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La mésaventure de Lilas

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La mésaventure de Lilas Empty La mésaventure de Lilas

Message  Richard Sam 22 Oct 2011 - 9:01

Sam était un poète, il aimait malaxer les mots, jouer avec les sons, réfléchir sur le monde, et surtout le sublimer. On ne peut décemment pas dire qu’il était talentueux, du moins avant d’avoir fait la rencontre de sa vie, cette rencontre qui ne laisse personne indifférent, cette rencontre que l’on n’imagine pas même par les mots. C’était un mardi d’Octobre, il pleuvait, et Sam se promenait dans une rue, à la hâte, fuyant la pluie qu’il aimait, mais qui lui était désagréable. Et c’est là qu’il rencontra Lilas. Lilas était superbe, grande et mince, le teint pâle et l’habit foncé, cintré. Elle était devant une boutique, face à la vitrine, et semblait dévorer des yeux le poète qui rencontra les siens : il s’en éprit, follement. Les usages passés, ils décidèrent de se balader ensemble, et Sam la prit par la taille : elle se laissa agréablement faire. Lilas s’épanouit en si peu de temps, que cela était intriguant pour le jeune homme, qui pourtant ne s’en plaignait pas : car le soir, rentré chez lui, laissant Lilas à la porte, il écrivit le plus beau poème qu’il n’avait jamais écrit. Leurs balades se multiplièrent, il faut dire que l’automne y était propice ! Les amoureux communièrent jours après jours, et leurs corps suintants après leurs promenades s’enlaçaient, se compactaient, s’aimaient ! puis ils se laissaient l’un et l’autre, vaquant à leur repos solitaire, nécessaire : c’est qu’ils avaient le même tempérament, un tempérament de poète, le même besoin de laisser s’écouler quelques goutes, quelques traces, de créer un sillon sur une matière vierge après une journée chargée d’émotions, de larmes.

Pourtant, un jour, Lilas n’était plus là, elle était partie sans laisser de trace, pas même un simple mot. Sam s’en inquiéta fortement, son cœur battait à toute allure : il chercha partout, ratissa sa maison, celles de ses voisins –sans trop leur en laisser le choix-, puis la ville entière. Il fut désespéré pendant les premiers jours, triste comme on ne peut l’imaginer : il rentrait chaque soir, trempé, maudissant le monde, enviant sa Lilas qu’il n’aurait pourtant pas idée de remplacer. Alors il colla des affiches à tous les arbres, les fit poser dans tous les panneaux de la ville. Il alla même jusqu’à payer le plus grand encart possible dans le journal ! Les gens, perplexes, s’arrêtaient devant l’affiche, soupiraient, puis s’en allaient : Lilas ne devait pas être à leur goût, pensait le poète : ça n’était rien pour lui, car lui seul savait qui elle était vraiment, lui seul appréciait sa beauté, sa compagnie, lui seul célébrait cette idylle que personne n’avait vécue auparavant. Il aurait pu en écrire de longues pages…
Les jours, les semaines s’écoulaient… Et pourtant, Lilas n’était pas réapparue. Les affiches se décollaient, les gens même l’oubliaient : Sam s’étonnait d’être le seul à la chercher, elle, qui avait dû passer entre les mains d’autres garçons pensait-il, qui se seraient, peut-être, inquiétés de son sort ! Après tout, il ne connaissait pas grand chose de Lilas : et si elle avait eut des amants ? Et si elle avait trouvé une autre tête à bénir, une autre main à tenir ? Ces pensées étaient si douloureuses pour le poète qu’il fit tout pour l’oublier, il déchira toutes les œuvres d’art, fussent-elles si magnifiques, qu’il avait écrites en sa mémoire, se figurant son image, comme un peintre peint un joli modèle…
Mais la folie de chercher Lilas lui revint quelques jours après, alors qu’il sombrait dans la solitude, dans l’ennui, car l’image de la belle ne pouvait le quitter, et la pluie devenait acide lorsqu’il sortait se promener seul : c’était là que Lilas lui manquait le plus, leurs balades solitaires… Il demandait à chaque passant, accompagné, si sa femme n’était pas une certaine Lilas déguisée : il alla même jusqu’à les prendre par la taille pour voir si elles avaient la même que son adorée, ferme et fine, délicate : mais non, à chaque fois qu’il se risquait à essayer, il ne retrouvait pas cette sensation si délicieuse, qui lui manquait tellement ! Il se prit des gifles, des taquets, par les passants choqués qui le traitaient de fou. Peu lui importait, il continua longtemps durant. Il fit reposer des affiches, puis se décida enfin à contacter les services de police. Ils lui rirent au nez, parce qu’ils jugeaient que cela n’était pas une affaire importante, que Lilas n’était rien à leurs yeux : c’est tout là la logique moderne, Lilas ne valait rien, elle n’était pas connue, elle n’était pas une de ces pintades télévisées. Peu lui importait, de plus en plus blessé, il continua encore…
Mais sa santé finit par en pâtir. Seul, lassé, il en devint malade. Ses toux se faisaient de plus en plus fréquentes, sa tête lui faisait un mal de chien, et son corps, devenu frêle, palissait… Les rhumatismes, de surcroit, ne le quittaient plus ! C’était là une tout autre compagnie que celle de Lilas. On l’hospitalisa, les médecins ne comprirent jamais ce qu’il lui était arrivé, alors le relâchèrent, afin qu’il profite des derniers instants de sa modeste vie.

Un jour, affalé sur son canapé, bien mal en point, suffoquant, il essaya de se lever pour aller assouvir ses besoins les plus humains, lorsqu’il trébucha sur quelque chose de dur, de fin. Rassemblant ses dernières forces, intrigué par ce fragment sombre qu’il distinguait à peine, il poussa le canapé, il en fut horrifié : Lilas était là, allongée par terre, trouée au cœur. Morte. Il s’évanouit, sous le choc.
Lorsqu’il se réveilla, Lilas était toujours là. Elle n’avait hélas pas bougé : elle ne le pouvait pas, ou du moins ne le pouvait plus. Sam, dans le déni, voulu faire comme si elle était encore vivante. Alors, dans un accès de folie, il sourit plus que jamais, heureux d’avoir retrouvé sa bien-aimée. Il la traina dans la rue, blessée qu’elle paraissait, sous les regards étonnés des passants : peu lui importait, il était avec sa Lilas, et c’est tout ce qui comptait pour lui. Il avait retrouvé sa muse, l’objet de ses désirs les plus fous : morte ou non, Lilas lui était revenue. Elle sera à lui pour la vie, maintenant, et il ne la laissera jamais plus partir.
« Je t’ai retrouvée, à présent, et c’est tout ce qui compte, Lilas. Peu m’importent tes blessures, tes déchirures, et peu importe même le fait que tu ne me sois plus utile ! Je t’aimerai et te garderai encore près de mois toute la vie, et à jamais nous nous baladerons, comme avant, peu importe le temps qu’il fera».

Non, plus jamais il ne sortira sans son ombrelle couleur lilas, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve.

Richard

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Message  elea Dim 23 Oct 2011 - 20:37

La chute fonctionnerait encore mieux je crois si le texte ne comportait pas autant d’éléments allant à l’encontre. Par exemple dans cette phrase : Après tout, il ne connaissait pas grand chose de Lilas : et si elle avait eut des amants ? Et si elle avait trouvé une autre tête à bénir, une autre main à tenir ?
La seconde partie de la phrase est superbe une fois la chute connue, la première brouille trop les pistes. Et il y a d’autres exemples tout au long du texte qui à la fois permettent de se laisser berner (tout en se demandant où va cette relation bien étrange) et en même temps font que la chute paraît décalée ou trop grossière ou abrupte.
Ce n’est qu’une question de relecture pour peaufiner les détails. Sinon j’ai bien aimé cette histoire dans sa fraicheur, dans la naïveté des sentiments du narrateur et dans sa pirouette finale. Je me suis faite avoir !

elea

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Message  Penthesilia Dim 23 Oct 2011 - 21:19

Je suis d'accord avec Elea, la chute semble un peu trop décalée avec le reste du texte qui foisonne de détails. Je trouve aussi que la recherche effrenée de Lilas, même si elle est bien restranscrite, manque d'intensité. Peut-être aurait-il fallu faire plus court mais plus percutant, qu'on transpire le manque avec Sam.
Ceci dit, je ne m'attendais pas du tout à un tel final, c'est vraiment original!

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