C'était juste un animal
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C'était juste un animal
C'était le pied mal assuré que Sophie marchait le long de la route. Trente petits centimètres d'herbe séparaient la route du fossé et elle ne savait pas de quel côté il valait mieux tomber. En fait si, dans le fossé bien sûr. Il faut faire un jour cette expérience de marcher le long d'une route à 90km/h pour se rendre compte du peu de respect que les gens portent à tout ce qui n'est pas à eux, se disait-elle. Les canettes, les papiers, les jantes lui sautaient aux yeux tant elle guettait la moindre trace non-verte dans ce fossé. Elle ne ressentait rien à ce moment-là, Sophie. C'est ce qui arrive quand on fait un truc idiot du genre chercher quelque chose qu'on n'espère pas trouver. Les talons qu'elle portait lui faisaient mal, à aucun moment elle n'avait songé à changer de chaussures. Elle dénotait particulièrement avec son beau blouson, marchant comme une âme en peine le long d'une route de campagne. Que se disaient les passants ?
Elle avait fait 200 mètres lorsqu'elle décida de faire demi-tour. Il fallait traverser, c'était dangereux. Au moins elle le savait. Elle reprit son manège de l'autre côté de la route. A droite, une toute petite maison, la porte entr'ouverte, et une toute petite dame en robe de chambre assise dans un fauteuil. Sophie fut surement son animation de la journée. C'était dommage, elle avait parié que la prochaine chose qui passerait serait une voiture noire. Est-ce qu'une jeune fille comptait ? Elle passait, se disait-elle, oui mais elle n'était pas tout à fait sur la route, oui mais elle passait. Sophie continua.
Il lui restait à peine 20 mètres puis elle tournerait à gauche pour explorer une nouvelle fois le champ. Ses chaussures n'allaient pas s'en sortir. Soudain, elle ne put l'éviter, tant le pelage blanc ressortait de tout son éclat au milieu de l'herbe verte. Elle hurla. Jusqu'alors, elle n'avait pas imaginé que son inconsciente recherche puisse aboutir. Les larmes coulèrent instantanément sur son visage et ses genoux tombèrent au sol. Elle effleura la petite chose par terre, la main tremblante. L'effleura puis la toucha, la prit dans ses bras puis la serra. Ce n'était pas possible. Que se disaient les passants ?
Elle ne ressentait rien sinon le désir immense que cela ne soit pas réel. Elle avait dit que par dessus tout, elle aurait voulu savoir. Elle savait à présent, mais elle ne voulait pas croire. Elle se hasarda à se pencher pour voir la tête. Les pleurs n'en finissaient plus. Elle arrivait chez elle.
Elle prit une bonne pelle dans une main, l'animal dans l'autre et s'enfonça dans la petite forêt adjacente. Elle aprit ce jour qu'il faut du temps pour creuser un trou, et de la force.
C'était juste un animal, et Sophie était juste triste. Elle se disait que ce fut trop court, que c'était trop injuste, trop normal en même temps. Elle s'interrogeait sur sa peine, se ressassait les souvenirs, se demandait pendant combien de temps encore elle aurait envie de pleurer. Elle essayait de se souvenir du petit corps chaud et svelte, puis elle essayait d'oublier un peu.
C'était juste un animal, et Sophie était juste triste.
Que fallait-il faire de son panier...?
Elle avait fait 200 mètres lorsqu'elle décida de faire demi-tour. Il fallait traverser, c'était dangereux. Au moins elle le savait. Elle reprit son manège de l'autre côté de la route. A droite, une toute petite maison, la porte entr'ouverte, et une toute petite dame en robe de chambre assise dans un fauteuil. Sophie fut surement son animation de la journée. C'était dommage, elle avait parié que la prochaine chose qui passerait serait une voiture noire. Est-ce qu'une jeune fille comptait ? Elle passait, se disait-elle, oui mais elle n'était pas tout à fait sur la route, oui mais elle passait. Sophie continua.
Il lui restait à peine 20 mètres puis elle tournerait à gauche pour explorer une nouvelle fois le champ. Ses chaussures n'allaient pas s'en sortir. Soudain, elle ne put l'éviter, tant le pelage blanc ressortait de tout son éclat au milieu de l'herbe verte. Elle hurla. Jusqu'alors, elle n'avait pas imaginé que son inconsciente recherche puisse aboutir. Les larmes coulèrent instantanément sur son visage et ses genoux tombèrent au sol. Elle effleura la petite chose par terre, la main tremblante. L'effleura puis la toucha, la prit dans ses bras puis la serra. Ce n'était pas possible. Que se disaient les passants ?
Elle ne ressentait rien sinon le désir immense que cela ne soit pas réel. Elle avait dit que par dessus tout, elle aurait voulu savoir. Elle savait à présent, mais elle ne voulait pas croire. Elle se hasarda à se pencher pour voir la tête. Les pleurs n'en finissaient plus. Elle arrivait chez elle.
Elle prit une bonne pelle dans une main, l'animal dans l'autre et s'enfonça dans la petite forêt adjacente. Elle aprit ce jour qu'il faut du temps pour creuser un trou, et de la force.
C'était juste un animal, et Sophie était juste triste. Elle se disait que ce fut trop court, que c'était trop injuste, trop normal en même temps. Elle s'interrogeait sur sa peine, se ressassait les souvenirs, se demandait pendant combien de temps encore elle aurait envie de pleurer. Elle essayait de se souvenir du petit corps chaud et svelte, puis elle essayait d'oublier un peu.
C'était juste un animal, et Sophie était juste triste.
Que fallait-il faire de son panier...?
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: C'était juste un animal
Ça rappelle une remarque de Jacques Lacarrière dans "chemin faisant" qui constatait le nombre de cadavres d'animaux sur les routes durant son périple.
Hamadân- Nombre de messages : 70
Age : 67
Date d'inscription : 31/08/2011
Re: C'était juste un animal
Très triste histoire, la manière de l’écrire transmet parfaitement les émotions qu’on peut ressentir à un tel moment. Je suis émue aux larmes, car j’ai aussi cherché ainsi un vieux chat blanc de 18 ans (que j’avais nourri au biberon !)… Mais je ne l’ai jamais retrouvé après plusieurs jours consacrés à cela. Je ne sais ce qu’il vaut mieux, qu’on le retrouve mort ou pas du tout ?
Le ton, le fond sont parfaits…
J’ai vu deux petites fautes
fut surement
Elle aprit
Un moment tu répètes plusieurs fois "passer"
et il y a un peu trop de verbes faibles (le verbe "être" en réalité) et enfin une expression mal formulée (il faut la relire pour la comprendre) marcher le long d'une route à 90km/h
Avec ces petites choses améliorées, ton texte sera vraiment parfait… Bravo ! Le plus beau texte que j’ai lu ici (je suis inscrite récemment).
Le ton, le fond sont parfaits…
J’ai vu deux petites fautes
fut surement
Elle aprit
Un moment tu répètes plusieurs fois "passer"
et il y a un peu trop de verbes faibles (le verbe "être" en réalité) et enfin une expression mal formulée (il faut la relire pour la comprendre) marcher le long d'une route à 90km/h
Avec ces petites choses améliorées, ton texte sera vraiment parfait… Bravo ! Le plus beau texte que j’ai lu ici (je suis inscrite récemment).
MémoireDuTemps- Nombre de messages : 79
Age : 53
Localisation : À l'est, là où les lérots vont boire
Date d'inscription : 14/08/2011
Re: C'était juste un animal
j'ai beaucoup aimé, en particulier les "repentirs", ce qu'on essaie de se dire :ce n'est qu'un animal , toutes les petites choses que tu as glissées dans ce texte et qui témoignent de notre ambiguïté, de la capacité à ( se) mentir.
- Spoiler:
- J'ai trouvé, sans le chercher, mon chat blanc au bord de la route. il avait à peine deux ans. ça se voit de loin.
Invité- Invité
Re: C'était juste un animal
Ah j'oubliais : dénoter est transitif "ça dénote quelque chose " au sens d'indiquer
Détoner est intransitif , avec le sens "pas dans le ton".
Je pense que c'est ce que tu voulais dire.
Détoner est intransitif , avec le sens "pas dans le ton".
Je pense que c'est ce que tu voulais dire.
Invité- Invité
Re: C'était juste un animal
Pour avoir vécu ce moment de recherche où l'on n'espère jamais autant de ne pas trouver ce que l'on recherche avec tant d'énergie, je tiens à te dire que ton texte restitue parfaitement l'instant...
Les dernières phrases ajuste plus finement encore l'impact de ton texte en nous.
Seule l'interrogation à deux reprises sur ce que peuvent penser les passants m'a dérangé.
Les dernières phrases ajuste plus finement encore l'impact de ton texte en nous.
Seule l'interrogation à deux reprises sur ce que peuvent penser les passants m'a dérangé.
Sweet Heart- Nombre de messages : 98
Age : 46
Date d'inscription : 11/09/2011
Re: C'était juste un animal
Je demande à l'administration de me pardonner pour ce message qui va faire remonter le texte... J'ai vraiment envie de répondre un petit quelque chose ici...
Ce texte n'est en fait ni plus ni moins qu'une retranscription exacte de ce que j'ai pu ressentir la semaine dernière. Ma petite chatte avait un an, c'est elle qui m'a fait aimer les chats. J'étais de ceux qui ne juraient que par les chiens. Malheureusement on oublie la fragilité de leur vie...
Est-ce qu'il vaut mieux les retrouver dans ces cas-là ? Je ne sais pas. Je me console en me disant que je n'espère pas pour rien, que son petit corps n'est pas encore le long de la route... mais je n'oublierai jamais ces courts instants décrits dans le texte.
Je l'ai écrit par besoin compulsif d'extériorisation et j'ai voulu faire partager cette expérience. Je concède que ce n'est pas l'esprit du forum (je ne me suis pas aventurée à relire le texte...)...
Merci pour vos lectures en tout cas.
Ce texte n'est en fait ni plus ni moins qu'une retranscription exacte de ce que j'ai pu ressentir la semaine dernière. Ma petite chatte avait un an, c'est elle qui m'a fait aimer les chats. J'étais de ceux qui ne juraient que par les chiens. Malheureusement on oublie la fragilité de leur vie...
Est-ce qu'il vaut mieux les retrouver dans ces cas-là ? Je ne sais pas. Je me console en me disant que je n'espère pas pour rien, que son petit corps n'est pas encore le long de la route... mais je n'oublierai jamais ces courts instants décrits dans le texte.
Je l'ai écrit par besoin compulsif d'extériorisation et j'ai voulu faire partager cette expérience. Je concède que ce n'est pas l'esprit du forum (je ne me suis pas aventurée à relire le texte...)...
Merci pour vos lectures en tout cas.
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: C'était juste un animal
Je n'avais pas compris que cette personne errait sur le bord d'une route à la recherche de son chat. donc, je n'avais pas non plus compris la dernière phrase. je voyais quelqu'un d'un peu perdu pour une cause indéterminée et c'est son monologue intérieur issu de ses observations présentes sur des détails précis comme la porte ouverte qui m'a frappée et même émue. Intéressantes aussi les réflexions sur la mauvaise foi ou le dénie de mauvaise conscience.
Une lecture qui a retenue mon attention même si j'ai été à côté de la plaque quant aux intentions réelles du scripteur.
Une lecture qui a retenue mon attention même si j'ai été à côté de la plaque quant aux intentions réelles du scripteur.
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
Re: C'était juste un animal
Ce n'est pas le genre de texte que j'aime lire parce que je n'arrive pas à me convaincre que c'est pure fiction et ton commentaire confirme mon appréhension.
Des choses qui m'ont dérangée :
"Il faut faire un jour cette expérience de marcher le long d'une route à 90km/h", où je comprends que la narratrice marche à 90 km/h !
Tu utilises à outrance le verbe "faire", 4 fois en 4 lignes, dont 2 ici : "Elle avait fait 200 mètres lorsqu'elle décida de faire demi-tour."
Et puis le passage avec la vieille femme n'est pas hyper clair, alors qu'il a son importance pour poser le décor.
Pour finir, eh bien, la question finale est parfaite, point d'orgue du récit.
Des choses qui m'ont dérangée :
"Il faut faire un jour cette expérience de marcher le long d'une route à 90km/h", où je comprends que la narratrice marche à 90 km/h !
Tu utilises à outrance le verbe "faire", 4 fois en 4 lignes, dont 2 ici : "Elle avait fait 200 mètres lorsqu'elle décida de faire demi-tour."
Et puis le passage avec la vieille femme n'est pas hyper clair, alors qu'il a son importance pour poser le décor.
Pour finir, eh bien, la question finale est parfaite, point d'orgue du récit.
Invité- Invité
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