Eléments

Encore la pluie. La pluie qui crépite aux fenêtres , s’engouffre par une craquelure du mur et se fond avec le lino bleu de la salle de bains. Une pluie persistante , qui s’abat avec rage sur le toit, qui emporte avec elle l’aridité de l’argile des pots de fleur et la rosée du matin sur les fleurs fraîchement écloses et déjà inondées d’un liquide doucereux, mélange d’eau et de boue.
Le vent sourd qui siffle en chœur avec la bruine, l’assiste dans son travail salvateur, lui indique la marche à suivre, doucement, lentement. Le vent qui fait frémir les rideaux, dévoile un peu d’intimité pour ensuite la rabattre violemment.

Ils font du bruit, beaucoup de bruit. Ils couvrent les cris des enfants, les moteurs des voitures et les rires complices.
Ils étouffent les pleurs, la souffrance et les supplications. Ils enveloppent de velours, d’un velours aigu, la pierre, le ciment et le plâtre. Ils sourient d’un air complice à ceux qui les implorent, ils répondent à leur manière.

Personne ne s’est aperçu de sa disparition. De la disparition de cette femme étendue au milieu de la salle de bains, sur le lino bleu crasseux, les cheveux mouillés et la robe dégoulinante d’eau.
Le vent a rabattu sur ses cuisses la robe déchirée, la pluie l’a lavée. Croque-morts bienveillants et attentionnés, qui remplacent l’humanité des hommes. Hommage post-mortem.

C'est le cas de le dire: tu souffles le chaud et le froid toi. Avec ce beau début si romantique de la danse du vent et de la pluie que tu décris si joliment. Et cette fin inattendue, noire, glauque, de cette femme oubliée ou carrément inconnue.
Moins violent que d'autres de tes textes, mais toujours fort, au fond.

C'est court mais suffisant. J'ai bien aimé parce que, malgré le fait que ton texte soit morbide vu la chute, j'ai trouvé qu'il y avait de la passion dans ton récit. La pluie, son impact, la description des alentours donnent de la puissance à ton texte qui pour moi n'a pas besoin d'être plus long pour faire ressentir ou passer le message.

J'ai toujours le sentiment que tes textes sont comme des clichés photos, des parcelles de vie saisies à l'envolée, dénudées, dépouillées et poétiques. J'aime, oui, ça aucun doute là-dessus, mais j'attends encore ton GRAND texte, celui qui mettra en scène ces éclats de rêves et nous prouvera (quoique aucune preuve ne soit nécessaire) que tu es une GRANDE écrivaine.

jonjon21 a écrit:J'ai toujours le sentiment que tes textes sont comme des clichés photos, des parcelles de vie saisies à l'envolée, dénudées, dépouillées et poétiques. J'aime, oui, ça aucun doute là-dessus, mais j'attends encore ton GRAND texte, celui qui mettra en scène ces éclats de rêves et nous prouvera (quoique aucune preuve ne soit nécessaire) que tu es une GRANDE écrivaine.

Oh t'es trop mignon!Bisous bisous:p

Je suis fan! donc que dire d'autres.....j'adore ton style et c'est vrai que j'attend un peu plus de longueur tu dois en être capable et cela prolongera notre plaisir...

Il y a déjà une esquisse avec cette phrase "Le vent qui fait frémir les rideaux, dévoile un peu d’intimité pour ensuite la rabattre violemment."
Arrivée à la fin, j'ai eu besoin de relire le texte pour faire le lien, pour comprendre le vent qui relève les jupes et le lien, le voilà, enfoui quelque part. Un texte puissant, peut-être un peu trop court par rapport au condensé d'émotions qui s'en dégage.

C’est certain que ton texte dégage une réelle force Giny. La longueur ne me dérange pas, au contraire, la brièveté contribue à donner l’effet d’une claque. Néanmoins, un texte si court ne pardonne pas les maladresses de style, elles se remarquent et dénotent d’avantage. Certaines répétitions (peut-être voulues ?) me dérangent, ici par exemple « l’aridité de l’argile des pots de fleur et la rosée du matin sur les fleurs » ou bien plus loin « rires complices (…) d’un air complice ».
D’autre part, le « ils » qui commence le second paragraphe m’a un peu déconcertée, il me semble que ça ne s’enchaîne pas très bien avec ce qui précède.
Mais je le redis, il a de la puissance ton texte.

Très bon ce texte! J'ai bien aimé ces descriptions des effets des éléments dans la première partie du texte même si moi aussi j'ai trouvé un paradoxe entre l'aridité sur l'argile et la rosée mais bon pas si grave... La fin est très bonne lorsque tu fais un zoom dans la salle de bains et que tu expliques les effets des éléments sur le corps à l'intérieur et non plus sur la maison.

Hum j'ai du relire plusieurs fois, je ne sais pas pourquoi, impossible de rentrer dedans. Maintenant ça va mieux ! Je trouve que la troisième phrase est trop longue (et c'est moi qui dis ça !) et du coup... je ne sais pas, je crois que c'est pour ça que j'ai décroché. Mais en relisant, ça me plait plus, j'aime le vent qui dévoile l'intimité, et puis la fin, étonnante, c'est vrai que ça fait "photo", c'est noir, j'aime bien.
Le fait que tu ne dises rien nous laisse imaginer, des fois ça m'agace, là j'aime autant. En fait, je crois que c'est vraiment la troisième phrase qui m'a bloquée et quelques maladresses qui m'ont coupées dans mon élan.
Mais ça reste particulier, dans le bon sens du terme.