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La rupture

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Message  Septembre Lun 15 Oct 2012 - 11:40

(Un texte en construction mais que je poste pour ne pas rester dans l'impasse)

Marseille en plein vent agite sable et mer, mes cheveux comme des êtres à part entière viennent obstruer ma bouche, mes yeux ; tout bouge derrière moi. Si je plisse les paupières je vois l’Égypte, je vois la Libye. Je vois des bateaux dans la lumière. Le soir amorcé je me traîne dans les bus, dans les bars, dans les rues, déplacée comme un geste, une fatigue étrangère se plaque contre moi et me possède de force. Je m’arrange pour ne jamais dormir, pour ne jamais cesser de marcher car si je m’arrête quelque chose de monstrueux va naître en moi, va se nourrir du silence. Et je peux chasser cela comme on éloigne les serpents dans les herbes sèches, en martelant le sol. À force de piétiner je ne sais plus si j’avance ou si ce sont les trottoirs de Marseille qui se dérobent sous mes pieds. Je ne dîne jamais attablée. J’essaye de toujours rester en mouvement. Si je pense à toi je n’aurais plus la force. Si je pense je n’aurais plus la force. Je me réfugierai dans des sciences occultes, moi qui n’ai pas de foi, moi qui n’ai pas d’intérieur. Je risque de tout perdre. Le soleil est si bas qu'il emporte tout sur son passage et en émergent de nouvelles idoles à qui rendre hommage.

Depuis que je t’ai quitté, que je t’ai dit « vis sans moi » dans un geste tragique et ridicule, je n’ai rien à prendre ni à donner, rien à faire si ce n’est porter un peu plus loin ce vide. Je lui ferai voir la mer ; quelques grandes forêts. Tu me manques et j’aime déjà d’autres hommes. Je dors à leurs côtés (nous avons tous nos petites habitudes). Subsiste cet amour dyadique qui me hérisse et me tiraille de toute part, des petits crochets ont poussé dans ma poitrine et je reste perplexe devant mes mutations - à quoi cela peut-il bien servir ? Je ne crois pas aux réponses. J'ai longtemps pensé qu’à vivre constamment l’un contre l’autre nous finirions par nous confondre mais je sais aujourd’hui que je n’ai jamais cherché qu’à prendre ta place.
Et je ne pensais pas en avoir la force, faire délibérément une telle entaille dans nos vies, la froideur du geste, la distance, déjà, soudainement tombée du ciel qui pour l'occasion s'est ouvert comme une trappe. Je te regarde t’éloigner, tes épaules se découpent et je les reconnaîtrais entre mille tant j’aimais tout chez toi. Par terre quelque chose brille, un origami mort. Je te vois te pencher – voici mon legs, mon offrande – tu le serres dans ton poing. Et moi, je restais bras ballants, tout un système solaire plié dans la gorge. J’aimais tant tes yeux, tes bras. J’aurais posé ma bouche partout.

Je sais qu’il faut partir et c’est désormais sous un grand couvercle que j’imagine la vie. Je suis diminuée. Je ne souffre pas. J’avais avant besoin du langage comme d’une structure à branches multiples qui s’étendait vers toi, cherchait à t’injecter de la sève et à présent je plonge mes racines dans la mer pour me nourrir de sel. J’ai moins de sang que d’écume dans les veines, je me sens des prédispositions terribles à l’aquatique, donc à la noyade car le moindre souvenir provoque d’interminables remous en moi. Je crois que c’est aussi cela que l’on appelle « amour » ; le creux de la vague qui nous ramène sans cesse à la solitude.
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Message  Invité Lun 15 Oct 2012 - 12:00

bouleversant, évidemment.
donc je m'enfuis illico pour aller décanter ailleurs,
et je reviendrai pour tenter de dire quelque chose de plus...de moins...
mais là je n'ai pas pu ne rien dire non plus.

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Message  Janis Lun 15 Oct 2012 - 14:19


eh bien je ne sais pas dans quelle impasse d'écriture tu es Septembre, mais c'est vraiment beau comme langue et façon de dire.

La construction aussi participe de cette beauté : Marseille, le vent, les bars; puis l'immersion dans la sensation de la perte, si bien dite. J'affectionne les forêts et les pensées magiques, je suis donc très touchée de trouver ici l'une et l'autre.

Je n'ai rien de négatif à dire, c'est à la fois retenu et foisonnant, pudique et explicite, il y a quelque chose de déchirant mais sans pathos, pour moi c'est une réussite.
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Message  Lizzie Lun 15 Oct 2012 - 14:38

Je n'ai rien à dire de plus que mes camarades: c'est "emportant", il y a un beau mouvement dans ce texte, à la fois intime et suffisamment discret, secret, pour que nous puissions nous identifier au narrateur.
C'est un message pour t'encourager, quel que soit ton projet concernant ce récit.

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Message  Invité Lun 15 Oct 2012 - 16:23

Me suis aussi posé la question de l'impasse.
J'aime cette écriture poétique ("tout un système solaire plié dans la gorge.") et le rythme haletant.
Tout cela m'a l'air bien abouti, outre quelques minuscules imperfections orthographiques (ci-dessous), je ne vois pas ce qu'il y aurait à modifier.


Si je pense à toi je n’aurais plus la force. Si je pense je n’aurais plus la force.
Je dors à leurs côtés



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Message  Lyra will Lun 15 Oct 2012 - 23:16

Ah, mais... Reste dans l'impasse...



Tu as réussi à me faire pleurer.
Je trouve ça excellent, beau, fort, extrêmement juste.


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Message  Lyra will Lun 15 Oct 2012 - 23:21

Et à mes yeux, il fait même parti des meilleurs textes que j'ai lu ici.

Très heureuse de ne pas être passée à côté!
Je viendrai te lire.



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Message  Lyra will Mar 16 Oct 2012 - 0:42

Bon, je ne vais pas dormir si je ne commente pas un peu sérieusement ce texte que je trouve sublime.
(et je l'ai donc déjà lu au moins 7 fois, et j'y ai pensé repensé en me tournant retournant dans mon lit)

Parce que pour moi il est un subtil équilibre entre sensibilité, images fortes, propos nus et plein de simplicité et de sincérité, le rythme des phrases idéal, et qui participe beaucoup à la bonne réception des émotions (phrases courtes/longues, tournures particulières) retour sur soi mais jamais dans un pathos ou un narcissisme qui nous laisserait en dehors. Pour moi il y a une maitrise totale là-dedans, à tous les niveaux.

Il y a quelque chose de très beau dans la description de Marseille, de très envoutant. Sans doute parce que c'est la ville elle même qui agite sable et mer, et aussi parce que ton "plisse les paupières", qui embrasse l'Egypte et la Libye, donne une impression d'immensité maritime, sableuse et silencieuse. Vraiment en quelques mots tu poses une atmosphère quasi irréelle. Et pourtant rien ne l'est vraiment explicitement...

Les cheveux comme des êtres à part entière, idem, personnifiés, tout comme la ville, de belles images mais surtout ça infiltre une humanité dans chaque petite chose. Tu n'en fais pas trop pour autant, alors que les envolées poétiques, les métaphores filées etc pourraient être tentantes. Mais non. Pas de descriptions bavardes, là c'est esquissé d'un trait sobre, précis, et ça suffit amplement.

Les bus, les bars, le "déplacée comme un geste", l'impossibilité de s'arrêter sous peine d'être envahi par les courants, les marrées... parfaitement décrit.
J'aime aussi l'image du piétiner/trottoirs qui se dérobent, parce que visuellement ça marche bien et ça nous fait reconstituer mentalement une ville en mouvement, enfin, de mon côté, ça me fait beaucoup "visualiser". Je pense que tu laisses de la place au lecteur, et c'est vraiment une belle qualité je trouve.

L'idée d'aller balader son vide, je trouve ça d'une force et d'une justesse... le rythme des deux phrases courtes : "je lui ferai voir la mer/quelques grandes forêts". Il y a quelque chose qui alors nous parait très naturel, dans l'idée de porter son vide avec soi, quasi de prendre un peu soin de lui (et de soi), malgré tout...

Tout un système solaire plié dans la gorge : juste sublime
J'aurais posé ma bouche partout : juste sublime et placé subtilement.

J’avais avant besoin du langage comme d’une structure à branches multiples qui s’étendait vers toi, cherchait à t’injecter de la sève
Ah non mais ça, pareil, c'est superbe, on pourrait décliner l'idée sur des pages et des pages tellement c'est riche...

Bref, je me tais : Superbe, et j'aurais aimé l'écrire.
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Message  Invité Mar 16 Oct 2012 - 11:39

bien.
j'ai repris mes esprits:

Septembre,
ce texte maîtrisé dans sa polyphonie dévoile un art exercé du contrepoint qui ne peut tromper le lecteur. D’ou l’impact certain…
Du très personnel qui se mêle avec finesse à la discrétion. Et le tout sème un léger flou high-tech qui efface les traces, tout en ayant le pas sûr de la route empruntée, en toute sincérité. Ce qui est assez jubilatoire (car parfois on se demande qui parle tant c’est multiple et dense).
Le résultat est fluide, harmonieux et abouti, à partir d’un même matériau "chaotique" mais qui serait comme transposé ici dans une écriture rassemblée, posée, plus dépouillée. Généreuse.
Ce qui l’empêche pas pour autant d'affirmer son originalité. Elle transparaît ici et là comme de petites ruades acidulées, dans la trace écrite d’une identité sous contrôle (quoique en ébullition):
« si je pense, je n’aurai plus la force ».
Quand je dis petites ruades, je pense à ces digressions pour reprendre l’attaque sous un autre angle, comme autant de dissidences. On est secoués, il faut suivre, et forcément ça remue: un peu comme un savant rodéo.

Une trace de rupture kaléidoscopique donc, mais totalement cohérente. Précis et synthétique dans sa complexité, et qui livre un
« objet » bien concret.

J’aime beaucoup la dernière phrase, elle résonne comme un point d’orgue finalement déposé avec tendresse dans son petit nid de constat : c’est comme ça. Ou comme une proposition avec ce « peut-être », l’issue possible d’une équation en l’état résolue.
Mais c’est vrai qu’on ne sent pas de porte fermée. Il y a une bonne suspension. De l’endurance aussi. Une disponibilité à la suite déjà enclenchée.

Bref un texte en mouvement, dans la dynamique, et des mots qui traduisent un filtre qui prendrait aussi le soin de retenir l’essentiel.

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Message  Invité Mar 16 Oct 2012 - 11:52

(Lyra décidément on ne se refait pas ;-)
:
oui bon quand je dis polyphonique et contrepoint, ça peut être samplé aussi, on s'en fiche...!


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Message  Invité Mar 16 Oct 2012 - 12:38

Ce texte est effectivement très beau, et je ne saurais rien ajouter aux commentaires déjà faits, si ce n'est que j'y ai trouvé sensibilité et intelligence.

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Message  Polixène Mar 16 Oct 2012 - 19:06

J'ai aimé que tu n'expliques pas le pourquoi mais que tu dissèques cette souffrance pour la mettre à distance, paradoxalement.
Ce texte est une danse pudique pour masquer l'impensable.
Fort comme un flamenco.
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Message  Septembre Jeu 18 Oct 2012 - 13:03

Merci à tous pour vos réponses, vos critiques.
Si je parlais d'impasse dans le prélude de ce texte, c'est parce que j'ai du mal à avoir un regard détaché sur ce que j'écris. J'ai peur que cela soit trop intérieur, que cela ne puisse toucher les autres. Dans quelle mesure peut-on avoir une écriture personnelle sans qu'elle devienne un journal, une introspection ? À quel point cette démarche est-elle narcissique ? Je me pose ces questions et j'ai peur que cette caractéristique propre à mes textes les délégitime.
Mais si cela vous plaît, alors c'est bien. Je n'en demandais pas tant. Vos commentaires me donnent des envies de suites, de prolongement, peut-être creuser un peu plus loin - ou à un autre endroit. Merci.
Merci tout particulièrement à igloo et à Lyra will pour leurs réactions fouillées et très belles dans la forme comme dans le fond, cela me touche.
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Message  Invité Jeu 18 Oct 2012 - 14:00

à partir du moment où plusieurs personnes sont touchées par un écrit, c'est que même à partir d'un "je" narrateur on peut se sentir embarqué. lorsque l'ouverture ne se ressent pas, les véliens expriment assez promptement et sans aucun complexe qu'il ne se sentent pas concernés. ce qui n'a pas été le cas vis à vis de tes textes. c'est "l'autisme du moi" (je cite la page d'accueil du forum) qui est déconseillé: celui qui ne peut avoir d'autre portée que sa propre cause, dans lequel il n'y a aucune possibilité de s'entrevoir, bref avec un accès bloqué.
alors welcome aboard, et surtout tant mieux si ces débuts t'ont donné une envie de prolongement: c'est la meilleure issue possible à tout débarquement sur le forum!

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Message  Lyra will Jeu 18 Oct 2012 - 15:27

Septembre a écrit:
Si je parlais d'impasse dans le prélude de ce texte, c'est parce que j'ai du mal à avoir un regard détaché sur ce que j'écris. J'ai peur que cela soit trop intérieur, que cela ne puisse toucher les autres. Dans quelle mesure peut-on avoir une écriture personnelle sans qu'elle devienne un journal, une introspection ? À quel point cette démarche est-elle narcissique ? Je me pose ces questions et j'ai peur que cette caractéristique propre à mes textes les délégitime.
Je comprends parce que souvent, je me les pose aussi. Mais je trouve que tu as été très juste du début à la fin, tu n'es jamais tombée dans ce "piège" là, qui nous appelle tous à un moment ou à un autre :0)

Et puis pour ressentir les autres, dans toutes leurs variations, il faut déjà (vastement) se ressentir soi...

Et donc, tout comme igloo, pour moi ce texte est très ouvert, vers l'autre (qui n'est plus là), et vers l'autre-collectif (nous, lecteurs).
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Message  Phylisse Sam 29 Déc 2012 - 22:37

Ta présence à Aix samedi dernier m'a rappelé ce texte que j'ai déjà lu plusieurs fois et jamais commenté.

Ce texte me touche beaucoup, ce qu'il exprime de douleur est magnifique, c'est tout à la fois pudique et offert, la tristesse, la déchirure et le sentiment d'abandon (de soi, de l'autre) fortement présents sont atténués ou accentués par la poésie de certaines images, ainsi : À force de piétiner je ne sais plus si j’avance ou si ce sont les trottoirs de Marseille qui se dérobent sous mes pieds, ou c’est désormais sous un grand couvercle que j’imagine la vie, et encore je n’ai rien à prendre ni à donner, rien à faire si ce n’est porter un peu plus loin ce vide - cette phrase m'a procuré un immense frisson).

J'aime la construction : c'est tout d'abord géographique avec cette vue sur Marseille, la vision de l'Egypte, la Libye, les yeux plissés... Et peu à peu le champ de vision se resserre, le voyage le plus difficile est à l'intérieur, et il fait mal et ça fait pourtant du bien de le lire parce que ton écriture le porte magnifiquement.
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Message  Anne Veillac Dim 30 Déc 2012 - 11:18

Moi aussi j'ai été très touchée par ce texte.
Je comprends tes questions. Il est difficile de savoir comment un tel texte sera reçu par des lecteurs.
Pour moi, je ne changerais rien.
Juste une erreur, me semble-t-il, en orthographe : je reconnaîtrai (tes épaules) --> le futur plutôt que le conditionnel
C'est banal de dire qu'un texte vous touche, je sais. Il y a plusieurs façons d'être touchée. Là, j'ai été touchée tout au plus profond de moi.
Je l'ai lu à moitié comme une histoire et à moitié comme de la poésie en prose.
J'ai aimé la fin : Je crois que c’est aussi cela que l’on appelle « amour » ; le creux de la vague qui nous ramène sans cesse à la solitude. Ca me semble toucher l'essence de l'amour. Je méditerai là-dessus
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Message  Invité Dim 30 Déc 2012 - 14:28

C'est très fort. La première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est : on ne s'en remet pas.
C'est te dire si tu n'es pas dans le personnel, le narcissisme, pour toucher avec cette force, cette justesse des lecteurs d'âges aussi différents !
Il y a un mouvement dans ce texte, intérieur/extérieur, alors que le narcissisme est statique ; une façon superbe de promener la douleur comme un animal familier qui ne nous quittera plus. C'est merveilleusement vivant.
J'ai été particulièrement sensible aux images contrastées du vide que tu emmènes plus loin et des petits crochets qui poussent dans ta poitrine, qui matérialisent l'arrachement de cette gémellité (réelle ou fantasmée)
Le " vis sans moi" et la phrase où tu évoques cette sorte de cannibalisme de l'amour fusionnel montrent que le narcissisme est déjà bien dépassé, parce que : ne faire qu'un, oui... mais lequel ??? Il y a forcément de la perte dans l'amour.

J'espère que tu vas continuer, tu as une qualité d'écriture peu commune.

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Message  hi wen Lun 18 Fév 2013 - 23:26

poster pour ne pas rester dans l'impasse est presque une contradiction dans les termes, n'écrivons nous point toujours le même texte, qui est celui de notre impasse? doyouseawhatimean ma chère tante.

sinon j'ai beaucoup ri à "je me sens des prédispositions terribles à l’aquatique, donc à la noyade car le moindre souvenir provoque d’interminables remous en moi", c'est le seul moment recevable où le texte peut prétendre au vrai, quand il a l'affront de ne pas mentir sur sa fausseté.

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Message  Marvejols Mar 19 Fév 2013 - 0:26

hi wen a écrit:n'écrivons nous point toujours le même texte, qui est celui de notre impasse?

Ça sent son Blanchot, quelque part du côté du point central de l'oeuvre comme son origine... Toujours aussi chantourné HiWen, comme depuis une position haute et divine. Je vous envie...

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Message  Invité Mar 19 Fév 2013 - 8:01

"Et je ne pensais pas en avoir la force, faire délibérément une telle entaille dans nos vies, la froideur du geste, la distance, déjà, soudainement tombée du ciel qui pour l'occasion s'est ouvert comme une trappe. Je te regarde t’éloigner, tes épaules se découpent et je les reconnaîtrais entre mille tant j’aimais tout chez toi."

ah là là...

"Par terre quelque chose brille, un origami mort. Je te vois te pencher – voici mon legs, mon offrande – tu le serres dans ton poing. Et moi, je restais bras ballants, tout un système solaire plié dans la gorge."


magnifique décidément.

il y a quelque chose de tribal (je me comprends), et cette filiation m'émeut surtout par le bel l'équilibre contrôlé entre sensibilité et conscience.

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Message  hi wen Mar 19 Fév 2013 - 23:25

Si l'ouverture de la cheminée qu'on veut boucher avec ce châssis présente des courbures ou des saillies, on trace, puis on chantourne comme il convient. Je passe sur les plaisanteries salaces du comment convient-il. Libre à chacun d'en convenir. Par exemple la fine broderie ou les échancrures en chevrons sont des options tout à fait valables, encore une fois c'est une question d'opinion.


Le texte crée sa dynamique intersubjective, beugle sa syntagme à qui ne veut pas l'entendre. La surdité du message qui ne cesse de s'écrire assomme et rend sourd à son tour. J'hurle devant l'évidence du ratage, cette violence du faux semblant, qui telle une belle indifférente, feint d'ignorer l'insû de son propre cri.
On mesure alors toute la beauté du geste, la parole adressée à une sourde aguerrie ayant toute les chances de conforter son insuccès.
La surdité a ceci de bien qu'elle fait de grands écouteurs. Etonnement, nous ne sommes jamais autant à l'écoute qu'au seuil d'une surdité dès lors qu'elle n'est pas nôtre.
je recommande donc la bête à deux Do, soit Ut- Ut, si possible haut perché, pour un système à double écouteur (nommé aussi Edouard Balladur).

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Message  Invité Mer 20 Fév 2013 - 7:37

Hi wen, je suis bien placée pour savoir qu'on ne commente normalement pas les commentaires mais quand on vient faire preuve d'une telle intensité à cracher du venin deux fois en deux jours - en deux nuits pardon, aux petites heures où l'on est tranquillou tout seul pour faire son sale boulot -, je ne peux m'empêcher de faire remarquer que j'hurle fait tache dans cette diatribe manifestement préparée avec un soin minutieux ; avec le chapeau sur l'insu ce sont vraiment les coquilles de trop.
Tout ça pour dire hi wen, que si vous tenez tant à cracher du venin sur un texte et à propos d'un auteur qui ont tout autant le droit de cité sur ce site que vous - plus même, dirais-je au regard de votre participation aussi négligeable que ciblée - autant y mettre les formes, toutes les formes, les bonnes et constructives formes.

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Message  Invité Mer 20 Fév 2013 - 7:38

Et désolée Septembre pour l'écart, pour ce commentaire qui n'a plus rien à voir avec ton texte.

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Message  Invité Mer 20 Fév 2013 - 10:50

on peut vouloir être sourd, mais peut être pas aveugle sait on jamais:

"Par terre quelque chose brille, un origami mort. Je te vois te pencher – voici mon legs, mon offrande – tu le serres dans ton poing. Et moi, je restais bras ballants, tout un système solaire plié dans la gorge."

il y a là de quoi rester en travers de la gorge de certaines "sensibilités"

pour ma part j'ai oublié de dire que la première fois que j'ai lu, j'ai vu "pilé", et non "plié"...
tant cela parle de douleur.
sauf si on préfère trop hâtivement enfoncer des portes ouvertes.

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Message  Invité Mer 20 Fév 2013 - 13:04

Un texte en construction mais que je poste pour ne pas rester dans l’impasse
Pour un texte en construction, il est sacrément abouti.
Les deux premières lignes sont lumineuses. La suite nous plonge dans le noir.
Le soir amorcé je me traîne dans les bus, dans les bars, dans les rues, déplacée comme un geste ,
qu’est-ce que j’aime ce « déplacée comme un geste ». Il dit tout sur la perte. À lui seul, il est le récit. Et dans le fusionnel, il y en a toujours un qui l’emporte, qui complète plus que l’autre. Mais la fission irradie aussi, ne serait-ce que parce par la fusion, il y a transmutation.

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Message  laconis Mer 20 Fév 2013 - 14:24

Beau et bien écrit. Malgré cela, mon premier sentiment a été que le sujet manque d'originalité et "gnan-gnan". Perso, je trouve ça vu et revu. Par contre, tu compenses par une certaine qualité et beauté du texte qui me fait dire que tu as eu raison de poster.
Au final, c'est je retiens la beauté.
Tu dis être dans l'impasse: ce texte est-il un extrait d'un tout ?
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Message  laconis Mer 20 Fév 2013 - 14:34

"Tu dis être dans l'impasse: ce texte est-il un extrait d'un tout ? "

Désolé, réponse déjà donnée.

"Au final, c'est je retiens la beauté."

Correction: Au final, c'est la beauté que je retiens

Je vous prie de m'excuser, je ne me suis pas relu.
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Message  midnightrambler Dim 24 Fév 2013 - 17:03

Bonsoir Septembre,

Un texte très fort et très beau !

Pas grand chose à ajouter après tous ces commentaires.

Je relève pourtant ces deux passages qui m'ont frappé :

- "... que je n'ai jamais cherché qu'à prendre ta place." Le degré ultime de l'osmose ...
et
- "J'aurais posé ma bouche partout." Une évocation toujours touchante et émouvante ...

Ce texte d'une très grande densité est une sorte de trou noir, dans un ensemble plus vaste il risque d'absorber et d'avaler toute la matière autour de lui et de se replier sur lui-même jusqu'à l'infiniment petit ...

Amicalement,
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Message  Lucy Jeu 28 Fév 2013 - 18:51

De l'élégance mâtinée d'un tantinet de nostalgie. Pour un peu, j'embarquerais direct pour Marseille.
Joli texte.
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Message  Invité Ven 1 Mar 2013 - 12:13

Tout va très très bien pour moi sauf l'emploi de “dyadique“ qui me gène car trop mot rare tape à l'œil. Je vais lire les autres.

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Message  Sahkti Mar 23 Juil 2013 - 12:12

J’avais entamé L’intranquillité mais dans la mesure où tu le présentes en tant que suite à celui-ci, autant revenir vers ce texte.

Texte que je trouve superbe, non seulement pour la beauté des sentiments qu’il exprime, mais aussi pour ta façon de l’évoquer, à travers un langage poétique, élégant et humainement puissant. On palpe les émotions à travers tes mots, c’est très habilement restitué.
Tout comme le décor, l’atmosphère, ces lieux que tu esquisses en forme de points de repère qui peu à peu laissent place à l’indicible, à ce qui ronge. O combien on arrive à le ressentir !

L’équilibre que tu crées me plaît également beaucoup, cette alchimie quasi parfaite entre détails et généralités, entre évocations passées et emprises sur le temps présent, entre ce qui nous construit et ce que nous en faisons. C’est un bon mélange, sans ratés, dosé avec justesse, pour nous faire passer du vécu au à vivre.
J’apprécie également le sens du détail, ces petites précisions, telles la Libye ou l’Egypte par exemple, tels ces hommes allongés à côté de la narratrice, qui donnent beaucoup de cœur au récit, du souffle, tout en ouvrant de larges horizons.
En mettant bout à bout tous ces ingrédient, on se retrouve face à une histoire bousculée qui se déroule cependant avec énormément de fluidité sous nos yeux, parce que la vie est ainsi et tu as réussi à mettre le doigt là où il faut. Les accrocs finissent par créer un lit dans lequel la rivière finira tôt ou tard par couleur, qu’elle soit ou non tumultueuse.

Parmi les bons points du texte figure aussi, pour moi, cette fausse distance que tu y insères. La narratrice est là, proche et sensible, elle s’exprime, parle d’elle, dans sa souffrance et la cruauté qu’elle peut en retirer. Pourtant, en conservant ce prisme intérieur risqué, parce proche du narcissisme, tu arrives sans trop de difficultés (apparentes en tout cas) à adopter un recul suffisant pour que le lecteur y trouve lui aussi sa place et observe, tout en participant à la construction du récit.
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Message  Sahkti Mar 23 Juil 2013 - 12:13

et j'ajoute que c'est une sacrément belle impasse que tu nous proposes !!
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