Je voudrais manger mon lit

Je voudrais manger mon lit
qu’il me gorge carré


Qu’il s’enfonce dans ma chair
Matelassée


Oui je veux le manger
Ma-te-la-te-ment.


Je lui lirai une histoire
Celle où le Roi est tout nu


- Où il va son égo sur le dos -


Et que les enfants crient dans la rue :
« L’empereur n’a pas d’habits, l’empereur est tout nu ! »


Puis je lui conterai
La Bergère et le Ramoneur.


La Bergère, qui,
à vivre au bord de l’étagère
s’est toute cassée


Et tousse de la suie.
Morte mais en permanence.


Et le Ramoneur, qui,
de douleur
s’est immolé dans la cheminée.


Mais le lit n’aura pas peur
parce que j’aurai toujours un-geste-une oreille-
un-œil sur lui
qui me dira qu’il dormait bien avant la fin


Qui est décidément trop triste pour lui.


Heureusement il dormait bien.


Je tapoterai un peu ses oreillers
Ajusterai la couverture


Et je le regarderai dormir.


Je me regarderai éveillée
Et lui dormir,


Apaisé comme un lit seul


Un lit sans mémoire de forme


Un lit sans moi-sans mes-sans mémoire-sans forme


Les pattes d’un cauchemar
Ronronnant entre les barreaux.

Un peu étrange et avec un démarrage un brin laborieux (à raccourcir: aller à l'image essentielle) mais plus j'ai avancé dans la lecture plus cela m'a plu.

Un seul bémol : l'hiatus horribilis dans "Où il va", d'ailleurs un vers pas grandiose qui me semble fragiliser l'ensemble.

J'ai oublié de dire que la chute est très très bien:

"Les pattes d’un cauchemar
Ronronnant entre les barreaux."

Comme on fait son lit on se couche dit-on ou on s'assoit dessus avec l'air de ne pas y coucher.
Je ne sais plus quel petit soldat a dit qu'après avoir fait son lit de fer au carré il aimerait bien échanger un matelas de plume contre un sommeil de plomb.
Bon, ceci est pour border la bergère en lui chantant la complainte du ramoneur:
L'hermine, c'est tout blanc avec le bout de la queue noir alors que le ramoneur, c'est tout noir avec une grande échelle sur le dos.
Léo Campion

Ah vraiment, ça me plaît beaucoup
beaucoup
et
beaucoup

c'est tout
l'alliage improbable des mots et la petite fêlure qui court tout au long

la bergère et le ramoneur m'envoient au roi et l'oiseau
ce qui me visualise l'esthétique

les bribes de phrases ici ne me gènent pas
mais me privent un peu de musique

Bonjour

Et bon appétit!!
J'ai l'impression d'une écriture automatique!!
J'me trompe?

Amicalement
Philippe

Philippe a écrit:Et bon appétit!!
J'ai l'impression d'une écriture automatique!!
J'me trompe?

Oui :0)

Rien d'automatique pour celui-ci !

Et merci pour vos commentaires.

J'ai eu aussi l'impression d'un début diésel, mais j'ai adoré ensuite, cet univers entre cauchemar et enfance, entre féerie et fêlure, ça m'emballe !
Lyra, je trouve que ton écriture s'affine, prend son rythme, à la fois dense et légère ...

Ah moi je n'ai pas réussi à aimer ce texte malgré mes tentatives.
Seul le derniers vers ,déjà cité plus haut, trouve grâce à mes yeux.

Ce n'est pas l'éparpillement qui m'a gênée, mais les citations de personnages , je trouve que le registre n'est pas adéquat. Le côté disney-parade a ruiné la tentative de dire une souffrance, de laisser affleurer la lave.

Je n'ai pas très bien compris ce que l'ingestion vient faire ici, la gorge d'accord, puisqu'il est question de parole, peut on associer ainsi la parole et la nourriture?

L'évocation de l'endormissement et du sommeil m'a beaucoup plu.

oui cé bien.
un joli lit geolier.
bon mé ça manque un peu de chaines à mon goût.

Merci pour vos avis.

Annie a écrit:Je n'ai pas très bien compris ce que l'ingestion vient faire ici, la gorge d'accord, puisqu'il est question de parole, peut on associer ainsi la parole et la nourriture?

Oui de parole, mais surtout aussi de lit et d'insomnie :0)
Pour l'ingestion...
Dans l'idée, c'était que, contrairement à d'habitude où l'on se fait "manger" par le lit, happé entre les draps, ici c'était plus l'envie de le manger lui... avec l'énervement de ne pas dormir. (d'où plus loin le personnage éveillé/le lit qui dort, tout seul).
Et du même coup, en l'ingérant, de retrouver cette sensation matelassée, de confort.

Et aussi, puisqu'on en vient aux contes plus loin (ce sont de vrais contes pour enfants j'ai oublié de préciser en dessous), "je voudrais manger mon lit" parce que ça ramène assez vite aux Ogres.

Et donc les deux contes :
La Bergère et le Ramoneur
Les habits neufs de l'empereur, Andersen.

joli lit geolier

Joli !

Ah chouette !
Avec originalité !

Ca peut paraître compliqué à la première lecture, mais on s'habitue vite !