Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
+4
JI
Yoni Wolf
Lisa Decaen
Calvin
8 participants
Page 1 sur 1
Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
Dans le ciel il y a tout l’or du monde quand je le regarde longtemps en me disant que les hommes y ont rangé dieu, les passants par les nuages y ont rangé des formes, les rêveurs s’y abandonnant y ont rangé les femmes et moi, j’y ai rangé la mort. Quand je regarde le ciel longtemps j’y vois cette paume étrange où je peux pressentir toutes les lignes qui la découpent, tous les sillons qui la creusent, le pas secret du paysan qui s’enfonce dans l’ivraie pour semer le grain et s’emplir les yeux d’une géographie de collines, de fleuves, d’arbrisseaux et de rides. Le ciel, de multiples fleuves le découpent ; et il a une grande importance pour moi depuis que j’ai remarqué que certains soirs il se penche au dessus de mes épaules comme le visage sur son enfant d’une mère pour me souffler : « tu vas mourir bientôt ». Je crois que j’ai besoin du ciel. J’ai besoin de garder à l’esprit ma mort pour vivre sinon je m’abandonne à la paresse, je m’abandonne au malheur. C’est ce qu’on appelle prédire l’avenir. Car rien effectivement des forces terrestres ne peut m’atteindre. Les parfums me glissent dessus aussi facilement que les étoffes, les corps d’hommes aussi facilement que ceux de femmes. Les nuages ont la blancheur de ma poitrine. Le orages me semblent voix. J’aime le bleu de pudeur qui maquille cette étalage d’organes. Parfois je suis moins qu’un corps, je suis moins qu’une ombre. La nuit mauve me porte bonheur. Tendue au dessus de moi comme des lèvres à embrasser, elle me rappelle mon existence
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
Et nos larmes ne coulent jamais, ce sont des prières qui stagnent pour un Dieu en dedans.
Je suis de tous les rires, de toutes les larmes. Je suis de tous les frémissements. Et l’amour je le tient fermement dans ma main, entier. Mon corps est d’un métal noir où vont glissant les ombres. Je peux partout la aller chercher : je suis fait pour la joie.
Je suis de tous les rires, de toutes les larmes. Je suis de tous les frémissements. Et l’amour je le tient fermement dans ma main, entier. Mon corps est d’un métal noir où vont glissant les ombres. Je peux partout la aller chercher : je suis fait pour la joie.
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
Je suis extraordinairement surprise du peu de commentaires que reçoivent d'aussi beaux textes !
A croire que leur impact sidère ! Je ne peux pas penser que les véliens qui te lisent sont aveugles ou sourds.
Moi, en tout cas, je suis chaque fois éblouie !
A croire que leur impact sidère ! Je ne peux pas penser que les véliens qui te lisent sont aveugles ou sourds.
Moi, en tout cas, je suis chaque fois éblouie !
Invité- Invité
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
Sublime !!
J'ai envie de mettre un minuscule bémol : "Je peux partout la aller chercher : je suis fait pour la joie." j'aurais préféré " Je peux partout aller la chercher : je suis fait pour la joie." Cette inversion ne me paraît pas indispensable.
Mais ça enlève à peine un grain de sable à la qualité de ce texte !!
J'ai envie de mettre un minuscule bémol : "Je peux partout la aller chercher : je suis fait pour la joie." j'aurais préféré " Je peux partout aller la chercher : je suis fait pour la joie." Cette inversion ne me paraît pas indispensable.
Mais ça enlève à peine un grain de sable à la qualité de ce texte !!
Lisa Decaen- Nombre de messages : 199
Age : 58
Date d'inscription : 17/06/2011
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
C'est bien. Je te mets un B+, car tu pourrais faire exploser la forme, le rythme, et libérer ton flow. Et puis faudrait peut-être un peu changer de vocabulaire, j'ai parfois l'impression de relire les même textes.
Pleins de très bon et de moins bon, comme toujours.
Donc B+.
Pleins de très bon et de moins bon, comme toujours.
Donc B+.
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
La prose est rondement menée. Gros coup de coeur pour cette phrase-ci :
"J’ai besoin de garder à l’esprit ma mort pour vivre sinon je m’abandonne à la paresse, je m’abandonne au malheur. C’est ce qu’on appelle prédire l’avenir."
A très bientôt, Ji.
JI- Nombre de messages : 202
Age : 35
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
C'est vrai c'est un texte riche ,foisonnant, mais moins incandescent que d'autres de toi . Le côté "aveu enfantin" est trop présent à mon sens, et il est une phrase dont la construction me pose problème:
"et il a une grande importance pour moi depuis que j’ai remarqué que certains soirs il se penche au dessus de mes épaules comme le visage sur son enfant d’une mère pour me souffler :"
La répétition de que, la lourdeur de ces propositions, accentuée par l'inutile inversion "sur son enfant /d'une mère", rendent ce passage délicat à la compréhension et nuisent à l'ambiance que le début du texte avait installée.
D'autre part le cliché du paysan qui "s'enfonce dans l'ivraie pour semer le grain" m'a déplu.
Cet étalage (substantif masculin)
Je le tiens
Par contre j'adore le titre!
Et j'apprécie tout particulièrement
Je suis de tous les rires, de toutes les larmes.
et:
Mon corps est d’un métal noir où vont glissant les ombres.
"et il a une grande importance pour moi depuis que j’ai remarqué que certains soirs il se penche au dessus de mes épaules comme le visage sur son enfant d’une mère pour me souffler :"
La répétition de que, la lourdeur de ces propositions, accentuée par l'inutile inversion "sur son enfant /d'une mère", rendent ce passage délicat à la compréhension et nuisent à l'ambiance que le début du texte avait installée.
D'autre part le cliché du paysan qui "s'enfonce dans l'ivraie pour semer le grain" m'a déplu.
Cet étalage (substantif masculin)
Je le tiens
Par contre j'adore le titre!
Et j'apprécie tout particulièrement
Je suis de tous les rires, de toutes les larmes.
et:
Mon corps est d’un métal noir où vont glissant les ombres.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
J'aime BEAUCOUP
Riche, fort, une grande vague qui nous emporte (malgré parfois des constructions lourdes, mais on les oublie aussitôt, d'ailleurs j'ai oublié qui que quoi) et nous dépose presque en douceur sur la rive.
Riche, fort, une grande vague qui nous emporte (malgré parfois des constructions lourdes, mais on les oublie aussitôt, d'ailleurs j'ai oublié qui que quoi) et nous dépose presque en douceur sur la rive.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
j'avoue avoir toujours du mal avec cette forme d'écriture.
pas sur les images ni la beauté de ce que raconte le texte
mais avec la forme
je vois les lettres, les mots, les phrases et leur sens
embouteillés dans un carré
sans espace
sans respiration
et j'ai du mal à lire
j'espère que vous saurez lire dans mon commentaire
que je ne critique pas la qualité de l'écriture
pas sur les images ni la beauté de ce que raconte le texte
mais avec la forme
je vois les lettres, les mots, les phrases et leur sens
embouteillés dans un carré
sans espace
sans respiration
et j'ai du mal à lire
j'espère que vous saurez lire dans mon commentaire
que je ne critique pas la qualité de l'écriture
Re: Cette couleur de regret à connaitre la nudité des choses
J'ai beaucoup aimé cette évocation dichotomique d'un ciel plein de vie qui appellerait à la mort. L'une ne va pas sans l'autre en effet, comme il est vrai que la conscience de l'autre permet de profiter de l'une.
Bien sûr le ciel peut-être tant orageux que bleu mais je trouve que la phrase "il a une grande importance pour moi depuis que j’ai remarqué que certains soirs il se penche au dessus de mes épaules comme le visage sur son enfant d’une mère pour me souffler : « tu vas mourir bientôt »." est assez effrayante, presque insoutenable car ce n'est plus la conscience de la mort mais son désir qui transparaît.
Hormis les quelques remarques déjà citées et le fait que j'aurais bien remplacé cette phrase un peu alambiquée " les passants par les nuages y ont rangé des formes" par: les passants ont rangé des formes dans les nuages (?), j'ai aimé cette écriture pleine et ronde.
Bien sûr le ciel peut-être tant orageux que bleu mais je trouve que la phrase "il a une grande importance pour moi depuis que j’ai remarqué que certains soirs il se penche au dessus de mes épaules comme le visage sur son enfant d’une mère pour me souffler : « tu vas mourir bientôt »." est assez effrayante, presque insoutenable car ce n'est plus la conscience de la mort mais son désir qui transparaît.
Hormis les quelques remarques déjà citées et le fait que j'aurais bien remplacé cette phrase un peu alambiquée " les passants par les nuages y ont rangé des formes" par: les passants ont rangé des formes dans les nuages (?), j'ai aimé cette écriture pleine et ronde.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum