Il pleut
4 participants
Page 1 sur 1
Il pleut
Il pleut des cordes et les gens se pendent. Ils s’affaissent dans le clapotis des flaques molles qui les accueillent à ciel ouvert. Ils se fondent à même le sol, iront semer leur existence dans les sillons incertains des douleurs souterraines.
Les autres, ils ont des parapluies. Ils repoussent les morts et libèrent le passage, à coup de pieds. Ils arpentent le bitume souillé et pestent contre les larmes torrentielles ou contre les faibles qui s’évaporent, ils ne savent plus vraiment. Ils ont depuis longtemps arrêtés de regarder en l’air.
Il pleut des nuages morcelés, je suis couverte de leur chair. Moi, je n’ai pas peur de la pluie. Elle ruisselle et m’embue jusqu’à m’aveugler mais je n’attends plus rien, j’ai beau sauter à pieds joints dans les flaques, elles me délaissent et me laissent à leurs abords décapités, mon reflet pâle en au-revoir.
Les autres, ils me jettent des regards terrifiés. Ils ne comprennent pas et ne veulent pas savoir, ils me renient et je m’étiole dans les battements sourds des peurs ancestrales. Si j’osais, je les rendrais fous. Un coup de vent pour que s’envole leur protection de pacotille. Il pleuvrait alors des parapluies multicolores sur des cœurs à genoux, sur des corps déjà morts.
Il pleut depuis toujours et je suis lasse d’être trempée.
Les autres, ils ont des parapluies. Ils repoussent les morts et libèrent le passage, à coup de pieds. Ils arpentent le bitume souillé et pestent contre les larmes torrentielles ou contre les faibles qui s’évaporent, ils ne savent plus vraiment. Ils ont depuis longtemps arrêtés de regarder en l’air.
Il pleut des nuages morcelés, je suis couverte de leur chair. Moi, je n’ai pas peur de la pluie. Elle ruisselle et m’embue jusqu’à m’aveugler mais je n’attends plus rien, j’ai beau sauter à pieds joints dans les flaques, elles me délaissent et me laissent à leurs abords décapités, mon reflet pâle en au-revoir.
Les autres, ils me jettent des regards terrifiés. Ils ne comprennent pas et ne veulent pas savoir, ils me renient et je m’étiole dans les battements sourds des peurs ancestrales. Si j’osais, je les rendrais fous. Un coup de vent pour que s’envole leur protection de pacotille. Il pleuvrait alors des parapluies multicolores sur des cœurs à genoux, sur des corps déjà morts.
Il pleut depuis toujours et je suis lasse d’être trempée.
Penthesilia- Nombre de messages : 17
Age : 44
Localisation : Rennes...
Date d'inscription : 16/03/2008
Re: Il pleut
Un beau début, dis donc !
J'ai une petite préférence pour les deux premiers paragraphes qui me paraissent plus aboutis que les suivants, mais c'est un peu pour pinailler !
je prends l'ensemble sans rechigner et te souhaite la bienvenue !
(encore une bretonne ! On pourrait faire un sous forum entre bretons,... si ça avait un intérêt quelconque !)
J'ai une petite préférence pour les deux premiers paragraphes qui me paraissent plus aboutis que les suivants, mais c'est un peu pour pinailler !
je prends l'ensemble sans rechigner et te souhaite la bienvenue !
(encore une bretonne ! On pourrait faire un sous forum entre bretons,... si ça avait un intérêt quelconque !)
Invité- Invité
Re: Il pleut
Ahah oui, bonjour voisine !
Vos rennaises, sinon, c'est bien comme nom :0)
En fait... ça me parle beaucoup, parce que ce n'est pas si loin d'un des textes que j'avais posté.
Du coup forcément ça me touche, la pluie, les cordes, la dimension souterraine, les corps déjà morts, les nuages morcelés de chair, tout ça... (j'aime beaucoup ces derniers!)
Je pense qu'il y a des passages un peu plus faibles cependant. Je trouve que la fin fonctionne moins bien. Mais en tout cas je viendrai te lire avec intérêt.
Vos rennaises, sinon, c'est bien comme nom :0)
En fait... ça me parle beaucoup, parce que ce n'est pas si loin d'un des textes que j'avais posté.
Du coup forcément ça me touche, la pluie, les cordes, la dimension souterraine, les corps déjà morts, les nuages morcelés de chair, tout ça... (j'aime beaucoup ces derniers!)
Je pense qu'il y a des passages un peu plus faibles cependant. Je trouve que la fin fonctionne moins bien. Mais en tout cas je viendrai te lire avec intérêt.
Re: Il pleut
Il y a quelque chose, indubitablement, mais ce serait à trier, digérer, évacuer parce que là c'est fouillis quand même, ça donne l'impression d'avoir été pas mal trituré et du coup ça perd en limpidité, en aisance aussi. J'aime bien le début, sur les cordes.
Invité- Invité
Re: Il pleut
Bonsoir et merci pour vos commentaires.
Je suis d'accord sur la fin qui est assez lourde et abrégée. En fait, je me remets à écrire et j'essaye de forcer le moins possible ma plume. Les trois premiers paragraphes sont venus d'eux-mêmes mais dans le dernier, je me suis embourbée dans toute cette eau à trop y réfléchir. Du coup, c'est un peu court et fastidieux par endroit mais je ferai mieux - ou pas - la prochaine fois.
Et ravie de voir que la plus belle région du monde est représentée ici!
Je suis d'accord sur la fin qui est assez lourde et abrégée. En fait, je me remets à écrire et j'essaye de forcer le moins possible ma plume. Les trois premiers paragraphes sont venus d'eux-mêmes mais dans le dernier, je me suis embourbée dans toute cette eau à trop y réfléchir. Du coup, c'est un peu court et fastidieux par endroit mais je ferai mieux - ou pas - la prochaine fois.
Et ravie de voir que la plus belle région du monde est représentée ici!
Penthesilia- Nombre de messages : 17
Age : 44
Localisation : Rennes...
Date d'inscription : 16/03/2008
Re: Il pleut
il pleut des enclumes et c'est assomant.
surtout venant d'un détrempé qui lance des parapluies sur des corps morts.
surtout venant d'un détrempé qui lance des parapluies sur des corps morts.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Il pleut
J'aime beaucoup l'ambiance de ce texte qui, effectivement, pourrait s'arrêter avant le dernier paragraphe sans perdre en intensité, mais l’ensemble m’a bien plu ainsi.
Comme c’est un texte court on remarque plus facilement les petits détails à peaufiner, exemples :
- Ils se fondent à même le sol, iront semer leur existence, pourquoi changer de temps, "vont" n’aurait pas convenu ? Ou carrément "sèment leur existence".
- Les autres, ils ont des parapluies le "ils" me semble de trop pour la fluidité et le ton.
- Ils arpentent le bitume souillé beaucoup de "ils" en fait, certains me paraissent supprimables dans ce paragraphe, comme ici.
- elles me délaissent et me laissent une sorte de répétition qui passe mal pour moi, mais c’est peut-être un effet sonore recherché.
- Les autres, ils me jettent des regards terrifiés. Même principe des "ils" dans ce dernier paragraphe.
Bref, juste quelques remarques pour dire que ce pourrait être encore mieux, plus ciselé donc percutant. Parce que ces petites répétitions alourdissent un peu et gâchent les phrases et images fortes et poétiques que j’aime beaucoup.
Comme c’est un texte court on remarque plus facilement les petits détails à peaufiner, exemples :
- Ils se fondent à même le sol, iront semer leur existence, pourquoi changer de temps, "vont" n’aurait pas convenu ? Ou carrément "sèment leur existence".
- Les autres, ils ont des parapluies le "ils" me semble de trop pour la fluidité et le ton.
- Ils arpentent le bitume souillé beaucoup de "ils" en fait, certains me paraissent supprimables dans ce paragraphe, comme ici.
- elles me délaissent et me laissent une sorte de répétition qui passe mal pour moi, mais c’est peut-être un effet sonore recherché.
- Les autres, ils me jettent des regards terrifiés. Même principe des "ils" dans ce dernier paragraphe.
Bref, juste quelques remarques pour dire que ce pourrait être encore mieux, plus ciselé donc percutant. Parce que ces petites répétitions alourdissent un peu et gâchent les phrases et images fortes et poétiques que j’aime beaucoup.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum