Amicalement Philippe
Philippe- Nombre de messages : 153
Age : 70
Date d'inscription : 17/09/2011
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum