Rebecca arrivant du désert

Au milieu de la nuit, quand chantait sous leurs toiles
Le souffle des dormeurs, après l'heure des veilles,
Isaac se leva admirer des étoiles
Le reste de lumière et de couleurs vermeilles.

Le croissant de la lune avait des tons d'argent,
Dans le champ ténébreux où la nuit bleue sombra,
Isaac cheminait, son esprit imageant
Une femme dont l'ombre mourrait dans ses bras.

Il sentait se mouvoir un flux et un reflux,
Une lame de feu dans son cœur, il se plût
A désirer l'extase où les amants se pâment.

Lorsqu' il ferma les yeux, laissant aller son âme
Le matin s'installait ; au loin dans le désert
L'ombre des voyageurs naissait de la poussière.

Ta poésie s'étoffe et s'amplifie, et je trouve ce sonnet réussi.
Seul me gêne ce vers:
Une femme dont l'ombre mourrait dans ses bras.que je ne trouve pas musical et qui gâche un peu le reste.

Le dernier, par contre ,est magnifique.

Oui, des alexandrins plutôt réussis et une ambiance bien campée. Moi c'est ce vers qui me gène :"Il sentait se mouvoir un flux et un reflux". D'une part ce n'est pas musical à l'oreille, d'autre part on pense à inévitablement à la mer alors qu'on censé être en plein désert.

tout à ma lecture, je croyais lire Booz endormi, du grand Totor,
ce n'est pas critique méchante
c'est même un compliment quant à la musique de vos vers

Amitié

C'est un texte très poétique, et de part le ton, le rythme et le vocabulaire je trouve que ça change agréablement.

Un mouvement qui s'esquisse entre deux pans de nuit, entre sable et étoiles. Entre instant et éternité se glisse le rêve de la tendresse. Voilà bien encore une belle évocation, en touches discrètes, d'argent d'ombre et de bleu.

A peine si gratte un peu quelque "avait des tons d'argent" (D/T/D/R) ou crisse un "flux et reflux" . Peut-être se risquerait-on à propose un "Mourrait à ses bras"? De même je ne suis pas certain que le vers n° 3 soit tout à fait canonique :
"Isaac se leva admirer des étoiles" car il me paraît friser avec les 11 mesures, mais cela ne se sent pas. Mais je pinaille...

Me plais à relire:

Nathanaël Zenou a écrit:
Le matin s'installait ; au loin dans le désert
L'ombre des voyageurs naissait de la poussière.

Qu'il est bon de s'évader sur ces vers sablonneux...

Pour ma part (et bien que ce prénom ne m'ait jamais plu) je préfère nettement REBECCA à INVITATION. Ce dernier me semble bien moins abouti et pour tout dire plus poussif. REBECCA est plus fluide, on ne sent pas la main de l'architecte. Je la relis volontiers.

Marvejols

Une élégance indéniable dans ces vers. Trés agréable à dire à haute voix.
Sauf : "dont l'ombre mourrait dans ses bras" qui casse un peu la fluidité du texte ; l'image est belle mais ça frictionne au niveau sonore.