Corps paysage

Corps paysage


sur les routes
le bruit du monde
en novembre

entre deux tintamarres
l’aile noire du corbeau
emporte un croassement
et la cloche tinte
qui ramène les vivants
au silence des morts
sur les tombes

.

au loin
la mer glisse dans l’instant
son immensité de louve
rien… est une respiration
- sous l’azur- élargie
d’amples vagues marine

la terre borde l’océan
de lisières tendres
et déroule ses jambes
de longues prairies
elle laisse fleurir la nature
par ce corps paysage
d’où jaillit l’aube festive

.

J'étais avec vous mais légèrement à côté.
Peut être la multiplicité des scènes laissant assez peu de temps de s'installer dans un /des paysages ? Peut être la structure / l'accroche / les mots ? Mais j'ai suivi l'ensemble avec plaisir et intérêt.

Sur l'écriture, j'ai buté sur « qui ramène les vivants », pour le « qui », ne m'est apparu le mieux formulé / approprié

un élément peut être pas flagrant, mais vous employez « mer » puis « océan », c'est peut être une remarque pointilleuse ?? mais ce n'est pas pareil

ici :

« rien… est une respiration
- sous l’azur- élargie
d’amples vagues marine »

j'étais avec vous, ca m'a plu, mes poumons se sont gonflés comme d'amples vagues marines..

en fait c'est surtout la 1ere partie qui m'a moins accroché, pour le « qui ramène » et peut etre aussi le croassement suivi de l'aile qui n'a pas très fonctionné pour moi

voilà, merci !

arnaud

J'ai préféré de loin la seconde partie. On dirait presque deux poèmes distincts, tant la première est marquée "toussaint" (tous les mots que l'on redoute d'y trouver...s'y trouvent) , alors que la seconde nous libère et ouvre vers d'autres possibles .
C'est voulu, je n'en doute pas un instant, mais pour moi le contraste est vraiment trop fort .
Ceci dit j'apprécie beaucoup.

J'ai eu du mal aussi à raccrocher les 2 premières strophes aux 2 suivantes et ma réflexion a porté sur le mot corps: morts au début et enterrés, celui de la terre vivante, indolente et sensuelle, à la fin.
Alors m'est venu le mot humus, l'humus de l'homo, le cycle de la vie: mourir pour faire renaître.

J'ai trouvé ce poème tout en finesse et très féminin

Bonjour

Comme Denis, les deux parties du poème m'ont parues étrangères.
En deuxième lecture, l'air avec ces bruits, ces oiseaux et son silence, puis la mer et ces respiration, puis la terre et ces lumières, remplissent bien ce paysage mais pas suffisamment ce corps, un peu absent à mon sens.

Amicalement

Philippe

sur les 2 parties bien distinctes (et marquées par un point discret), qqchose m'avait effleuré l'esprit : le passage de la mort physique vers une sorte de « résurrection spirituelle ». Je ne sais pas vraiment si cet aspect intervient dans votre poème; si non, il en est une voie intéressante d'expression, et si oui, il en manquerait un fil suffisamment marqué, en tous cas c'est une / mon impression.

arnaud

Et en supprimant ce point ?


Corps paysage


sur les routes
le bruit du monde
en novembre

entre deux tintamarres
l’aile noire du corbeau
emporte un croassement
et la cloche tinte
qui ramène les vivants
au silence des morts
sur les tombes

au loin

la mer glisse dans l’instant
son immensité de louve
rien… est une respiration
- sous l’azur- élargie
d’amples vagues marine

la terre borde l’océan
de lisières tendres
et déroule ses jambes
de longues prairies
elle laisse fleurir la nature
par ce corps paysage
d’où jaillit l’aube festive

.

d'ou jaillit, comme fleuve ?

Sur la route, revasser en regardant le paysage défiler.
J'ai apprécié cette petite virée...

C'est un beau texte.

Je n'ai pas eu l'impression d'une coupure entre les deux parties... mais pourquoi détacher "au loin" du reste du paragraphe ?
Et ce détail :
"rien… est une respiration
- sous l’azur- élargie
d’amples vagues marine" me semble superflu, on sait bien que la mer est sous l'azur...

J'ai isolé au loin, pour laisser le temps au regard de visualiser, d'aller plus loin.

- sous l'azur - est un raccourci, sinon il aurait été nécessaire de faire une phrase plus longue. - sous azur - aurait mieux traduit mon idée, mais ça coule mieux avec l'article. ("sous azur", comme on dit "sous morphine" par exemple) Mais il est vrai, Dusha, que je n'ai pas trouvé, là, la formulation juste.


J'ai écrit tintamarre et un peu plus loiin tinte. Est-ce gênant ?

Merci pour vos lectures.

Carmen P. a écrit:J'ai isolé au loin, pour laisser le temps au regard de visualiser, d'aller plus loin.

("sous azur", comme on dit "sous morphine" par exemple) Mais il est vrai, Dusha, que je n'ai pas trouvé, là, la formulation juste.

Merci pour vos lectures.

Au loin détaché me semble une erreur, Carmen, l'espacelent casse le rythme de lecture selon moi.

Sous azur comme sous morphine... sais pas, ça ne me paraît pas très heureux et surtout ça prête à confusion.

Le titre m'a fait penser à une chanson d'Anne Sylvestre,dédiée à sa sœur Marie Chaix :
"C'est alors que tu es belle Marie,
Marie géographie,
Belle comme un pays,
comme un pays meurtri." En fait, ici, la métaphore est inversée.
J'aime bien "au loin" détaché, comme une charnière entre les deux parties. La deuxième partie m'apparaît comme une réflexion.
Après l'agitation des humains s'occupant de leurs morts, le calme et la permanence de la nature...
J'ai trouvé ça très beau.

Je suis heureuse que tu aies été sensible à ce poème Embellie. J'avais une sensation très nette de ce que j'ai tenté de transcrire.

J'ai perçu ce poème comme un moment suspendu, entre deux titamarres, un moment comme une respiration qui retient son souffle pour permettre à l'esprit de se recueillir en s'imprégant du paysage dont j'ai aimé les images délicates.