Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
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Pussicat
bertrand-môgendre
Lizzie
Rebecca
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Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
Et si les mayas avaient raison, que ferais-tu du peu de temps qu'il te reste à vivre ?
Je m’inventerai une vie. Une vie de cinquante ans contenue en trois jours.
Je m’écrirai une vie dans laquelle je t’aurai rencontré. Je me ferai le cadeau d’un amour que le temps ne tue pas. Je volerai aux jours passés la certitude d’un avenir. Fait de caresses, de baisers, de sourires volatiles et partagés.
Ce serait une vie de trois jours à boire dans tes yeux noirs, ce serait quinze mille nuits à consumer d’une traite, cinq mille jours à bruler en un seul , un feu de joie de toi, de moi, sur les braises des amours mortes et décomposées, sur les cendres des espoirs avortés, ce serait une pluie de douceur sur les joues du destin, un soleil qui se lève sur une plage abandonnée, ce serait la fin d’un monde humilié, éparpillé, ce serait l’enfance réconciliée, ce serait nos corps pour toujours alliés, ce serait l’éternité encensée.
Ce serait complètement insensé.
Ce serait comme si les oiseaux ne savaient plus voler, comme si les voleurs ne savaient plus pépier, comme si les paupières n’étaient plus faites pour se fermer, ce serait le comble de l’absurdité, la traversée du désert à l’envers, la mélancolie rembobinée, le compte à rebours du temps évaporé, des inutiles matinées et des futiles soirées . Ce serait le passé recomposé, la vie dans l’âme, et l’âme chevillée, ce serait ta vie contre la mienne et mes certitudes éventées, ce serait l’adolescence préservée, quand on croit encore qu’à deux on est plus fort, plus fort que les autres, plus fort que la vie, plus fort que la mort, ce serait la désillusion assassinée, ce serait l’ivresse conjuguée, tout cynisme étranglé .
Ce serait les épousailles du rêve et de la réalité.
Et puis ce serait nos funérailles. Toute utopie enterrée.
Alors j’irai m’étendre sur le sable, les yeux brûlés par le ciel, le cœur au bord du vide, au milieu de la foule, et bercée par la houle qui signera le début de la fin, comme tout un chacun, aveugle, enfermé dans son chagrin, je préparerai ma chute comme un écrivain, en errance, en partance, en déshérence, et sur la dernière page du livre qui se refermera, je laisserai le monde écrire sa propre
FIN.
Je m’inventerai une vie. Une vie de cinquante ans contenue en trois jours.
Je m’écrirai une vie dans laquelle je t’aurai rencontré. Je me ferai le cadeau d’un amour que le temps ne tue pas. Je volerai aux jours passés la certitude d’un avenir. Fait de caresses, de baisers, de sourires volatiles et partagés.
Ce serait une vie de trois jours à boire dans tes yeux noirs, ce serait quinze mille nuits à consumer d’une traite, cinq mille jours à bruler en un seul , un feu de joie de toi, de moi, sur les braises des amours mortes et décomposées, sur les cendres des espoirs avortés, ce serait une pluie de douceur sur les joues du destin, un soleil qui se lève sur une plage abandonnée, ce serait la fin d’un monde humilié, éparpillé, ce serait l’enfance réconciliée, ce serait nos corps pour toujours alliés, ce serait l’éternité encensée.
Ce serait complètement insensé.
Ce serait comme si les oiseaux ne savaient plus voler, comme si les voleurs ne savaient plus pépier, comme si les paupières n’étaient plus faites pour se fermer, ce serait le comble de l’absurdité, la traversée du désert à l’envers, la mélancolie rembobinée, le compte à rebours du temps évaporé, des inutiles matinées et des futiles soirées . Ce serait le passé recomposé, la vie dans l’âme, et l’âme chevillée, ce serait ta vie contre la mienne et mes certitudes éventées, ce serait l’adolescence préservée, quand on croit encore qu’à deux on est plus fort, plus fort que les autres, plus fort que la vie, plus fort que la mort, ce serait la désillusion assassinée, ce serait l’ivresse conjuguée, tout cynisme étranglé .
Ce serait les épousailles du rêve et de la réalité.
Et puis ce serait nos funérailles. Toute utopie enterrée.
Alors j’irai m’étendre sur le sable, les yeux brûlés par le ciel, le cœur au bord du vide, au milieu de la foule, et bercée par la houle qui signera le début de la fin, comme tout un chacun, aveugle, enfermé dans son chagrin, je préparerai ma chute comme un écrivain, en errance, en partance, en déshérence, et sur la dernière page du livre qui se refermera, je laisserai le monde écrire sa propre
FIN.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
ah, c'est bôô, romantique et tout et tout. L'amour, s'il ne reste rien d'autre, l'amour.
Une seule chose: le temps du deuxième paragraphe. ?
Une seule chose: le temps du deuxième paragraphe. ?
Lizzie- Nombre de messages : 1162
Age : 57
Localisation : Face à vous, quelle question !
Date d'inscription : 30/01/2011
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
J'aime bien le mot FIN qui résume tout.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
J'aime comme dab, et m^ plus... faut que je me renouvelle dans mes commentaire, c'est affligeant, attends ça arrive...
Le paragraphe commençant par : Ce serait comme si les oiseaux ne savaient plus voler... est mortel, j'adore (ah, ah !...)
Etrange l'emploi du futur après la proposition : Et si les mayas avaient raison, que ferais-tu du peu de temps qu'il te reste à vivre ?
Et si on parlait d’amour ?
Ah, l'amour...
C’est démodé, c'est ça ?
L'amour toujours, l’amour encore...
Mais que veux-tu donc à la fin ?
On peut faire le tour de la terre
Péter sur la lune la peindre en rouge
Partir revenir se mettre au vert
Quand vient le temps au point du jour
On pense à l’autre qui n’est plus là
Puis l’on s’endort seule contre soi.
Et si on parlait d’amour ?
C'est...
Le seul remède, la pure joie,
La ligne droite – parfaite esquisse
– qui va de toi à moi sans détours.
Le cœur battant on est plus fort.
On est gagnant quelque soit l'jeu
On brave on sprinte on s'rit d'la mort
Les règles changent ? Mangeurs de feux !
La passion mord nos ventres ronds
La grâce ceint nos fronts brûlants
Le paragraphe commençant par : Ce serait comme si les oiseaux ne savaient plus voler... est mortel, j'adore (ah, ah !...)
Etrange l'emploi du futur après la proposition : Et si les mayas avaient raison, que ferais-tu du peu de temps qu'il te reste à vivre ?
Et si on parlait d’amour ?
Ah, l'amour...
C’est démodé, c'est ça ?
L'amour toujours, l’amour encore...
Mais que veux-tu donc à la fin ?
On peut faire le tour de la terre
Péter sur la lune la peindre en rouge
Partir revenir se mettre au vert
Quand vient le temps au point du jour
On pense à l’autre qui n’est plus là
Puis l’on s’endort seule contre soi.
Et si on parlait d’amour ?
C'est...
Le seul remède, la pure joie,
La ligne droite – parfaite esquisse
– qui va de toi à moi sans détours.
Le cœur battant on est plus fort.
On est gagnant quelque soit l'jeu
On brave on sprinte on s'rit d'la mort
Les règles changent ? Mangeurs de feux !
La passion mord nos ventres ronds
La grâce ceint nos fronts brûlants
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
Commencer à deux : Je me ferai le cadeau d’un amour que le temps ne tue pas … ce serait nos corps pour toujours alliés . et finir apparemment seule :Alors j’irai m’étendre sur le sable, ... c'est triste tout de même.
Et puis, ce presque hiatus est presque inconfortable à la lecture : ce serait mais bon, je chipote comme sur sa quantité qui représente environ 4,5% du texte. Et puis comme je suis dans les chiffres : 50 ans = 18 250 jours (à 365/an), soit 6083 jours en un jour pour 3 jours. Ce qui fait en gros qu'une journée passe en 14 secondes (même si tu as mis 5 000 jours) et qui correspond à la rapidité du texte par son envolé, lyrique et poétique par endroit.
En tout cas j'aime la texture du … texte, son relief, sa consistance et puis sa chute.
Et puis, ce presque hiatus est presque inconfortable à la lecture : ce serait mais bon, je chipote comme sur sa quantité qui représente environ 4,5% du texte. Et puis comme je suis dans les chiffres : 50 ans = 18 250 jours (à 365/an), soit 6083 jours en un jour pour 3 jours. Ce qui fait en gros qu'une journée passe en 14 secondes (même si tu as mis 5 000 jours) et qui correspond à la rapidité du texte par son envolé, lyrique et poétique par endroit.
En tout cas j'aime la texture du … texte, son relief, sa consistance et puis sa chute.
- Spoiler:
- Et si les mayas avaient raison, que ferais-tu du peu de temps qu'il te reste à vivre ?
Je m’inventerai une vie. Une vie de cinquante ans contenue en trois jours.
Je m’écrirai une vie dans laquelle je t’aurai rencontré. Je me ferai le cadeau d’un amour que le temps ne tue pas. Je volerai aux jours passés la certitude d’un avenir. Fait de caresses, de baisers, de sourires volatiles et partagés.
Ce serait une vie de trois jours à boire dans tes yeux noirs, ce serait quinze mille nuits à consumer d’une traite, cinq mille jours à bruler (brûler) en un seul , un feu de joie de toi, de moi, sur les braises des amours mortes et décomposées, sur les cendres des espoirs avortés, ce serait une pluie de douceur sur les joues du destin, un soleil qui se lève sur une plage abandonnée, ce serait la fin d’un monde humilié, éparpillé, ce serait l’enfance réconciliée, ce serait nos corps pour toujours alliés, ce serait l’éternité encensée.
Ce serait complètement insensé.
Ce serait comme si les oiseaux ne savaient plus voler, comme si les voleurs ne savaient plus pépier, comme si les paupières n’étaient plus faites pour se fermer, ce serait le comble de l’absurdité, la traversée du désert à l’envers, la mélancolie rembobinée, le compte à rebours du temps évaporé, des inutiles matinées et des futiles soirées . Ce serait le passé recomposé, la vie dans l’âme, et l’âme chevillée, ce serait ta vie contre la mienne et mes certitudes éventées, ce serait l’adolescence préservée, quand on croit encore qu’à deux on est plus fort, plus fort que les autres, plus fort que la vie, plus fort que la mort, ce serait la désillusion assassinée, ce serait l’ivresse conjuguée, tout cynisme étranglé .
Ce serait les épousailles du rêve et de la réalité.
Et puis ce serait nos funérailles. Toute utopie enterrée.
Alors j’irai m’étendre sur le sable, les yeux brûlés par le ciel, le cœur au bord du vide, au milieu de la foule, et bercée par la houle qui signera le début de la fin, comme tout un chacun, aveugle, enfermé dans son chagrin, je préparerai ma chute comme un écrivain, en errance, en partance, en déshérence, et sur la dernière page du livre qui se refermera, je laisserai le monde écrire sa propre
FIN.
MaxLouis- Nombre de messages : 5
Age : 61
Date d'inscription : 16/12/2012
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
j'ai décidément beaucoup de mal à écrire des commentaires originaux dès qu'il s'agit de tes écrits.
j'aime.
cette douceur triste et mordante.
ce rythme précipité et réfléchi.
cette logique insensée.
ces termes choisis comme si aucun autre ne pourrait convenir, parce qu'aucun autre ne peut convenir.
cette douleur contenue qui explose à la
FIN.
j'aime.
cette douceur triste et mordante.
ce rythme précipité et réfléchi.
cette logique insensée.
ces termes choisis comme si aucun autre ne pourrait convenir, parce qu'aucun autre ne peut convenir.
cette douleur contenue qui explose à la
FIN.
polgara- Nombre de messages : 1440
Age : 48
Localisation : Tournefeuille, et virevolte aussi
Date d'inscription : 27/02/2012
Re: Proposition d'exo : l'hypothèse ou lipothèse
Tout d'abord, bravo pour la réactivité. A peine le sujet posé, un texte qui éclot.
Jonglant entre futur et conditionnel, tu esquisses tout un roman.
J'aime les répétitions de "ce serait", l'impatience de trouver les mots justes, tous ces jeux et rebondissements dans lesquels se glissent de belles formules : « ce serait la désillusion assassinée, ce serait l’ivresse conjuguée, tout cynisme étranglé ». Encore bravo!
Jonglant entre futur et conditionnel, tu esquisses tout un roman.
J'aime les répétitions de "ce serait", l'impatience de trouver les mots justes, tous ces jeux et rebondissements dans lesquels se glissent de belles formules : « ce serait la désillusion assassinée, ce serait l’ivresse conjuguée, tout cynisme étranglé ». Encore bravo!
Invité- Invité
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
Je croyais avoir "commenté" ce texte.
J'aime beaucoup.
J'aime beaucoup.
Invité- Invité
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
J'aime quand tu mets ton talent au service de textes plus graves, comme celui-ci.
Les autres le sont aussi, au fond, mais parfois je me noie un peu dans les jeux de mots.
Là, c'est grave oui, mais jamais larmoyant ou ragnagna, plein d'énergie et de rage, ça vibre, ça roule, ça vit, y a un grand souffle qui balaye tout.
Du coup je trouve que la fin est inutile, le désenchantement (les deux derniers paragraphes), parce que le "ce serait" en dit suffisamment comme ça.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo "L'hypothèse" : Les yeux brûlés
Ce n'est pas si fréquent que tu nous offres un texte "nu", enfin...disons en pyjama, en tous cas débarrassé de ses apprêts consonnantiques, de ses parures polysémiques et de ses atours contrepéteurs au troisième degré (sans parler des bijoux humoristiques) -toutes ces marques réjouissantes de ton style.
Nous voici donc ici dans la loge en quelque sorte, pour entendre une voix un peu cassée mais où la sincérité remplace le brillant. Et cette sobriété sert on ne peut mieux le propos...
Brindille: les poncifs sont-ils destinés à souligner le désespoir et l'amertume ou à tenter de les brider?
Nous voici donc ici dans la loge en quelque sorte, pour entendre une voix un peu cassée mais où la sincérité remplace le brillant. Et cette sobriété sert on ne peut mieux le propos...
Brindille: les poncifs sont-ils destinés à souligner le désespoir et l'amertume ou à tenter de les brider?
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
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