Exo éphémère : le cheval Sejan

Fred a déterré le cheval Séjan, et c'est un bon matériel littéraire, la documentation en ligne est frugale, les recoupements historiques ou mythiques nombreux sans compter le proverbe dans l'usage contemporain.
Trottinez si vous le désirez une histoire de cheval Sejan.

poésie ; format libre
prose ; 2500 signes

Vous posterez vos résultats ci-dessous.

hein ?

Janis a écrit:hein ?

c'est un exo rapide sur le thème de "cheval Sejan"

mais vous n’y êtes pas obligés, bien entendu.

Je vis dans une grotte. Le parfait cliché qui m’est venu en tête quand j’ai décidé de devenir un ermite. Facilité par le fait que j’en connaissais une. Nichée sur un flanc de colline dans un coin tellement perdu qu’il est invisible sur les cartes.
J’ai eu sept femmes. Toutes sont mortes. Les journalistes m’ont appelé Barbe bleue pendant un temps, avant de se lasser, bien après moi. Malgré des recherches poussées sur la moindre petite bête, la justice n’a jamais rien pu prouver. Et pour cause, je n’en ai techniquement tué aucune. Même si toutes sont décédées par ma faute.
Des morts douces ou violentes, allant de l’éteinte dans son sommeil à la dépecée par l’hélice d’un hors-bord.
J’ai accusé le coup à la seconde, le sort à la quatrième. Puis j’ai compris, à l’avant-dernière, qui n’était pas plus possessive que les précédentes mais le cachait moins.
J’ai toujours aimé appartenir aux femmes, être leur chose. Les sentir propriétaires de mes désirs, me laisser chevaucher langoureusement, inerte, objet de plaisir entre leurs cuisses serrées autour de moi, compulsivement.
Et mon avant-dernière épouse aimait particulièrement me chosifier, elle l’assumait pleinement. Ce fut la plus rapide à expirer.
Pourquoi une dernière puisque j’avais compris ? Pour vérifier. Et parce qu’elle était assez fortunée, pour tout avouer. Ce qui m’a permis de me construire un abri confortable dans cette grotte, façon antiatomique, avec de quoi voir venir. Mais sans risque de voir quoi que ce soit venir, même pas l’herbe qui verdoie et le soleil qui poudroie de la sœur Anne.
J’ai de quoi m’occuper, j’ai collecté assez de livres, de films et de musique pour tenir cent ans. Avec une prédilection pour Ring qui m’avait tellement fait rire à la première vision. C’était avant que je ne sache que j’étais une vidéo… Ma vie entière s’est éclairée sous un nouveau jour : deux fois orphelin, parents naturels et adoptifs ne m’ayant pas résisté. Il faut croire qu’il n’y a pire possession que parentale.
Je passe mes journées dans les livres, à essayer de saisir mon phénomène, à tenter de percer mon essence, découvrir ce que je suis. Et pourquoi.
Je n’ai pas de réponses à ce jour, mais peu à peu je commence à mieux me connaître, à m’appartenir. Je suis persuadé d’y arriver un jour. Chacun son suicide, je trouve le mien plutôt original, à ma hauteur d’être à part et me laissant le temps de le déguster, à petits feux.
Sur la porte d’entrée blindée de l’abri, j’ai fait mettre cette épitaphe : « quiconque me possède, meurt, y compris moi ».

Spoiler:

J'étais allée voir ce qu'était ce cheval Séjan, et te lisant Elea, j'ai trouvé que ton texte illustrait brillamment le thème. Belle inspiration, vraiment ! Et qui me donne envie d'aller chevaucher quelque part dans mon esprit pour essayer de trouver l'inspiration.

En revanche, je n'ai pas trop compris l'histoire de la vidéo. Je relirai demain...

C’est Jean qu’a tué sa mère quand il est né, hémorragie. Puis son père, du chagrin qui s’en est suivi.

Sa sœur d’adoption a toujours été morte, de jalousie, déplacée . Leurs parents, bio pour elle, toxiques à son avis à lui, ont toujours été morts aussi . De peur. De peur de montrer leur préférence pour leur fille. Et de le traumatiser. C’est Jean qui les a enterrés vivants, en quelque sorte.

C’est Jean qu’a tué sa maitresse, à 10 ans
Ballon de foot entre les deux yeux, dans la cour, bris de nez, arrêt cardiaque .

Plus tard, à 20 ans, il a tué sa maitresse, en lui faisant la cour, coté jardin, les yeux dans les yeux , le jour de son mariage ; bris de cœur, chute fatale du premier étage, parmi les invités.

C’est Jean qu’a tué l’ennui et puis sa femme à petit feu. Si elle croyait avoir misé sur le bon cheval , on peut dire qu’elle s’est bien « trompée », avant de ruer dans le brancard , ruinée par l’alcool la jalousie la solitude.

C’est Jean qu’a tu ses remords et tué son enfant qu’il avait jamais eu le temps de voir grandir. Mais qu’il a eu le temps de voir mourir quand il l’a écrasé par inadvertance sous sa remorque. Après l’avoir préalablement et durant quelques années écrasé sous ses sarcasmes.

C’est Jean qui tue le temps, puisque c’est tout ce qui lui reste.

m'sieur l'amor des rations...
j'peux l'copie-colle dans la poésie du ouik ???

Fred j'ai lu et bien lu jusque dans les gousses d'aulx, j'ai déjà l'impolitesse de ne pas poster dans mon propre exo, je ne vais pas non plus avoir celle de ne pas vous lire attentivement. Je suis un chic-type, à ce qu'on raconte !

Eléa, "c'crim" restera non élucidé, mais pas impuni! tu me le copieras 100 fois
Un texte en blu-ray, si j'osais...
Rébecca, parfaite illustration du thème, Jean-la-Schkroumougne !
et Frédéric, l'on voit bien que là, prune y est. Merci à toi pour le remue-méninges.
Panda, superbe idée

Spoiler: